Opale - partie bonus

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Opale était assise par terre. Nyoh et Krily étaient debout à côté d'elle. Le but du jeu : voir combien de palmiers on pouvait faire dans les cheveux d'Opale.

Opale ne savait pas pourquoi elle avait accepté ça. Regina avait un regard qui signifiait qu'elle la jugeait beaucoup en ce moment même.

Soudain, quelqu'un frappa à la porte. Immédiatement, Opale fit signe aux deux enfants de partir se cacher. Regina les suivit à la manière d'un chien – Opale se dit que ses pas faisaient cependant un peu plus de bruit que ceux d'un chien. C'était devenu une habitude depuis qu'ils étaient tous les quatre installés ici : Opale devait apparaître seule devant n'importe qui venant chez eux. Ensuite, si c'était un Noir, tout le monde pouvait venir dire bonjour. Si c'était un scientifique, tout le monde restait caché. Si c'était quelqu'un d'autre... eh bien, ce n'était encore jamais arrivé.

Opale s'attendait à voir Jamaal ou quelqu'un des Noirs.

Elle n'était pas du tout prête à se retrouver face à un scientifique. Et encore moins quelqu'un comme Dolorès. Ce n'était pas du tout le genre de personne qui venait la voir quand les scientifiques voulaient parler. Elle fronça les sourcils.

—Qu'est-ce que vous voulez que je vous rêve comme connerie, cette fois ?

Son ton n'était vraiment pas chaleureux, mais ça faisait longtemps qu'Opale avait arrêté d'essayer d'être agréable avec les scientifiques. Elle croisa les bras et prit garde à garder la porte à moitié fermée, afin de ne pas paraître trop suspecte, mais pour cacher au mieux ses protégés à l'intérieur de la maison. Surtout Krily, puisque Nyoh et Regina étaient déjà connus des scientifiques, alors techniquement ils n'avaient pas besoin de se cacher. Mais toute seule, aucune chance que Krily reste tranquille. Opale avait donc décidé qu'ils iraient tous les trois.

L'inconnue en face d'elle était plus âgée d'une petite dizaine d'années. Ou un peu moins. Opale lui donnait un peu en dessous de la trentaine. Elle avait un long manteau violet en velours ; comment pouvait-elle ne pas mourir de chaud avec ?

— Opale, bonjour. Ravie de voir que tu vas bien. Pense à t'exprimer sur un autre ton.
— Venez-en au fait. Je n'ai pas le temps pour des sermons, répliqua immédiatement l'internée.

Dolorès jeta un regard en direction de sa voiture. Opale se tendit. Cette visite n'avait rien d'habituel : jamais un scientifique ne venait en voiture devant sa maison. C'était le meilleur moyen pour attirer les soupçons et les regards curieux. Et jamais un scientifique ne regardait derrière lui comme ça sauf s'il y avait quelque chose – quelqu'un – à surveiller.

— Tu vas avoir de la compagnie. Elle s'appelle Céleste.
— C'est une internée ?
— L'internat n'est plus responsable d'elle, maintenant. Je l'emmène chez toi pour lui donner une chance de survivre, mais si elle est trop désagréable, tu peux la mettre dehors. Elle vaut moins que toi, ne te mets pas en danger à cause d'elle.

Opale lutta contre un soudain élan de rage. Elle usa de tout son sang froid pour se tenir immobile et ne pas étrangler la femme en face d'elle pour lui faire ravaler ses mots. Son regard gris se fit froid et dur comme l'acier. Le silence s'installa entre elles : d'un côté, Dolorès attendait une réponse ; de l'autre, Opale faisait de son mieux pour contrôler et ne pas hurler à l'instant où elle se déciderait à parler.

