Chapitre ①③

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Bonsoir les amis ! ^-^

J'ai peur de vos avis sur ce chapitre qui va signer un gros tournant dans l'histoire. Mais j'avais hâte de vous le poster (donc j'ai pas pu m'en empêcher...) !

Encore une fois : ne vous habituez pas à ce rythme !


Bonne lecture ~ ♥


********************************


— Ah, Taehyung !

Mes jambes sont sur le point de lâcher. Mes doigts serrent si fort les bords de mon plateau que, malgré sa composition de plastique dur, j'ai peur de le rompre.

Je n'arrive même pas à les regarder, mes iris sont plongés dans ceux de Namjoon qui, petit-à-petit, perd son sourire tandis que j'approche.

Je suis bien obligé. Comment justifier que je ne veuille pas rester auprès de Namjoon ? Et que dire de la peur que j'ai d'éviter si effrontément Jimin et Yoongi, quelles seraient les répercussions ?

Pourtant, pour la première fois, un drôle de sentiment m'envahit ; celui que je ne suis pas obligé d'y aller. Nous avons toujours le choix, pas vrai ?

Je peux faire le choix de partir. Il faut seulement en assumer les nombreuses conséquences.

Mais le choix est là, l'option est prenable.

Cependant, quand je dépose mon plateau à côté de celui de Yoongi, je comprends que je ne suis pas prêt. Que je ne le serai probablement jamais.

— Bah, ça va pas, Taehyung ?

Namjoon me dévisage. Je secoue la tête.

— Si si, ça va, je suis juste fatigué.

— Ah, tu révises bien trop, je ne suis pas étonné ! Je suis sûr que tu viens encore de bosser.

Je souris avec une crispation palpable, mais Namjoon a baissé la tête pour joyeusement manger. Je croise les yeux de Jimin et ce dernier hausse innocemment les sourcils, comme lorsque l'on croise le regard d'un ami perdu dans ses pensées.

Mes dents tremblent tant elles se serrent.

D'habitude, ce sont mes mains.

— En fait, Taetae et nous, on se connaît déjà. On a déjà échangé, pas vrai ?

Ma baguette se fige dans l'air, entre mon plateau et ma bouche. Namjoon nous observe, curieux. Mais je vois dans ses yeux qu'il ne remarque rien.

J'essaie de me mettre à sa place. En prenant en compte que je suis potentiellement fatigué, mon comportement ne doit pas lui paraître suspect. Il n'est pas dans notre classe.

En somme, si je ne lui hurle pas que ces deux garçons me harcèlent, impossible pour lui de le deviner.

— Ouais.

— Boh, cache ta joie ! Répond Yoongi.

Il arbore une expression faussement vexée.

— On dirait qu'on te saoule... T'aurais voulu rester avec Namjoon seul ?

Je manque d'écarquiller les yeux quand je vois le blond me lancer un regard accusateur, l'air de dire "sois sympa, Taehyung, ils se vexent".

J'ai envie de pleurer.

En fait, non.

Si ?

Je ne sais pas.

— Non, comme je l'ai dit, je suis juste épuisé.

Ma réponse est sèche. Jimin retient un sourire et je sers mes baguettes à m'en blanchir les phalanges.

— Super l'ambiance... Soupire Yoongi avant de reprendre les siennes.

— Mmh... D'ailleurs, Taetae, t'as révisé pour la semaine pro ?

Je cesse de mâcher.

— Ah oui, votre interro, là ? Demande Namjoon, pour participer à la conversation.

— Yes. Apparemment c'est du sérieux, ça compte coeff' trois.

— Va falloir bosser, mais je m'inquiète pas pour Taehyung. Il est concentré en classe, aussi ? Rit mon ami.

— Pas autant que Jungkook.

La sueur froide qui remonte jusqu'à ma nuque est plus ou moins nouvelle. Je ne suis pas sûr que la peur domine cette réaction.

— Ah ! Je suis pas étonné !

— Vous êtes proches, Jungkook et toi ? Questionne Yoongi à Namjoon.

Ce dernier avale sa bouchée, puis sourit de toutes ses dents.

— Ouais ! Depuis la troisième, au collège, on s'est jamais quittés.

