Le décalquage ou l'art de copier.

Le décalquage permet d'être plus rapide est efficace. Mais pourquoi est-il mal vu ?

Nous allons voir ici ce qui lui est reproché, ses différents procédés ainsi que comment il peut-être mal utilisé ou au contraire correctement employé. Pour finir nous allons expliquer que décalquer c'est copier de façon très semblable, et que la copie est pratiquée par de nombreux artistes.

Ce qui est reproché au décalquage

La première chose que nous reprochons au décalquage c'est de rendre l'art du dessin trop facile et d'en faciliter la création. Il est souvent attendu d'un artiste qu'il ait de la technique, qu'il maîtrise un savoir faire. Le calque n'en nécessiterait aucun et rendrait l'art du dessin accessible à tous sans entraînement au préalable. Il permettrait de compenser les défaillances d'un dessinateurs et de les masquer. Le calque pourrait donc nous faire croire à du talent où il n'y en a pas.

Les différents procédés

Ensuite il existe plusieurs manière de décalquer. Vous pouvez aussi bien vous servir de papier calque, de votre ordinateur, d'une fenêtre ou d'une tablette lumineuse !

L'art de tricher

L'idée générale est qu'il s'agit de triche, hors l'art n'est pas un jeu, il n'y a pas de règles. Tout dépend alors de la fonction de ce procédé. Je m'explique.

Un participant qui triche a un concours par exemple :

Le problème vient de la demarche de celui qui ne fait que décalquer... Son but étant juste d'atteindre un résultat, un rendu, alors pourquoi ne pas reproduire bêtement, se dit t'il. En plus du fait qu'il est limité par les œuvres faites par d'autres, le subterfuge peut être visible et peut manquer d'âme, de talent, sans parler du fait que les traits sont figés. En voulant sauter les étapes de formation technique, certains pensent qu'ils compenseront simplement ici ou là leur manque de pratique en oubliant que l'intérêt d'une oeuvre pour l'artiste, c'est l'acte créatif. De réussir enfin à réaliser cette posture, cette expression, ce panorama... Bref, ils oublient (ou feignent de ne pas y penser, ou, y pensent mais l'oublient volontairement ou non... ) qu'ils ne sont alors que de pâles copistes, profitant de la produc' des autres à leur profit, ne pouvant pas être considérés comme des artistes à part entière.

Ça m'agace fortement que quelqu'un décalque dans un concours sans notion de dessin, moi qui ai étudié ça ainsi que d'autres mais au fond, je ne vais pas juger. Chacun a droit d'être créatif à sa manière. Et entre nous, décalquer sans notion n'a aucun intérêt et c'est pleins d'erreurs ! Oui, sans technique, sans expérience, sans cette confrontation avec sa réalité d'artiste et capacité, l'art est peut être vain. Et dans l'absolu, décalquer n'apporte rien si celui-ci est fait dans la lâcheté.

Dans ce cas là il s'agit de triche si l'utilisation du calque n'a pas été mentionné par l'auteur du dessin et que dans la plupart des concours ce procédé est interdit. Il a donc un avantage non négligeable par rapport aux autres participants.

Dans ce cas là le décalquage sera mal vu.

Une aide non négligeable

Or figurez vous que dans certains cas il se trouve être fort utile. De nombreux peintres célèbres ont utilisés l'ancêtre du papier calque comme le peintre Vermeer avec sa camera obscura et j'en passe. La tablette lumineuse par exemple est un outil professionnel permettant de décalquer. Il arrive que l’on doive travailler par couches successives sur un dessin. Par exemple, lors de la réalisation un personnage, surtout dans le travail de création, l'artiste dessine d’abord sa structure en fil de fer, puis en forme, ensuite en muscle. Après, il rajoute les vêtements et enfin, les accessoires. Cela peut représenter plusieurs couches de traits et le croquis peut vite devenir illisible. En fait, il travaille comme on le ferait sur un logiciel de dessin ou de retouches d’images avec les calques : par tranches. Lorsque la gomme ne peut plus aider, il transfère le dessin sur une autre feuille via la table lumineuse. Ce type de travaux est très utilisé en animation (dessin animé) où on doit souvent changer juste une attitude du personnage, un geste. Elle peut aussi faciliter l’encrage d’un dessin. La table lumineuse n’est vraiment pas une obligation. Elle permet simplement un diminution des tâches répétitives pour certains travaux surtout en animation.

Il s'agit d'une copie

Autre problème posé par l'utilisation du calque est qu'il s'agit de copie. En art copier est plutôt mal vu à notre époque. Nous percevons toujours la copie comme inférieur à l'original. Figurez vous que cette idée est loin d'être nouvelle. En effet déjà 400 ans avant notre ère Platon s'attaquait aux imitation. " L'art de l'imitation est donc bien éloigné du vrai et c'est apparemment pour cette raison qu'il peut façonner toute chose : pour chacune, en effet, il n'atteint qu'une petite partie, et cette partie n'est elle-même qu'un simulacre "
Platon, La République, chap. X, 598B.

Platon décrit les imitations comme des reflets sans consistance, copies superficielles de l'apparence et non de la réalité.

L'acte d'imiter est donc bien dévalorisé.

Cependant le fait de décalquer est de partir d'une image donc d'une apparence. La copie est alors soit identique au quel cas rien n'est perdu dans l'opération soit différente, donc le résultat du décalquage n'est plus une exacte copie. C'est une interprétation. L'image décalquée n'est donc alors que le point de départ du dessin, qui ainsi produit, en constituera une variation. Décalquer ne vous produira pas une image identique, c'est impossible. Il suffit pour le vérifier de faire décalquer la même image a plusieurs personnes, JAMAIS nous obtiendront un résultat identique à l'image, seulement différentes interprétations. Chaque personne aura produit sa propre version, différente à la fois de l'image de base et des autres versions décalquées.

Copier c'est bien mais créditer c'est mieux !

Nous attendons également d'un artiste qu'il invente ses propres œuvre, qu'elles soient des créations personnelles. Et pour cela il lui faut évidemment de l'imagination. S'il utilise une image existante comme base de son travail celui qui décalque contrevient à cette attente. En effet son point de départ ne vient pas de lui.

Il se trouve que l'importance de l'imagination,du rejet de la copie exact et de l'âme de l'artiste ajouté à son œuvre sont des idées venant tout droit de la période romantique qui est un courant artistique datant du début du 19è siècle. Et c'est d'ailleurs ses idées on été gravées dans la loi. Les notions de droit d'auteur, de plagiat et de propriété intellectuelle sont directement liées à ces idées. D'où le fait de créditer les artistes !

Figurer vous qu'un artiste ne part jamais de rien !

Comme le prouve ces tableaux un grand nombre d'artistes s'inspirent des œuvres de leurs prédécesseurs et de ce fait reprennent les idées,les structures fondamentales et parfois les détails. Ici ce n'est pas de la copie exacte, plutôt de l'inspiration puisque seule la structure fondamentale et l'idée sont reprises.

La limite entre copie et inspiration est très fine.

Pour conclure. Décalquer est utile et instructif seulement dans certains cas. La copie suit ces mêmes règles. Il est toujours préférable de créditer les artistes dont vous copiez l'œuvre.

Pour vous aider :

Décalquer : tracer par dessus des traits déjà existant. Et donc reprendre tout les éléments d'une image.

Copier : Reproduire une image et reprendre ses éléments ( le résultat ne sera pas aussi identique que le décalquage )

S'inspirer : Prendre l'image de base pour modèle trouver des idées, des exemples sans que ce soit une copie.

Prise de modèle : Image servant de base.