Chapitre 23 - Kaithlyn

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LUNDI 21 SEPTEMBRE 2015

Léo était de garde à l'hôpital cette nuit, je déteste passer mes nuits seule dans ce grand appartement. Le week-end a été nul. Léo est rentré vendredi d'une humeur exécrable. Je pensais que mon petit passage éclair à son bureau lui avait remonté le moral, mais c'était encore pire. Il est rentré tard et il a presque été se coucher directement sans me dire ce qui n'allait pas. Le samedi il a été tout aussi braqué. J'ai réussi à ne pas le bombarder de questions, il m'a envoyé chier une fois et je n'ai plus insisté. Alors j'ai prétexté un rendez-vous avec les filles pour ne pas l'importuner et le samedi soir il a été un peu plus câlin étant donné que j'avais passé tout l'après-midi dehors, ce n'est pas pour autant qu'il s'est ouvert. Je ne sais pas ce qu'il me cache, mais cette fois-ci c'est difficile de briser sa carapace. Dimanche, lorsque je me suis réveillée, vers midi, il partait travailler. Quel week-end de merde. Aujourd'hui c'est moi qui ne suis pas d'humeur. Et il va être obligé de me parler ce soir car je ne passe pas un jour de plus comme ça. Et je vais péter un câble.

Bref, aujourd'hui c'est mon premier jour chez Martinez Company, j'ai hâte de reprendre une activité, mais un peu stressée car je n'y connais strictement rien. Je rentre mon chemisier dans ma jupe taille haute, si seulement on pouvait y travailler en jean. J'ai dû m'acheter plusieurs tenues exprès pour ça. J'arrange mes cheveux, me maquille juste ce qu'il faut et enfile des escarpins. Je vérifie que mes bas soient bien fixés histoire de ne pas en perdre un en cours de route. Je n'aime pas spécialement porté ça, mais Léo adore et rien que pour ses beaux yeux, je ferais n'importe quoi. J'enfile ma veste et me voilà en route.

J'arrive avec dix minutes d'avance et je passe signer mon contrat comme m'a demandé Léo, avant de monter au vingtième étage. Je lui envoie un message sachant qu'il doit toujours être à l'hôpital.

08:56 : Bonjour Léo. J'espère que ta garde s'est bien passée. J'attaque mon premier jour de boulot et j'ai hâte de découvrir ton monde... Fais attention à toi si tu es fatigué. Je t'aime.

À l'heure qu'il est, il doit être au staff et donc sur le point de partir. Je ne sais pas s'il rentre se reposer à la maison ou s'il commence sa journée ici. J'arrive à l'étage et je stresse légèrement.

L'étage est encore un peu vide, quelques personnes discutent, assises à leurs bureaux. Margaret, déjà là, vient à ma rencontre en souriant. Je lui souris chaleureusement.

— Kaithlyn ! Bonjour. Je suis heureuse de te voir. Viens avec moi.

— Bonjour Margaret.

Je la suis et je sens tous les regards sur moi. Ces mêmes personnes m'ont vu vendredi entrer dans le bureau de Léo et j'espère de tout cœur qu'ils n'ont rien entendu. Ils doivent se demander ce que je fais ici. Margaret me présente à tout le monde puis me montre mon bureau, juste face au sien et m'explique les règles principales de MC. Je l'écoute attentivement. Elle me donne également mes codes d'accès et m'informe qu'aujourd'hui ne sera qu'une journée d'observation même si elle peut me donner quelques trucs à faire. Ouf, ça me laissera le temps de m'habituer. L'ambiance est plutôt détendue en ce début de matinée et je suppose que c'est parce que le boss n'est pas là.

Lorsque je regarde l'heure pour la première fois, il est onze heures, la matinée est très intéressante et Margaret explique vraiment bien. Cinq minutes plus tard, il y a un léger brouhaha puis un silence, jusqu'au « bip » de l'ascenseur et je sais d'avance qui va passer ces portes. C'est comme si tout le monde retenait sa respiration, est-il ce genre de patron qui fait peur à tous ses employés ?

Il traverse le hall en direction de son bureau sans adresser le moindre mot ou regard à qui que ce soit. Il est très élégant dans un costume noir, même sa chemise est noire ce matin et il a oublié la cravate, mais ça n'enlève rien à son élégance. Sa voix résonne dans le hall.

— Margaret dans mon bureau dans cinq minutes. S'il vous plaît.

Sans un regard pour elle, il rentre dans son bureau et laisse la porte claquée. Les conversations reprennent plus bas. Je regarde Margaret qui secoue la tête en soupirant et prend un carnet.

— La journée va être longue pour lui, j'en ai bien l'impression.

— Ça a été son humeur tout le week-end, mais j'ignore pourquoi...

