J'entendais très bien ce qu'ils me racontaient, mais apparemment, ils ne m'entendaient pas très bien. Je ne savais pas si je devais considérer cela comme une victoire, ou comme un nouvel échec ?

Au moins, il y avait du progrès. A leurs demande, j'ai allumé ma webcam, et je vis la vidéo que j'émettais, très mauvaise qualité. Alors, j'hurla à nouveau.

Un garde entra dans ma cellule. Je me déconnecta aussitôt. Toujours le même geste me demandant de le suivre.

Mon cœur s'emballa. Où allais-je ? A la cantine, ou dans le bureau de la Mort ?

Fort heureusement, le garde me demanda d'entrer dans le réfectoire, et me demanda de m'assoir à la même place que la derniére fois.

Nestor me rejoint rapidement.

-T'as une sale tête.

-Ils m'ont drogué...

-T'y es passé toi aussi ? Tu sais, peu de gens y réchappe. Et ils n'hésiteront pas à recommencer, sauf si...

Nestor attendit qu'un garde s'éloigne, avant de reprendre, tout doucement.

-Sauf si on arrive à s'évader...

-S'évader ? Mais comment voulez-vous faire ça ?

-Mon plan est très simple...

J'écoutais attentivement son plan. Il avait pensé à tout ! Oui, ça pouvait marcher... A moins que la drogue qu'on lui a injectée l'ait rendu fou ? Mais ça valait le coup. Je n'en pouvais plus de cette prison.

-Et si on se fait prendre ?

-Si on se fait prendre, on retentera. Je peux compter sur toi ?

-Je pense... oui... enfin je crois !

-Oui ou non ? Est-ce que je peux compter sur toi ?

-Et bien...

-Oui ou non !

-Oui ! C'est bon, oui. Je serais là.

Je pouvais comprendre qu'il soit aussi pointilleux là-dessus. Je ne sais pas depuis combien de temps il était là, beaucoup plus longtemps en tout cas. Lui aussi avait envie de partir.

-Je m'occupe de tout, et au prochain repas, on tente le tout pour le tout !

Un garde entra dans la salle et s'approcha de moi.

-Parloir...

Il m'attrapa le bras et me traina en dehors de la cantine avant même d'avoir pu finir mon assiette. J'échangea un regard avec Nestor. De loin, je crus comprendre « chanceux ! ». Le parloir ? Mais qu'est-ce que c'était ? Quelqu'un voulait me parler ? Mais qui ? Et comment ? Arrivé au parloir, j'ai compris. Sur une table, il y avait une planche ouija, qui devait surement faire le lien avec le monde des vivants. Le garde m'installa sur une chaise. Devant moi, une machine qui me faisait penser à un poste radio émettait des sons étranges, d'abord des grésillements, puis deux voix se firent entendre. C'était les voix d'Anna et d'Alexandre.

Le garde me murmura :

-T'as deux minutes, après tu retournes à la cantine.

Il avait une voix glacial.

J'entendis à nouveau la voix d'Anna et d'Alexandre.

-Corentin... Si tu nous entends, fait nous un signe.

Je fis bouger la flèche vers le « oui ».

J'entendis Anna :

-Il est là ! Il est là !

Puis ce fut au tour d'Alexandre :

-Corentin, si tu es là, explique-nous comment est l'Au-Delà !

Je commença à faire bouger lentement la flèche vers les lettres ; J... E... S... O... U...F...F...R...E...

Ce n'était pas si facile de faire bouger la flèche, malgré les apparences. Le garde me prit par les épaules et me sortit de force de la salle. Je n'avais pas eu le temps de finir mon message. Deux minutes, c'est beaucoup trop court !

De retour à la cantine, je rejoins Nestor.

-Alors ? C'était comment ?

-Deux minutes, ce n'est pas suffisant.

Je finis mon assiette, qui avait refroidis.

-Une fois évadés, on ira où ?

-Pour ce que j'en sais ! Personne ne sait ce qu'il y a à l'extérieur ! A part la Mort, peut-être...

Nestor ne dit plus rien de tout le repas.

Une fois dans ma cellule, je repensa au plan d'évasion de Nestor. Si on se faisait prendre, on prendrait très cher. En regardant à travers les barreaux de ma cellule, je repensa à l'homme et sa mise en garde. J'avais oublié de parler du Corbusard à Nestor...