[Eldarya] Franchissement du Point de Non Retour

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Commande d'OS réalisée pour  freegarden.

Taille de l'OS : OneShot


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Assise sur les créneaux du plus haut rempart de notre citadelle, je balance mes jambes dans le vide. J'observe l'étendue d'herbe onduler au loin, dans la plaine. J'ai l'impression de voir les vagues d'un océan. J'ai l'impression d'être sur la proue d'un navire qui reste sur place, empêtré dans une mer d'algue où le vent ne souffle plus.

Aujourd'hui, je me suis encore prise une soufflante. Par Valkyon. Une espèce de pimbêche de l'Ombre s'en prenait à une jeune Absynthe, sous prétexte qu'elle n'était pas aussi svelte et sensuelle que les autres filles. Quand j'ai entendu les insultes que l'autre nouille proférait à l'encontre de l'Absynthe, ça m'a fait sortir de mes gonds. Et puis quoi encore ? Est-ce que je viens lui chercher des noises parce que sa tronche me revient pas, à moi ?

Évidemment, en me voyant arriver, la nana de l'Ombre est tout de suite montée sur ses grands Sabalis. Ben oui, habillée comme je suis, c'était couru d'avance. La pimbêche s'est fichu de nous, l'Absynthe parce qu'elle était trop grosse pour entrer dans ses critères esthétiques, et moi parce que j'en ai rien à faire de mon apparence. Je ne porte pas de jupe, mais juste un short aux bordures fourrées et un vieux débardeur rouge. Je n'ai pas une longue chevelure soyeuse mais un simple carré noir que ébouriffe le matin. J'ai pas vraiment de formes à mettre en valeur, alors pourquoi passer des heures devant un miroir à affiner un reflet qui n'existe pas ? Je préfère cent fois plus m'habiller en deux minutes pour aller participer au concours de mangeur de nuages de sucre régulièrement organisé par les garçons à la cantine.

Bref, cette pauvre fille au corps voluptueux et bien trop développé pour son âge nous a mangé comme des biscottes. Elle n'a vraiment pas été avare en insultes et autres méchancetés. J'avoue que j'ai été à cours d'arguments. Tout ce que je pouvais dire pour nous défendre rebondissait sur sa poitrine comme des bulles de savon. Ça ne m'arrive pas souvent, mais dans ces cas-là, quand les mots ne suffisent plus, je laisse parler mes mains.

Je l'ai frappé. J'ai frappé cette pauvre fille de l'Ombre. Devant tout le monde. Le bruit de la claque a intimé le silence à toute l'assemblée. Quand mon regard a croisé celui de Valkyon, j'ai surpris cet air étonné sur son visage. Je sais qu'il en attend plus de moi. Plus de contrôle, plus de tolérance, plus de sang froid. Il sait bien que je ne peux pas rester de marbre face à de la méchanceté gratuit. Pourtant, il attend de moi que je sois plus mature et plus réfléchie.

Ses sourcils se sont froncés. Étant mon supérieur, il se devait de me réprimander. Quand il s'est levé, j'ai remarqué la personne avec qui il discutait. Nevra. Je suis restée focalisée sur le vampire tandis que Valkyon s'est approché de moi.

Le grand baraqué m'a enguirlandé comme jamais, insensible à mes objections, me moralisant et me promettant des travaux d'intérêt généraux pour la garde de l'Ombre pour ce manque de respect dont j'ai fait preuve. De quoi me donner une bonne leçon, m'a-t-il dit.

Nevra n'en a pas raté une miette. Pire encore, l'autre saleté de pimbêche est allée se collé à lui, pour bien me montrer à qui revenait la victoire de l'altercation. Elle, elle ne s'est pas faite reprendre par son chef, pendant que moi, je me suis faite engueuler comme une gamine devant tout le monde.

-Merci Valk', tu me revaudras ça, grincé-je en lançant un caillou du haut des remparts.

-Tu sais bien que je n'avais pas le choix.

La tignasse de cheveux blancs de mon chef dépasse du muret qu'il vient de gravir pour me rejoindre. J'ai reconnu le son de son pas et de son souffle. Même les yeux bandés, je serais capable de le reconnaître entre mille. Je grogne pour lui signifier que "oui, je sais qu'il n'avais pas le choix", mais que "non, ça me plaît d'avoir été humiliée en public".

-Je t'ai dis plus d'une fois de retenir tes coups. Tes poings ne sont pas la réponse à tout, Celestia.

-Ils ont pourtant fait fermer sa bouche à l'autre pouffia-

-Celestia ! me réprimande une fois de plus Valkyon.

Il souffle bruyamment, ne trouvant pas de mots pour me raisonner, puis dirige son regard vers l'horizon.

-Si le vent gonfle tes voiles et te pousse dans la mauvaise direction, vas-tu le frapper ?