— Je reviens ma petite, tu peux prendre connaissance du dossier Nike, nous travaillons dessus en ce moment.

Je hoche la tête en la regardant aller dans son bureau. Elle interrompt une femme qui tenait un café dans la main et qui se dirigeait dans le bureau de Léo. Elle lui prend et entre. La jeune fille repart plutôt déçue.

Il n'a même pas remarqué ma présence. Je regarde mon iPhone discrètement. Et il n'a même pas répondu à mon message. Ok... Je vais devoir attendre ce soir pour lui parler et ça ne va pas être de la tarte. J'attrape la pochette avec écrit Nike dessus et je commence ma lecture jusqu'au retour de Margaret. Elle sort du bureau de Léo une bonne vingtaine de minutes plus tard. Un groupe de femmes se dirige vers l'ascenseur et interrompt Margaret.

— Tu viens déjeuner avec nous ?

— J'ai encore quelque chose à boucler, je vous rejoins d'ici peu.

La femme un peu plus en avant, qui ne doit pas avoir plus de trente ans, me jette un coup d'œil supérieur, suivie de toutes les autres avant qu'elles ne prennent l'ascenseur dans un ricanement. D'accord, bonjour l'accueil.

Je replonge mon nez dans le dossier et une voix masculine m'interrompt. C'est un grand blond aux yeux noirs qui, à mon avis, doit également craqué pour son patron. Ses mimiques me font l'aimer tout de suite.

— Ce ne sont que des garces ne t'en fais pas. Elles sont jalouses de toi et ne fricotent pas avec la femme du patron.

— Ici je ne suis pas sa femme.

— Dehors comme ici tu l'es et ça les emmerde de ne pas être à ta place !

Il rit et je souris. Il a l'air absolument charmant.

— Tu veux venir déjeuner ?

— Euh... Non merci je n'ai pas très faim.

— À tout à l'heure, alors.

Il m'offre un clin d'œil et s'en va. Margaret se rassoit et je la regarde. Je dois prendre des nouvelles de Léo.

— Comment va-t-il ?

— Il n'est pas au top de sa forme... Pas très sympathique, il ne faut pas trop lui en demander. Je lui ai conseillé de dormir un peu pendant la pause. Tu ne veux pas venir déjeuner Kaithlyn, tu es sûre ?

— Je ne suis pas la bienvenue j'ai l'impression. Je vais juste aller prendre un café, je n'ai pas spécialement faim de toute manière.

— Prends ta pause quand même. Je reviens dans moins d'une heure.

— Bon appétit Margaret.

Elle me sourit et prend son manteau avant de prendre l'ascenseur. Je soupire, il n'y a plus personne. J'ai envie d'aller le voir, je suis horriblement en manque de ses câlins et de ses baisers. J'aimerais juste qu'il me tienne dans ses bras. Je ne peux juste pas me passer de lui alors que je suis certaine que la plupart des couples ne sont pas collés l'un à l'autre tout le temps. Mais mes nerfs sont à vifs et j'ai envie de pleurer à cause du manque. Pas juste du manque, mais aussi de son éloignement ces trois derniers jours, je ne peux pas vivre loin de lui c'est impossible et ça, ça va me bouffer la vie je le sens.

J'essuie mes yeux et renifle avant de me lever. Je déteste me sentir comme ça, pour rien. Un café me fera le plus grand bien.

— Kaithlyn !

La voix autoritaire de mon mari me fait sursauter. Il me fait toujours un peu peur parfois... Je ne sais jamais comment il va réagir sous la colère. Je passe discrètement mon doigt sous le dessous de mes yeux pour retirer les traces possibles de mascara et je me tourne vers lui. Il se tient à la porte de son bureau, a détaché un peu plus le col de sa chemise, j'aperçois la peau bronzée de son torse avec sa chaîne en or qui brille. Parmi ses vêtements noirs il n'y a que ses yeux bleus qui ressortent. Qu'est-ce qu'il peut être beau, même avec ses cernes. Je sais qu'il n'a pas dormi ces dernières nuits, je le sentais remuer jusqu'à ce qu'il se lève et que je finisse par dormir seule.

Il s'approche de moi et je baisse les yeux. Son index et son majeur se posent sous mon menton et me relève la tête, il ne m'a pas touché depuis trop longtemps. Avec son pouce, il m'oblige à relâcher ma lèvre que je mordais fortement. On se regarde un long moment les yeux dans les yeux. Je n'arrive à lire aucune émotion dans son regard car il y en a trop à la fois. Il pose sa main sur ma joue et glisse l'autre dans mes cheveux. Puis il se jette sur moi, ses lèvres prennent d'assaut les miennes, me coupant le souffle. Son bras glisse autour de ma taille et me rapproche de lui sans relâcher notre baiser. Mon corps se remplit d'oxygène à cet unique contact entre nos lèvres.

