François décrocha son téléphone portable tout en restant focalisé sur le rapport qu'il était en train de saisir sur son ordinateur.

— Oui, Maman ?

— J'ai rencontré la mère de Nathan chez le boulanger.

— Maman, j'ai du boulot.

— Tu te rappelles que Julien devait dormir chez eux ce soir ? Quand je l'en ai remerciée, et elle est tombée des nues. Elle a appelé son fils immédiatement pour lui demander s'il avait invité Julien, et il a répondu de manière tellement embrouillée qu'on pense qu'il n'est pas chez eux.

— Tu crois qu'il est chez un autre copain, ou une copine ? interrogea François, son rapport complètement oublié. Tu as essayé de le joindre sur son portable ?

— Son téléphone bascule tout de suite sur la messagerie. Ce qui m'inquiète, c'est qu'il m'a réclamé une avance sur son argent de poche avant-hier. Je lui ai demandé ce qu'il voulait en faire, et il n'a pas vraiment répondu. Quand à Nathan, impossible d'en tirer une réponse claire. Je suis en route pour lui poser la question en face.

— J'arrive.

Il se leva brusquement attirant le regard des autres occupants de son bureau.

— Un problème ? demanda son chef.

— Mon gamin n'est pas là où il est supposé être. Faut que je tire ça au clair.

— J'en ai encore pour deux heures, précisa un autre de ses collègues. Si tu as besoin d'une adresse, tu peux m'appeler.

— Merci !

Il fallut trois-quarts d'heure à François pour sortir de Lyon et atteindre la banlieue où il habitait avec sa famille. Durant le trajet, il tenta plusieurs fois de téléphoner à son fils, mais comme l'avait indiqué sa mère, il était injoignable. Il laissa un message vocal, lui ordonnant de le rappeler immédiatement, qu'il doubla d'un texto. Il alla directement chez les Pellot, sa mère lui ayant appris par SMS qu'elle s'y trouvait toujours.

Madame Pellot lui ouvrit, l'air désolé.

— Je suis vraiment navrée, lui dit-elle sans même le saluer. Il ne veut rien dire.

— Puis-je lui parler ?

— Bien sûr.

Nathan était assis sur une chaise, la mine butée. La mère de François était dans le canapé, le visage tendu. L'adolescent leva la tête et parut inquiet en découvrant le père de son ami.

« T'as raison d'avoir peur, songea François en plongeant son regard dans le sien. J'ai des heures d'interrogatoires derrière moi, et c'est pas toi que je connais depuis la maternelle qui va me tenir tête ! »

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