Lying for You

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Une tasse de café noir dans une main et le journal du jour dans l'autre, John sortit de la cuisine, non sans jeter un regard curieux vers son ami, assis à une table recouverte de livres de sciences et de verreries, le nez plongé dans un récipient au contenu douteux. Le blogger du célèbre détective marmonna un "Bonjour" d'une voix encore endormie qui ne reçu d'ailleurs aucune réponse. Habitué au silence de ce dernier, il ne s'en formalisa pas et poursuivit son chemin jusqu'à son fauteuil. Il s'y laissa tomber lourdement en prenant soin de ne pas renverser de son liquide brûlant sur son pull en laine beige.

Il soupira quand il remarqua les quelques tasses de thé vides qui trônaient au milieu de la petite table de salon, vestige d'une nuit blanche que Sherlock avait dû passer devant son microscope ou un quelconque morceau de corps humain en bon chimiste - sociopathe - qu'il était. John jeta un regard suspicieux par dessus le dossier de son fauteuil et observa son ami toujours aussi concentré qu'hier soir sur une de ses expériences plus ou moins légales. Il ne cesserait sans doute jamais, entant que médecin, d'être étonné par le manque incommensurable de sommeil qui ne semblait pourtant pas avoir d'impact sur la capacité du génie à travailler toujours aussi efficacement. Néanmoins, l'inquiétude ne quittait pas son jugement... Sherlock avait-il mangé? Avait-il somnolé ne fut-ce qu'un minimum? En bref: avait-il seulement changé de position depuis ces 8 dernières heures?

-"Sherlock, tu as dormi?" Lui demanda-t-il finalement sur un ton de reproche. Il connaissait, évidemment, déjà la réponse et Sherlock à l'entente de ce ton réprobateur, sut qu'il était tout à fait inutile de répondre à cette question si c'était pour énerver encore un peu plus son meilleur ami. À la place, il fit comme s'il n'avait rien entendu et glissa vers son microscope sans relever la tête afin d'observer un échantillon de l'étrange mixture qu'il venait de préparer minutieusement.

-"Fascinant..." Fut tout ce qu'il lâcha quand il commença à tourner les roulettes de l'appareil pour ajuster sa vue. Il entendit John pousser un soupir d'exaspération, signe qu'il abandonnait toute envie de lutter contre lui et Sherlock put seulement se détendre quand il fut certain qu'il ait totalement abandonné l'idée de lui faire la morale. Du moins pour l'instant.

Le Dr. Watson choisit en effet d'éviter de prendre le risque de faire ressortir le côté puéril bien présent de cet adulte de 35 ans qui lui ferait certainement encore une scène parce que Môssieur se foutait bien de ne pas avoir mangé depuis 3 jours. Cependant, John se jura que s'il en venait à mettre sa santé en péril, il le mettrait au lit lui-même et ce, de force s'il le fallait!

Il soupira mi-désespéré, mi-amusé et s'installa plus confortablement en réajustant son coussin dans le bas de son dos. Malgré un jour de plus à visiblement devoir faire du baby-sitting, cette journée s'annonçait plutôt calme et reposante. Et oui, quand Sherlock était absorbé par une de ses expériences, cela signifiait que l'appartement risquait de rester totalement silencieux pendant plusieurs heures avant que Madame Hudson ne fasse irruption à l'heure du thé dans l'après-midi. Mais pour l'instant, pas de Madame Hudson en vue, aucun patient à prendre à la clinique, aucune enquête en cours et enfin mais surtout, un Sherlock occupé à faire quelque chose et donc bel et bien sage. John avait donc toute la matinée devant lui, rien ne pourrait venir la troubler.

Si seulement...

Une petite heure passa durant laquelle la pluie s'était abattue sur tout Londres. Les gouttes d'eau venaient caresser les fenêtres, la lumière blanche venant du ciel gris illuminait le salon comme si l'hiver était déjà tombé. Seul le silence régnait en maitre au 221B Baker Street, enveloppant les deux colocataires d'une atmosphère pleine de sérénité. Il était encore tôt.