Je coupe la première notre contact en reculant légèrement ma tête et il essaie de rattraper mes lèvres, mais j'ai de nouveau un mouvement de recul en le regardant dans les yeux. Ça ne va pas se passer comme tu le veux Martinez. On ne va pas finir sur ton bureau. Son regard devient triste. Et comme s'il lisait dans mes pensées.

— Je suis désolé Kaithlyn...

— Désolé de quoi Léo ?

Je croise les bras.

— De mon comportement... Je suis un idiot fini.

— Le mot est faible mon amour...

Il sourit doucement en câlinant ma joue.

— Tu peux m'insulter de tous les noms, je ne t'en voudrais pas.

— Je déteste quand tu me mets de côté... Tu ne comprends donc pas que je suis là pour t'aider Léo ?

Je m'écarte de lui, gardant les bras croisés.

— Je suis désolé, je... Je n'ai pas d'excuses.

Il tend le bras pour rattraper ma main et je recule encore d'un petit pas et son regard passe de l'incompréhension à la panique, il glisse sa main dans ses cheveux. Si je le laisse me toucher, je craque.

— Dis-moi ce qu'il se passe Léo. Tout de suite.

Il passe sa main sur son visage en soupirant et prend ma main pour m'emmener dans son bureau. Il referme la porte derrière nous et m'invite à m'asseoir sur le canapé. Je m'y installe en posant mon bras sur l'accoudoir. Il retire la veste de son costard, qu'il va poser sur son dossier. Sa chemise me déconcentre... Elle met tellement en valeur les muscles de son dos et de ses bras. Il reste debout, arpente la pièce et je vois bien qu'il ne sait pas par où commencer. Puis il se met à parler.

— Mon avocat est passé à mon bureau vendredi après-midi avec de nouvelles preuves. Quelques jours avant l'accident, ma mère a reçu une menace afin qu'elle cède MC sinon son mari et ses enfants mourraient. Exactement la même chose que l'on m'a dit lorsqu'on s'est enfuit... Alors mon avocat m'a dit qu'on ferait mieux d'abandonner car c'est pire que ce que l'on pensait. Ensuite juste avant de rentrer j'ai reçu ça...

Il va à son bureau et en sort un papier beige qu'il vient me tendre. Je le regarde en le prenant et pose mes yeux dessus, c'est une lettre écrite à la main, ancienne mais bien conservée. Je me mets à la lire.

« Mon petit garçon,

Quand tu liras cette lettre, tu ne seras plus un petit garçon mais un jeune homme de dix-huit ans. Je suis certaine que tu seras beau comme un ange.

Si tu viens à lire cette lettre c'est que je ne suis plus près de toi. Tu es beaucoup trop jeune pour comprendre ce qui arrive, mais je suis certaine qu'un jour, quand tu seras un homme, tu apprendras la vérité. Une vérité que je n'aurais jamais aimé que tu connaisses. Nous ne vous avons pas abandonné, nous avons voulu vous protéger. J'espère que la famille d'accueil vous donnera tout l'amour que nous ne pouvons plus vous donner. J'ai envie de croire que l'on se retrouvera un jour mon ange, mais nous ne trouvons pas d'autre issue sauf si nous avons un peu de chance.

Je te laisse l'entreprise de tes grands-parents, la mienne. Tu es l'aîné, et je serais heureuse qu'elle puisse perdurer dans tes mains. Je ne sais pas ce que tu as prévu de faire de ta vie à l'heure où tu lis cette lettre, mais s'il te plaît, essaie de prendre soin de mon bien précieux et fais durer notre héritage et notre nom. Bat-toi pour la vérité. Si tu n'y arrives pas, je ne t'en voudrais pas, mon ange. Mais surtout protèges-toi, ne fais confiance à personne dans ce monde où ils pourraient te faire du mal aussi.

Prends bien soin de Julia et Thomas et ne laisses pas notre souvenir s'effacer de leur mémoire, même si Thomas trouvera une vraie maman pour lui. Profitez de la vie car elle est plus courte que ce que l'on pense.

C'est avec un énorme sanglot et un poids sur le cœur que nous te disons au revoir mon ange, nous veillerons toujours sur toi d'où l'on sera. Ne nous en veux pas d'être parti en ce vingt-quatre décembre, jour qui devait être magique, cependant si tu lis cette lettre c'est que nous vous avons sauvé la vie. Soit heureux mon ange, ne nous oublies jamais, mais ne pleures pas pour nous, car tes larmes sont notre pire cauchemar.

Ton Papa et Moi veilleront toujours sur toi, sur vous trois. Je t'aime Léo Gabriel, mon Ange.

