Si tu savais comme j'avais rêvée de ce moment mais... maintenant que tu as prononcé ses mots... je ne sais pas. Je pensais que j'allais être heureuse de les entendre, ces trois petits mots. Et pourtant, maintenant que je les ai entendus, que mon cerveau les a analysés, je ne réagis pas. Pas une parole, rien. Je te regarde et, au bout de quelques secondes, je sens les larmes perler au coin de mes yeux. Je ne sais pas pourquoi elles sont là. Tu les as remarquées, ton visage a changé d'expression. Je me retourne et sors de la pièce où nous nous trouvons. Il faut que je prenne l'air. Une fois sur le balcon, même si je sais que tu vas venir, je m'effondre. Des dizaines de gouttes salées tombent sur mon jean et forment des petites tâches foncées. Je te sens arriver par derrière et, sans bruit, déposer une couverture sur mes épaules. Je ne cesse pas pour autant de pleurer, au contraire, mes sanglots redoublent de violence. Tu me caresse doucement le dos. Nous restons comme ça, moi pleurant et toi m'écoutant, pendant de  très longues minutes. Puis, la nuit arrivant, nous rentrons, toujours sans bruit. Je suis frigorifiée. Tu me prépares un chocolat chaud, sans que je ne l'ai demandé. Malgré me fatigue, je reste debout. Moi-même je ne comprends pas pourquoi. Tu reviens, poses le mug sur la table basse et te relèves. Nos visages sont seulement à quelques centimètres l'un de l'autre. Je lis dans ton regard beaucoup de choses, mais celle qui me frappe le plus est l'amour. L'amour que tu me portes, sûrement. Tu dois voir mon étonnement, puisqu'un sourire se dessine sur ton visage. Je vois tes lèvres bougées. Un petit mot, une petite question. "Alors ? " . J'hoche la tête, comme pour te donner l'autorisation. Tu te rapproches. Nos lèvres se cellent. Ma main se positionne sur ta nuque. Ta langue demande accès à la mienne. J'accepte volontiers. Puis, nos visages s'écartent, mais nos fronts restent collés. Comme si nous étions connectés, nous prononçons en même temps :
"Je t'aime " .

FIN.