Je me tais, intrigué, et continue de manger. Si la conversation dérive sur leur amitié, ce repas servira au moins à quelque chose, moi qui n'ose pas interroger Namjoon là-dessus.

— Comment vous vous êtes rencontrés ?

— Ah, c'est... Un peu compliqué.

— On a le temps.

Je les regarde à tour de rôle. Namjoon sourit avec plus de retenue.

— Je ne veux pas en parler.

Évidemment, cette réponse m'étonne, mais la satisfaction de les voir tous deux frustrés me fait un grand bien. Jimin plisse les yeux, peu content de ne pas arriver à ses fins.

— J'le trouve super mystérieux, c'est normal ? Il est du genre à avoir un secret sombre, hein ? Comme dans les livres.

— Haha, ouais, on va dire ça... Répond Namjoon.

Il est rarement aussi expéditif. Parler de Jungkook, ou plutôt de son passé et de son comportement, ne lui plaît pas. En tout cas, je ressens une peur de la trahison émaner de lui.

Soit Jungkook lui a promis de ne pas dire quelque chose.

Soit Namjoon a compris qu'il ne fallait jamais dire cette chose.

Jimin me lance un rapide sourire. Je le fixe sans le lui rendre, soudain fou de ne pas jouer le jeu. La surprise sur son visage est jouissive.

Mais quand je vois ses mâchoires se serrer discrètement, je décide de faire profil bas.

Le repas continue, Namjoon, Jimin et Yoongi discutent en l'animant, et moi, je reste dans mon coin, sauf quand le blond me sollicite. Il me lance parfois des regards inquiets, alors je les lui rends rassurants.

— Taetae, au fait, toi aussi tu es proche de Jungkook, non ?

Il le sait. Il sait que ça m'agace. Je reste de marbre.

— Non, on s'est peu parlés.

J'échange un regard avec Namjoon et il joue le jeu. Motus et bouche cousue sur la scène de la salle de bain. Il siffle même innocemment, et j'ai envie de sourire malgré la situation. Quel idiot.

— Ah ouais ? Pourtant vous vous suivez sur Insta, non ?

Mon coeur pulse violemment avant de se figer. Je fixe mon plateau, abasourdi.

Ma bouche s'ouvre lentement, très lentement.

— Oui.

— En si peu de temps de rencontre ? On dirait presque qu'il se passe un truc entre vous, hein ?

Je vais le faire. Je vais- Je vais me lever. Je vais lui faire manger son plateau. Je sais que c'est la présence de Namjoon qui me fait me pousser des ailes.

Pense aux conséquences, Taehyung, putain, aux conséquences.

Non, je m'en moque, qu'ils me noient demain, je ne supporte pas qu'ils parlent de Jungkook, j'ai l'impression qu'on me touche plus fort, qu'ils ont atteint un degré d'intrusion supérieur à d'habitude, je ne saurais comment l'expliquer, mais mon corps s'enflamme, je vais parler, je vais exploser, je n'arrive pas à-

Mon téléphone vibre dans ma poche.

Le silence règne, et quand il devient gênant face à mon manque de réponse, Namjoon prend le relai et dément.

Moi, je sors mon cellulaire d'une main tremblante.

Le blond est devant moi. Ca ne peut être qu'une seule personne, à cette heure.

Mon coeur fait un bond.

@jk.03

T'as les cours d'aujourd'hui ?

Je relève la tête comme si j'allais crier que Jungkook m'a envoyé un message mais me ravise en la secouant, honteux. Mon sang fait pulser mon coeur si fort que je l'entends dans ma boîte crânienne. Bon sang, Jungkook m'a envoyé un message.

Il m'a envoyé un message de lui-même.

Et même s'il a, de ce fait, ignoré les anciens, je reste profondément heureux de cette constatation.

Jimin, Yoongi et Namjoon n'existent plus.

Je reste stoïque devant l'écran lumineux, les pouces survolant le clavier. Pourtant, je suis tellement excité, tellement agité, il faut que je me calme.

@tae0.0

Oui, je peux te les ramener si tu veux

Je me pince les lèvres pour masquer un sourire. A peine ai-je envoyé le message que Jungkook écrit déjà, alors je quitte maladroitement la conversation en manquant de faire tomber mon téléphone.

