Le lendemain, quand François rentra chez lui, sa mère lui fit signe de la cuisine pour qu'il la rejoigne, puis pour qu'il ferme la porte derrière lui. Elle voulait manifestement lui parler sans que Julien ne puisse entendre.

— Quoi ? demanda-t-il avec suspicion.

— Tamara m'a appelée aujourd'hui.

Il se renfrogna, anticipant qu'il n'allait pas aimer ce qu'elle allait lui dire.

— Julien l'a invitée à vous rejoindre à Guéthary la dernière semaine de juillet.

— QUOI ?

— Ne crie pas, ça ne sert à rien. Elle tombait des nues car il n'avait jamais été question de ça et elle m'a contactée pour avoir confirmation.

— Qu'est-ce que tu lui as dit ?

— Que ce n'était pas ce que nous avions prévu et qu'on allait en discuter avec Julien. De son côté, elle avait l'air assez paniquée.

François haussa les épaules. Les états d'âme de la mère de Julien ne l'émouvaient guère. Que son fils n'en fasse qu'à sa tête le préoccupait davantage.

— Tout ce qu'il va gagner, c'est qu'on revienne à ce qui était prévu à l'origine, grogna-t-il. Qu'est-ce qu'il croit ?

— La bonne question, à mon avis, c'est : « Pourquoi il fait ça ? »

— Et tu as la réponse ?

— Disons que j'ai une hypothèse.

François avait appris à faire confiance à sa mère. Elle avait pris en charge vingt-cinq enfants pendant près de quarante ans et était à ce jour très active dans une association de soutien scolaire. En plus, elle avait lu tous les livres portant sur les relations entre parents et enfants. Elle avait toujours été de bon conseil.

— Je t'écoute.

— Julien ne cherche pas seulement à passer du temps avec sa mère. Il veut vous imposer un type précis de relation : vous trois, dans la même maison, pendant plusieurs jours.

François prit le temps de s'asseoir.

— La famille idéale ? demanda-t-il d'un ton grinçant.

— Peut-être. Je pense surtout que c'est une manière de vous dire : « Vous avez décidé pour moi pendant quinze ans, maintenant j'ai mon mot à dire ».

Un long silence suivit l'explication.