Maman. »

Oh mon Dieu. J'en suis toute secouée... Je la relis une deuxième fois, les larmes me montent aux yeux à chaque fois. Je n'imagine pas la douleur de cette mère en écrivant ses derniers mots à son fils de sept ans sachant qu'elle allait mourir quelques heures plus tard. Je ne détecte plus de mouvements dans la pièce. Lorsque je relève la tête, il est assis à son bureau, ses deux bras posés devant lui, la tête baissée. Son tourment de ce week-end est lié à ce bout de papier... Je comprends mieux son état et je m'en veux de lui en vouloir. Je ne sais même pas comment moi je réagirais si j'étais à sa place. Il gère ses émotions à la perfection, du moins comme il peut.

Je me lève et je vais poser délicatement le papier sur le bureau avant de passer derrière lui et de poser ma main sur sa nuque. Il a des petits soubresauts, il passe ses deux paumes sur ses yeux avant de relever sa tête, mais son visage est inondé de larmes. Mon estomac se tord en le voyant ainsi. C'est horrible. Je m'empresse de m'asseoir sur ses genoux et de le prendre dans mes bras. Il enfouit son visage dans mon cou et se laisse aller avec toute la dignité qu'il possède. Ses bras me serrent, à la limite de la compression, mais je le laisse faire. Cet homme n'a plus pleuré pour ses parents depuis l'âge de sept ans...

Les mots de sa mère résonnent dans ma tête. Il aurait dû avoir cette lettre à ses dix-huit ans et il ne l'a eu qu'aujourd'hui. Les derniers mots de sa mère. Je retrouve ce petit garçon brisé. Ses parents les ont laissés pour les sauver. La mère de Léo devait beaucoup l'aimer car ses mots sont doux pour lui. Je le berce doucement en caressant ses cheveux en gardant le silence. Il a besoin de temps, il parlera quand il voudra. Je m'en veux de lui en avoir voulu, mais je ne pouvais pas savoir, comme d'habitude.

Je sens sa respiration se calmer, j'ai l'impression que ses larmes se sont également arrêtées, mais il ne bouge pas et je ne bouge pas non plus. Après de longues secondes, il redresse son visage et il a vraiment une sale tête, il devrait se reposer. Je prends son visage entre mes mains.

— Tu devrais rentrer te reposer Léo...

— Je ne peux pas, j'ai beaucoup trop de boulot.

— Ce n'est pas grave. Demain tu travailleras un peu plus. Je pense qu'aujourd'hui tu dois vraiment te reposer.

— Tu n'es pas à la maison.

— Justement, profites en pour dormir, tu n'as pas dormi du week-end.

— Tu as sûrement raison...

J'embrasse ses lèvres chastement avant de prendre son téléphone sur le bureau et d'appeler Derek qui est dans ses contacts favoris et je souris intérieurement au « bébé » également présent. Je porte son téléphone à l'oreille en le regardant. Il répond aussitôt.

— Monsieur Martinez.

— Bonjour Derek, c'est Kaithlyn. Pourriez-vous passer chercher Léo s'il vous plaît ? Il vous attend dans son bureau.

— Bonjour Kaithlyn. Oui bien sûr. À quelle heure veut-il que je vienne ?

— Dès que vous pouvez. Merci beaucoup Derek.

— Je vous en prie Madame.

Je raccroche avant de le poser et je me tourne vers Léo qui frotte ses yeux.

— Tu mènes mes employés à la baguette...

— Pas du tout !

Je souris en câlinant ses cheveux et sa joue. Je jette un coup d'œil à l'heure. Merde Margaret va se demander où je suis. Enfin même si je suis certaine qu'elle s'en doute.

— Je dois retourner travailler... Tu rentres et tu te reposes d'accord ?

Il hoche la tête.

— Je t'aime tant Kaithlyn...

— Moi aussi je t'aime Léo.

Je l'embrasse en le serrant dans mes bras avant de me redresser et d'arranger mes vêtements un peu froissés. J'embrasse sa tête et sors du bureau le plus naturellement possible. Heureusement, tout le monde n'est pas encore revenu. Il y a juste trois mecs, dont celui qui est venu me parler tout à l'heure. Ils n'ont pas remarqué ma présence. Je vais rapidement me chercher un café et une barre de céréales avant de la grignoter à mon bureau en attendant Margaret.

Elle revient avec les autres collègues, et Derek avec qui elle discute. Je remarque en effet un air de famille, Léo en était sûr. Derek me salue chaleureusement avant d'aller toquer à son bureau et d'y entrer. Margaret vient se rasseoir en retirant son manteau.

— Ça a été en mon absence ?

— Oui très bien, je souris. Ce dossier est super.

— Oui il est très complexe, mais c'est un gros contrat !

Léo sort de son bureau avec Derek et tous les regards se tournent vers lui. Il vient nous voir.