Je regarde mon plateau et mange trois grosses bouchées soudaines, que j'avale avec rapidité, puis reporte mon regard sur l'appareil, la jambe qui tressaute en rythme.

@jk.03

Je suis dans ma chambre

Ok, Taehyung, ne cède pas à la panique.

Ne cède pas à la pani-

— Je v-vous laisse, j'ai un truc à faire !

En me levant, je manque d'analyser le regard de Jimin. Après coup, je crois ne l'avoir que rarement vu si intense.

— Bah, Taehyung, et ton dessert ?

— Pas faim !

Namjoon soupire, mais n'insiste pas, il a bien vu que j'ai quasiment fini mon assiette. Sans même réaliser mon comportement, je jette le contenu de mon plateau et me précipite hors de la cantine.

Respire. Respire. Respire.

Tu vas juste lui donner les cours à sa porte et tu repartiras.

Alors pourquoi je suis aussi impatient ?

Mes pieds gravissent les marches, fendent l'air du couloir, et se précipitent dans ma chambre. Je réunis toutes les feuilles que je n'avais pas ramassées du sol, et souffle dessus. Je les remets dans le bon ordre, y repasse un coup d'oeil rapide.

Et, honteusement, je réajuste mon uniforme et mes cheveux lisses. Je prends une longue inspiration.

Ok, tu toques, tu dis eh, voilà les cours !

Horrible.

Voilà, j'espère que ça t'aidera.

C'est mieux mais pas extraordinaire.

Si tu as besoin d'autre chose, n'hésite pas.

Non.

Salut, tiens, j'espère que ce sera compréhensible.

Mmh...

Je plaque le paquet de feuilles contre mon front. Allez, Taehyung, décoince-toi un peu. Redeviens celui que tu étais. Essaie, au moins.

Mes yeux échangent un regard avec mon reflet.

C'est... C'est la première fois. La première fois que j'ai pensé à retrouver mon ancien moi.

Je secoue la tête.

Arrête de réfléchir.

Ma porte verrouillée, je déglutis et marche avec lenteur dans le couloir vide. Une fois face à la sienne, je lève lentement le poing.

Je souffle, et toque trois petits coups.

J'entends des pas. Je recule pour ne pas avoir l'air collé à la porte comme un idiot. Quand cette dernière s'ouvre, tout mon entraînement s'envole.

Il est torse nu.

— Heu... Tu voulais... Tu...

Oh, mon Dieu.

— Tiens !

Je lui tends les feuilles.

— J'espère que ça... T'aidera.

Ne regarde pas son torse.

— Merci.

Sa voix me tend. Je rencontre timidement ses yeux noirs tandis qu'il saisit le paquet à une main, puis y jette un oeil. Malgré notre taille similaire, il est plus imposant en largeur, et comme il se concentre sur mes notes, je profite pour rapidement détailler son corps. Juste un coup d'oeil éclair. Tout est pâle, musclé à souhait et sans imperfection.

Il porte un short, en plus.

Mais, soudain, une information me revient, et je fronce les sourcils.

— Jimin...

Il ne relève pas la tête des feuilles, seulement les yeux. Je ne comprends pas pourquoi c'est si impressionnant. Sa mèche noire, lisse pour une fois, ne laisse entrevoir que la moitié de ses billes sombres. Je n'en vois que des croissants de lune.

Tu me veux ?

— Il- Il ne t'avait pas donné les cours ?

Il renifle, puis ses yeux se baissent de nouveau sur mon écriture.

— Il a rien détaillé.

Oh.

Sous-entend-il qu'il sait que moi, je détaille ?

— Bon, j'espère que c'est bien expliqué... Je murmure, un peu bête.

Il hoche simplement la tête. Je me retourne, et avance d'un pas vers ma chambre.

Allez, Taehyung, décoince-toi un peu. Redeviens celui que tu étais. Essaie, au moins.

Mon souffle se coupe autant que mes pas s'arrêtent. Je fixe ma porte, un peu plus loin.

Puis je fais volte-face.

Il est toujours là.

— Jungkook, je-

Son regard me déstabilise. Je me pince les lèvres et baisse un instant les yeux, pour me redonner contenance. D'extérieur, je dois ressembler à pire qu'au manque de confiance personnifié.

