Capturer l'instant

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Parce que je n'ai pas été pleinement satisfaite de la fin de mon précédent OS et que j'estime qu'il faut absolument se pencher un peu plus sur la question que justement on se pose à la fin: "Pourquoi Sherlock a-t-il si peur d'aimer John?"... Je vous offre une petite suite qui, je l'espère, vous plaira! 😘
________________________________________________________
Sa main encore légèrement tremblante suite à la dernière discussion qu'il avait eu avec son frère, tourna machinalement les pages du dossier qui l'accompagnera jusqu'à sa prochaine mission en Europe de l'Est. Un paquet de feuille, des papiers d'identité, des dossiers sur certaines personnes qui étaient maintenant réduites à des cibles. Quelques feuilles de papier dont la perte d'une d'entre elle reviendrait à voir s'envoler un peu plus son unique chance de survivre aux prochains jours si ce n'étaient prochaines semaines. Sa main s'aventura, sans plus s'attarder sur le contenu du dossier, jusqu'à la fin de celui-ci pour y découvrir une liste sur laquelle une dizaine de noms y avaient été répertoriés dans l'ordre alphabétique ou selon l'importance de la menace que représentait celui ou celle qui le portait. Mais peu importe, il se devait de les mettre tous hors d'état de nuire de toute façon. Par lequel d'entre eux son frère allait-il lui suggérer de commencer?

Sherlock poussa un long soupire à fendre l'âme. Au rythme des kilomètres qu'avalait la berline noire qui le raccompagnait chez lui, les faisceaux lumineux illuminaient à intervalles réguliers, d'une lumière orangée, les pages criblées de mots et d'images. Sa vue commença à se troubler sous l'effort qu'il faisait pour essayer de lire les noms étrangers quand ceux-ci n'était donc visibles que durant une demi-seconde. Sa langue claqua contre son palais en signe d'exaspération et son regard dévia vers la vitre de la voiture. Vers l'extérieur.

La nuit était tombée depuis plusieurs longues heures maintenant et avec elle tout espoir de pouvoir rester encore un peu plus longtemps au pays. Les réunions avec son frère s'étaient succédées à une vitesse affolante depuis que la dernière information qu'ils avaient reçu d'un agent infiltré en Roumanie s'était avérée cruciale. Il partait dans trois jours. Dans trois jours, Londres n'appartiendrait, pour un temps, plus qu'à quelqu'un de ses souvenirs plus ou moins heureux. Avec une efficacité sans faille, tout avait été bouclé en un rien de temps pour préserver la validité de cette information qui le conduirait, lui, Sherlock Holmes, sur la piste d'une nouvelle branche du plus grand réseau criminel jamais créé. Il soupira et observa les rues sombres de Londres d'un regard las et fatigué. Il faisait calme, à peine quelques bruits de circulation au loin. Dehors, tout semblait si... ennuyeux. Pourtant il pouvait la sentir. L'adrénaline. Il aimait cette excitation que lui procurait le départ imminent vers un danger inévitable, il aimait tout ça. Le danger. Mais ce qu'il aimait le plus, c'était partager cette sensation avec John Watson.

Face à cette dernière révélation, il referma brusquement le dossier d'un coup sec comme pour rompre le cours de ses pensées qui l'amenaient vers ses plus grandes faiblesses. John. Les sentiments.

L'Amour.

Non! "Carring is not an advantage!" Il fallait se concentrer sur les prochains jours, c'était d'une importance capitale! Mais... Et son frère..? Même Mycroft semblait avoir brisé ce principe qu'il s'était longtemps imposé à lui-même pour se donner à l'Inspecteur Lestrade. Sherlock s'étonnait toujours de ne pas l'avoir remarqué plus tôt d'ailleurs.... Mais pour l'instant, là n'était pas sa préoccupation. Ce qui le rendait fou maintenant était le fait que si le Gouvernement Britannique, même sous toutes les responsabilités que ce titre impliquait, s'était laissé avoir par les sentiments, lui, détective consultant, en avait-il de même le droit?