— Margaret, je rentre. Pouvez-vous continuer la présentation pour Nike, elle doit être prête pour lundi prochain. Je vous ai envoyé par mail le diaporama pour la présentation du projet de l'hôpital, il y a encore quelques finitions à apporter. Faites seulement ce que vous pouvez. Le reste attendra demain.

— Bien Mons... Léo. Reposez-vous bien.

— Merci.

Il me regarde et me dit à ce soir avant de partir avec Derek. Au moins à la maison, il pourra se reposer et on ne lui prendra pas la tête toutes les deux minutes. Margaret se penche sur moi.

— Tu ne voulais pas rentrer avec lui ?

— Non Margaret j'ai un nouveau boulot, je souris. Alors Nike.

— Oui allons-y.

Après deux heures de boulot sur le dossier, je découvre la présentation de Léo sur l'hôpital. Le projet est sublime... Le plan du bâtiment est génial et j'ai envie d'y travailler immédiatement ! Margaret me met au point sur PowerPoint, que j'ai pas mal utilisé pendant mes études. Avant, je lui propose d'aller chercher un petit café, qu'elle accepte volontiers. Je me dirige jusqu'à l'espace détente et j'attends mes cafés. Trois filles, dont je ne connais pas les noms prennent leur café un peu plus loin et j'entends des chuchotements puis des gloussements et je me sens visée par leurs propos. En prenant mes tasses, je me retourne vers elles en leur lançant un sourire à demi faux et je sors de la pièce.

— Bonjour le piston à deux balles ! Assistante de l'assistante du patron... Une sous merde en fait.

Je lève les yeux au ciel et je me retourne avant de sortir. C'est celle qui mène la bande qui parle. Le genre de fille que je n'aime pas savoir près de Léo. La jupe courte, le décolleté provoquant, qui le croquerait en moins de deux.

— Mais la sous merde comme tu dis, a une voix qui compte plus que la tienne, ce serait dommage pour toi.

— Comme si tu pouvais me virer ! Tu n'as rien ici.

— Moi non je ne peux pas, mais le patron oui.

Je sors en tenant les cafés et retourne voir Margaret. Je le lui tends en m'asseyant.

— Je crois que je ne suis pas la bienvenue ici.

— Pourquoi donc ?

— Parce que je suis mariée à Léo. Et qu'il m'a pistonné pour être ici.

— Qui t'a dit ça ?

— Celle qui sort là. La blonde

— Ah Jennifer. Comment te dire que... Si elle pouvait mettre le grappin sur lui elle le ferait. Comme beaucoup de filles ici. Et de garçons parfois... Elle rit. Elle ne perd pas une occasion de se faire remarquer, mais elle ne se rend pas compte qu'il l'ignore.

— J'imagine...

Je soupire et bois mon café. Encore une. Et ce n'est pas la dernière bien sûr.

***

Il est dix-sept heures, l'heure de rentrer retrouver mon amoureux. Je lui ai envoyé un message pour savoir si tout allait bien, mais il ne m'a pas répondu, je pense qu'il dort. Je remets mon manteau et nous partons avec Margaret. Première journée plutôt pas mal, je suis assez contente. Ce n'est pas si difficile que ça pour l'instant. Jennifer se met à parler un peu trop fort avec son amie.

— Demain on déjeune dehors Jennifer ?

— Ah je ne sais pas, j'ai une réunion avec Léo, ça risque de durer longtemps.

— Je ne sais pas si monsieur Martinez accepte cette familiarité.

Je regarde Margaret qui vient de lui clouer le bec et je souris. Je sors rapidement lorsque nous arrivons au parking. Je dis au revoir à Margaret et je monte dans ma voiture pour partir.

Je rentre doucement dans l'appartement, qui est bien silencieux. Je pose mes affaires, retire mes escarpins et je vais doucement à la chambre plongée dans le noir, seul quelques rayons viennent se poser sur le corps de mon apollon. Il est en boxer allongé sur le ventre. Je vais m'allonger doucement près de lui et je prends sa main qui est posée près de son visage. J'embrasse ses doigts. Il dort si paisiblement... Il commence à remuer doucement lorsque je passe ma main dans le bas de son dos et il ouvre les yeux, je passe ma main dans ses cheveux.

— Mon amour...

Je me glisse contre lui et passe mon bras sur lui.

— Tu as dormi un peu ?

— Oui depuis que je suis rentré... Ta première journée s'est bien passée ?

— Oui ça a été, c'était cool.

— Tant mieux.

Je câline son visage et embrasse ses lèvres.

— Tu as mangé Léo ?

— Non, je me suis couché directement.

— Tu as envie de quoi ce soir ?

— Je n'en sais rien... Ce que tu as envie.

— Je vais aller m'en occuper.