Peu importe. Il le sait, de toute manière, que je n'ai pas confiance en moi. Ca doit se voir comme le nez au milieu de la figure.

— ...Je suis désolé, pour hier.

Je n'ose pas croiser ses yeux. Je sens qu'il me détaille. J'espère que je ne l'agace pas, mais aucun moyen de le savoir ; je suis bien trop impressionné pour relever la tête.

— J'avais lu ton message.

Un frisson me parcourt.

Là, j'arrive étrangement à le regarder. Sa neutralité ne cesse de me dérouter.

— Et tu- tu...

Je ne sais même pas ce que je veux répondre.

Jungkook attend. Je réalise qu'il est très patient. Vraiment patient. Surtout avec moi, je veux dire, je dois être particulièrement insupportable avec ma circonspection et mes paroles incertaines.

Ça me rappelle la salle de bain. La manière dont il ne s'est jamais moqué malgré mes incessantes perches pour qu'il le fasse.

— Non, rien, bonne soirée...

Je suis déçu. De moi, de la tournure des événements, de mon audace inexistante. Ou plutôt oubliée.

Cette fois, je me tourne pour de bon.

Je crois que la déception est plus tenace encore quand je réalise qu'il ne me retient pas.

Je suis perdu. Définitivement.

J'entre dans ma chambre et la referme avec une nonchalance inhabituelle. Peut-être que c'est réaliser que je suis aussi insignifiant, à présent, qui me fait réagir ainsi. Je prends place sur le rebord de fenêtre après l'avoir ouverte.

Le froid glacial envahit ma chambre, grignote ma peau, mais je ne bouge plus. Perché en hauteur, je peux voir la grande cour. Tous ces bâtiments, sous le ciel noir, peu étoilé, même si la lune me tient compagnie.

Dire que tout cela n'est qu'un cadre. Le harcèlement scolaire existe parce que l'espace scolaire existe. C'est l'existence de l'école qui fait exister le harcèlement. On parle d'une chose qui vit à cause des murs qui l'entourent. Ma main pend dans le vide. Je la fixe.

Le harcèlement, finalement, c'est tellement complexe à définir. L'on dit de ce dernier qu'il est désigné par la répétition de quelque chose envers quelqu'un, à but de dégrader, de nuire.

Est-ce que penser à chaque instant que je suis un être insignifiant fait de moi un harceleur ?

Mon âme fait du mal à mon corps. Est-ce que je vaux mieux que Jimin à m'insulter sans arrêt ? Si j'étais dans un autre corps, je serais un harceleur extérieur, alors on me qualifierait comme tel. Je ne le suis pas parce que quoi, parce que c'est moi ?

Me harceler reste harceler un humain.

Je ne serais jamais quelqu'un de bien, de bon, si je continue.

J'ai l'impression de planer au fond de l'eau, c'est pourtant apaisant...

Je clos les paupières et, bientôt, c'est ma jambe qui pend dans le vide. Je réalise que si j'ai tant la sensation d'être au fond de l'Océan, c'est parce que si j'y reste plus longtemps, ça va être la fin. Peut-être que c'est un signe d'alerte. Être au fond ne veut pas dire toucher le fond.

Mais là, mon corps frôle ce fond.

Si j'entre en contact avec ce dernier, peut-être que j'aurais la force d'enfin me laisser aller, d'enfin me laisser m'écrouler.

M'écrouler de cette fenêtre.

Je rouvre les yeux.

Puis les écarquille.

Seules mes fesses sont encore à l'intérieur de ma chambre, le reste pend en dehors, et quand je m'en rends compte, je laisse échapper un son étouffé avant de rouler en arrière et de tomber lourdement au sol.

Le cœur affolé, je me redresse maladroitement et ferme ma fenêtre d'un coup sec, avant d'y appuyer mon front, essoufflé.

Non, ça ne va pas, je ne peux pas, je ne peux pas me laisser aller. J'ai des projets, j'ai... J'ai ma mère, j'ai un avenir. Il ne reste que quelques mois avant la fin, je ne peux juste pas me laisser toucher le fond sans réagir.

Je n'ai pas le droit.