Elle vaut moins que toi. Une phrase de scientifiques. Bien sûr qu'Opale valait plus selon eux : son pouvoir leur offrait d'innombrables possibilités. Ils s'étaient démenés pour la sauver de sa maladie. Ils étaient prêts à tuer d'autres internés juste pour qu'elle reste tranquille. Bien sûr, bien sûr qu'elle valait plus que cette fille dont ils souhaitaient se débarrasser. Elle devait être dangereuse. Incontrôlable. Mais vivante. Elle était vivante, ce qui signifiait qu'elle valait quand même quelque chose. Peut-être pas pour les scientifiques.

Elle était vivante.

Opale se promit de ne jamais l'obliger à partir. Elle pourrait rester chez elle et avec sa petite famille autant de temps qu'elle le voudrait.

— Elle vaut autant que moi. Si elle est en danger, je serai à côté d'elle, pas en train de la rejeter.
— Tu ne la connais pas. Tu ne sais pas ce dont elle est capable. 
— Je m'en fous. Faites la rentrer et dégagez, maintenant, si vous n'avez plus rien à dire.

Dolorès ne répondit pas et referma son manteau violet, comme si elle avait froid. Elle resta immobile un moment et sembla hésiter à rajouter quelque chose, puis se détourna pour rejoindre sa voiture. Opale la suivit du regard avec attention quand elle alla ouvrir la portière du côté passager de la voiture. Elle allait enfin pouvoir apercevoir Céleste quand elle entendit la voix de Nyoh.

Mouun ?

Opale se retourna brusquement et fusilla la créature du regard. Nyoh rebattit ses oreilles sur son crâne et baissa les yeux.

— Krily dit qu'elle a faim.
— Va lui dire qu'elle a le droit de manger un bout de meuble si elle reste cachée.
— Oh ! Moi aussi ?

Après un soupir, Opale donna son autorisation. Rapidement, elle se détourna en prenant garde à vérifier que la porte n'était pas trop ouverte. Elle croisa le regard de Céleste, toujours assise dans la voiture, mais échappa rapidement à cet échange quand la fille plissa les yeux.

Puis, Céleste se leva. Opale arrêta de respirer et résista à l'envie de plaquer une main sur sa bouche. Elle se força à garder un air insensible... et échoua misérablement.

La fille qui sortait de cette voiture n'était pas humaine.

Ce qui choqua d'abord Opale fit le rouge. Le sang qui couvrait le corps de la fille. Il y en avait partout : dans ses cheveux, sur son cou, sur son visage, sur ses jambes, sur ses mains, sur son ventre. Elle remarqua ensuite que la fille n'était qu'à peine habillée. Ses vêtements étaient déchirés et sales, ils ne couvraient qu'à peine sa peau.

Puis soudain elle tituba et commença à tomber. Dolorès la rattrapa et un spasme parcourut son corps abîmé. Cette fois, Opale ne cacha pas ses émotions. Tout se mélangeait. Horreur, colère, peur, tristesse, pitié, douleur.

Dolorès emmena lentement la fille jusqu'à Opale. Quand elle la lâcha, Opale la rattrapa par réflexe et la soutint avec toute sa concentration. Elle avait peur de la toucher. On aurait dit que la fille allait tomber en miette si on l'approchait de trop près. Elle était si maigre, si frêle, si épuisée... le moindre coup de vent pourrait l'emporter.

Elle attendit que Dolorès s'en aille pour pousser la porte et faire entrer Céleste. Plus le temps passait plus elle semblait lourde dans ses bras, mais Opale resta immobile. Du bout des doigts, elle caressait le bras de la fille pour la rassurer. L'observer quand elle était si proche rendait la vision encore pire ; Opale pouvait ignorer l'odeur, mais elle ne pouvait pas mettre de côté les blessures qui couvraient les mains de sa nouvelle protégée, la cicatrice sur son cou ou celle de son visage. Elle ne pouvait pas oublier le fait qu'elle était presque nue et qu'elle tremblait contre elle et qu'elle souriait en regardant la voiture s'éloigner. Elle ne pouvait pas effacer son regard vert si distant, allumé par une étincelle proche de la folie, obscurci par la douleur permanente.