-Bien sûr que non, ris-je. On ne peux pas frapper le vent.

-Que vas-tu faire alors ?

Je réfléchis un instant pour imaginer la réaction que j'aurais dans ce type de situation.

-Je baisserais les voiles en attendant que le vent tourne et prendrais mon mal en patience.

-Bien. Alors considère les personnes qui t'entoure comme une brise, me conseille Valkyon. Une simple brise.

-Ouais, mais attends, je peux les frapper, eux, m'insurgé-je.

-Celestia ! Ignore-les, laisse couler leur insultes. Ils ne doivent pas t'impacter. Un bon guerrier garde son sang froid en toutes circonstances. Dès l'instant où cette fille t'a énervée, elle a gagné.

-Hum, si tu le dis. N'empêche, c'est elle qui aura la trace de mes doigts sur la tronche toute la journée.

Un hoquet secoue Valkyon quand je me rends compte qu'il n'a pu se retenir de rire. Il essaye de me moraliser, mais il me connait trop bien. Il sait que j'apprends à mon rythme et que me rabâcher des directives n'aide pas forcément.

-Tu m'en veux, Valk' ? lui demandé-je en me relevant, pour éviter son regard.

S'il est déçu de mon comportement, je ne veux pas avoir à subir la contrariété de son regard sur moi.

-Non, je ne t'en veux pas, Celestia. Mais je n'aime pas avoir à te disputer comme ça.

Il est sincère, je le sais. Il l'est toujours. Je l'aime énormément pour ça. Je vois en Valkyon comme un grand frère. Il me protège toujours, que ce soit des créatures pendant nos missions, des autres membres de la Garde quand ils s'en prennent à ma féminité et ma maturité ou même de moi-même et mes réactions des fois franchement débiles !

-Alors ne le fais pas, ne me fâche plus ! lui suggéré-je, le sourire jusqu'aux oreilles en relevant les bras au dessus de ma tête pour les croiser sur ma nuque.

-Essaye de ne pas t'attirer trop ennuis bêtement alors, p'tite tête.

C'est sur une note plus joyeuse que je dégringole les différentes échelles qui me séparent du plancher des crylasms. Il faut que j'aille discuter avec Nevra. Je veux m'assurer de ne pas avoir trop baissé dans son estime. Mais je me tiens prête à tout faire pour y remonter si c'est malheureusement le cas. Nevra a été mon premier ami à Eel. Avant même que je n'entre dans la Garde, c'est lui qui m'a tendu la main.

Depuis nous sommes très amis. Je ne comprends pas qu'il puisse accepter de telles personnes dans sa Garde. Je voudrais aller lui exposer mon point de vue à défaut d'exploser la figure de cette minette. Alors que je longe les jardins de la citadelle pour entrer dans le quartier général par la porte de service, je percute violemment une masse de parchemins qui se répand au sol sous l'impact.

-Aouuuch, gémit une jeune brownie aux oreilles de lapin et à la chevelure rousse.

-Oh pardon Ykhar, je ne regardais pas où j'allais, m'excusé-je aussitôt en aidant la bibliothécaire à ramasser le fruit de son labeur.

-Comme toujours, Celestia, me sourit-elle en récupérant le rouleau scellé que je lui tends.

-Que fais-tu avec tout ça ? Tu vends des informations à l'ennemi ou quoi ?

Soudain, la lapine se contracte, frémit et jette de grands yeux ronds sur moi, choquée, le teint virant au blanc, puis au vert.

-P-p-pourquoi tu d-d-dis ça ?

-Mais je plaisante, Ykhar ! ris-je, amusée de la réaction stressée de la bibliothécaire.

Ykhar est une personne adorable. Stressée, hystérique, super-active, mais adorable. Elle prend la moindre blague au pied de la lettre et je ne doute pas un seul instant qu'elle s'imagine sans mal se voir pendre au bout d'une corde pour le moindre mal-entendu.

-Je voulais juste te faire marcher, ricané-je, comme une grosse gamine en lui donnant une tape sur l'épaule.

-Fais pas ça, Celestia, supplie-t-elle, la voix encore en otage de sa frayeur. Tu vas me faire avoir une crise cardiaque.

Comme je ne réponds pas et n'ai pas l'intention de m'excuser pour cette petite boutade, elle se sent obligée de se justifier.

-Ce sont les données des années précédentes sur les taux et fluctuations du marché. Le chef du commerce me les a demandé pour pouvoir rééquilibrer les prix actuels qui flambent et ruinent nos Gardiens. Si tu veux, tu peux m'accompagner pour vérifier. C'est Miiko qui m'a donné son accord. Je t'assure que je ne vends aucune information à qui que ce soit. Je...

-Ykhar, Ykhar, t'emballes pas, j'ai compris. Je plaisantais, d'accord ? Vraiment. Je ne te soupçonnerai jamais de traitrise. Te connaissant, tu te ferais griller avant même d'avoir songé à un plan, la rassuré-je.