Je ne peux pas faire ça, j'ai tellement peur, et si je perdais l'envie de vivre pour de bon ? Est-ce qu'on peut en revenir, de la perte d'instinct de survie ?

Une crise imminente me parvient. Je souffle de plus en plus fort, secoue la tête, puis pose mes mains sur mon cœur. Ça va aller. Ca va aller, Taehyung, ça va aller, tu vas aller mieux un jour. Tout finit par s'arranger.

Ne saute pas dans le vide tant que tu ne sais pas de quoi demain sera fait.

Mes paumes se posent sur le mur, près de ma porte.

J'ai envie de voir Jungkook.

J'ai envie de le voir et de tout lui dire. Enfin, en tout cas, lui dire que j'ai besoin de lui. Juste une fois. Peut-être que c'est ce qu'il attend, après tout.

Et puis zut, allons-y, pas vrai ? Qu'est-ce que je risque, à part un refus qui me permettra de calmer mon obsession ? Ce serait même bénéfique que j'aie une réponse claire à mes envies.

Mes oreilles bourdonnent d'une drôle de manière quand j'ouvre ma porte. Je n'ai même pas ajusté mes cheveux, ni mon uniforme. Je dois avoir l'air pâle.

Est-ce que je viens de manquer de faire une tentative de... Non, n'importe quoi. C'est pas pour moi, ces trucs-là. Je n'en suis pas là du tout. Je raconte des bêtises pas possibles.

Je m'approche de sa porte. J'ignore mon coeur qui bat à cent à l'heure.

Je veux le voir. Je veux tellement voir son visage. Le sentir près de moi.

Je lève le poing.

— Kook, on peut pas lui faire ça.

Je le baisse immédiatement, puis recule. Je remarque que la porte n'est pas totalement fermée, d'où l'éclat de voix que je viens d'entendre.

Et cette voix, c'est celle de Namjoon.

Je me prépare à retourner dans ma chambre, mais mes pieds restent. Ils restent.

— Tu te prends trop la tête, Nam.

— Putain non, pas lui, il est fragile Jungkook. C'est- C'est pas bien, ok ? On peut pas lui faire ça.

Bordel mais de quoi ils-

— Taehyung est devenu mon ami, en plus. J'ai pas envie de le trahir comme ça.

— C'est bon c'est pas de la trahison, calme-toi. Toujours les grands mots.

— Ça peut être perçu comme ça.

Je suis tétanisé. Je n'ose pas comprendre. Je ne veux pas comprendre.

Mais je reste. Je reste, je reste, je reste. Car je sens que mon coeur va se briser, s'effondrer, et finalement, mon masochisme éternel m'empêche de courir en sens inverse pour m'épargner la vérité.

— Comme tu veux. Mais t'es lourd.

— Lourd de quoi Jungkook ?! A ce que je sache c'est pas ton ami, c'est le mien. Je veux pas lui faire ça. Putain, t'as vraiment aucun scrupule.

— C'est bon laisse tomber, laisse-moi bosser.

J'entends un soupir.

C'est le moment de partir. Bien sûr que ça l'est.

Mais je ne le fais pas.

Je reste.

Je reste, je reste, je reste.

Parce que je ne veux pas croire ce que j'ai entendu. Pas Namjoon. Alors c'était ça, ma méfiance ? Elle venait de là ? Est-ce que j'avais pressenti les choses ?

La porte s'ouvre.

Je reste.

Les yeux de Namjoon rencontrent les miens. Finalement, j'ai bien envie de toucher les profondeurs.

Ses orbes s'écarquillent comme deux billes.

— Taehyung... ?!

La porte est grande ouverte, je vois Jungkook se retourner, au fond de sa chambre, et me voir.

Je ne sais pas pourquoi, mais c'est surtout lui que je regarde. Pourtant, ce n'est pas mon ami, pas comme Namjoon. Mais l'imaginer me faire du mal m'est étrangement plus douloureux.

Peut-être parce que, contrairement à Namjoon, je ne me suis jamais méfié de Jungkook. 

Aussi paradoxal que ça puisse paraître.

Jungkook comprend que j'ai tout entendu et un sourire amer prend place sur ses lèvres avant qu'il ne secoue la tête. Je baisse mes yeux tremblants sur le sol.