Sherlock passa une main sur son visage en se frottant les yeux, désireux de pouvoir échanger ces pensées douloureuses contre quelques minutes de répit. La fatigue le prenait rarement par surprise mais il avait perdu le compte des nuits qu'il avait passé à travailler, en compagnie de son frère qui plus est. D'habitude c'était John qui comptait pour lui, toujours inquiet pour sa santé. Que faisait-il depuis ces dernières semaines qui les séparaient aujourd'hui de sa chute fatidique? Pour qui s'inquiétait-il maintenant?

L'avait-il déjà oublié?

La voiture freina brusquement dans un crissement de pneus et plusieurs coups de klaxons fusèrent, faisant sursauter le détective à nouveau bien réveillé par ces bruits assourdissants. Le calme rompu, le fil de ses pensées aussi, il n'écouta que d'une oreille les excuses du chauffeur. Il était évident qu'il s'agissait déjà d'embouteillages, rien de mieux pour entamer une nouvelle journée qui débuterait dans quelques heures à peine... Notez le sarcasme. Les gens devaient déjà se rendre à leur travail, enfermés dans leur quotidien, tout ce qu'il y avait d'encore plus ennuyeux. Et il ne faisait même pas encore jour.

Il grogna et se pencha pour ramasser plus de la moitié du précieux dossier qui s'était répandue sur le sol à cause de l'arrêt brusque de la voiture. À l'aveugle, il ramena en tas désordonné les feuilles, à présent froissées, et fourra le tout dans la farde cartonnée marquée de l'inscription "Confidential" en rouge. Il soupira et souhaita, comme il ne l'avait encore jamais autant souhaité, rentrer chez lui le plus vite possible. Enfin, si on pouvait appeler la résidence que son frère lui avait assignée et ordonné de ne pas quitter le jour, son chez lui. Mais le grand Sherlock Holmes était censé être mort après tout.

Une voiture passa soudain sur la bande de droite et ses phares éclairèrent l'habitacle de la voiture durant une seconde. Une seconde seulement mais ce fut assez pour Sherlock Holmes qui remarqua une dernière photo sur le sol qu'il avait dû oublier de ramasser. La silhouette qu'il crut y reconnaître fit battre son cœur douloureusement tandis qu'il s'empara de la photo d'une main fébrile.

John.

Le détective fronça les sourcils, confus, avec une seule question en tête lui martelant le crâne: que faisait une photo de John dans le dossier dont les photos qu'il comportait n'étaient que celles de criminels et d'agents ennemis? Il serra les dents. Impossible que son frère lui ai fait un coup pareil. Si John, son John, avait été sur la liste rouge du Gouvernement Britannique, il l'aurait mis au courant dès le début avant que lui et le docteur ne deviennent si proches... Avant qu'il ne s'attache autant à lui... Non, c'était impossible.

Une des plus importantes caractéristiques du sociopathe était son sang froid. Pouvoir rester de marbre face à n'importe quelle situation d'urgence et agir en conséquence sans dévoiler ni même ressentir la moindre émotion. C'est ce qui définissait Sherlock pour tout... ou presque. Parce que quand il s'agissait de John Watson, les gestes se faisaient plus rapides, plus hésitants, plus tremblants. Les battements de son cœur s'accéléraient et sa raison se perdait dans un rideau de brouillard opaque. Il n'y avait plus que lui. Plus que ce petit homme au cheveux blond cendré et au petit nez rond qui l'observait avec tant d'admiration.

C'est donc en un temps record qu'il avait sauté hors de la voiture, le dossier abandonné sur le siège derrière lui. Son long manteau et ses cheveux au vent, la photo de son meilleur ami enfermée dans son poing et son portable dans l'autre, il courait. Il courait à en perdre haleine le long de l'avenue sombre sous le regard abasourdit du chauffeur qui s'empressa de prévenir avec anxiété son supérieur.

Après avoir parcourut à peine une cinquantaine de mètres et alors que le vent glacial fouettait son visage avec force, l'écran de son portable s'alluma, signalant très certainement l'arrivée d'un message. Bien qu'il en devina aisément le destinataire, la raison de la présence de cette photo de John dans son dossier lui étant encore inconnue, il se résigna tout de même à l'afficher. Il entreprit donc de le lire entre deux sauts au dessus de quelques cartons et sacs poubelles échoués sur les bords des trottoirs mais peine perdue, son frère n'envoyait jamais de message, il appelait. Sherlock eut à peine le temps de regretter son geste qu'il entendit déjà la voix dédaigneuse de son frère s'élever dans le haut-parleur.

