- Tu es bien la seule -

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— Tenir ta main, sentir ton souffle, c'était mon tout, mais personne ne voulait croire en toi.

Lai KuanLin ; 16 ans.

Je me prénomme Lai KuanLin et j’ai seize ans, j’habite dans une petite ville dans la banlieue de Taipei, à Taïwan. Je vis avec ma mère et mon père, sauf que j’ai également une grande sœur, qui, elle étudie en internat dans la capitale. Je faisais souvent des allers-retours entre la maison et l’hôpital, non parce que j’étais enrhumé, mais parce que j’avais ce que mes parents appelaient « le syndrome de Peter Pan », je ne les comprenais pas vraiment, mais j’allais voir chaque semaine une personne qui me parlait pendant des plombes. Mais au fond, je m’en fichais, j’aimais jouer au basket et dessiner.

*

Ma fête préférée était sans aucun doute Halloween parce que je raffolais des friandises, chaque année j’allais toquer aux portes dans l’espoir de ramener plein plein de bonbons à la maison, sauf que je n’avais personne avec qui les manger. D’ailleurs, les gens se servaient toujours dans mon panier même si je ne le voulais pas, et si je résistais, je rentrais avec des tâches bleues sur moi, alors je partageais mes bonbons avec les autres. Cette année, comme d’habitude, je rentrais chez moi le sceau rempli de deux friandises et les pieds fatigués, visage légèrement souffrant. En arrivant devant ma maison, j’essayai de tourner la poignée de porte une première fois, puis en voyant qu’elle résistait, je retentai, sans succès, avant de voir un mot sur le paillasson :

« KuanLin, papa et moi sommes partis faire des courses, amuse-toi avec tes amis en attendant notre retour à la maison ! Fais attention.

Maman & papa. »

Je m’assis lourdement sur le palier en posant ma tête dans mes mains, pensif : je n’avais personne avec qui m’amuser, parce que je n’avais plus assez de bonbons à partager. Un coup de vent souffla et je reçu de la poussière dans les yeux. Ennuyé, je frottai ces derniers du mieux que je pus avant de pouvoir retrouver une vision correcte. Une fois avoir assez pleuré, une fille venait de s’asseoir dos à moi, sur le trottoir devant ma clôture. Elle était vêtue d’une robe blanche ainsi qu’un serre-tête en forme de clou, ses yeux se baladaient dans le vide. Sans hésiter, je me levai et partis à sa rencontre, je ne l’avais jamais vue auparavant. Une fois à ses côtés, je lui fis une petite frayeur avant de m’asseoir, content de mon coup, à sa droite. Un silence plana, puis, en regardant le sceau de l’adolescente, je remarquai que ce dernier était vide. Sans réellement réfléchir, je lui proposai un des deux bonbons que je possédais. Elle posa son regard de geai sur ma main avant de refuser d’un mouvement de tête, sauf que je voulais le lui donner, alors je laissai tomber la friandise dans son sceau un sourire aux lèvres. Elle prit le bonbon avant de soupirer et de le manger, je fis de même avec la dernière sucrerie restante. Ce que j’aimais avec les bonbons d’Halloween, c’était qu’il y avait des petits messages écrits dans l’emballage et à chaque fois j’étais impatient de le découvrir. Ma voisine obtint un : « Tu m’as trouvée », et moi : « On s’en fout des caries, mange-moi ! » Je ris de bon cœur, content d’avoir trouvé une amie. Mes parents arrivèrent alors avec leur voiture et la fille se leva brusquement en entendant le moteur, elle me jeta un coup d’œil et je compris tout de suite ce qu’elle voulu me dire : On allait se retrouver pour le prochain Halloween.

*

L’année suivante, j’étais accroché à ma fenêtre dans l’espoir de la voir arriver, car je n’avais pas oublié notre promesse de se revoir en ce trente-et-un Octobre, ma mère me tendit un saladier rempli de bonbons que je déclinai par peur de la rater, cette dernière soupira, sûrement parce que je l’avais bassinée toute l’année avec cette amie. Sa robe flottante dans le vent apparu dans mon champ de vision et sans attendre une seconde de plus, je me ruai dehors avec mon sceau à la main, évitant de justesse de renverser mon père à l’entrée. Je courus dans toute la rue pour sauter dans les bras de cette fille qui m’avait tellement manquée, je l’avais attendue pendant une année entière.

–KuanLin ! hurla ma mère de l’entrée.

Elle tenait dans ses mains un appareil photo et me demanda de bien sourire, afin d’immortaliser cet instant si précieux avec cette amie, puis elle me laissa partir à la cueillette aux bonbons avec elle. C’était la première fois que je passais Halloween avec quelqu’un, et en arrivant devant la première maison je toquai un large sourire aux lèvres, je ne tenais plus en place, une femme ouvrit et ses grands yeux marrons se mirent à sourire en me voyant.

–Un bonbon ou un sort ! fis-je tout heureux.

Elle me donna une poignée de bonbons avant de me souhaiter une merveilleuse fin de soirée et de fermer la porte. Je ne pus rien dire avant qu’elle ne me tourne le dos : elle avait oublié mon amie, qui, ne semblait pas plus affectée que cela.

–Mais… retoque ! Elle t’a oubliée ! lançai-je.

Sauf qu’elle se contenta de partir en direction de la maison suivante, je n’avais pas le choix, je devais la suivre. Sur le chemin, je croisai les autres enfants de la ville, ceux avec qui j’avais l’habitude de partager mon trésor, en les voyant je courus vers eux en entraînant mon amie, il fallait que je leur la présente !

–Eh les copains ! C’est ma nouvelle amie ! On va chercher des bonbons tous ensemble ?

Le groupe se tourna avant de me regarder de la tête au pied et de me tourner le dos, totalement indifférents. Mon amie fronça les sourcils avant de se lancer dans un premier pas déterminé mais je la retins et l’entraînai ailleurs, ce n’était pas grave, puisque je l’avais déjà elle, elle valait plus que tout autre personne au monde.

Plus on sonnait, plus mon sceau se remplissait mais pas le sien, et à chaque fois, j’étais contraint de la suivre au malheur de la perdre de vue, elle ne semblait absolument pas affectée par l’ignorance des autres, et je ne comprenais pas pourquoi les gens ne voulaient pas lui donner de bonbons, avait-elle fait quelque chose de mal ? Car une fois je pus demander à un monsieur de lui donner des bonbons, et tout ce que j’eus ne fut qu’un regard méprisant avant qu’il ne me ferme la porte au nez. Cela me rendait triste, alors pour ne plus continuer à enchaîner les échecs, nous nous sommes rendus en haut de la colline, qui donnait une vue d’ensemble sur la petite ville. Une fois posés, je versai la moitié de mon sceau dans le sien, car je considérai que les gens me donnaient également sa part. De ses lèvres normalement serrées naquit un petit sourire qui me fit rougir. J’ouvris alors un premier bonbon et elle fit de même, et je m’émerveillai face au message écrit dans mon emballage : « Devenons amis ! » Je lui sautai au cou avant de m’empresser de découvrir le sien : « Tu m’as trouvée ». Oui, je l’avais bien trouvée, j’avais trouvé mon amie.

La nuit commença à tomber alors je décidai qu’il était temps que nous rentrions à la maison, je dévalai la pente tandis que mon amie regardait nostalgiquement derrière elle le grillage qui séparait notre ville de la forêt. Je pris son poignet et nous courûmes en bas pour regagner ma maison. Une fois dans ma rue, j’aperçus mes parents en train de parler au monsieur que je voyais depuis tout ce temps à l’hôpital. Ma maman tenait dans sa main une planche en bois sur laquelle était posée une feuille, croyant que c’était un dessin, je le lui arrachai des mains avant de m’enfuir avec. Elle me couru après tandis que mon amie resta à sa place à nous regarder, en passant les yeux rapidement sur la feuille, je découvris que ce n’était absolument pas un dessin, mais que c’était un truc que je ne comprenais pas trop, sauf une seule phrase :

Diagnostic : Syndrome de Peter Pan + Ami imaginaire.

Le syndrome de Peter Pan, je le connaissais déjà, et je m’en contrefichais de ce que cela pouvait être, mais les deux mots « ami imaginaire » me flinguèrent en plein cœur. Je m’arrêtai de courir et laissai ma mère reprendre le document. Cette dernière me regarda d’un air désolé et sorti de sa poche de jean un cliché plié en deux, je reconnaissais la photo : c’était celle prise plus tôt dans la journée, celle où j’étais avec mon amie, sauf que sur le cliché, il n’y avait que moi, souriant de toutes mes dents, le bras posé dans ce qui semblait être du vide. Je ne voulais pas y croire, et puis, tout cela était faux, la preuve, mon amie était juste là.

–Maman, papa, elle est là ! criai-je.
–Non chéri…
–Mais si je te jure ! Regarde, je touche ses cheveux là ! Elle a une coupe au carré noire !

Sauf qu’elle ne m’écoutait déjà plus et discutait avec le monsieur à la blouse blanche. Les larmes me montèrent aux yeux et la seule chose que je fis ne fut que courir à l’endroit duquel je venais : la colline. Je courus de toutes mes forces, le plus loin possible : elle existait, elle ne pouvait pas être fausse.

J’étais complètement dévasté et pleurai de grosses larmes chaudes assis dans l’herbe en haut de la colline, mon amie posa sa main sur mon épaule, comme pour me réconforter, mais elle semblait plus me faire des adieux qu’autre chose. Elle s’éloigna et arriva devant le grillage qu’elle regardait plus tôt dans la journée, avant de révéler une faille dans cette dernière : on pouvait passer de l’autre côté.

–Qu’est-ce-que tu fais ?

Elle ne me répondit pas, et se contenta de passer de l’autre côté de la barrière de fer, pris de panique, je lui demandai de revenir car un panneau « danger » y était accroché. Sauf qu’elle n’en fit qu’à sa tête, et commença à s’enfoncer dans la forêt.

Pris d’une force inconnue, je me levai et courus vers le grillage pour également passer de l’autre côté. Un grand bruit me fit sursauter, c’était un panneau qui venait de tomber, sauf que je n’avais pas beaucoup de temps, il fallait que je la rattrape. Si j’avais su que le panneau qui venait de se prendre le sol était un panneau mettant en garde de la présence de nombreux pièges à ours, j’aurai sûrement été épargné d’un grand nombre de peurs.

*

Plus je courais vite, plus elle me semblait lointaine, elle slalomait entre les arbres à une vitesse monstre tandis que mon endurance commençait à diminuer. Un premier bruit de claquement me fit bondir de peur, des dents en acier venaient de se refermer à trois centimètres de mon pied gauche, ce qui me fit accélérer un coup. Je continuai sur ma lancée, sauf qu’elle me semblait toujours aussi loin, je commençai sérieusement à me fatiguer, et cette fatigue me conduisit tout droit dans la gueule d’un piège, je sentis, pendant deux secondes, quelque chose s’enfoncer dans ma cheville, puis, plus rien, le néant.

J’ouvris un œil, et puis l’autre, je regardai alors systématiquement mon pied, sauf qu’il était intact, je restai perplexe tout en me relevant. J’avais atterri dans une carrière creusée et entourée de la forêt à environ dix mètres de hauteur, avais-je chuté jusque là ? En faisant quelques pas, et à mon grand bonheur, elle était là, assise au pied d’un arbre faisant face à un grand mur de terre, en haut, je pouvais voir la suite de la forêt. Je me questionnai toujours sur mon absence de blessures sachant que je venais de là-haut, mais elle tira mon costume et me força à m’asseoir. Son visage montrait une expression calme et paisible, et de sa main pâle, elle me tendit un bonbon que j’acceptai de bon cœur. J’étais heureux de la retrouver, car j’avais réellement cru que je l’avais perdue à tout jamais dans ce labyrinthe vert. Sur mon emballage, y figuraient les mots « Je t’ai trouvée », et sur le sien « Tu m’as trouvée ». Sa tête se posa doucement sur le tronc d’arbre, et nous nous endormîmes de cette manière, le sourire aux lèvres.

*

La famille du petit KuanLin le chercha pendant plus de quatre heures après sa disparition et après avoir découvert l’ouverture dans le grillage séparant la ville de la forêt. Accompagnés d’une équipe de la police locale et d’un homme déjouant les pièges à ours avec des bâtons en bois, les parents du Taïwanais étaient morts de peur pour leur fils. La mère fit un demi-malaise en pleine recherche tandis que son père faisait tout son possible pour retrouver son fils. Leur chemin s’arrêta cependant en haut d’une falaise, où la recherche n’était plus possible, et, en passant sa lampe dans le vide, la gendarme vit ce qui semblait être des individus. Son faisceau lumineux identifia un premier temps KuanLin, assoupi. Sa mère s’agita en voyant son fils vivant, mais très vite un cri d’horreur sorti de sa bouche, KuanLin n’était pas seul. La gendarme, traversée par le choc et le dégoût, sorti alors de sa poche un carnet dans lequel étaient répertoriés les enfants disparus, et en tournant quelques pages, elle trouva celle qui accompagnait le jeune garçon : une prénommée Lin ChenYu, disparue il y avait plus de deux ans de cela, un jour d’Halloween. 

Le cadavre de la jeune fille regorgeait de vers qui continuaient de consumer le peu de chair desséchée qui restait, et une énorme tâche de sang marronnée ornait son corps sans vie et s’étendait à quelques mètres plus loin derrière elle. Son visage terni et creusé affichait une grande douleur et souffrance liées au piège à ours fermement accroché à sa petite cheville porcelaine. Le métal avait déjà totalement rouillé et son pied ne ressemblait plus à rien. Ses mains squelettiques tenaient fermement un emballage de bonbon sur lequel pouvaient très bien se lire ces trois mots :

« Tu m’as trouvée ».

*

Un petit mot très important, je me suis beaucoup inspirée d'une vidéo appelée "Missing Halloween" de Mike Inel sur YouTube, je suis tombée sur cette vidéo par hasard et son animation m'a vraiment touchée, alors j'ai voulu retranscrire l'histoire à l'écrit. Donc en aucun cas cette histoire est "de moi" puisque tout le travail revient au merveilleux Mike Inel. Bien sûr j'ai dû faire quelques modifications dans mon récit pour que ce soit le plus agréable à lire possible. Je mets la vidéo ci-dessous ! (Je le dis que maintenant car c'était pour éviter le risque de spoil, en effet, si vous aviez eut le malheur de regarder la vidéo avant de lire l'histoire cela aurait tout cassé).

https://www.youtube.com/watch?v=FaoVpVXcZsA

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