Je me redresse en embrassant sa joue lissant l'arrière de ses cheveux jusqu'à sa nuque. Je sors du lit et je vais dans la cuisine. Je vais faire simple. Des pâtes au fromage. Je regarde l'heure et il est bien trop tôt en réalité. Une bonne douche d'abord car mes vêtements ne sont pas des plus confortables. Je vais dans la salle de bain sans faire de bruit, Léo est toujours allongé. Je me douche rapidement avant d'enfiler un jogging avec un débardeur, j'arrange mes cheveux avant de sortir doucement de la salle de bain.

Au passage j'attrape ses vêtements pour aller les mettre à laver. Je mets son costard dans le sac pour le teinturier et respire l'odeur de sa chemise. Hum... Il ne l'a mis qu'une demi-journée alors je l'enfile par-dessus mon débardeur, la laissant ouverte et je mets le reste dans le panier de linge sale puis je vais préparer le dîner. J'allume la télévision pour avoir un bruit de fond en préparant tranquillement.

Un peu après, Léo sort de la chambre, son jogging qui lui tombe sur les hanches et il est torse nu. Seigneur Marie Joseph, je n'ai pas touché cet homme depuis vendredi. Je lui adresse un sourire en mélangeant les pâtes, le fromage et les lardons.

— J'ai fait simple chéri...

— Ça me va très bien bébé, ne t'en fais pas, je n'ai pas trop faim.

On s'assoit tous les deux au balcon après que j'ai servi le dîner. Je lui souhaite bon appétit avant de commencer à manger.

Nous dînons en silence, Léo est perdu dans ses pâtes et dans ses pensées. Je débarrasse le tout lorsque nous avons fini, il s'est forcé à manger. Je mets tout au lave-vaisselle avant de me laver les mains. Il descend de son tabouret et repart rapidement dans la chambre. Je regarde l'heure, il n'est pas plus de vingt heures, je me rends au dressing pour sortir mes vêtements pour demain. Je prends une petite robe noire qui m'arrive au-dessus du genou, pas trop décolletée et pose mes escarpins rouges à côté puis je vais me brosser les dents.

Léo se lave le visage et je l'observe dans le miroir. Je me rince rapidement et je l'intercepte avant qu'il ne sorte.

— Léo !

Il se tourne vers moi, je pose la serviette et je vais me blottir dans ses bras, enlaçant sa taille, retrouvant la douce chaleur de son corps quelques secondes. Il passe ses bras autour de mes épaules et je sens une de ses mains dans mes cheveux. Je m'imprègne de son odeur, de son contact, de sa légère caresse dans mon dos et je soupire avant de me détacher lentement.

— J'ai eu un petit câlin, je te laisse tranquille maintenant...

Il me rattrape par le bras.

— Ne dis pas de bêtises Kaithlyn. Je n'ai pas du tout été câlin avec toi depuis vendredi.

— Je confirme... Et si tu savais à quel point ça me manque. À la base, j'allais t'engueuler ce soir pour ton manque de confiance en moi et de communication et ta distance avec moi, mais je ne peux plus t'en vouloir. J'étais loin de me douter.

— Mais tu as totalement raison. J'aurais dû rentrer vendredi et te le dire directement, mais j'ai tellement gardé tout pour moi pendant longtemps que j'ai encore du mal... Et je ne pouvais pas décrire mes émotions à ce moment. Je ne savais pas si je ressentais de la colère, de la tristesse, de la joie d'avoir un au revoir, d'avoir des mots... Je suis désolé de m'être conduit comme un con... Une fois de plus.

Il me serre contre lui en fermant ses yeux et je tente de le réconforter tant bien que mal.

Nous allons ensuite dans la chambre, je retire mon jogging et garde mon débardeur et sa chemise. Je me glisse au chaud.

— Maintenant que l'on est certain qu'ils vont recommencer, qu'est-ce que l'on fait ?

— Je n'en sais rien Kaithlyn... Pierre me dit de tout abandonner.

Il se passe les mains dans les cheveux. Je hausse un sourcil.

— Pierre ?

— Mon avocat. Il me dit que l'on n'imagine pas ce qu'il peut arriver, et qu'ils y arriveront alors qu'il vaut mieux tout abandonner. Je ne peux pas abandonner l'entreprise de ma mère.

— Il n'y a pas d'autre solution Léo ?

— J'y réfléchis, mais ça me bouffe. L'unique moyen est d'arrêter ceux qui sont derrière tout ça, mais comment savoir qui... Mon oncle c'est sûr, mais il n'est pas seul.

— J'ai un peu peur quand même...

Je joue avec mes doigts.

— Oh bébé...

Il vient à genoux sur le lit et prend mon visage dans ses mains avant de m'embrasser du bout des lèvres. Ses doigts se glissent dans mes cheveux et il embrasse mon front.

