Chapitre 45 - Kaithlyn

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Léo rentre avec Thomas après l'avoir récupéré à l'hôpital tandis que je regarde la télévision dans le salon. Julia vient rapidement prendre son frère dans ses bras et l'emmène rapidement voir le sapin. Thomas me sourit en me disant bonjour et je fais de même puis il admire le sapin, les yeux pleins d'étoiles en remerciant sa sœur, la prenant dans ses bras.

Je me lève pour aller rejoindre Léo, mais il n'est plus là. J'espère qu'il n'est pas déjà reparti. Je monte à notre chambre. Il est appuyé sur le bureau de la chambre et regarde l'écran de son ordinateur. Il a mis une chemise blanche à la place de son tee-shirt. Je m'avance vers lui doucement.

— Chéri...

— Quoi ?

Il se relève brusquement et je sursaute. Il passe sa main sur son visage en soupirant. Je n'aime pas le voir comme ça.

— Excuse-moi Kaithlyn.

— C'est moi, je t'ai fait peur...

Je lisse sa chemise de ma main et attache un autre bouton de sa chemise. Je ne veux pas que celui ou celle avec qui il a rendez-vous voit tout de mon Léo.

Je me hisse sur la pointe des pieds pour l'embrasser avec tout mon amour. Je le smack doucement et arrange son col.

— Si tu veux aller à l'hôtel le temps que Noël passe ça ne me dérange pas, il hausse ses épaules.

— Je ne vais pas t'enfermer dans une chambre d'hôtel Kaithlyn. Je vais prendre sur moi c'est tout. Le week-end prochain c'est fini.

— C'est comme tu as envie chéri.

— Ne t'en fais pas. J'ai une réunion-là, ça devrait prendre un peu de temps.

— D'accord. À tout à l'heure...

Je lui refais un nouveau baiser avant de sortir de la chambre et de les rejoindre en bas. Son humeur est exécrable... La semaine va être longue.

Je me cale devant la télévision. Julia vient près de moi.

— Il est de mauvaise humeur ?

— Un peu oui... Je plains ceux avec qui il a rendez-vous là tout de suite.

— Je vais allez le voir. Qu'il est susceptible mon Dieu.

— Il vient de commencer sa réunion en vidéo conférence ce n'est pas le bon moment.

Thomas se redresse.

— Qu'est-ce que tu lui as encore dit Julia ? Elle soupire.

— Rien du tout, mais tu connais Léo.

— Toi aussi je te connais. Et vu la tête qu'il faisait lorsqu'il est venu me chercher ça ne m'étonne pas que tu lui ai fait un truc avant...

— Il n'a pas aimé le sapin comme prévu, mais il était pour toi, pas pour lui.

— J'aurais pu m'en passer tu le sais ? Tu sais très bien que pour lui c'est une torture, en plus d'être ici à ce moment.

— Il peut bien faire un effort pour nous quand même, pour une fois c'est bon !

— Julia, je pense que c'est à nous de faire des efforts pour lui, il en fait déjà assez...

— Bah écoutes, tu n'as qu'à le défaire et puis merde, il glousse.

— Tu crois que j'en ai la force-là ? Je pense que tu peux aller t'excuser auprès de lui pour ce que tu as pu lui dire.

Elle hausse les épaules en allant vers les escaliers. Elle est aussi têtue que son frère, mais Thomas a raison.

Je lui adresse un sourire, qu'il me rend avant de se rasseoir contre Alayna.

— Tu comprends bien Léo toi.

— Pas du tout ! Mais je connais Julia et je sais qu'elle n'a pas dû être sympa avec lui... Elle a facilement accepté le décès de papa et maman, étant donné qu'elle était plus petite, elle ne se souvient que de ce que Léo a pu lui raconter. Et chaque année c'est la même histoire. Elle n'arrive pas à comprendre.

— Elle voudrait que vous formiez une vraie famille pour Noël au moins une fois je pense.

