PDV Jean

Le froid d'automne frappe désagréablement ma peau, faisant claquer mes pauvres dents. Je frotte mes mains ensemble dans le but de les réchauffer vainement, maudissant ma tête de mule qui a refusé d'écouter ma mère lorsqu'elle m'a recommandé d'enfiler mon manteau d'hiver. Ma petite veste à la mode paraissait moins ringarde pour sortir et pourtant, mon gros capuchon en fourrure aurait été si douillet...

Près de moi, Eren ne semble aucunement affecté par le froid. Il se contente de fixer la route avec ennui, les mains dans les porches de son jeans. Pourquoi ne rentrons-nous pas à l'intérieur du centre commercial? Même si nous devons attendre Livai, il nous retrouverait tout de même si nous sommes au chaud. De plus, il est en retard d'une dizaine de minutes.

Ça ne sert à rien qu'il nous accompagne pour acheter nos déguisements. Eren l'a invité sans me demander la permission et personnellement, j'aurais refusé. Lorsque le nain blasé est là, je me sens mal à l'aise. Chaque fois que j'ose ouvrir la bouche, ce dernier me dévisage comme si j'étais le dernier des imbéciles. Ça me fait mal... En plus, Armin a refusé de venir avec excuse qu'il possède déjà un beau costume. Encore une fois, je vais être la cinquième roue du carrosse, une tâche inutile à travers le duo que forment Eren et Livai.

-Eren, on peut rentrer, demandai-je pour la millième fois, je ne sens plus aucun de mes membres et quand je ne dis aucun, ce n'est absolument AUCUN.

-Si tu ne les sens plus, ça ne devrait pas te déranger dans ce cas?

-Il ne viendra pas. De toute façon, on n'a pas besoin de son aide pour acheter un costume.

-Il va venir.

Je marmonne en fixant le sol. Ce froid a sur mon corps le même effet que celui d'une piscine glacée et avoir les bijoux de famille rentrés par en dedans, c'est terriblement désagréable. Alors que j'essaie subtilement de replacer mon entrejambe, une moto pénètre rapidement dans la cour du centre commercial, faisant gronder son puissant moteur. Avec élégance, l'engin s'arrête devant nous, puis le propriétaire retire son casque. Il était temps...

Livai vient vers nous avec son habituel air blasé, puis il nous salue comme s'il n'était pas en retard. J'imagine que monsieur le populaire a ce privilège. Moi, la seule fois où j'ai été en retard à un rendez-vous avec Eren, il m'a crié des insultes et il m'a boudé plusieurs jours. Il m'a pourtant seulement attendu une heure sur un banc de parc. La vieille dame assise à côté de mon ami s'est amusée à lui raconter sa vie, ce qui ne lui étrangement pas plu. À sa place, j'aurais apprécié l'histoire. Les personnes âgées sont souvent très intéressantes.

Nous pénétrons ensemble dans le grand centre commercial qui est décoré pour l'Halloween. Comme la fête se déroulait hier, j'ai espoir que les costumes seront en rabais... J'ai peu d'argent de poche, donc mon budget est très limité. Si je ne trouve rien, je serai obligé de me coller une fausse moustache et espérer que ce soi suffisant pour impressionner le beau Marco. Il va me trouver ridicule de ne pas être plus investi dans le thème.

La bâtisse en trois étages est bondée de gens, ce qui me déplait. Au moins, c'est moins terrible que pendant le Boxing Day où il faut presque se battre contre des grands-mères en quête de rabais pour simplement pénétrer dans une boutique. Ma mère m'a déjà forcée à l'accompagner et ce fut l'une des pires expériences de magasinage de ma vie. Pourquoi les femmes deviennent-elles folles pour simplement 50% en moins?

Les mains dans mes poches, je finis rapidement derrière les deux garçons qui discutent sans me porter la moindre attention. Depuis que Livai nous aide à organiser cette fête, Eren semble le considérer comme un messie venu nous propulser au rang de la popularité. Ça me répugne de voir à quel point Eren est en admiration devant ce type. Si le nain lui demandait, je suis certain que le brun lui lécherait les pieds sans hésiter.

Au deuxième étage se trouve le magasin de costumes dans lequel nous entrons. J'ai toujours apprécié ce genre d'endroit et l'atmosphère qui règne dans cette grande pièce féérique. Avec un large sourire, j'agrippe au hasard une étiquette de prix pour la regarder dans une grimace. 250 dollars ?! Qui a les moyens d'acheter un déguisement du Joker si cher?

-Je ne crois pas qu'on va trouver quelque chose ici, affirmai-je, c'est au-dessus de mes moyens. 

-Si tu veux, il y a une section en rabais, répond Livai en me pointant le coin du fond.

-Ah, merci.

Je m'avance vers la section, souhaitant trouver quelque chose de magnifique en dessous de 20 dollars. C'est tout ce que j'ai sur moi. En mordillant ma lèvre inférieure, je fouille à travers les costumes moins chers. La qualité a beaucoup diminué et il y a peu de choix. Ça reste dispendieux malgré tout et seuls les habits pour enfants répondent à mes besoins.

Deux mains pincent mes côtes, me faisant sursauter. Cette partie de mon anatomie est atrocement sensible, donc je me retourne avec colère vers celui que je crois être Eren. C'est avec surprise que je me retrouve face à un Reiner souriant qui est accompagné par son fidèle meilleur ami, Bertholdt.

-On a eu la même idée, on dirait! Remarque joyeusement le blond, tu as trouvé quelque chose à ton gout?

Je me calme même si mes hanches restent douloureuses. Quelle est cette abominable façon de saluer quelqu'un? Je me force à lui sourire :

-Pas encore. Tout est beaucoup trop cher... C'est Livai et Eren qui ont eu l'idée de venir ici. Donc vous venez à la fête?

-On ne manquerait l'anniversaire de Armin pour rien au monde, répond fièrement Reiner, on croit avoir une idée de déguisement qui va être géniale.

-Eren est où? S'enquiert curieusement Bertholdt, je ne le vois pas...

À la question du grand brun, je tourne la têtepour chercher mon meilleur ami et son acolyte. Sans surprise, ils m'ontabandonné. Suis-je si peu important? Un soupir de désespoir franchit la barrièrede mes lèvres, blessé d'être à ce point inutile dans leur vie.