— Bébé... Je serais là pour te protéger, je ne laisserais personne te faire du mal.

— On en revient toujours au même... Toi qui te protège ?

— Euh... Derek ?

Il hausse son sourcil ironiquement puis redevient sérieux et je vois dans son regard que lui aussi a peur, mais il ne me l'avouera jamais.

Je l'oblige à s'asseoir et je me blottis sur ses genoux, la tête dans son cou. J'inspire son odeur et je suis beaucoup trop bien dans ses bras.

— Tu ne me laisses pas Léo... Pas comme la dernière fois je t'en supplie. Je te suivrais partout quoi qu'il arrive.

— Non je ne te laisse pas bébé. C'était une énorme connerie, mais j'étais totalement paumé et j'avais peur que l'on puisse te faire du mal. Je te promets que je ne te laisserais pas.

Je hoche la tête en le serrant dans mes bras. Je redresse le visage vers lui pour l'embrasser. Il ouvre délicatement les lèvres pour me laisser passer.

Notre baiser dure, nous nous câlinons comme deux jeunes amoureux. Qu'est-ce que ses câlins m'avaient manqués. Je relâche ses lèvres sans trop m'éloigner.

— Et ne me laisses plus trois jours sans câlins et bisous...

— Si tu savais comme je m'en veux...

— Je le sais Léo.

J'embrasse de nouveau ses lèvres et il me serre dans ses bras musclés. Il s'allonge sans me lâcher et nous blottit sous la couette. Il est tard, Léo a du sommeil à récupérer.

— Dors... Tu as besoin d'être en forme demain.

— Oui... Dors bien bébé.

— Je t'aime.

Il murmure que lui aussi et enfoui son nez dans mes cheveux et à peine deux minutes plus tard, il commence à ronfler légèrement. Je souris en voyant qu'il a réussi à s'endormir rapidement et je fais de même.

***

MARDI 22 SEPTEMBRE 2015

Léo est parti avant que je ne me réveille. Je pensais que l'on allait partir ensemble, mais pas du tout. Peut-être avait-il d'autres choses à faire avant. J'arrive chez Martinez Company avec cinq minutes d'avance et Margaret est déjà là. Je pose mon manteau sur mon dossier.

— Bonjour Margaret.

— Bonjour Kaithlyn.

— Vous pouvez m'appelez Kaithy, tout le monde m'appelle comme ça.

— Sauf Léo j'ai l'impression, elle rit.

— Ah mais lui c'est un cas à part, je ris également. Il n'a jamais voulu m'appeler Kaithy mais je m'y suis fais. Il ne fait rien comme les autres.

Et j'adore ça qui plus est. Je n'aimais pas mon prénom avant qu'il ne passe entre ses lèvres. Je regarde autour de nous, les employés commencent à arriver tranquillement.

— Quel est le programme d'aujourd'hui Margaret ?

— Eh bien, nous avons une réunion ce matin et sinon nous allons continuer ce que nous faisions hier. Le projet Nike doit être terminé pour lundi et celui de l'hôpital pour vendredi. Donc il faut que l'on accélère le rythme.

Je hoche la tête en souriant, m'asseyant à mon bureau et j'ouvre le fichier qu'elle m'envoie. Elle me briefe rapidement sur comment se passe une réunion habituellement.

Du coin de l'œil, je vois cette Jennifer se diriger vers le bureau de Léo un café à la main. Elle frappe puis entre et je me concentre à nouveau rapidement pour ne pas laisser la jalousie prendre le dessus.

Margaret me laisse jeter un coup d'œil à la présentation Nike et de lui indiquer les changements possibles à réaliser.

— Kaithlyn.

Je sursaute légèrement et relève la tête vers cette voix qui transperce mon cœur et active tous mes sens. Je le regarde et il me fait signe de venir. Je me lève en lissant ma robe et je vais le rejoindre. Je sens tous les regards sur moi. Ne pas tomber. Ne pas tomber. Je passe devant lui en entrant et il referme derrière nous.

Sa main attrape mon poignet et m'attire contre son corps musclé, il relève mon visage et ses lèvres pressent les miennes. Je m'accroche à ses hanches à bout de souffle lorsqu'il me relâche.

— Salut bébé...

— Hum bonjour chéri. Je suis certaine que je n'ai plus de rouge à lèvres.

Je ris en essuyant ses lèvres et il sourit en acquiesçant.

— Tu es parti tôt ce matin.

— Jogging matinal.

Je hausse un sourcil.

— Ça fait sept mois que l'on se connaît et je ne savais pas que tu courrais le matin ! Enfin je me doutais que tu faisais un peu de sport vu ton corps d'Apollon...

Il sourit.