Mais soudain, comme si le sort se plaisait à s'acharner contre les deux héros, de gros coups frappés à la porte d'entrée résonnèrent depuis le rez-de-chaussée. Le bruit sourd et violent vint troubler la quiétude dans laquelle John avait réussi à se glisser en alternant lecture et contemplation de son ami dans son travail. Après quelques secondes de vacarme qui lui semblèrent interminables, il fronça les sourcils, incapable de se replonger dans l'actualité du jour dramatisée de son journal.

-"Madame Hudson?" Appela-t-il, étonné qu'elle n'ait toujours pas ouvert aux visiteurs inattendus. Comme aucune réponse ne lui parvint et que d'un coup d'œil, il remarqua que Sherlock, lui, ne semblait pas avoir entendu une miette de tout ce bruit, il se leva et alla jusqu'à la fenêtre. Il tira le rideau d'une main et tenta d'apercevoir sur le trottoir, la personne qui, à l'entente de ses coups se faisant toujours plus forts, commençait à s'impatienter.

-"S'il frappe à la porte de cette manière, c'est qu'il ne bougera pas avant qu'elle ne s'ouvre. Notre potentiel client est sûr de lui." Déduisit Sherlock depuis la cuisine d'une voix calme.

-"Il?" Questionna John qui n'arrivait toujours pas à voir qui que ce soit sur le trottoir. La personne devait être debout sur le perron.

-"Oui "il", John. C'est un homme. La plupart du temps, les gens nous sollicitent pour des affaires privées, le genre d'affaires qu'ils veulent voir réglées le plus vite possible et surtout en toute discrétion. Certains sont même honteux d'en venir à faire appel à un détective "privé", bien que je n'en soit pas exactement un. En général, les femmes rentrent dans cette catégorie pour affaire d'adultère la plupart du temps... Donc, as-tu vraiment bien écouté ces coups? Forts, très forts et presque désespérés. Une femme se montrerait alors plus discrète et surtout, plus hésitante. Notre client est donc bel et bien un homme mais un homme déterminé." Expliqua Sherlock.

-"Ou un énième pauvre homme en colère que tu as dû insulter et qui vient pour s'expliquer..." Répliqua John qui put deviner le regard vexé que son ami lui lança, ce genre de regard qu'il arborait quand quelque chose qu'il savait pertinemment juste, ne lui plaisait pas. Il continua d'observer la rue en plissant des yeux quand un soupire d'exaspération le poussa enfin à se retourner.

-"Tu ne le verras pas de la fenêtre." Précisa le détective déjà ennuyé par cette situation. Il avait plus intéressant sous la main. Un petit silence ponctué de "BAM! BAM!" flotta entre les deux colocataires qui menaient une bataille que l'un savait qu'il gagnerait haut la main, comme toujours.

-"Très bien, je descends dans ce cas!" Capitula John légèrement énervé. S'il ne se décidait pas à aller voir ce qui se passait en bas, personne ne le ferait. C'était quelque chose que le docteur avait bien vite appris: Sherlock ne se bougerait jamais si John pouvait le lui éviter. Comme pour les courses. Les enquêtes évaluées en dessous d'un 7. Rapporter les bêtises au grand frère... Et descendre ouvrir la porte quand Madame Hudson était absente.

Il dévala donc les escaliers en vitesse, en maugréant, et ouvrit la porte d'entrée d'un coup, bien décidé à dire deux mots à ce client dont l'insistance frôlait maintenant l'impolitesse. Un vent froid et de fines gouttelettes de pluie s'engouffrèrent dans le vestibule en faisant, au passage, frissonner le petit homme blond. Son regard croisa celui de l'homme, debout droit devant lui. Non seulement Sherlock avait eu raison - il s'agissait bien d'un homme et non d'une femme- , mais en plus ce "client" avait en effet l'air près à tout pour entrer.

Or ça, il n'en était pas question car en face de lui ne se tenait autre que James Moriarty.

