- 1 - Bris de Verre et Destitution

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Ce fut le hurlement hystérique de Miiko qui perturba le calme du quartier général en cette fin de matinée. Les échos de sa voix claire se répercutèrent partout dans le hall, prévenant quiconque aurait voulu passer par là de s'en abstenir.

Les éclats de voix provenaient d'une petite pièce à l'étage et avaient succédé à une violente détonation qui avait ébranlé les murs du bâtiment. Un incident s'était vraisemblablement produit dans le Laboratoire du Chef de l'Absynthe. Ezarel et Erika, la jeune humaine fraîchement arrivée, se tenaient au milieu des débris. Cette dernière était debout et ne savait où se mettre pour échapper au courroux de la Kitsune, tandis que le premier était accroupit, maugréant des insultes dans un langage elfique qu'il était le seul à connaître. L'un comme l'autre arboraient diverses coupures et égratignures qui striaient leurs peaux noircies par la fumée. Leurs vêtements étaient déchirés en certains endroits et indiquaient clairement l'orientation de la déflagration.

Si Erika tentait de dissimuler les blessures de défense sur ses avants-bras, Ezarel, lui, était bien trop occupé pour essuyer la goutte de sang qui suintait sur sa joue.

Miiko était folle de rage. Son statut de chef de la Garde d'Eel lui mettait beaucoup de poids sur les épaules et c'était plutôt compréhensible qu'elle eut du mal à tout porter seule. Aussi, quand l'un de ses délégataires n'était pas à la hauteur, la Kitsune sortait aisément de ses gonds.

Ezarel tentait tant bien que mal de ramasser les débris pour faire du ménage. Il avait les larmes au bord des yeux. Signe alarmant qu'il avait été poussé à bout, lui aussi.

-Des mois de travail foutus à la poubelle, grommelait-il. A cause de cette idiote d'humaine !

Il ne se préoccupait pas de la présence de Miiko. Il se fichait pas mal de la sanction qu'elle pouvait lui assener. L'état de son laboratoire était une punition déjà bien suffisante à ses yeux. Miiko n'aurait pu trouver pire châtiment. L'Étincelante interrogea Erika du regard.

-Je... j'ai rien fait, je vous jure ! se justifia-t-elle.

-Je t'avais envoyée en renfort pour aider Ezarel et rattraper tes bêtises de la dernière fois, Erika, tonna Miiko. Que s'est-il passé ?

Ezarel chouinait encore dans son coin en faisant le deuil de ses précieuses potions. C'en était trop pour lui. Il tourna à peine la tête vers la Chef de l'Étincelante pour la supplier :

-Je ne la supporte plus. Fais-la disparaître, jette-la au cachot, balance-la à la mer, je m'en fiche, mais je ne veux plus d'elle dans mes pattes !

Puis il retourna à la contemplation désespérée des éclats de verre coloré jonchant le sol, comme si une intense observation pouvait leur redonner leur intégrité. Consciente qu'elle ne tirerait rien de plus de l'Elfe, Miiko braqua de nouveau son regard sur la jeune humaine. Erika avala difficilement sa salive avant d'expliquer qu'elle était effectivement en train d'aider Ezarel dans sa tâche. Elle, elle devait surveiller les potions. C'était même plutôt simple : elle devait prévenir son chef suprême quand les mixtures vireraient au vert.

Quand le moment était arrivé, elle s'était empressée d'alerter Ezarel. Peut-être l'avait-elle fait de manière un peu trop démonstrative. Elle s'était carrément agrippée au bras d'Ezarel, heureuse d'être efficace pour au moins une mission qu'on lui confiait.

Miiko comprit aussitôt où se trouvait donc le malaise. La chaleur était palpable dans la pièce, due aux multiples réchauds pour faire bouillir les contenus des fioles. Ezarel s'était défait de sa veste et avait remonté ses manches. La demoiselle avait donc déposé ses mains à même la peau de l'Elfe. Chose qui avait garanti une réaction des plus violentes de ce dernier.

-Il a crié comme si je lui arrachais le bras et il a brusquement sursauté pour se défaire de mon emprise, raconta la jeune femme désolée. Il a percuté un coin de la paillasse, là où étaient entreposées les potions terminées. Elles sont tombées et se sont toutes brisées.

