J'arrivai devant la maison de Corentin. Je passais devant en rentrant du lycée, avant, mais depuis l'incident, je préférais faire un détour. Je sonna. C'est son père qui m'ouvrit.

-Bonjour, me dit-il avec un sourire presque forcé, merci de nous dépanner.

-C'est normal, si je peux aider...

-Enzo est dans sa chambre. C'est encore difficile pour lui.

-Je comprends...

Il y avait plein de photos de Corentin exposé un peu partout dans la maison. J'essayais d'éviter de les regarder, mais c'était compliqué. La mère de Corentin arriva et me salua, d'un sourire un peu triste. Enfin, ils partirent, me laissant seule, avec Enzo. J'escalada l'escalier. J'ai frappé un peu à sa porte avant d'entrer.

Enzo était en train de jouer avec des figurines.

-Salut, salut !

Il tourna son regard vers moi.

-C'est toi ma baby-sitter ?

-Oui, c'est moi. Je m'appelle Anna.

-Je sais.

Je m'approcha de son bureau. Plusieurs dessins étaient étalés.

-C'est mon frère.

Enzo était juste à côté de moi. Je me suis lancée malgré moi :

-Est-ce que... avant de partir... ton frère t'aurait parlé de... de...

J'avais du mal à trouver les mots.

-Est-ce qu'il t'aurait parlé de quelqu'un... ou de quelque chose qui le tracassait ?

Enzo me regardait de ses grands yeux ronds.

-A chaque fois qu'il rentrait du lycée il courait dans sa chambre, il fermait sa porte. Je l'entendais pleurer. Pendant des heures, il pleurait. Moi, je voulais aller l'aider, mais quand je rentrais dans sa chambre, il me criait dessus, alors moi aussi je pleurais et je restais dans ma chambre...

Ses yeux devenaient rouges. Je préférais en rester là avec lui. Il n'avait que six ans après tout.

-Bon... Tu veux jouer à quelque chose ?

-Je veux dessiner.

-D'accord, tu as des feuilles ?

-J'en ai plus dans ma chambre. Il faut aller en chercher dans la chambre de Corentin.

Bingo. J'avais une occasion d'aller vers ce qui pourrait bien être un oasis d'indices.

-Je vais les chercher, ne bouge pas.

Je traversai le couloir pour me retrouver devant la porte de sa chambre. Après un moment de doute, j'ouvris la porte, et je suis rentré. La chambre était simple, un lit, un bureau, une armoire avec des vêtements. Sur son bureau, plusieurs piles de papiers étaient rangées. Je me mis à regarder tout ce qu'il y avait. Il écrivait des poèmes. Il écrivait sur la mort, la dépression, le harcèlement... Tout ce qu'il avait dû traverser comme épreuve dans sa vie. Je me mis à chercher dans les tiroirs des feuilles blanches. Je trouva enfin un petit paquet.

Je regardais à travers la porte. Enzo jouait avec des petites voitures. J'avais encore le temps de fouiller un peu. Ses parents avaient surement dû faire un peu de rangement dans la chambre, il ne restait pas beaucoup d'emplacements où chercher des secrets.

Son lit. Peut-être en regardant sous son matelas. Une feuille pliée en quatre. Je la pris, pour la déplier.

« T'as pas honte de ce que t'as fait ! Regarde un peu les conséquences ! T'auras rapidement de mes nouvelles !

F. »

J'avais enfin quelque chose de concret ! Un certain F.

Il fallait que j'appelle Alexandre.

-Anna ! Tu fais quoi ?

Enzo m'attendait. Alors, je l'ai rejoint, et nous avons dessinés ensemble. Au bout de quelques dessins, je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. C'était Alexandre.

-Allo ?

-Anna ? T'as du nouveau ?

-Peut-être bien, et toi ?

-Aucun réponse positive, pas étonnant en même temps.

-Ecoute, j'ai trouvé un message sous le lit de Corentin. Est-ce que parmi les suspects, il y a quelqu'un dont le prénom commence par F ?

Alexandre, ne me répondit pas tout de suite.

-Je viens de regarder, et non, personne.

-Ecoute, apparemment, quelqu'un en voudrait à Corentin, et c'est pour ça qu'il aurait posté la photo.

-Je vais faire mes recherches de mon côté, je te tiens au courant.

Il ne me restais plus qu'à attendre, maintenant.