La brownie reprend sa respiration, puis après un sourire crispé, elle me propose :

-J'aurais bien besoin d'un verre, après ma livraison. Ça te dit de m'accompagner ?

-Euh, c'est à dire que j'avais d'autres plans, me gratté-je la tête.

Comme allez voir Nevra, par exemple.

-Oh, d'accord, me répond Ykhar, déçue. Si jamais tu changes d'avis, je serai à la nouvelle taverne qui vient d'ouvrir sur la grande place : la Taverne du Dé à Coudre. A ce qu'il paraît, ils font des liqueurs de fruits à tomber par terre. Littéralement.

-J'en ai entendu parler, oui. Je te remercie pour l'invitation, mais je ne pense pas venir, désolée.

-Ce n'est rien, ne te bile pas pour si peu, j'irai y faire un tour voir si je croise des têtes connues.

Elle me gratifie d'un hochement de menton, à défaut d'un signe de main, puis poursuit son chemin vers la place du marché. Je file donc vers le bureau du Chef de l'Ombre pour pouvoir discuter avec lui, mais il ne s'y trouve pas. Après l'avoir cherché dans les endroits habituels où il peut trainer, je me décide à jeter un coup d'œil à sa chambre. Ce dernier recours était le bon, puisque j'entends sa voix mielleuse, à peine entrée dans le corridor. Je susurre suffisamment fort pour que ses oreilles de vampires m'entendent, mais pas assez pour que sa conquête soit alertée de ma présence :

-Encore en train de dragouiller une midinette, Nev...

La fin de son prénom s'évapore dans l'atmosphère du couloir. Nevra est bien là, devant nos portes de chambres, avec une nana. Elle s'appuie dos au mur, Nevra près d'elle, se calant sur le chambranle de sa porte sur son avant-bras. Lui, lui fait les yeux doux et elle, elle roucoule. J'en reviens tout simplement pas. Toutes mais pas cette fille. Celle avec qui j'ai eu une altercation tout à l'heure. Cette espèce de petite pimbêche avec son sourire suffisant, son regard hautain, son cerveau aussi petit qu'une cerise et ses nichons plus gros que son cul !

Je retiens ma mâchoire de se décrocher. J'aimerais vraiment pouvoir leur en coller une, à l'un comme à l'autre. Je reste plantée comme une débile tandis que Miss Gros Lolo lèche Nevra du regard. C'est à vomir ! Elle veut le bouffer tout cru et il en est content. Je sais pas ce qui est le pire. Qu'il drague cette nana en particulier -on est amis, Nevra et moi, il a bien vu qu'avec cette fille, c'était pas la grande histoire d'amour, il devrait la haïr par solidarité avec moi- ou que ça fasse monter une rage insoupçonnée en moi.

Je me rappelle des paroles de Valkyon. Garder mon sang froid, je dois me contrôler. Faut pas que je me ridiculise davantage devant Nevra en piquant une crise. Ainsi donc, je reprends ma marche pour aller jusqu'à ma chambre. Il n'est pas question que je m'aplatisse et que je fasse demi-tour. J'avance d'un pas bien décidé droit sur le couple de tourtereaux.

Bon sang ce que j'ai envie de la cogner, cette pauvre fille ! Gardant la tête haute et tâchant de les ignorer, je m'incruste entre eux deux et prends bien le temps de chercher la clé de ma chambre dans ma proche.

-Hey, t'as pas l'impression de gêner, la cul-terreuse ? me lance Miss Gros Lolo.

J'inspire profondément pour ne pas me laisser toucher. La bouse de Mowgliz n'atteint pas le blanc Sowige, reste zen Celestia.

-Vous êtes devant ma porte, expliqué-je le plus calmement du monde.

-Excuse-nous, sourit Nevra en posant la main sur l'épaule de sa conquête pour lui faire comprendre qu'ils feraient mieux de décamper.

Sauf que la pimbêche ne l'entend pas de cette oreille. Évidemment.

-Non mais attends, pourquoi nous devrions bouger ? C'est pas encore l'heure de dormir, même pas pour les enfants comme toi, insiste-t-elle sur ce dernier terme. T'as pas besoin d'aller dans ta chambre, la cul-terreuse.

-Ne la cherche pas, s'il te plaît, tente de la raisonner Nevra.

-Pourquoi ? Elle va encore me gifler ? Qu'elle le fasse et elle se fera bannir de la Garde.

J'entends bien à sa voix qu'elle jubile d'avance de ma colère à venir.

-La gifle, ce n'était que les présentations, lui affirmé-je avec le sourire le plus hypocrite dont je sois capable. Et j'ai besoin d'aller à ma chambre, parce que moi aussi, j'ai une vie.

-Ah oui ? Tu sors avec Jamon, ce soir ?