Miiko n'eut pas besoin de davantage d'explications pour comprendre la suite logique des évènements : il s'agissait du stock de potions offensives de la Garde. Autant dire qu'il y avait énormément de composants dangereux et qu'ils avaient tous réagi en même temps.

Le laboratoire était ravagé. Miiko ne savait pas comment reprendre le dessus. Elle avait envie de hurler, de pester et d'envoyer tout balader en leur intimant de se débrouiller avec leur merdier, mais elle ne pouvait décemment pas fuir ses responsabilités.

Ezarel était au bord de la rupture de nerf. Il n'en pouvait plus. Il avait passé plusieurs mois à travailler d'arrache-pied sur ces stocks et il avait fallut que cette humaine tripoteuse vienne tout foutre en l'air !

-Tu ne fais aucun effort, Ezarel, finit par lâcher Miiko, excédée. Tu continues de te comporter comme une diva à qui tout est dû.

L'Elfe s'interrompit pour s'assurer que c'était bien à lui que s'adressait la Kitsune. A n'en pas douter, elle le fixait bien de ses yeux bleus sombres. Son regard de céruléum le brûlait aussi intensément que s'il s'était agit de faisceaux laser.

-Tu as eu plusieurs avertissements, mais tu n'en fais qu'à ta tête, poursuivit-elle, ignorant le visage de plus en plus décomposé de l'Elfe. Tu mérites une sanction à la hauteur de ton méfait. Il faut que tu retiennes cette leçon sinon, tu reproduiras ce schéma, encore et encore !

Puis elle ferma les yeux un instant, comme pour se donner la force de prononcer la sentence. A moins qu'elle n'eut été encore en train d'y réfléchir. Ezarel, lui, retenait son souffle, ne pouvant pas croire un instant que l'Étincelante était sérieuse. C'était une boutade, pour sûr ! La jeune femme inspira longuement, annonçant la déclaration solennelle qui allait suivre.

-Aujourd'hui, moi, Miiko, Chef de la Garde Étincelante, te destitue, toi, Ezarel, de ton poste de Chef de la Garde Absynthe. C'est Eweleïn qui prendra la tête de cette Garde à partir de maintenant. Ma décision est irrévocable.

Le sol se déroba sous les pieds de l'Elfe. Pourquoi une telle injustice ? Son cœur, si tant est qu'il était encore entier, se décrocha et vint s'effondrer au fin fond de son buste. Il sentit le choc dur et froid de la brisure.

-Mais je n'ai rien fait ! beugla-t-il, désespéré. C'est Erika la fautive. Si elle n'avait pas posé les mains sur moi, tout irait bien ! Si elle n'avait pas été dans l'Absynthe, le laboratoire serait encore en état !

Puis il la fusilla du regard avant de poursuivre :

-Si elle n'avait pas mis les pieds dans ce cercle de champignons, Eel ne s'en porterait que mieux. D'ailleurs, si ses parents avaient réfléchi un tant soit peu avant de copuler, nos deux mondes ne s'en porteraient que mieux !

L'Elfe avait grogné ses derniers mots, évacuant toute sa rage à l'encontre de l'humaine. Erika, elle, était profondément blessée. Elle se savait fautive, bien sûr, mais ne pensait pas que l'Elfe la haïssait à ce point.

-C'est ça le problème avec toi, Ezarel ! enrageait Miiko. Ce n'est jamais de ta faute ! Il faut toujours que ce soit une tierce personne qui soit responsable de tes échecs.

Les yeux de l'Absynthe s'écarquillèrent tandis que sa mâchoire s'échouait lamentablement dans le vide devant lui.

-Cependant, je ne suis pas complètement sans cœur, reprit la Kitsune. Je tiens à te laisser une chance. Parce que tu restes un minimum compétent dans ton domaine. Tu gouvernes tes minions par la tyrannie mais ça a au moins le mérite de fonctionner.

Elle fit quelques pas devant l'entrée pour se donner le temps de réfléchir.

-Voilà ce que je te propose, s'éclaircit-elle la voix en s'arrêtant. Tu pourras retrouver ton poste si tu acceptes de ne plus faire ta diva et d'accepter le contact avec autrui.