-"Et bien, déjà à courir dans les rues..."

-"Pourquoi y a-t-il une photo de John Watson dans le dossier que tu m'as communiqué!?" S'écria Sherlock en lui coupant la parole sans cacher sa colère mais en veillant bien à dissimuler son angoisse. Un silence au bout du fil lui répondit et son taux d'adrénaline augmenta d'un coup, accélérant ses enjambées à travers la ville.

-"J'ai pensé que tu aimerais avoir une photo de lui durant ton voyage." Lâcha soudain la voix de son frère au moment où le détective allait raccrocher. Une légère touche de tendresse, presque imperceptible et dénuée de mépris surprit Sherlock qui en fut déstabilisé pendant quelques secondes. Mais ses sourcils se froncèrent à nouveau bien vite et il secoua la tête, complètement désabusé.

-"Mais pourquoi cette photo-là en particulier, Mycroft?! John avec une tasse à la main, à la fenêtre d'un vieux café. Je connais cet endroit, je le connais, je sais où il est! Alors pourquoi... Pourquoi tu as choisi cette photo? Pourquoi..." Son souffle commençait peu à peu à se faire plus saccadé sous l'effort cardiaque et un point de côté menaçait dangereusement de se faire sentir. Mais son esprit voyait plus loin que sa condition physique qui l'empêchait de pouvoir sauter directement à sa destination. Après une vingtaine de minutes à avoir courut aussi vite, son rythme ralentit néanmoins considérablement, l'air lui manquant, mais il continua tout de même sa course folle. Plus que deux rues et il était arrivé.

-"Nous savons tous deux, cher frère, que ta prochaine mission est d'une dangerosité non-négligeable. N'aurais-tu pas voulu le revoir une dernière fois avant ton départ?"

Sherlock ouvrit de grands yeux et coupa la communication car ces dernières paroles, une fois sorties du haut-parleur, vinrent directement enserrer son cœur dans une poigne de fer. Il ralentit jusqu'à se figer complètement à l'entrée d'un parking et s'appuya sur ses genoux, le regard plongé vers le sol. Il tenta de reprendre son souffle mais l'évidence qui venait de le frapper lui avait fait l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Parfaitement stoïque, dehors, dans le noir, le détective fit preuve du sang froid qui l'avait déserté jusqu'à présent en se remettant en vitesse du mouvement de panique dont il venait de faire preuve. Doucement, il déssera son poing qu'il avait, durant toute sa course, serré autour de cette fameuse photo.

De légères stries blanches parcouraient maintenant de longueur en largeur le visage de l'être tant aimé, ce visage autrefois si souriant... La photographie avait l'air d'avoir été prise hors du temps parce que John n'avait jamais eut l'air si abattu et malheureux. En regardant mieux, à l'aide de la lumière d'un vieux lampadaire, les couleurs avaient beau être ce qu'elles étaient, l'image froissée et quelque peu déchirée paraissait terne et fade. Presque grise.

Dans la voiture, un peu plus tôt, ses gestes, ses pensées, ses déductions avaient fusé tellement vite qu'il n'avait pas tout de suite comprit la raison pour laquelle il avait courut de manière si spontanée vers l'endroit que la photographie de John lui avait indiqué. Son frère aurait pu lui laisser la photo d'identité de son meilleur ami puisqu'il avait des dossiers sur tout le monde, il devait bien en avoir un sur le docteur qui contenait au moins une photo de lui plus formelle. Mais non, il avait choisi de glisser ce morceau de papier glacé représentant un homme brisé assis dans un café.

Une tasse de café, un bar style rétro en arrière-plan, une enseigne d'un rouge flamboyant, il n'avait pas fallu longtemps au célèbre détective pour comprendre. Mycroft avait choisi cette photo parce qu'il avait su qu'il devinerait où se trouvait John en ce moment même. Un café dans lequel le docteur avait pour habitude de parfois s'y arrêter pour prendre son café avant d'aller au travail quand Sherlock le faisait fuir de l'appartement à cause de sont comportement quelque fois légèrement insupportable. Tel était le moyen que l'aîné des Holmes avait trouvé pour, subtilement, permettre à son petit frère de revoir celui qu'il aimait avant de partir en mission. Sa dernière question lui était toujours en tête:

"N'aurais-tu pas voulu le voir une dernière fois avant ton départ?"