J'vais la dégommer si elle continue, bordel ! Il a fallut que je m'empêtre toute seule dans ma connerie et évidemment, elle saisit la faille pour me pousser dos au mur !

-Je sors avec quelqu'un, oui... réfléchis-je à grande vitesse. Mais pas avec Jamon.

-Non, bien sûr, même lui est trop élégant pour toi, ricane l'autre truffe.

Vite, une idée ! Je dirais bien que j'ai mis le grappin sur Ezarel ou Leiftan. Toutes les filles les adulent et ce serait un gros coup pour cette pauvre fille, mais je sais bien qu'elle me croirait pas une seconde. Déjà que les filles canons se font jeter comme des chaussettes par les deux garçons, alors moi...

Quand soudain, j'ai l'illumination. Mignon, drôle et suffisamment inaccessible pour être crédible. Le mec parfait pour mon alibi vient de franchir le coin du couloir et je compte bien saisir l'occasion.

-Ce soir, je sors avec Chrome, annoncé-je fièrement en faisant des grands signes de main au jeune loup garou.

Ce dernier hausse un sourcil, interpelé par mon comportement tandis que les deux Ombres me regardent, perplexes. D'un geste habile, je déverrouille la porte de ma chambre, saisis le premier objet qui traîne sur le meuble à l'entrée et fait mine que c'était ce que j'étais revenue chercher.

-Je suis prête Chrome, on peut y aller, lui lancé sans lui laisser le temps de répliquer.

La bombasse de l'Ombre me saisit le poignet et lève ma main à hauteur de ses yeux.

-Et tu a besoin de "ça" pour sortir avec le louveteau ?

Aussitôt, mon regard se dépose sur ce que j'ai pris. Un sachet d'aliments pour valuret, les Bonbons d'Amûre. Oups.

-Tu comptes séduire un chiot en lui lançant des croquettes, c'est ça ? raille Miss Gros Lolo.

Chrome s'approche de nous, curieux de voir à quoi je l'ai mêlé.

-C'est que... non, c'est pas pour lui... c'est pour moi ! Oui, pour moi, bafouillé-je.

Même Nevra me regarde interloqué. Il doit se demander quel spadel m'a piqué.

-Celestia, t'as pas de valuret, qu'est-ce que tu comptes faire avec ça ? me questionne-t-il.

J'agrippe alors le bras de Chrome pour être crédible dans mon bobard. On est sensé sortir ensemble après tout. Il tente de se dégager, ne comprenant pas ce qu'il me prend, mais je serre davantage mon étreinte pour l'empêcher de se faire la malle.

-Je sais, j'ai gardé le valuret d'une amie, il y a quelques temps. Elle était partie en mission, tu vois, alors je me suis occupée de son familier.

Bon sang Celestia, c'est pas bon de mentir, je m'enfonce toujours plus loin dans ma bêtise.

-Et donc ? Tu en as gardé pour l'apéro, c'est ça, questionne la pimbêche en abhorrant un sourire victorieux sur son visage.

-Eh bien figures-toi que mélangé à certains alcools, ces petits bonbons ont un effet explosif ! me pavané-je, en inventant n'importe quoi. Et Chrome et moi, on a décidé d'aller se bitturer la tronche à la Taverne du Dé à Coudre pour tester tout ça.

-Hein ? tente de se défendre mon alibi.

Un coup de coude dans les côtes le remet vite à sa place et le temps qu'il récupère son souffle, il ne me grillera pas face aux deux Ombres. Je me dépêche d'emmener Chrome avec moi, vers la sortie du bâtiment pour filer à l'anglaise. Une fois dehors, je m'excuse platement pour mon comportement auprès du jeune loup. J'espère qu'il m'en voudra pas.

-C'est rien, je comprends, me pardonne-t-il en se massant les côtes.

-T-tu comprends ? Comment ça, aussi facilement ?

-Bah ouais, t'es juste jalouse. Les filles font plein de conneries quand elles sont jalouses.

-M-m-mais jalouse de quoi ? m'injuré-je. Je suis pas jalouse du tout ! Qu'est-ce que tu viens me raconter là ?

-T'as pas craqué sur Nevra, comme toutes les autres ? J'aurais cru pourtant. Ton comportement le laissait penser.

Je ne peux qu'ouvrir des yeux ronds comme des soucoupes face à cette remarque du jeune loup. Mais d'où il est allé chercher de telles informations ? Craqué sur Nevra ? Impossible, on est amis. Je l'adore, c'est sûr. Je l'aime énormément, mais... de là à être jalouse de ses conquêtes... ça voudrait dire que mes sentiments seraient plus poussés que de la simple amitié et ça, c'est juste pas possible.

-Pas possible, tu entends ? conclus-je, comme s'il avait suivit le fil de ma pensée.