Quand il le reconnut, il fit un bon en arrière, l'adrénaline inondant son corps tout entier. Son léger sentiment de colère s'était subitement envolé, écrasé par une peur et un état d'urgence soudain. Que faire? Sa première pensée fut pour Sherlock à l'étage puis pour Madame Hudson qui ne comprenait jamais la moitié ce qui se passait réellement dans son propre immeuble.

Pas le temps de réfléchir, il fallait qu'il agisse. Dans un réflexe, il porta la main à sa ceinture, là où son arme se trouvait quand lui et Sherlock bravaient le danger dans les rues de Londres. Mais son cœur se serra quand sa main de referma sur du vide. Il était au 221B Baker Street, chez lui. Le danger était dehors, pas à l'intérieur. Et ce danger personnifié le contemplait de ses yeux noirs, de l'autre côté de la porte.

-"Je n'ai pas besoin de vos réflexes d'ancien militaire..." Siffla dédaigneusement le Napoléon du Crime. Il continua en s'écartant laissant entrevoir à John un homme affalé sur lui même, assis sous la pluie:

-"... mais ce sont ceux en tant que docteur dont je souhaiterais que mon... collègue bénéficie."

Cependant, toujours sur ses gardes, John n'osa pas bouger d'un millimètre, scrutant l'homme en costume bleu royal qui attendait patiemment qu'il l'invite, lui et ce "collègue", à pénétrer dans son appartement. Son cerveau ne savait plus comment interpréter ce qui était en train de se dérouler devant ses yeux mais son instinct, lui, lui criait de refermer cette porte le plus vite possible.

-"Sherlock...!" Appela-t-il en dernier recours, hésitant. Il réussi à cacher son angoisse derrière toute la haine qu'il ressentait pour l'homme en face de lui. Évidemment, aucune réponse ne lui parvint, son appel ayant été superbement ignoré.

-"Sherlock, vient ici tout de suite!" Cette fois-ci il cria plus fort, d'une voix ferme, la peur lui nouant l'estomac.

-"Regardez-vous... Toujours à prendre des décisions en fonction de quelqu'un autre... De Sherlock Holmes qui plus est! Vous êtes médecin, non? Lui, ne l'est pas, donc faites vite. Soignez-le!" Lui ordonna Moriarty d'une voix glaciale. Le docteur fronça les sourcils, une main toujours crispée sur le battant de la porte d'entrée, prêt à la refermer si une potentielle attaque survenait. Était-ce un semblant d'inquiétude qu'il venait d'entendre dans sa voix?

-"Qu'est-ce qu'il a?" Demanda finalement John sur la défensive en observant le blond qui semblait mal au point, avachit sur la dalle en pierre. Il avait l'air de se situer dans la même tranche d'âge que Moriarty. Habillé d'un jean sombre et d'une veste d'un gris délavé, il arborait un style beaucoup plus détendu que l'homme en costume sur mesure. Comment tous les deux en étaient-ils venus à se côtoyer? Cependant, par pure prudence, il ne s'avança pas, restant le plus éloigné possible du criminel qui désirait plus que tout tuer son détective. Mais comme s'il avait deviné sa méfiance, le blessé se leva et fit difficilement quelques pas vers lui, une grimace de douleur déformant ses traits.

-"Oh oh!" S'exclama John en brandissant son index en signe d'avertissement pour qu'il ne s'approche pas plus de lui. Néanmoins, il sentit son instinct flancher, laissant place à sa première nature: sauver les vies. Parce que oui, cet individu, bien qu'apparemment proche du criminel consultant, avait besoin de soins et ce, de toute urgence. Une main crispée sur son côté droit laissait passer quelques filets de sang qui avait imbibé une bonne partie de sa chemise blanche.

"Sherlock, qu'est-ce que tu fous...?" Pensa John, perdu. Un véritable dilemme s'offrait à lui. Dans un premier cas, s'il s'avérait que c'était un piège, lui et Sherlock se retrouveraient dans une situation plus que délicate. Et le deuxième choix qui lui paraissait le plus prudent, le rendrait coupable de non-assistance en personne en danger. Et ça, son côté docteur ne se le pardonnerait sans doute pas de si tôt si cet homme venait à mourir sur le pas de sa porte.