— Putain, Taehyung, je-

— Désolé. Je v-voulais pas écouter.

J'ai déjà dit ça, non ?

— Tae, attends-

— Bonne nuit, désolé.

Namjoon m'attrape le bras et me tire à l'intérieur. Je me débats, inquiet. Jungkook soupire, et passe devant nous pour aller fermer la porte.

— Tu gâches vraiment tout. Grogne le noiraud.

— Putain c'est une blague Jungkook ?! Les choses ont changé !

Je les regarde à tour de rôle, effrayé, tandis que je recule jusqu'à ce que mon dos ne heurte le bureau du noiraud. Ce dernier, comme dans la salle de bain, s'appuie sur la porte, les bras croisés, l'air clairement agacé. Namjoon lui lance des yeux meurtriers, avant de poser un regard doux et désolé sur moi.

— Taehyung, je... Tu n'étais pas censé entendre ça.

— Trop t-tard.

Jungkook serre les dents. Il ne me lâche pas des yeux.

— Alors vous aussi... Je commence, la voix petite.

Namjoon secoue la tête, comme inquiet de ce que j'aurais pu comprendre.

— Vous aussi vous ne m'aimez pas.

Jungkook fronce les sourcils. Namjoon lui lance un coup d'oeil, puis revient sur moi.

— Quoi ? Non, non non, tu as mal compris-

— Vous vouliez me faire du mal, j'ai t-tout entendu.

— Du- Quoi ? Taehyung, non, tu te trompes.

Il s'approche d'un pas en levant les mains vers moi mais je lui lance un regard noir. Il se fige, puis se passe une main dans les cheveux.

— Putain, j'ai tout gâché. Murmure Namjoon.

— C'est ce que je viens de dire, répond Jungkook.

— Ferme-là Jungkook putain.

Namjoon me dévisage de nouveau. Il tente de s'approcher.

— Taehyung écoute je sais que ce que je vais te demander est difficile mais... Mais est-ce que tu peux oublier ce que tu viens d'entendre ?

Jungkook lève les yeux au ciel. Il a l'air d'avoir plus les pieds sur Terre que Namjoon, car, en effet, comment le blond peut me demander une chose pareille ?

Mes oreilles sont encore bouchées. C'est désagréable. Je stresse tellement que j'en ai mal au ventre.

— Non. D'ailleurs j-je veux rien savoir.

— Non, Taehyung, s'il te plaît.

Je ne l'écoute même pas. La chambre de Jungkook est si bien rangée. J'ai l'impression d'être dans un autre monde.

J'ai envie de rentrer chez mes parents.

— Bon, soit tu lui dis, soit je le fais.

— Jungkook, non, je t'interdis de-

— Si, dites-moi.

Je me contredis, je le sais. Il est drôle de se dire que la vérité, quand bien même elle sera douloureuse, est toujours mieux à entendre qu'un mensonge qui nous rend heureux. Pourquoi vivre dans un monde de vérités blessantes quand on peut se laisser bercer par les illusions ?

Parce que je veux savoir. Parce que j'ai peur qu'on se moque de moi. Parce que je ne veux pas vivre en croyant le faux.

C'est bête. Vraiment, ça l'est.

Être un ignorant heureux doit être bien plus doux.

— Tu- Tu es sûr ? Taehyung... Tu ne voudras plus être mon ami, et je voulais à tout prix éviter ça.

— Donc c'est mal ? Si tu dis ça, c'est que tu voulais me faire du mal, je chuchote, vidé.

Mes yeux fixent le sol. Je suis toujours appuyé sur le meuble, les mains derrière moi. J'ai l'air d'un enfant pris en faute, alors que ce sont eux qui doivent s'expliquer.

— Non, Taehyung. Putain, ok, je vais tout te dire. Mais promets-moi que tu ne seras pas blessé.

Je relève la tête.

— Tu dis ça parce que tu sais que je vais l'être.

Jungkook hausse un sourcil, je le vois du coin de l'œil. Sa présence rend ma conversation avec Namjoon tellement étrange et différente.

— Non, je- Bon, je vais juste tout te dire et tu prendras tout le temps qu'il faut pour digérer ça, d'accord ?

