Anne se sent tellement bien aux côtés de Nébuleux qu'elle resta assise dans l'herbe froide du terrain de football plus de deux heures sans même s'en plaindre un instant. D'habitude, elle déteste avoir les fesses humides à cause de l'atmosphère automnale, mais pas cette fois.

—Si tu avais l'occasion de voyager dans le temps, tu préférerais rencontrer ton toi du passé ou du futur?, demanda Nébuleux soudainement.

Cette question fit froncer les sourcils d'Anne, qui ne comprit pas réellement son intérêt. Pourtant, elle préféra y répondre plutôt que d'émettre une quelconque critique.

—Certainement mon moi du futur. J'aimerais beaucoup voir à quoi je ressemblerai et surtout savoir si ma vie n'est pas devenue minable, explique Anne. Comme ça, si je vois que ça ne s'est pas bien passé pour moi dans le futur, je prendrai certainement différentes décisions... et toi?

Nébuleux ne réfléchit pas longtemps à la question: il a certainement déjà trouvé une réponse depuis un sacré bout de temps.

—J'ai toujours détesté le spoil donc j'irais dans le passé et puis, sans mentir, j'ai pas mal de conseils à donner à la personne que j'étais.

Anne opina, trouvant cette réponse assez bonne, au point qu'elle remit en question sa décision annoncée quelques secondes plus tôt.

—Quels conseils tu te donnerais?

Cette fois, Nébuleux eut besoin d'un instant pour formuler une bonne réponse.

—Peut-être de ne pas me donner tant de mal pour me faire apprécier.

Cette déclaration surprit Anne, qui a difficile à imaginer le garçon en face d'elle essayer de se faire aimer par quiconque. Cela, elle le lui fit remarquer très vite.

—Quand j'avais 13 ou 14 ans, j'étais ultra parano et donc c'était horrible pour moi quand je me sentais jugé. Je faisais de mon mieux pour que les gens m'apprécient et puis j'ai compris que c'était minable de faire ça.

—Et maintenant, tu passes ton temps avec des inconnus que tu abordes dans des moyens de transport vides, rit Anne en se moquant un peu.

Nébuleux confirma cette remarque d'un simple hochement de tête.

—C'est tellement plus simple de traîner avec des personnes que tu decouvres petit à petit en respectant leur vie privée.

Anne ne put qu'opiner à l'entente de cet argument d'abord à l'entente du mot "traîner" et aussi parce que cet argument est la raison pour laquelle elle a décidé de reprendre contact avec le jeune garçon le jour même.

—Pour le coup, tu ne peux pas me juger, hein. C'est quand même de ta faute si on est en train de discuter pour le moment. Tu t'en rends compte de ça, Ottawa?

Ensuite, les deux adolescents se sont mis à rire de bon cœur en réalisant qu'ils commençaient à réellement devenir amis.