Arrivés à l'étage, devant les dortoirs, Djao toqua doucement à une porte située sur la droite. Les mêmes peintures aux motifs d'animaux se prolongeaient à l'étage. Stephen se sentait fier et essayait de paraître le plus détendu possible, même s'il avait attendu ce moment depuis des mois. Raya, en revanche, avait attendu des années ; Stephen relativisa et se sentit heureux de devenir un père protecteur.

« Raya ? Nous avons fini les signatures d'adoption. As-tu besoin d'un peu de temps avant de venir ? Ton papa est là ! »

Une petite voix se fit entendre, et une silhouette ouvrit doucement la grande porte. La petite fille de 4 ans qu'était Raya levait la tête devant les deux personnes devant lui. Un petite fille aux grands yeux noisettes fixaient, d'un air curieux Stephen. Elle portait des boucles d'oreilles dorées et un petit sari rouge. Elle avait l'air de tenir quelque chose dans ses petits poings fermés. Elle resta d'abord surprise, mais silencieuse. Stephen ne voulant pas la brusquer, lui sourit doucement.

« Bonjour Raya. Je suis ton papa, Stephen. Comment vas-tu ? »

Elle ouvrit la bouche, toute surprise, et sourit d'un air malicieux.

« Tu es bien mon Papa ! Ca y est, j'ai un papa !! » dit-elle en rigolant avec sa petite voix d'enfant.

« Oui, c'est bien moi. Comment te sens-tu ? »

« J'ai beaucoup pensé à ce jour, et hier soir j'étais très heureuse au moment de m'endormir, de me dire que je vivrai dans une famille. J'ai attendu ce jour depuis... très longtemps. Je ne savais pas que quelqu'un vivant aussi loin vienne me chercher depuis mon pays montagneux. » Elle lui fit un câlin au tour de la taille.

« Nous serons une famille. Tu n'es pas seule, et je serai là. Il me semble que tu aimes les panthères, non ? » lui demanda-t-il en lui offrant le jouet.

« S'il te plaît, baisse la tête je voudrais t'offrir un cadeau. »

Il se baissa et elle lui offrit un collier de fleurs rouges et oranges en guise de cadeau de bienvenue. Encore une fois, la petite eut un regard heureux mais surpris, serra le jouet dans ses bras, puis tendit ses bras vers Stephen.

« Papa, je voudrais un câlin ! »

Stephen avait du mal à retenir son émotion, la réaction de la petite fille était attendrissante et aussi émouvante. Il la prit dans ses bras, elle serra son jouet (qui était resté dans ses mains). Raya s'aggripa à un morceau du vêtement de Stephen.

« J'avais hâte de te rencontrer Papa ! » dit-elle en posant sa tête sur l'épaule de Stephen.

« Je te le répète sincèrement, tu ne seras plus seule Raya. Nous allons apprendre à nous connaître, je te ferai découvrir la ville où j'habite, ma maison... Je t'ai préparé une belle chambre ».

« Une chambre pour moi ? »

« Oui. Pour toi. Tu auras ta propre chambre, on pourra continuer de la décorer. J'ai déjà peint les murs, j'ai préparé ton lit pour ton arrivée. »

« A l'orphelinat on s'occupait de moi, mais... Merci, je suis émue, merci. »

« Je ne doute pas de tout l'amour que l'orphelinat t'a offert, mais je comprends que tu sois émue. Si des souvenirs sont trop douloureux, tu pourras ne pas tout me dire. Je suis conscient que lorsque nous retournerons à New York, tu débuteras une nouvelle vie. Les étapes sont importantes et je suis conscient qu'une nouvelle vie t'attendra avec moi là-bas, et je serai toujours prêt à t'aider. »

Amrita observait un peu en retrait la rencontre entre Stephen et Raya.

« J'ai signé les papiers Raya, tu ne rêves pas. On va vraiment rentrer... »

« A la maison !! » s'écria-t-elle d'une petite voix joyeuse.

« Oui. Je te pose d'accord ? » dit-il en baissant doucement ses bras.

Les pieds sur terre, Raya releva la tête en direction d'Amrita. Raya avait l'air d'avoir des étoiles dans les yeux. Un petit regard malicieux et un grand sourire se dessinèrent sur son visage.

« Je vais rentrer à la maison Amrita ! »

Amrita inclina la tête doucement, en souriant, en signe de respect à Stephen et Raya.

« Oui. Je suis très heureuse pour toi ». Elle regarda Stephen et Raya tour à tour et continua : « M. Strange, je sais que votre route sera longue, que vous serez sans doute émus chacun, car la vie de famille est toujours une grande aventure. Mais sachez que l'amour entre un parent et une fille comme vous deux vous apportera chacun beaucoup. »

« Merci de m'avoir permis de rencontrer Raya, Amrita. » dit Stephen qui imita Amrita, en s'inclinant, les mains jointes. Raya était resté aux côtés de Stephen, elle tenait son jouet dans les main.

« De rien, j'ai cru comprendre que vous retournerez bientôt en Amérique n'est-ce pas ? »

« Oui, mais nous allons d'abord dormir dans la ville avant de repartir. Avec la permission de Raya j'irai d'abord dans un temple avant de repartir pour... honorer le souvenir de quelqu'un qui m'était cher. »

« Qui est cette personne, Papa ? » demanda d'une voix vive la petite fille.

« Une grande amie elle s'appelait Yao. Mais elle était surnommée l'Ancienne dans le temple où elle enseignait. Cette amie m'a permis de découvrir une partie de ta culture il y a quelques années. J'ai passé des mois dans un temple à ses côtés. Elle.... N'est plus là, mais je suis sûr qu'elle aurait aimé te connaître. »

« Peut-être que... ton amie a décidé, depuis l'au-delà, de notre rencontre... En Asie, nous croyons souvent que les vies de chacun sont plus liées qu'on ne peut le croire. Les esprits veillent sur leurs familles. Elle a l'air de t'avoir beaucoup apporté. »

Le père super-héros lui sourit. Il n'était pas facile de tout expliquer à Raya, car Stephen avait découvert et maîtrisé ses pouvoirs au Népal. Il ne pouvait pas dévoiler toute son histoire, surtout en public, devant Amrita. Il leva la tête et aperçut deux petits garçons, qui écoutaient au fond du couloir Stephen, Raya et Amrita. La petite fille les aperçut et dit brusquement.

« Papa, avant de partir... Je peux dire au revoir à Namdu et à Tashi ? »

« Bien sûr Raya ! »