-Hum, si tu le dis, se fiche-t-il de moi gentiment. Bon, tu me payes un verre, alors ?

-T'en rates pas une, hein ? m'exclamé-je.

-Je sers d'alibi, faut être crédible jusqu'au bout. Et puis, je suis pas encore allé dans cette nouvelle taverne.

Soit, il n'a pas tort, nous décidons donc de rejoindre Ykhar au Dé à Coudre pour siroter quelques liqueurs. Quand nous poussons les lourdes portes en bois, la brownie est en train de s'installer avec un shooter de liquide transparent au fond de la salle. Je lui fais un grand geste, ce qui l'affuble d'un immense sourire joyeux et j'interpelle le tavernier pour lui signifier qu'on aimerait avoir la même chose que notre amie.

Comme l'a dit Ykhar un peu plus tôt, les liqueurs de fruit de cette maison sont à tomber par terre. Pour être bon, ils sont bons. En fait, je ne sais pas trop. On sent pas trop le goût, je crois. Le premier shooter m'a complètement cramé les papilles et fait fondre l'œsophage. Mon estomac est en feu et je suis presque sûre que je pourrais cracher des flammes comme un dragon, si je le voulais.

Je raconte l'altercation dans le corridor à Ykhar, agrémenté par les observations de Chrome et nous ricanons tous les trois comme des pochtrons.

-Dis donc, les verres sont p'tits, mais c'est efficace leur truc, articulé-je en retournant un énième verre sur la table.

-Moi, je dis demain matin, pa'ce que là fais chaud, hein ? bafouille Chrome. Y a des papillons qui creusent dans ma tête. Tu crois qu'Kero y peut attraper des cerceaux ave' sa corne ?

Ykhar et moi nous regardons et explosons de rire.

-Okey, on perdu Chrome, ris-je en tapant de la main sur la table.

-Mais non, j'suis là, tu m'vois pas ? s'étonne-t-il, rendu trop crédule à cause du taux d'alcoolémie dans ses veines. J'veux aller faire dodo, Celes'ia, tu veux êt' mon doudou ?

-Ah non merci mon petit Chromignon, mais moi aussi j'ai besoin de dormir.

Nous déterminons à Shifumi qui d'Ykhar ou moi sera chargée de ramener Chrome à sa chambre. Pour une fois, j'ai gagné et pendant qu'Ykhar encourage un Chrome très dissipé à poursuivre son chemin vers le quartier général, je titube vers le corridor. Même si je suis pas aussi impactée que le jeune loup par l'alcool, il n'empêche que je ne suis pas au meilleur de ma forme.

J'ai beau m'évertuer autant que je le veux, je n'arrive pas à rentrer ma clé dans la serrure de ma porte. Quand enfin j'y parviens, celle-ci ne veut pas tourner. C'est quand même bien la meilleure. On devrait avoir des clés à reconnaissance Maanale, pour que la porte s'ouvre automatique à l'approche de son propriétaire.

Lasse et passablement agacée d'essayer d'ouvrir ma porte dans le plus grand silence, parce que si j'ai le malheur de réveiller les autres gardiens à une heure si tardive de la nuit, je vais me faire incendier, je sors mon glaive.

Mon superbe glaive qui ne me quitte jamais. Cure-dents, couteau à saucisson, coupe-ongle, raboteur pour les meubles bancales et optionnellement, arme de poing. J'adore mon glaive, il fait tout. Cette nuit, il a va encore pouvoir afficher une nouvelle utilité à son curriculum vitae : pied-de-biche.

Je coince le bout de ma lame dans l'embrasure de la porte et force comme une tarée jusqu'à faire céder le bois dans un craquement. Rapidement, avant que le bruit ne rameute du monde, je flanque un grand coup de pied dans la porte, ce qui l'ouvre à la volée, me précipite dans la pénombre et referme derrière moi. Dos contre le bois, j'écoute le silence pour m'assurer qu'une Miiko énervée ne hurle pas dans les couloirs en proférant des menaces.

-Mais bordel ! Qu'est-ce que tu fous ? s'injure une voix que je connais bien.

-Nevra ? Qu'est-ce tu fais dans ma chambre ?

Une lumière s'allume. Je ne suis pas dans ma chambre. Je suis dans sa chambre, celle de Nevra. Et il n'est pas seul. La fille remonte les draps pour cacher sa nudité. Cette fille. Cette espèce de petite pourriture que j'ai furieusement envie d'étriper, là, maintenant, tout de suite !

-Dans TA chambre ? Déconnes pas, Celestia, tu te fiches de moi !

Nevra descend du lit, trop en colère pour prendre le temps de cacher ses atours. C'est quand il s'avance vers moi et que je m'efforce de détourner le regard qu'il percute et s'empare brutalement des draps pour s'en faire un superbe kimino de secours. La petite pouffe, à nouveau nue aux yeux de tous, hurle et se jette au sol pour se cacher derrière le lit.