Je hoche lentement la tête. Plus les secondes s'écoulent, moins j'ai peur, car j'ai déjà la sensation que c'est la dernière fois que je lui parle.

Que je leur parle.

— On- On voulait... Avec Jungkook on voulait... Heu...

Il se gratte la nuque, inspire, puis reprend :

— En fait, on... Voulait...

— Te baiser.

Silence.

Jungkook a fini la phrase de Namjoon avec une neutralité explosive.

Mes yeux ne s'écarquillent pas, cette fois. Ils se figent plutôt de stupeur, tandis que ma bouche s'entrouvre.

— T'étais pas obligé de le dire comme ça, Jungkook...

— C'est la vérité qu'il veut, alors sois clair.

Je les regarde à tour de rôle.

— Qu'est-ce que vous r-racontez... ?

Jungkook se décolle de la porte et enfonce ses mains dans les poches de son short. Il a un t-shirt, maintenant, mais je peux voir ses bras imposants. Il s'arrête près de Namjoon.

— On voulait faire un plan à trois. C'était ça, à la base. Mais vous êtes devenus potes toi et Nam, alors il a peur de t'perdre.

Namjoon essaie de renchérir mais il n'y arrive pas, et je vois à son regard coupable que ce que dit Jungkook n'est que la stricte vérité. Ma bouche s'entrouvre du choc de la nouvelle.

Parce que tout coïncide.

Surtout le comportement de Namjoon. Son extrême gentillesse. Sa sollicitation. Sa réaction quand il nous a vus, Jungkook et moi, dans la salle de bain. Ses mains de plus en plus tactiles, comme s'il ne contrôlait pas son attirance.

Tout, absolument tout a un sens, à présent.

— Voilà, mais Tae, ne t'inquiète pas sur mon amitié, elle est sincère, ne la remet pas en question s'il te plaît... Je me suis rapproché de toi parce que je te trouvais mignon et gentil. Tu me plaisais, et avec Jungkook on a déjà fait ce genre de truc avant, alors on a juste pensé que-

Je les dépasse, le pas rapide.

— Tae, non, attends !

J'ouvre violemment la porte et la claque derrière moi. Je regarde ma chambre, mais ne m'y arrête pas, et préfère traverser le couloir à toute vitesse. Mes pieds foncent droit vers la piscine. J'y entre, ferme la porte, et actionne seulement la lumière du fond de l'eau. Le bleu m'éclaire et se jette en reflets sur les murs gigantesques de la salle.

Le chlore s'infiltre dans mes narines.

Je m'arrête devant l'eau, puis, ma frénésie calmée, je m'installe lentement sur les genoux. Mes mains s'approchent du bord. Je me penche en avant. L'eau ne me renvoie qu'un faible reflet de mon visage éteint.

Je passe les mains sur le voile bleu, et les pose sur mes joues. Le froid me fait du bien.




Il me faut encore quelques secondes avant d'enfin me mettre à pleurer.









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Bon ! Certain.e.s d'entre vous s'en étaient douté.e.s. J'ai hâte d'avoir vos réactions, évidemment dans la suite tout ça sera expliqué. Et bien sûr ce n'est pas la seule révélation d'Océan :p Mais c'est un premier gros pas en avant, je dirais. La suite promet ;)

Les amis, je vous remercie pour les 70K dépassés. Je veux dire, on s'approche doucement des 100K, et j'ai conscience de ma chance, sachez-le. Je sais à quel point j'en ai, et je vous suis infiniment reconnaissante pour ce que vous m'offrez : de l'attention envers mes histoires, de l'intérêt, et surtout de l'activité. Il est rare sur Wattpad de voir autant de commentaires par chapitre, surtout pour des histoires qui viennent de débuter. Merci, merci, merci, je n'ai pas les mots pour vous exprimer ma gratitude. Je lis et lirai à jamais l'intégralité de vos commentaires, et sachez que c'est mon moment préféré après la publication, lire vos réactions, vos discussions, vos théories, vos avis ♥♥♥


Je vous dis à très bientôt pour la suite (minimum une semaine cette fois, faut que je re-rattrape mon avance !), je vous aime fort fort fort, je le dis souvent mais je le pense à chaque fois ^-^ ♥

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