Bien sûr que si! C'est d'ailleurs pour ça qu'il avait sauté de cette voiture. Sherlock avait courut, courut si vite, juste pour le revoir. Peut-être pour la dernière fois. Pour une fois, son cœur avait parlé pour lui, les sentiments l'avaient emporté. Ils l'avaient toujours emporté quand il s'agissait de John. Et maintenant, alors qu'il se relevait en observant ce petit café qui se dressait tout juste à quelques pas de lui, il se mit à regretter. Il regretta soudain tellement d'être là. Avoir courut si longtemps et si vite jusqu'ici? À quoi cela rimait-il? Un instant de faiblesse, un élan de désespoir. Car c'est bien ce à quoi ça devait ressembler, non? Du désespoir.

Incapable de faire demi-tour pour autant, à pas feutré, il se coula dans l'ombre du veux bâtiment et en longea le mur de brique jusqu'à se tenir tout juste à côté de la longue baie vitrée devant laquelle les clients pouvaient venir s'assoir et déguster une boisson chaude. Sa silhouette se fondait parfaitement dans le noir du ciel qui tirait maintenant sur un bleu nuit de plus en plus lumineux au fur et à mesure que le soleil commençait à monter dans le ciel.

Il inspira profondément et calma les battements de son cœur ainsi que ses espoirs d'apercevoir l'objet de ses pensées. Il se pouvait que John soit déjà parti à la clinique. Après être resté quelques minutes immobile, il se dévoila petit à petit, avec la plus grande prudence dont il était capable, dans la lumière jaunâtre du café. Ses yeux bleus se posèrent sur le bar par réflexe puis glissèrent sur le reste de la salle. Vide. Une vague de déception le submergea mais encore une fois... les sentiments.

Et oui, encore et toujours, les sentiments. Car ce ne fut que quand il baissa le regard, désemparé, qu'il se rendit compte encore une fois de sa précipitation. Son cœur rata douloureusement un battement et il se figea. Un homme se tenait là, tout juste à quelques dizaines de centimètres de lui, assis devant la vitrine, une tasse à la main. Du café noir. Sans sucre, sans lait.

Il s'en fallut de peu pour qu'il ne s'exclame son prénom comme un soulagement. John aurait relevé la tête, l'aurait vu. Et toute la peine qu'il lui avait déjà causée jusque là n'aurait servie à rien. Mais il ne bougea pas d'un pouce pour autant. Immobile, comme un reflet dans la vitre, comme un mirage. Peut-être son blogueur l'avait-il même déjà aperçut du coin de l'œil, qui sait. Mais le détective était-il vraiment là où n'était-il qu'une autre hallucination parmi tant d'autres? Mais Sherlock s'autorisa néanmoins à laisser un léger sourire triste venir étirer ses lèvres. Il était juste là. Juste là, devant lui.

Il en profita pour l'observer attentivement pour imprimer ce visage, ces traits, ces yeux dans son esprit. Le regard gris plongé dans le fond de sa tasse, perdu dans ce liquide noir sans aucune trace, aucune lueur de clarté, John semblait coupé du monde. Sherlock en eut soudain mal au cœur quand il le remarqua. John n'était plus le même. Une part de lui s'était comme envolée, il n'était plus que la copie de cette photographie sans couleur. Même si cette lueur, cette étincelle de vie était toujours bel et bien présente dans le fond de son regard, quelque chose s'était perdu. Sherlock abandonna son sourire et n'afficha plus qu'un air profondément désolé et douloureusement triste.

Si une photo était prise sur le moment, elle aurait capturé l'instant qui décrivait parfaitement l'injustice de la vie. De deux êtres si loin et pourtant si proches, à peine séparés par une vitre de verre. Elle aurait emporté, en un cliché, un peu plus de l'amour qui peinait déjà à trouver son chemin entre un détective sociopathe et un ancien médecin militaire.