-Tu te fous de moi, c'est ça ? Qu'est-ce qui te prend en ce moment ? Tu pète un plomb pour un rien et tu deviens ingérable.

-Moi, je pète un plomb pour un rien ? Je suis juste choquée par le comportement douteux des membres de ta garde, explosé-je avec de grands gestes alors que le vampire s'approche de moi, menaçant.

-Bon sang, tu empestes l'alcool. T'es complètement bourrée ou bien ?

-Je te l'ai dis, je suis sortie avec Chrome et on s'est mis sévère ! me vanté-je en croisant les bras derrière ma tête.

-Vous avez mangé vos croquettes, alors ? se moque la pouffe, à nouveau vêtue de sa petite culotte et d'un t-shirt à Nevra.

Je n'ai le temps de dire qu'une seule chose avant de lui sauter dessus.

-Toi, j'vais te faire morfler !

Tout ce que je me souviens de ce qui s'est passé ensuite, ce sont des cris. De la fille, de Nevra qui essayait de nous arrêter, de moi qui la menaçait en la frappant et une autre voix, très très en colère. J'ai du recevoir un coup sur la tête, parce qu'à partir de là, c'est le trou noir.

Quand je me réveille, j'ai froid, j'ai mal et je suis installée de façon sacrément inconfortable. Quand j'ouvre les yeux, c'est l'atmosphère du lieu qui me révèle d'emblée où je me trouve. Dans les cachots. Je suis dans une cellule coincée entre deux murs de pierres sur lesquels suinte une eau poisseuse et glaciale.

-Enfin réveillée ?

Je me retourne vers les grilles de la porte et tombe nez à nez avec Miiko et Nevra. La Kitsune, qui vient de prendre la parole, n'a vraiment pas l'air de bonne humeur. Elle est encore en pyjama, les cheveux ébouriffés, les poings serrés sur ses hanches.

-Tu te rends compte du cirque que tu as fait, Celestia ? Si Valkyon n'était pas venu me supplier d'être clémente, je t'aurais déjà jeté dans le bassin des Piranhions. Tu auras un bon paquet de remontrances demain, avec autant de tâches à t'acquitter pour compenser tout le sommeil que tu me fais perdre. Et il est précieux, mon sommeil ! hurle la Chef de l'Étincelante.

Sur quoi, elle s'éloigne, le pas vif et retourne se coucher. Je reste donc seule, dans ma cellule, avec Nevra, renfrogné et me fixant, le regard rancunier.

-Vas-y, engueule-moi, qu'on en parle plus, lui proposé-je.

Il secoue la tête de gauche à droite, exaspéré par mon comportement.

-Tu fais chier, tu sais ça, Celestia ? grogne-t-il.

-Pardon ? C'est moi qui suis en cage, là, non ? m'outré-je.

Nevra se lève, fait les cents pas quelques instants avant de venir se camper devant les barreaux de ma nouvelle chambre.

-Tu comprends pas, c'est ça ?

-C'est toi qui comprends pas, m'énervé-je. Je peux pas la saquer cette pauvre fille. On est amis, Nevra. Toi et moi, on est amis. Si ça voulait dire un minimum pour toi, tu ne te l'enverrais pas à la moindre occasion.

-Pourquoi tu crois que je me suis rapprocher d'elle, hein ?

-Oh bah ça, fis-je les gros yeux en me refermant sur moi-même, croisant les bras sur ma poitrine. T'es le seul à avoir ce type de réponse. Je veux pas connaitre le fonctionnement de tes pulsions zarbes.

-C'est bien ce que je dis... tu comprends rien.

Faut croire que non, en effet. Je pensais que Nevra et moi avions une sorte de lien, un sentiment partagé. Mais apparemment, je ne le connais pas aussi bien que je le croyais...

-Quand je te vois avec Valkyon, ça me rend fou, commence-t-il.

-Pardon ? lâché-je, choquée. Qu'est-ce que tu entends par "avec Valkyon" ?

-Vous êtes tout le temps fourrés ensemble, collés l'un à l'autre à discuter et sourire comme si vous vous connaissiez depuis toujours.

-Mais qu'est-ce que t'es allé te mettre dans la tête ? Valk' et moi, on est... on est... comme frère et sœur, tu comprends ? Il me protège, me remonte le moral, me réprimande quand c'est nécessaire et me défend. En aucun cas il pourrait y avoir autre chose entre nous.

-Je sais bien, mais...

-Mais quoi ? Explique-toi que je vois où tu veux en venir, Nevra, parce que là, tu m'aides pas.

-Toi et moi, on est amis depuis plus longtemps, bien avant que tu ne connaisses Valkyon et pourtant j'arrive pas à m'approcher plus de toi.

-A t'approcher ? m'enquis-je.