Ce dernier, semblant être à bout de force, tituba, incapable de supporter son propre poids plus longtemps. Il alla s'écrouler sur le sol quand, sous le regard surpris de John, Moriarty le rattrapa de justesse et le ramena contre lui. Il posa ses yeux sombres sur lui et mi-suppliant, mi-menaçant, lui demanda silencieusement la permission d'entrer.

-"Dr. Watson, il s'agit de Sebastian Moran. Mais surtout, c'est comme s'il s'agissait d'un de vos patients, alors traitez-le entant que tel et agissons comme si nous ne nous étions jamais vus!" Insista-t-il en soutenant du mieux qu'il le pouvait Sebastian qui luttait pour éviter de s'appuyer trop fort sur l'épaule son patron. Celui-ci, au contraire, le serra un peu plus contre lui en veillant à ne pas lui faire plus mal. Le Dr. Watson les observa tous les deux, complètement consterné par le comportement quasi attentionné du psychopathe qui lui faisait face et ouvrit la bouche pour donner sa décision quand il sentit une présence dans son dos. Une main aux longs doigts fin se posa sur la sienne et la retira de la porte afin de l'ouvrir entièrement aux deux hommes toujours immobile sous la pluie.

-"Cela me semble un bon compromis. John, aide Mr. Moran à monter à l'étage, je m'occupe de la trousse de secours." Déclara Sherlock qui, sans le moindre bruit, était descendu entre-temps. Et sous le regard offusqué de son meilleur ami, il repartit à l'étage sans plus d'explications. Bien sûr, le blogger le plus en vogue sur les réseaux sociaux prenait plaisir à écrire les aventures qu'il vivait aux côtés du célèbre détective consultant, mais il y avait des limites. Et il se trouvait que gravir les escaliers du 221B Baker Street avec, très certainement, un tueur - blessé -, non pas aux côtés de Sherlock mais bien de leur ennemi juré, était au-delà de ces limites.

C'est donc la mâchoire serrée et le regard vissé sur les moindres faits et gestes des deux hommes que John, une fois en haut, se saisit de sa trousse de soins que Sherlock lui tendit, un air indifférent peint sur le visage. Sebastian qu'ils avaient installé sur le fauteuil noir qui longeait le mur, observait de manière dérangeante chaque parcelle de l'appartement, ce qui fit grincer des dents le docteur dont les muscles étaient tendus à l'extrême. Moriarty resta posté aux côtés de son bras droit, mais son attention, elle, était tournée vers le détective qui avait repris place devant son microscope. Tout naturellement, comme si de rien n'était.

-"Vous avez eu de la chance. Beaucoup de chance même... Votre plaie est tout juste insuffisamment profonde pour avoir pu endommagé un de vos organes et... Il semblerait que vous ayez été poignardé très proprement..." Lista John qui s'était accroupit devant Sebastian en inspectant sa blessure à l'abdomen du bout des doigts. Faire comme s'il ne se connaissaient pas? Très bien, c'est ce qu'il ferait. Sherlock devait bien avoir quelque chose derrière la tête de toute manière... Non?

D'un regard, Sebastian l'autorisa à enlever sa veste et sa chemise pour lui procurer plus de facilité afin de le soigner. Plongé dans ses pensées, John désinfecta du mieux qu'il put la plaie, et commença machinalement à bander son ventre en serrant bien fort pour stopper l'hémorragie externe. Cet homme allait de toute façon devoir passer à l'hôpital, son entaille, bien que superficielle et certainement très douloureuse, était profonde et nécessitait des points de suture. Dans ce cas, pourquoi n'étaient-ils pas aller directement là-bas? Pourquoi venir ici? Cela n'avait aucun sens...