— Bien sûr ! Moi aussi je n'attends que ce jour-là. Je serais le plus heureux s'il décidait de rester avec nous un soir de Noël. Je ne sais jamais si je verrais le prochain.

Alayna lui donne un coup de coude en le foudroyant du regard et je baisse les yeux.

— Arrête de dire des conneries Thomas !

— C'est la vérité... On ne sait jamais ce qu'il peut se passer, ça peut arriver vite.

— Je déteste quand tu dis des choses comme ça.

Elle se lève et il lui prend la main pour la rasseoir puis il s'excuse auprès d'elle. Léo devrait pouvoir surpasser son angoisse pour son frère... et sa sœur, mais je comprends la difficulté.

Je regarde Thomas et mène mon enquête.

— Dis-moi Thomas... Comment est Léo les jours qui précèdent Noël ?

— Alors nous on partait en vacances généralement, lorsque Julia a été en âge de partir et de s'occuper de moi. Léo enchaînait garde sur garde, il dormait parfois même à l'hôpital, là où il n'y penserait pas forcément vu qu'il bossait constamment. Le vingt-trois au soir, il fait une garde, toujours. Et le vingt-quatre il venait ici pour aller au cimetière. Il a longtemps pensé que l'on ne le savait pas. Puis il repartait le lendemain matin et en reprenait une le soir même. Il s'occupe le plus possible et se défonce au boulot.

— D'accord... Il fuit tout contact ce jour-là, il acquiesce.

— Après je ne sais pas comment il réagit vraiment, je ne l'ai jamais vu devant moi. Et on en parle jamais... Avant ses dix-huit ans, il était muet pendant ce temps-là d'autant que je m'en souvienne.

J'acquiesce en regardant mes mains. Léo n'est pas une énigme uniquement pour moi. Moi qui pensais avoir percé sa carapace.

***

Je me brosse les dents après le dîner et retourne dans la chambre. Léo est face à la baie vitrée et regarde l'horizon pensif. Je viens doucement derrière lui et j'embrasse son omoplate en enlaçant sa taille. Il passe l'une de ses mains sur mon bras.

— Tu n'as pas dit un mot depuis cet après-midi...

— Je réfléchis.

— À quoi chéri ?

Je caresse son torse délicatement.

— Comment je pourrais surpasser ma peur, mon angoisse, ma colère et ma tristesse jeudi prochain et passer Noël avec vous.

Wow. Il a parfaitement décrit quatre sentiments qu'il ressent... C'est rare pour Léo. Il envisage de fêter Noël... Il reprend.

— J'ai entendu ce que Thomas a dit... Quand il a dit qu'il serait heureux si j'étais là et qu'il n'était pas sûr de voir un prochain Noël. Si c'était le cas je pense que je m'en voudrais toute ma vie de ne pas avoir fait cet effort pour lui. Et Julia a raison... Je peux bien faire ça pour eux... J'imagine.

Je le regarde et il est loin dans ses pensées, comme s'il réfléchissait à voix haute. Julia a réussi à le faire culpabiliser bien évidemment et Thomas aussi, involontairement.

Je me place face à lui et prends son visage entre mes mains pour l'obliger à me regarder.

— Léo... Tu n'y es pas obligé. Ils savent que ce jour-là est difficile pour toi. Si c'est pour être horriblement mal, il ne vaut mieux pas...

— Tu sais aussi bien que moi que je sais parfaitement gérer mes émotions Kaithlyn.

— Oui bien sûr, mais à quel prix ? Tu vas te détruire à petit feu au long de la soirée alors que tu devrais sûrement être ailleurs...

— Il est peut-être temps de laisser le passé derrière...

— Tu as le droit d'être triste et d'avoir mal. Ne cache pas ces émotions-là.

— S'ils sont heureux que je passe ce jour-là avec eux c'est tout ce qui m'importe.

Il fronce ses sourcils et ça veut dire « on arrête d'en discuter ».

Je me détache doucement de lui et je vais me mettre au lit. Léo sait parfaitement refouler ses émotions, mais à quel prix ? Je ne suis pas certaine qu'il arrive à tout contenir d'après ce qu'il a pu me dire et Thomas et Julia également. Ça ne m'étonnerait pas s'il explosait au milieu ou après la soirée. Mais c'est à lui de décider, je ne peux pas l'en empêcher. Il vient s'allonger et je me tourne vers lui en restant sur mon oreiller.

— Tu as des choses à faire demain Léo ?

— J'ai rendez-vous avec Franck pour revoir le traitement de Thomas et planifier les nouveaux examens. Ça va me prendre la matinée. Et l'après-midi j'ai de la paperasse à finir, j'acquiesce.

— Alayna et Julia doivent aller faire des courses, je vais sûrement aller avec elles alors...

— Oui sors un peu.

Il rapproche son oreiller du mien et me prend dans ses bras. Je me cale correctement et passe mon bras sur lui. Encore une journée sans lui... Vivement que je reprenne le travail ça devient insupportable. Plus que quinze jours à tenir, courage à moi.

Je lui souhaite bonne nuit en me blottissant contre lui et je sens qu'il va ruminer encore un peu avant de, peut-être s'endormir.

Mercredi 23 décembre 2015

Je bois mon cappuccino, assise à la table de la cuisine et Alayna et Julia discutent du dîner de Noël. Moi je ne suis pas douée alors j'ai dit que je m'occupais de la décoration de table. On a été finir les derniers achats ce matin. J'ai acheté une petite bricole pour chacun, histoire d'ouvrir le vingt-cinq, mais je n'ai rien trouvé pour Léo... Je ne sais même pas s'il accepterait un cadeau. Est-ce qu'il en a déjà eu un même ? Il faudra absolument que je m'en occupe demain matin après mon rendez-vous. Des vêtements ça lui plaira forcément, mais bon...

Comme prévu il a pris une garde pour ce soir, ça ne pourra que lui changer les idées et anticiper au mieux la soirée de demain. Son humeur est morose depuis dimanche, il est distant, parle peu et se tue au travail pour ne pas penser. Il me dit le contraire, mais je le vois bien. Ses nuits sont devenues plus agitées et je pense que ses heures de sommeil cumulées se comptent sur les doigts d'une main.

Je termine ma tasse et la lave avant de monter le rejoindre, cependant on se croise dans l'escalier. Je m'arrête à trois marches de lui et il me rejoint. Qu'il est beau... Il a mis un tee-shirt noir avec une chemise à carreaux, noire et blanche par-dessus qu'il a laissé ouverte, son jean noir. Un vrai démon. Je souris en le regardant.

— Tu vas encore faire des ravages ce soir...

Il me regarde en haussant les épaules.

— Je suis en retard je vais y aller...

— Toi en retard ça m'étonne chéri. Tu es fatigué, fais attention...

— Je ne suis pas fatigué, ne t'en fais pas.

— Alors attention à ta mauvaise humeur...

Je souris et il soupire.

— Kaithlyn.

Il est vraiment infernal, c'est juste horrible à gérer. Je ne dois rien prendre pour moi.

— Je rigole Léo... Bon allez vas-y. Bon courage. J'ai rendez-vous demain matin à l'hôpital si tu veux on peut rentrer ensemble, il hausse un sourcil.

— Rendez-vous de ?

— Bah chez le gynécologue tu sais...

— Ah oui c'est vrai. Ok pas de soucis.

Ok il avait oublié... Ou il s'en contre fiche. Je n'ai pas envie de lui en vouloir, mais au fond de moi j'ai un pincement au cœur... Il m'a toujours accompagné depuis ma dernière fausse couche.

Son humeur est pourrie ce matin, je n'ai même pas le droit à un sourire et ça se répercute sur la mienne. Je l'accompagne jusqu'à la porte et je le regarde enfiler son manteau.

— À demain Kaithlyn.

— Bonne garde.

Il acquiesce et se penche sur moi et me donne un baiser tellement furtif que j'ai à peine le temps de sentir la douceur de ses lèvres puis il sort rejoindre Derek. Je le regarde et je chuchote.

— Je t'aime...

Et je referme la porte. Plus que quelques jours à tenir. Je ne peux rien faire ni dire pour le soutenir. Il est complètement fermé et c'est horrible. La preuve depuis dimanche matin nous ne nous sommes pas touchés. Il n'a jamais été aussi peu câlin avec moi, même lorsqu'il me disait que nous deux ce n'était rien, il l'était davantage. Mais il m'avait prévenu. Il m'a dit qu'il serait insupportable.

Il ne l'est pas vraiment à vrai dire... Il est mal et personne ne peut lui retirer sa souffrance. J'aimerais pouvoir l'aider et l'accompagner, mais je ne peux pas comprendre ce qu'il ressent car je n'ai jamais perdu un parent.

Je monte à l'étage pour emballer mes cadeaux tranquillement et je me mets au lit ensuite malgré qu'il ne soit même pas dix-neuf heures. Je n'ai pas envie de dîner. Demain c'est le Réveillon de Noël et j'anticipe ce qu'il va se passer... Je ne sais même pas comment Léo pourrait réagir. J'espère que sa garde va bien se passer car sa mauvaise humeur en plus de sa fatigue ça n'arrange pas grand-chose... J'espère qu'il ira se reposer un peu au moins. Je me mets à regarder quelques épisodes d'une série pour passer le temps.

À vingt-trois heures j'ai les yeux qui se ferment. J'éteins tout et prends mon téléphone. Pas de messages de Léo. Je décide de lui envoyer un petit je t'aime avant de m'endormir.

Jeudi 24 décembre 2015

Je sors de mon rendez-vous et je n'ai toujours aucun message de Léo malgré mes messages de ce matin... J'ai été tellement déçue de ne pas le voir ce matin. Je ne pensais pas qu'il ferait ça en réalité, qu'il dépasserait au moins sa tristesse pour ça... Je tente quand même de l'appeler pour voir où est-ce qu'il m'attend, mais après quelques tonalités je tombe sur le répondeur. Il est chiant quand il ne répond pas.

Je retrouve Connor dans le couloir et il est en grande discussion avec Derek et Müller. Grande réunion entre mecs en costards. Je m'avance vers eux et ils me regardent tous les trois.

— Bonjour. Léo devait me rejoindre ici, mais je n'arrive pas à le joindre.

Ils se regardent à nouveau tous les trois et Derek s'avance vers moi. Ouh la qu'est-ce qu'il se passe ? Le regard de Derek en dit long et je vois bien qu'il essaie de me dire quelque chose...

— Derek... Qu'est-ce qu'il se passe ? Où est Léo ?

— Kaithlyn calmez-vous s'il vous plaît. Je... Hum. Léo n'est plus dans le service et il est injoignable...

— Non Derek. Il doit être en train de dormir, il était fatigué.

Je lâche les papiers que j'ai dans les mains et je me mets à courir vers les urgences pédiatriques. J'y entre et on me dévisage. J'intercepte la première personne que je trouve.

— Où est la chambre de garde s'il vous plaît ?

— Euh au fond à gauche.

Je ne la remercie même pas et je m'y précipite. J'ouvre la porte et il n'y a personne...

Sa blouse est posée sur le porte manteau et sa chemise sur le dossier de la chaise. Je vais la prendre et je regarde autour de moi. Le stylo que je lui ai offert traîne par terre ainsi qu'un livre, les draps du lit sont sens dessus dessous. Je ramasse le stylo et je le serre dans ma main. Léo ne semble pas être parti... Son manteau est aussi sur le porte manteau. J'inspire, mais je commence à avoir peur. Je prends ses affaires et sors rapidement de la chambre et je tombe directement sur Derek. Je ne peux retenir mes larmes.

— Derek... Léo... il me prend par les épaules.

— Oui. Ne vous en faîtes pas Kaithlyn, on va le retrouver, je vous le promets.

Je fonds en larmes en me laissant aller contre lui et il me prend dignement dans ses bras. Qu'est-ce qu'ils ont fait à mon Léo ?

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