— Quand j'ai l'occasion, je viens en courant au bureau. Derek me rejoint avec mes vêtements et je prends une douche ici ou à l'hôpital. Et quand je n'ai pas le temps, je descends à la salle de musculation de l'entreprise à ma pause déjeuner.

— J'hallucine...

Je ris en secouant la tête et il sourit. Il a plutôt l'air de bonne humeur ce matin.

— Tu ne m'as pas appelé ici juste pour me dire bonjour, n'est-ce pas ?

— Hum c'est parfait de travailler avec sa femme pour ce point. Mais non ce n'était pas que pour ça.

Il m'entraîne à son bureau et m'invite à m'asseoir sur son siège, il se place à mes côtés et ouvre un dossier.

— Très confortable ton bureau ! Je pourrais prendre ta place.

— Je n'en serais que fier, bébé !

Il sourit en embrassant ma tête et glisse des papiers devant moi et pose le stylo que je lui ai offert dessus.

— C'est le contrat de construction de l'hôpital. J'ai déjà signé, tu n'as plus qu'à apposer ta signature.

— Tu as besoin de ma signature ?

Je hausse un sourcil en le regardant.

— L'hôpital sera à nous deux, bébé. Il appartiendra autant à toi qu'à moi. Tu n'auras rien à faire au niveau administratif. Cependant je veux qu'il y ait ton nom dessus.

— C'est ton projet Léo, c'est ton hôpital...

— On en a déjà discuté. Tout ce qui est à moi et à toi et je veux vraiment faire ça avec toi.

Il me regarde de ses yeux bleus profonds et je souris en reposant mon regard sur le papier. Je sens son baiser sur ma tête lorsque je prends le stylo pour signer. Kaithlyn Romero Martinez.

— Voilà monsieur Martinez.

Il sourit en se penchant sur moi, m'offrant un baiser chaste et amoureux.

— Je dois retourner travailler monsieur, si vous voulez bien.

— J'aurais d'autres idées pour toi ma belle, mais je n'ai pas le choix.

Je souris en me levant et j'embrasse ses lèvres en arrangeant sa cravate puis je sors de son bureau. Tous les regards se tournent à nouveau sur moi, mais je tente de ne pas les remarquer. Je me rassois et Margaret me sourit.

— Il n'est pas trop de mauvaise humeur ce matin, ça va ?

— Non ça va, je souris. Du moins avec moi.

— Avec toi ça doit être rare.

Je souris en haussant les épaules et me concentre à nouveau sur le diaporama. Si elle savait.

Jennifer et l'une de ses amies viennent jusqu'à notre bureau. Elle me considère d'un œil supérieur et j'ai envie de lever les yeux au ciel. Elle me détaille avant de se tourner vers Margaret.

— Un café Margaret ?

— Volontiers oui.

Margaret se tourne vers moi pour me poser la question, mais Tic et Tac sont déjà reparties. Elle me regarde d'un air désolé et je hausse les épaules en souriant. Et mon nouveau pote vient à ma rescousse.

— Allez viens princesse on va se prendre un café avant la réunion.

Je lui souris en me levant et je vais rapidement me chercher un café avec lui.

Lorsque l'on entre dans la salle de détente, on parle de... moi. Je m'arrête à l'entrée.

— Tu sais qu'avant qu'il commence ici, il couchait avec tout l'hôpital alors qu'il était soi-disant avec elle !

— Sérieusement ? En même temps il y a de quoi aller voir ailleurs... Et lorsqu'il est arrivé ici, Julie du département finance m'a raconté qu'il draguait tout ce qui bouge, surtout dans les ascenseurs.

— Un fantasme inassouvi, je me ferais une joie de l'aider !

Elles rient en cœur.

— Elle est cocue tous les quatre matins, tout le monde le sait et elle s'est marié avec... Pauvre fille.

— Je me demande pourquoi il l'a embauché ici, elle est loin d'avoir la classe pour travailler dans l'événementiel, on devrait la mettre aux archives, là où on ne voit ni sa tête ni ses fringues à deux balles.

Et elles ricanent de plus belle. Avant qu'elles ne remarquent ma présence, je sors de là, et me dirige vers les WC. Je m'enferme dans une cabine et m'appuie contre la porte en croisant les bras.

Je n'ai pas envie de pleurer, mais je suis en colère. J'ai cru que je pourrais bosser tranquillement ici jusqu'à ce que l'on parte, mais finalement non. Je serais critiquée tous les jours et je devrais subir la jalousie de toutes ses filles et son ancienne réputation qui lui colle à la peau. Il y a des millions de mecs comme lui et encore pire, je suis certaine ! Elles doivent se réjouir sur mon compte, ce que j'ai entendu m'a suffi. Je serais toujours la femme d'un ancien play-boy qui a couché avec tout Paris. Et on ne cessera de me le rappeler.

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