Pour la première fois depuis qu'elle avait commencé son récit, Tamara détourna les yeux, ne pouvant soutenir le regard de son fils.

— C'était très moche, je sais, admit-elle. J'ai vraiment honte de moi. Même si finalement j'ai changé d'avis, j'ai été à un moment prête à le faire. Je ne suis pas quelqu'un de bien, conclut-elle tristement.

Il y eut un silence, que Julien finit par rompre :

— Et pourquoi tu as changé d'avis ?

— Disons que le plan a un peu trop bien marché. Je lui ai plu, comme on l'espérait, et il ne demandait pas mieux que de discuter avec moi. Mais moi aussi je suis tombée amoureuse de lui alors, le plan, j'avais plus trop envie de le suivre.

— C'était plutôt bien, non ? tenta le jeune homme.

— Non, soupira sa mère. Parce que j'ai fait pire.

Comme il l'interrogeait silencieusement, elle continua :

— Quand j'ai compris ce qu'il m'arrivait, il fallait que je choisisse. Soit je rompais toute relation avec lui, soit j'arrêtais les opérations pour ne pas avoir à lui mentir. Bien entendu, j'ai pris la pire des décisions : je suis sortie avec lui, et j'ai continué à cambrioler. Ça ne pouvait que mal finir.

— Il a compris, devina Julien.

— Oui, mais pas tout de suite. Et chaque jour passé a rendu la situation plus douloureuse, parce que nous étions de plus en plus amoureux.

— Comment tu faisais pour qu'il ne se doute de rien ?

— Nous ne vivions pas ensemble. On se retrouvait le soir ou le week-end, mais la plupart du temps, je prétendais avoir trop de travail pour le rejoindre. Cosima lui avait clairement fait comprendre qu'elle désapprouvait notre relation, et je l'invoquais pour expliquer que je ne pouvais pas venir, alors qu'en réalité, j'étais occupée à préparer une opération ou à la réaliser. Ce n'était pas toujours un mensonge d'ailleurs, ma sœur faisait tout pour qu'on se voie le moins possible.

— Comment il a su, alors ?

Tamara eut un sourire amer :

— C'est un très bon policier.