Ce n'était pas que Sherlock ne pouvait pas aimer John. Il ne voulait pas aimer John. Debout, là, face à lui, sans que celui-ci ne le voit, il se rendait compte de tout le mal qu'il lui infligeait. De toute la douleur qu'il lui causait encore et toujours. Et pour quoi? Être finalement pardonné à la toute fin? Avait-il vraiment le droit de revendiquer tout l'amour qu'il lui portait alors qu'en quelques pas, il pouvait franchir le pas de la porte de ce café et arrêter la descente aux enfers dans laquelle son meilleur ami s'engouffrait un peu plus chaque jour? Non il ne pouvait pas, mais il le voulait. Il le voulait tellement. Entrer, le serrer dans ses bras et lui promettre de ne plus jamais recommencer. De ne plus jamais lui faire une chose aussi atroce. John... Le détective ne méritait même pas de l'aimer.

Dans à poche, son portable vibra. Sherlock ne prit même pas la peine de répondre, son regard toujours fixé sur l'homme qui n'avait toujours pas relevé la tête. Son frère, car il s'agissait bien de son frère, se fit plus insistant mais encore une fois, il l'ignora. Il en avait tellement marre... Il savait qu'ici, a découvert, il s'exposait à un danger.

"Relève la tête, surprend-moi afin que je n'ai pas d'autre choix que d'entrer et de m'expliquer!"

Il jouait à un jeu bien dangereux. John lèverait-il la tête, le verrait-il? Seul le hasard pourrait le lui dire. Son portable vibra à nouveau. Un message cette fois-ci, en dernier recours.

"Ne fais rien qui puisse compromettre ta couverture!"
-MH.

Sherlock soupira et répondit en serrant les dents tout en essayant de ne pas faire de trop grands gestes brusques pour éviter au maximum l'attention du blogueur. Mais il resta pourtant bien en vue. Un vrai paradoxe.

"Quelle couverture? Je suis mort."
-SH.

Il mit dans ce message toute la haine et l'amertume qu'il avait envers son frère et son plan, envers la vie de l'avoir fait comme il était, envers lui-même pour avoir prit sur lui tant de responsabilités qui l'empêchaient d'être aux côtés de son meilleur ami, envers John qui ne voulait pas relever la tête. "Regarde-moi!"

"Dois-je te rappeler qu'encore une fois, tu mets en péril toute la mascarade dont tu as fait preuve pour te faire passer pour mort jusqu'à maintenant? Rentre."
-MH.

Mycroft avait raison. Et pour ça aussi Sherlock le détestait. Il rangea son portable dans sa poche et jeta un dernier coup d'œil à l'homme qu'il savait aimer mais dont ce sentiment allait désormais de paire avec la culpabilité. Quand il avait crié à son frère pourquoi il avait mis cette photo de John dans son dossier, pourquoi il lui avait au final indiqué où il se trouvait, il savait que c'était pour qu'il le revoie une dernière fois. Non, ce qu'il avait vraiment voulu lui demander, c'était pourquoi lui à avoir "accordé" ça alors que ça ne pourrait que lui faire plus de mal qu'autre chose. Mycroft l'avait envoyé à la rencontre d'une bien cruelle tentation. Qu'est-ce qu'il pouvait être si maladroit dans ses attentions...

Sherlock réprima la tristesse qui s'insinua dans son son cœur et dans sa tête. Il glissa délicatement la photo de John dans la poche intérieure de sa veste sur son cœur froid et fit demi-tour, son manteau noir décrivant un mouvement gracieux dans l'air frais du petit matin.

À l'intérieur, bien au chaud, John regarda sa montre et ne réagit même pas quand il remarqua qu'il allait être en retard s'il ne quittait pas le café dès maintenant. Il soupira, releva enfin la tête et crut discerner du coin de l'œil un mouvement, une silhouette élancée qui se fondit en un rien de temps dans les ombres qui peuplaient l'extérieur.

Prit d'un étrange sentiment, il fixa le parking de ses yeux dont la magnifique couleur avait terni avec les larmes qu'il n'arrivait même plus à laisser couler. Finalement, il prit une dernière gorgée de son café noir mais avant, y ajouta une pincée de sucre avec un semblant de sourire en souvenir du feu détective.

Si seulement Sherlock avait pu être à ses côtés en ce moment-même... Au moins, John aurait pu espérer que cette journée puisse être une journée qui vaille la peine d'être vécue.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro