Chapitre 111

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PDV CINDY

Sachez que c'est un des personnages que je préfère dans l'histoire mais que je déteste en même temps. Vous allez sûrement mieux comprendre mes sentiments après la lecture...ou pas. Voilà, passez un bon moment!

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les jours de la semaine finissait  par un « i » mis à part le dimanche? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le lundi n'était pas le dimanche et le dimanche n'était pas le mardi? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi c'était toujours l'ancienne meilleure amie qui avait tout? Tout ce que vous avez toujours désiré, rêvé, attendu, ce n'est pas vous qui l'avez mais c'est l'autre. Que se soit le dernier pouding, le dernier lait chocolaté ou même le garçon qui envahit vos songes toutes les nuits.

- Tu veux du jus d'orange, ma chérie? me demande ma mère en me secouant comme si j'étais un sac de patates en décomposition.

- Hein? Quoi? dis-je distraitement sans lâcher mon téléphone des yeux.

Elle secoue de la tête soudain agacée.

- Je t'ai demandé si tu voulais du jus d'orange.

- Non, je veux du jus d'orange.

Elle soupire et s'empare de mon téléphone avant de le brandir devant mes yeux telle une épée miniature. Je la regarde espérant qu'elle blague et qu'elle n'a pas en tête de me confisquer mon téléphone, ma vie. Au regard qu'elle me renvoie, je comprends que je dois dire adieu à mon amour mais pas sans avoir combattue.Je suis une femme forte et indépendante, ce n'est pas ma mère qui me commandera! Je saute donc sur mes pieds et tente de le reprendre de force mais elle le met dans son soutien-gorge et me frappe sur la tête.

Bon, je ne vais pas le chercher là, c'est hors de question, encore mourir que plonger ma pauvre et innocente main dans ce monde obscur et effrayant qu'est le décolleté de ma génitrice.

- Maman, il va être sale et je n'aurais pas le temps de le laver, me lamenté-je en agressant mes œufs brouillés qui n'ont rient demandé.

- Je m'en fiche, tu n'avais qu'à m'écouter.

- Qu'est-ce que je suis en train de faire là?

Mes œufs sont devenus de la bouillie.

- Me manquer de respect, jeune fille.

Je laisse échapper un petit grognement en poussant mon assiette du bout des ongles. L'envie de manger a disparu. Je me lève et m'empare de mon sac d'école où je fourre une pomme et un sandwich que j'ai préparé la veille. Les boites à lunch c'est pour les losers.

- Tu ne partiras pas d'ici sans manger, aboie ma mère en me tirant par la bretelle de mon sac.

Je me retourne et plonge mon regard brun dans celui de ma mère. J'y lis une profonde déception et de la colère, peut-être? Je sais que j'ai déçu ma mère et que je la déçois encore et toujours. Mais c'est sa faute si elle est tombée enceinte, c'est sa faute si elle a décidé de ne pas avorter, c'est sa faute d'avoir bu comme une déjantée à cette putain de fête où j'ai été conçue. Pas très romantique, à mon humble avis.

Certains se plaignent d'avoir des parents absents ou voire trop présent, moi je me plains d'avoir une mère trop jeune. Bien trop jeune pour élever seule une fille de dix-sept ans. Je n'ai jamais connu mon père, il se trouve que ma mère ne sait pas qui il est et il est donc impossible de le retracer. Je suis la fille sans père, la fille sans histoire. Je suis juste la fille, rien de plus rien de moins.

Je tire brutalement ma bretelle et recule d'un pas en écartant une mèche bleue qui m'obstrue la vue.

- Je n'ai pas faim.

- Je m'en fiche, tu vas manger.

- Tu ne peux pas m'obliger de faire quelque chose que je n'ai pas envie de faire, tu auras ce droit quand tu te comporteras mieux, lâché-je en tournant les talons non sans entendre la sonnerie de mon téléphone s'échapper du soutien-gorge de ma mère. Beurk.

*

- Je suis allée le voir et il s'est enfuit aussi vite qu'un Pokémon légendaire! assène Lili en déposant brutalement son plateau repas.

Je ne lâche pas des yeux ma canette de soda, c'est toujours la même chose avec elle. Elle trouve une nouvelle conquête, elle le suit à la trace comme un chien policier, va lui parler telle une princesse handicapée et prend un râteau comme un jardiner.

- C'était qui cette fois-ci? demande Amélia d'un ton calme en portant son hamburger au poisson à la hauteur de ses lèvres avant d'en prendre une énorme bouchée. Très distingué, vraiment.

- Mamadou.

J'étouffe un ricanement et camoufle mon sourire derrière ma pointe de pizza. Ce n'est pas le prénom qui me fait rire, loin de là, je ne suis pas immature ni raciste. Je ris parce que le fameux Mamadou qui fait battre le coeur de plus jouvencelles est passé derrière Lili pendant qu'on discutait et à son air de poisson pané, je mettrais ma main à couper qu'il a tout entendu. Il devait ignorer que son charme inexistant plaisait à mademoiselle sans cervelle.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle? me questionne Lili, soudain vexée.

Toi, ai-je envie de répondre.

- Rien, je ris pour tout et n'importe quoi. Par exemple, hier j'ai rigolé après que Martin ait dit fourchette!

- La maturité personnifiée, murmure le principal intéressé en jouant avec une fourchette.

- Et oui, la maturité c'est mon deuxième prénom!

- C'était pas Vachi? demande perplexement Amélia en fronçant ses sourcils.

Je secoue de la tête à son intention, je déteste mon deuxième prénom. Ma mère me l'a donné pendant qu'elle était bourrée. À coup sûr elle avait dit « va chier » et le médecin avait compris « Vachi ».

- Cindy Vachi Morin Deschamps, chante Lili en tapant dans ses mains.

- Y a pas de Deschamps, elle s'est fait plaquée la pauvre petite, roucoule Martin entre deux éclats de rire.

- Il préfère la jolie blonde à la petite brune, renchérit Lili en me faisant un clin d'œil.

Un bouillonnement, un grognement contenu, une rougeur. La gêne, la honte, la colère, se mêlent et fusionnent ensemble. Il n'a pas le droit de remettre ce sujet sur le tapis, il sait que la douleur sévit toujours en moi, attendant le moment parfait pour revenir et me frapper de plein fouet. Je fourre mes choses dans mon sac, m'empare de mon plateau et m'enfuis de la cafétéria sans prêter la moindre attention aux protestations de mes amis. Et dire que j'avais vraiment envie de bouffer cette pointe de pizza.

Mes pieds martèlent le sol, ma queue de cheval saute de tous les côtés, ma respiration s'entrecoupe mais je m'en fiche, je veux partir de toute cette scène, toute cette gêne. Rendue dehors, je m'approche machinalement vers la petite forêt et m'assois lourdement sur un tronc. Les feuilles des arbres laissent filtrer les rayons du Soleil, éclairant la petite clairière où je me trouve. C'est très beau. Trop beau pour m'accueillir avec mes émotions négatives. Je pousse un soupir avant de me laisser tomber sur le sol recouvert d'un léger tapis de fleurs. Un tapis de marguerites pour être plus précise. Je cherche à tâtons mon téléphone et je me rappelle que maman me l'a confisqué.

- La conne... incapable de s'occuper de moi, incapable de choisir un seul homme, incapable de comprendre que j'ai besoin de mon téléphone, crié-je en martelant le sol des pieds.

Ce n'est pas mature comme comportement, je devrais me relever, épousseter mes vêtements et retourner à l'école pour m'excuser de mon départ soudain et aller manger une pizza grasse et dégoulinante de fromage. Mais je n'en fais rien, je reste assise là, à regarder le ciel comme quand j'étais plus jeune. Alexia m'accompagnais souvent, voire tous le temps. La plupart du temps, c'était elle qui me tirait et qui m'amadouait avec du chocolat pour que je la suive. Elle me faisait ses yeux de chat perdu et je me laissais convaincre. On se couchait sur le sol, les jambes entremêlées et on se racontait nos vies pathétiques sans lâcher le ciel des yeux. La plupart du temps, nous faisions un concours de rotes ou de pète mais on parlait aussi de sujets qui ne m'intéressaient autant que le décolleté de la mère.

- Tu sais que la couleur du ciel était due à la mer? Le ciel reflète la couleur de l'eau, j'ai lancé en entortillant une tige de fleur.

- Ce n'est pas vrai. Si le ciel est bleu c'est dû au résultat de la diffusion de la lumière solaire par l'atmosphère, a rétorqué Alexia en gloussant devant ma stupidité.

Et me voilà, seule, silencieuse, isolée. Comment ma vie a pu m'échapper aussi facilement? Je commence enfin à comprendre pourquoi Carl m'a largué, je suis une pauvre fille. Je ne vaux rien comparé à Alexia Leblanc, la Barbie de l'école. Je pousse un soupir de résignation en me relevant, je dois passer par-dessus ma peine de cœur, elle m'empêchera d'avancer et de faire de nouvelles rencontres.

- Mais je veux Carl et aussi de pizza, du pouding au chocolat, une limonade, des nugget de poulets, murmuré-je aux arbres en mettant le cap à l'école.

Je marche droit devant moi, l'esprit ailleurs, et quand je suis à proximité de la prison communément appelé école, mon pied bute sur quelque chose et je manque de tomber face à la première. Je mouline des bras pour retrouver mon équilibre tel un moulin à vent rouillé et je ramasse l'objet qui a causé toute cette mascarade. Un téléphone. Mais pas n'importe lequel. Sa coque rouge où une magnifique licorne grise est illustrée dessus m'est aussi familière que mon sourcil parce que c'est moi qui l'ai choisi pour elle.

Alexia.

Je tiens le téléphone d'Alexia entre mes mains. En tremblant, je l'ouvre et entre le code que je lui ai proposé, deux ans plus tôt. J'espère qu'elle ne l'a pas changé après tant d'année, qu'elle a gardé le même en se disant que jamais je n'allais mettre la main dessus. Qu'elle a été assez conne pour se dire que jamais elle ne le perdra.

Lorsqu'il se déverrouille, je pousse un petit crie de joie. J'ai entre mes mains pâles la vie d'Alexia.

J'ai entre mes mains le pouvoir.

Et je compte bien en profiter.

Et bonne anniversaire à   @MissDonutsauchoco


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