-Cette après-midi, j'ai voulu aller te voir après ta querelle. Je voulais te féliciter d'avoir tenu tête à une aînée, de l'Ombre qui plus est. Quand je suis arrivé près des remparts, je t'ai vu collée à Valkyon. Ça aurait du être moi, là haut avec toi !

-Mais... pourtant après je t'ai cherché, et tu étais avec... elle !

Nevra détourne le regard quelques instants, gêné, puis poursuit :

-C'est petit, je sais, mais j'ai voulu te blesser pour voir si tu tenais à notre amitié. J'ai rien trouvé de mieux que de faire du rentre dedans à celle que tu détestes.

-Quelle idée ingénieuse ! ironisé-je.

-Pourquoi t'es comme ça, aussi ?

-Exprime le fond de ta pensée, lui suggéré-je.

-Toutes les filles me courent après. C'est pas de la vantardise, c'est une constatation, m'explique Nevra. Le truc, c'est que j'en ai rien à foutre d'elles. La seule fille pour qui j'éprouve de l'intérêt et de l'affection, il a fallut que ce soit celle qui n'en a rien à fiche de moi.

Le vampire se tait, ne prononce plus un mot. Il vient de se rendre compte de ses paroles et retient sa respiration. Dans l'attente. Moi, je suis en train de réaliser que l'amitié qu'il ressent à mon égard a peut-être franchir une frontière dont on ne revient pas. Un point de non-retour qui, une fois dépassé, laisse forcément des séquelles.

-Nevra, je...

Mais mes mots s'étranglent dans ma gorge. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je suis surprise par cette révélation. J'étais loin de me douter des sentiments que peut avoir Nevra à mon égard. Surtout qu'il a une étrange façon de les montrer. Pourquoi ai-je envie de sourire tout d'un coup ?

-Je... tenté-je de mettre des mots sur mes émotions. J'en ai pas rien à fiche de toi, Nevra. Déjà avant, ton avis et ton regard sur moi m'importait beaucoup. C'est pour ça que je te cherchais. J'ai pas envie que tu vois en moi qu'une gamine puérile et bagarreuse.

Puis je me rattrape aussitôt :

-Oh je le suis, hein ! Gamine et puérile, mais ça m'aurait embêté que tu penses que je me résume à ça.

-Je sais que ce n'est pas le cas, rassure-toi, sourit Nevra en coin.

-Je voulais juste en être sûre. Quand je t'ai vu avec cette pauvre fille, quelque chose a hurlé en moi. Je saurais pas trop te dire mais je crois que Chrome a raison.

-Chrome ? Qu'est-ce qu'il vient faire dans cette histoire ? m'interroge le vampire.

-Il a dit que si j'avais réagit si violemment, c'est que j'étais jalouse. Je l'ai pas cru, mais je crois qu'il a raison.

Nevra ne répond rien. Il se contente de m'observer sans un mot. Je tente du mieux que je peux d'éviter son regard mais ce n'est pas évident. Nevra a une telle prestance, que même de dos, je sentirais encore son regard argenté sur moi.

-Je crois que... je t'aime bien, tu vois ?

-Non, je vois pas, rétorque-t-il d'un ton calme.

Bien sûr que si, il a compris. Il veut seulement m'obliger à le dire. Je le déteste pour ça ! Je le hais de toute mes forces !

-Ben, tu sais ? J'étais en colère. Parce que même si je voulais pas l'admettre, je me suis rendu compte des sentiments que j'ai pour toi et quand j'ai vu l'espèce de pouffe que tu te tapais, il m'a parut clair que je faisais pas le poids. Tu m'as vu ? Miss Planche à Pain contre Miss Gros Lolo.

-Je croyais que tu complexais pas par rapport à ton physique ?

-Et c'est pas le cas ! Je me plais comme je suis et j'ai pas l'intention de changer pour qui que ce soit. Mais toi... t'aimes les filles, t'sais, pas comme moi, quoi.

-Qu'est-ce que tu en sais ?

Je hausse les épaules pour me décharger de sa question. En fait, c'est vrai, je n'en sais rien. Tout ce que je connais de lui, c'est le reflet qu'il veut bien donner.

-Tu penses que tu peux pas me plaire, c'est ça ? Pourtant je viens de te dire le contraire. Tu ne me crois pas ?

-C'est pas ça, c'est juste que... je suis sûre que tu te fiches de moi.

-Tss, j'vais t'en coller une Celestia ! Tu es bien la dernière avec qui je jouerais à ce petit jeu.

Alors que le silence retombe entre nous, j'entends un hoquet secouer Nevra. Il ricane pour lui-même.

-Miss Gros Lolo ? s'intéresse-t-il.

-Ouais, me décoincé-je. J'ai pas trouvé mieux. Ça lui va plutôt bien, tu ne trouves pas ?

Nevra hausse les sourcils pour me confirmer l'adéquation du surnom avec la personne.