Soudain, le souvenirs de la mascarade que lui et Sherlock avaient jouée pour s'introduire cher La Femme, lui revint en mémoire ainsi que les paroles qu'elles avaient prononcées en voyant le visage légèrement amoché du détective:

"Je crois que quelqu'un vous aime, en tous cas. Si je devais vous frapper au visage, je sens que moi aussi j'éviterais votre nez et vos dents."

Elle avait deviné que Sherlock ne s'était pas fait agressé. Et tout ça parce que sa blessure sur sa pommette n'avait pas été assez grave pour que quelqu'un lui ait vraiment voulu du mal... John qui comprenait petit à petit ce qui était en train de se passer, suspendit finalement son geste, l'extrémité du bandage toujours dans une main. Il sentit une sueur froide couler dans son dos quand, enfin, il se rendit compte que le silence dans la pièce était total. Quelque chose n'allait pas, il avait comme... un mauvais pressentiment. D'un coup, il abandonna son patient et se releva, se tournant vers Sherlock, son cœur battant à cent à l'heure.

-"Sherlock je pense que..." Bien sur que quelque chose n'allait pas. Pourquoi les avait-il fait entrer chez eux? Pourquoi Sherlock ne réagissait pas, ne parlait pas, n'était pas là pour surveiller le criminel consultant qui était debout dans leur salon en personne? John déglutit quand il remarqua le regard insistant de Sherlock, tourner vers sa Némésis. Il avait abandonné son microscope et se tenait à présent debout devant l'entrée de la cuisine. Il ne bougeait pas.

Alors, doucement, la peur enserrant son cœur, le Dr. Watson tourna son regard vers Moriarty et il sursauta, une vague de panique le submergeant quand il comprit pourquoi la tension dans la pièce s'était faite soudainement si pesante. Sherlock, immobile, était en plein dans la ligne de mire d'un pistolet pointé vers son cœur par l'homme aux yeux noirs.

-"Mais qu'est-ce que..." Le pauvre ne put dire un mot de plus quand il fut violemment tiré vers l'arrière par Sebastian Moran qui s'était relever derrière lui et le maintenait d'une poigne forte l'empêchant de se dégager.

-"NON! QU'EST-CE QUE VOUS FAITES? LÂCHEZ-MOI!" Hurla John en se débattant du mieux qu'il put. En vain.

-"Oh Johnny Boy, un peu de tenue voyons... Votre ami... va mourir!" S'exclama Moriarty, un sourire sadique en coin. Le docteur, le souffle court, ne réalisait pas ce qui se déroulait sous ses yeux. Comment en étaient-ils arrivés à baisser leur garde aussi facilement, laissant entrer les deux hommes les plus dangereux de toute l'Angleterre dans leur salon? Et Sherlock... Pourquoi ne disait-il rien? Pourquoi? Tout ce passait si vite, sans parler de ces comportements étranges et cette situation qui n'avait pas lieu d'être... Mais il ne put aller plus loin dans ses réflexions.

Une détonation lui vrilla les tympans et une balle partit se loger dans la poitrine du détective. Mortelle. Son monde s'écroula quand il le vit s'étaler sur le sol de la cuisine sans même un cri, sans même une larme. Désespéré et incapable d'accourir aux côtés de son meilleur ami à cause de la poigne de fer qui le retenait, il se perdit dans un cri de douleur, la vue brouillée par les larmes:

-"SHERLOOOOOOOOOOCK!"

John ouvrit les yeux dans un sursaut. Il ne vit que le noir. Déboussolé et tremblant, il essuya ses quelques larmes du revers de la main. Quand il regarda à nouveau devant lui, sa vue s'était ajustée, laissant deviner les contours d'une fenêtre et des habits parfaitement pliés sur le coin d'une commode au fond de la pièce dans laquelle il se trouvait. C'est alors bouleversé et tout transpirant qu'il extirpa de sa couverture et s'assit sur son lit, une main posée sur sa poitrine. Les battements de son cœur n'avaient jamais été aussi rapides. Dehors, il faisait encore nuit.

Un cauchemar. C'était tout ce que ça avait été. Un cauchemar...