Dès que la voiture disparut, Opale ouvrit complètement la porte d'un coup de pied. Elle ne fit pas attention au claquement qui résonna dans la pièce quand la porte heurta le mur. Céleste ne sembla pas y faire attention non plus, alors ce n'était pas très grave.

Nyoh, Krily et Regina déboulèrent dans le salon. Les deux enfants s'installèrent sur un fauteuil. Regina se plaça à côté d'eux. Tous trois ne firent rien de plus que regarder Céleste sans montrer aucune émotion. Opale en avait toujours été très étonnée, mais aucun de ses trois compagnons n'était affecté par ce genre de choses : le sang, la violence, les blessures.. rien ne les choquait tant que Opale ne leur signalait pas ce qu'elle ressentait par rapport à cela.

Opale accompagna Céleste jusqu'au canapé et l'installa dessus le mieux qu'elle pouvait. Elle la recouvrit d'une couverture qu'elle avait rêvé il y a longtemps.

— On risque d'être un peu à l'étroit ici, mais je te jure que jamais on te fera du mal dans ma maison. Tu n'es plus à l'internat, Céleste. Tu es en sécurité. Viens, tu peux t'asseoir ici. Je peux aller te chercher de l'eau. Et des vêtements propres.

Alors qu'elle s'éloignait, Opale entendit Céleste parler pour la première fois. Sa voix était abîmée d'avoir trop crié, rauque et qui lui évoquait le bruit que fait une allumette quand on la frotte contre sa boîte pour faire apparaître du feu ou un briquet.

— Plus doux que ça, tu crèves.

Opale rit sans joie. Céleste avait raison : il n'y avait pas plus doux que cette matière qui venait d'un rêve. Elle ne pouvait jamais se concentrer dessus, ni tenter de la définir, puisque cette réflexion finissait toujours par lui donner mal à la tête avant qu'elle puisse trouver une conclusion. C'était le genre de doux qu'un cerveau ne pouvait pas réellement imaginer. Dans cette couverture, on se sentait en sécurité et confortable. Chaque fois qu'elle l'utilisait, Opale finissait par s'endormir sans s'en apercevoir.

En chemin pour se rendre à la cuisine, Opale s'arrêta devant ses trois compagnons. Elle s'accroupit pour être à la hauteur de Nyoh et Krily et leur tendit ses deux mains. Une trace du sang de Céleste s'était imprimée sur sa peau pâle. Elle chuchota ; les deux enfants écoutaient toujours mieux quand elle chuchotait, comme si elle leur confiait un secret de la plus haute importance.

— Écoutez-moi tous. On a une invitée. Même si c'était pas prévu et qu'on était pas préparés, on l'accepte avec nous, c'est bien d'accord Krily ? Elle est très fatiguée et a besoin qu'on soit très gentils avec elle, parce qu'elle vient de l'internat et les scientifiques lui ont fait beaucoup de mal. On va prendre soin d'elle pour l'aider à aller mieux. Je compte sur vous.

Elle se redressa.

— Krily, tu veux bien aller chercher des vêtements propres ? Les miens doivent lui aller aussi, on a pas une si grande différence de taille. Moi, je vais aller lui chercher de l'eau. Nyoh, Reine, pas de bêtises.

Krily se laissa glisser du fauteuil en ronchonnant, puis courut jusqu'à la chambre d'Opale pour trouver ce qu'elle lui avait demandé. Nyoh acquiesça sagement et détourna son regard pour le poser sur Céleste. Quand Opale entra dans la cuisine, elle jeta un dernier regard en arrière et remarqua que le petit garçon s'était approchée de la fille. Il toucha ses cheveux.

— On va te protéger, promis, affirma-t-il.

Céleste rit et ferma les yeux. Opale sourit et alla chercher de l'eau.

Oui, ils allaient la protéger.

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