Elle se nommait Maëlys.

Très jeune, on lui avait dit qu'elle était malade. Anorexique. Une petite voix dans sa tête lui disait d'arrêter de manger, que ce n'était pas bien.

Elle connaissait bien l'hôpital, parce qu'elle échappait toujours à la surveillance de ses parents qui l'obligeaient à manger. À la cantine, à la maison. Parfois, elle se faisait vomir, aussi.

Manger, c'était sa pire torture.

Les autres élèves ne la comprenaient pas. Comment on pouvait ne pas aimer les goûters, les bonbons, les frites ? Les légumes, c'était compréhensible. Le reste, non.

Alors, à l'école, elle restait toute seule. Les autres ne voulaient pas accepter une fille malade dans leurs jeux.

Et Maëlys comprenait.

Elle dessinait. Avec son crayon, sur des cahiers, pendant les leçons d'anglais, mais aussi celles de mathématiques. Sur les murs et les tables aussi. Elle dessinait partout.

À l'hôpital, un jour, elle rencontra Héloïse. Une fille un peu comme elle, si on mettait de côté sa passion pour l'écriture. Sa meilleure amie. Elle l'aimait de tout son cœur, puisqu'elle était sa seule vraie amie. Elle avait dessiné des petits arbres roses, rien que pour elle.

Maëlys avait huit ans. Elle ne voulait pas mourir, mais elle ne voulait pas manger non plus. Ça lui donnait envie de vomir. Une allergie à la nourriture.

C'était dans la tête, disaient les médecins.

C'était réel, affirmait Maëlys. Aussi vrai que l'océan.

Elle n'aimait pas les adultes qui la forçaient à manger.

Avec Héloïse, elle avait mangé, au moins.

Héloïse était partie.

Maëlys avait déménagé.

Elles ne se reverraient jamais.

Toutes les histoires ne se terminent pas toujours bien, termina Maëlys.

Et Maëlys avait raison.