Ce fut le coup de trop pour Ezarel. Miiko était cruelle, réellement. Elle donnait le change en faisant mine d'être clémente en lui offrant une porte de sortie, mais elle savait pertinemment qu'il ne pourrait jamais la franchir. Elle s'assurait donc de garder son autorité et le bon rôle en toutes circonstances.

Les épaules d'Ezarel s'affaissèrent. Il se sentit périr sur place, adoptant ainsi l'état agonisant de son bunker, comme il avait l'habitude de l'appeler. Son cœur, encore effondré se recroquevilla au fond de son bassin.

-Quoi ? supplia-t-il d'une voix éraillée. Tu... tu plaisantes ?

-C'est ta seule chance, Ezarel, cingla la Kitsune. Tu acceptes et tu pourras peut-être récupérer ta place. Ou tu refuses et je te rétrograde au rang de membre de l'Absynthe, au même niveau qu'Erika. Peut-être même qu'on te refera passer le test. Ce serait tellement amusant de te voir atterrir chez les Obsidiennes. Je demanderai à Valkyon de te mettre dans le groupe des combattants au corps à corps, comme tu as l'air d'aimer ça !

Ezarel devint blanc comme un linge. L'Étincelante se demanda un court instant si elle n'avait pas un peu abusé sur les menaces. Elle redouta que l'alchimiste le plus doué d'Eel ne lui claque entre les mains.

-Ce que tu me demandes est impossible, souffla l'Elfe, aux portes de la mort.

-C'est si compliqué que ça ? questionna-t-elle. Si tu veux, je te trouverai un professeur. Je connais un spécialiste dans le domaine du contact corporel. Il t'apprendra à accepter la proximité d'autrui.

Ezarel secouait la tête de gauche à droite, inlassablement, comme si cela lui aurait permis de se réveiller d'un mauvais rêve. Erika tenta de plaider pour sa cause, admettant son erreur. Elle ne connaissait pas encore bien l'Elfe et magré le fait qu'elle eut remarqué qu'il n'était pas friand de démonstration d'affection, elle ne savait pas qu'il ne supportait pas ça. Cependant Miiko fut sourde à ses jérémiades, accusant encore et toujours Ezarel des mêmes gamineries.

-Accepte et tu retrouveras ton poste, résuma-t-elle. Refuse et redeviens un sous-fifre.

Ezarel jaugea le sérieux de Miiko. Après quelques longues secondes d'observation, il dut se résoudre à l'évidence. Elle ne plaisantait pas le moins du monde. Il fut tellement dépité qu'il hésita un instant à faire ses valises et à quitter Eel. Sur le champ. Mais pour aller où ? Il n'avait plus aucune famille et aucun ami en dehors de la Garde. Il l'avait bien cherché avec son caractère acerbe. Et il en payait les conséquences, à présent.

Son regard se reporta sur Erika, qui sembla réellement désolée pour lui, et ne put retenir une grimace de dégoût. Elle l'insupportait encore plus à le prendre en pitié. Tout cela, c'était de sa faute, à elle !

-Très bien, j'accepte, articula Ezarel à contre-cœur. Qui est ton spécialiste ?

Miiko sourit et fit un pas de coté, en direction de la sortie.

-Tu le connais déjà très bien : il a tripoté les trois quarts des filles de sa Garde.

Les ténèbres enveloppèrent soudainement Ezarel. Pas lui. Pas ce type pour lui apprendre à accepter d'être touché ! Ezarel s'entendait très bien avec Nevra. Quand il s'agissait de discuter et de faire des fourberies aux novices, ils étaient copains comme Porkypig, mais pour parler sérieusement et laisser Nevra entrer dans son espace vital, c'était tout autre chose !

Ezarel put voir Miiko tourner les talons à travers le voile brumeux qui s'imprégnait sur sa rétine. Il crut la voir pivoter sur elle-même avant de disparaître dans le couloir. Ses dernières paroles résonnaient encore jusqu'à lui, si bien qu'elles auraient pu être gravées au burin à l'intérieur de son crâne qu'il n'aurait pas été étonné.

-Ta thérapie de sociabilisation commence dès demain, Ezarel. Ne me déçois pas !

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