-Je ne connais pas son prénom. L'idée, c'était seulement de te faire enrager.

-C'est réussi. Mais pourtant elle est dans ta Garde. Tu ne connais pas tous tes membres ?

-Non, mais elle n'y est plus pour longtemps, de toute façon. Demain, dès l'aube, elle sera rétrogradée. Manque de respect, discrimination, attentat à la pudeur...

-Attentat à la pudeur ? tiqué-je.

-Tu ne te souviens pas ? Quand tu l'as attaqué, elle s'est sauvée nue dans les couloirs. Tu lui a arraché ce qu'elle portait dans ta colère. Tu me dois un t-shirt d'ailleurs. Le fait est qu'elle est allée se cacher derrière Ezarel. Elle voulait plus le lâcher. Tu ne te souviens vraiment pas ?

Alors là, je suis sur le cul. Comment aurais-je pu rater une scène pareille ?

-Je devais être dans une telle rage que je m'en rappelle pas.

-Maintenant que j'y repense, c'était tellement drôle ! Ezarel était Pyjama. T'as déjà vu l'elfe en pyjama ?

Je lui réponds "non" de la tête, en pleine attente de la suite de l'histoire.

-Il dort en caleçon de soie. Cet idiot n'a pas pris le temps de passer un peignoir pour sortir et l'autre cruche s'est collée à lui comme une grosse flagadouille sur son rocher ! C'est vraiment dommage que tu ne te souviennes pas de sa tête. Il hurlait le pauvre. Il était prisonnier de l'autre hystérique et toi qui était prête à le transpercer pour atteindre ta cible. Heureusement que Miiko t'as cogné avec son bâton, t'aurais eu de sacrés ennuis, sinon.

-J'imagine... meurtre d'un Chef de Garde, je me doute que ça vaut le cachot à vie ou un bannissement d'Eel.

-Oh non, je parle pas de ça. Je pense surtout à toutes les groupies d'Ezarel, ses Ezclaves. Elles te seraient toutes tombées dessus si tu avais attenté à la vie de leur sublime dieu elfique. T'aurais pas pu tenir un centième de seconde.


L'idée m'horrifie. Il n'y a rien de pire que des groupies en colère. Un frisson me parcourt toute entière, puis relativisant, je me reconnais bien.

-N'empêche, je l'aurais fait. Transpercer Ezarel pour l'atteindre. C'est pas plus mal que tu la vires. Je l'aime pas, elle cherche tout le temps les embrouilles.

Nevra me sourit et pose sa main sur la mienne, accrochée à un barreau.

-Ah non ! Ne me touches pas ! m'offusqué-je en retirant violemment ma main, à la surprise du vampire.

Je m'essuie de façon exagérée contre mon short et lui explique :

-Tu ne me touches pas avec tes doigts qui ont tripoté Miss Gros Lolo. Tu vas aller te laver, encore et encore, si tu veux pouvoir poser tes mains sur moi.

Je me rends compte de sens caché de mes paroles. J'ai parlé trop vite et mes mots ont un peu trop bien traduit ma pensée. Visiblement, Nevra sait bien lire entre les lignes et approuve d'un hochement de tête, un sourire intéressé sur les lèvres.

-Bien, alors je remonte. Miiko a prévu de te faire poireauté toute la journée, elle viendra te relâcher ce soir.

-D'accord, encaissé-je, prête à prendre mon mal en patience.

Alors que le vampire se dirige vers les escaliers et qu'il commence à disparaitre dans l'ombre laissée entre deux candélabres, je le hèle :

-Nevra ! Pense à te laver la bouche aussi. Tu sais... si tu veux pouvoir...

-Oui ?

Je vois l'éclat de son sourire d'ici. Il pense sûrement que je ne peux pas le voir, mais c'est bien le cas. Un peu de plus et j'avouais ouvertement mes sentiments à son égard. Un peu de plus et je lui disais ce que j'aimerais qu'il fasse avec sa bouche. Mais je me suis arrêtée à temps. Je veux pas lui donner la satisfaction de m'avoir conquise si facilement. Il va devoir trimer pour m'avoir entièrement. Il va devoir se dépasser. Je ne suis pas une énième conquête sur son tableau de chasse. Je suis la seule, la dernière qu'il pourra avoir. Je lui donnerais tellement de mal à m'avoir qu'il n'aura plus la force d'en chercher d'autres. Je veux qu'il me garde pour toujours, comme j'ai envie de l'avoir à jamais auprès de moi.

Alors je trouve une excuse bidon. Je sais bien qu'il a deviné ce que j'entendais par "lave ta bouche" mais il sait aussi bien que moi que je ne l'admettrai pas.

-Tu sais bien... pour me murmurer toutes les excuses que tu me dois, souris-je en prononçant ces mots, lourds de sous-entendus.

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