Jamais dans sa vie il n'avait été si soulagé, jamais il n'avait été aussi heureux de se réveiller. Légèrement calmé, il tressaillit à nouveau quand la porte de sa chambre s'ouvrit brusquement et vint cogner contre le mur dans un bruit sourd. Une silhouette élancée, un violon dans une main, se découpa dans l'entrée.

-"John?" Questionna le détective en robe de chambre d'une voix inquiète. Un silence suivit en guise de réponse. Il fronça les sourcils quand toutes ses déductions le portèrent à croire que son meilleur ami était dans ce qui semblait être un état de choc. John resta là, à le fixer de ses grands yeux bouffis dû à la fatigue, un sommeil agité et... des pleurs?

-"John, est-ce que tout va bien?" S'aventura-t-il à lui demander, pas certain de ce qui s'était passé. Lui qui avait pensé que c'était parce qu'il était encore une fois de plus en train de jouer du violon à 3 heures du matin... Il semblerait que son acolyte l'ai appelé pour autre chose...

-"C'est... C'est un cauchemar, Sherlock." Réussit finalement John à articuler.

-"La guerre?" Demanda Sherlock, surprit qu'il ait crié son nom s'il avait rêvé de l'Afghanistan.

-"Heum... Oui. Oui, la guerre. Ça revient parfois..." Mentit John en se grattant la nuque d'une main toujours tremblante, essayant tant bien que mal de cacher son trouble. Un silence gênant suivit son mensonge soulignant le fait que le détective ne l'avait pas du tout cru.

-"Bien... De toute manière je distingue assez bien qu'à ta façon d'agripper ton draps, preuve que tu viens de subir une importante angoisse, tu ne te rendormiras pas, donc... Je sais que tu aimes ma musique. Et puis, j'aime avoir un public, alors... John, veux-tu te joindre à moi?" Proposa Sherlock, en fuyant le regard de son colocataire.

-"Je prépare le thé." Répondit-il en esquissant un léger sourire. Sherlock lui sourit de même en retour et lui tourna le dos mais avant qu'il n'ait pu s'éloigner plus, il fut à nouveau interpeler par le docteur.

-"Sherlock?" L'appela-t-il, toujours assis sur son lit.

-"Oui, John?"

-"Moriarty. Est-ce que... Est-ce que tu penses que nous gagnerons contre Moriarty? Est-ce que tout se terminera bien?" Lui demanda-t-il d'une voix mal assurée. Des images de son cauchemar lui revinrent par flashs, lui serrant la gorge. Le corps de Sherlock gisant sur le sol dans une marre de sang s'imposa à son esprit et il ferma les yeux violemment pour s'en débarrasser.

Le détective consultant qui n'avait pas pour habitude de mentir sur les probabilités d'un tel danger que représentait le criminel consultant, sut pourtant qu'il valait mieux qu'il lui mente ce soir. Il sourit tristement et lui murmura:

-"Oui, tout ira bien, John." Lui assura-t-il en s'apprêtant à lui tourner le dos.

-"Personne ne risque de mourir dans ce jeu, n'est-ce pas?" Rajouta le blond en se crispant un peu plus. Quelques secondes de silence suivirent sa question durant lesquelles les deux hommes se fixèrent d'une manière indéchiffrable.

-"Personne ne mourra. Je te le promets." Souffla Sherlock après un instant en repartant pour de bon vers le salon, ses yeux teintés de tristesse.

Parfois il fallait mentir pour chasser les cauchemars. Parfois il fallait espérer que ces mensonges n'en soient pas pour avoir le courage de se lever le lendemain. Parfois il fallait faire confiance à un Holmes pour que la vie ait l'air d'avoir la peine d'être vécue.

À ses risques et périls.
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Bonjour!
J'espère que vous avez aimé cet OS que j'ai d'ailleurs écris pour le troisième concours de
TLehnsherrMoran ! 😄 N'hésitez pas à commenter et à voter! 😊😄
Bisous! 😘
CC.

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