Annie comprit que quelque chose n'allait pas sitôt qu'elle entra dans la cuisine. Tamara regardait par la fenêtre, une tasse de thé à la main, pâle, le visage ravagé. Une telle impression de tristesse émanait d'elle qu'Annie eut envie de la prendre dans ses bras pour la réconforter.

— Tamara ?

Tamara sursauta puis son expression se recomposa. C'est avec un sourire plaqué sur ses lèvres qu'elle tourna la tête, mais ses yeux étaient toujours mélancoliques.

— Bonjour, Annie, vous avez passé une bonne nuit ?

— Vous n'avez pas l'air bien, répondit-elle doucement, espérant encourager des confidences.

— Je me suis réveillée un peu tôt.

À vue de nez, elle n'avait pas dormi du tout, estima Annie. Elle se souvint brusquement avoir cru entendre des sanglots dans un demi-sommeil. Que s'était-il passé ? Elle fut soudain persuadée que François y était pour quelque chose. Se voyaient-ils la nuit ? Et qu'est-ce qu'ils faisaient ?

Annie ne fut pas étonnée en découvrant une note manuscrite posée sur la table de la cuisine. Une fois de plus, son fils s'était défilé. Cela arrivait de plus en plus souvent quand Tamara était là. Annie n'avait pas envie de lire l'excuse qu'il avait inventée pour expliquer son absence.

Elle prit le papier et le jeta directement à la poubelle.