- 10 - Révélations

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Salut à tous ! =)
Étant toujours très à la bourre dans mes illustrations, je ne sais pas encore où je vais placer le ou les dessins pour ce chapitre. Bien que que j'ai quelques idées^^
Aussi, cette fois-ci, je vous propose de la jouer autrement, si vous voulez. Vous n'avez qu'à voter et m'indiquer le passage que vous aimeriez que j'illustre en le citant et en commentant dessus.
Plutôt simple, non ? Le (ou les) passages qui auront le plus de succès sera illustré.



Ce soir-là, Ezarel s'assit à sa table habituelle près des fenêtres pour manger. La nuit était déjà tombée et il laissait son regard glisser sur les ombres des jardins. Il voulait ne plus penser. S'il avait eu une potion lui permettant de mettre son cerveau en sourdine, il en aurait ingurgité de pleines caisses. Ezarel n'allait pas bien. Il se sentait trahit. Trahit par lui-même, par son propre corps. Il pensait avoir fait un bon travail sur son état, mais l'après-midi à la plage lui avait prouvé qu'il en était toujours au même point de départ.

Pire encore ! Il se détestait d'avoir eu à dépendre de Nevra pour s'en sortir. Depuis un certain temps, Ezarel avait pris l'habitude de manger seul, quand le Vampire ne l'accompagnait pas. Il s'était évertué pendant de longues années à donner une image froide de sa personne pour s'assurer que personne ne l'importunerait. Force lui était de constater que ça avait plutôt bien fonctionné.

Il se sentait seul. Terriblement seul. Il réalisait à présent que s'il n'était pas Chef de Garde et que les gens ne venaient pas le voir dans le cadre de ses fonctions, alors personne n'en avait rien à faire de lui. Sa fierté en prit un coup sévère. Il s'était persuadé d'être indispensable à tout le monde, mais il devait bien admettre qu'il se trompait, de toute évidence.

- Ça va mieux ? murmura une voix juste à coté de lui, qui le sortit de ses songes.

Ezarel sursauta faiblement sur sa chaise en apercevant Nevra s'installer en face de lui. L'Elfe baissa les yeux sur son assiette pour ne pas croiser le regard du Vampire.

- Apparemment pas, comprit ce dernier. Tu m'en veux ? Je comprendrais que tu m'en veuilles, c'est légitime, je...

- Non. Je t'en veux pas. Je sais que tu cherches juste à me faire progresser, avoua Ezarel d'une petite voix enrouée.

- N'empêche... j'ai l'impression que ça a plutôt eu l'effet inverse, pour le coup.

- Mais c'est pas de ta faute. Te culpabilise pas. T'as pas à porter mes problèmes sur ton dos.

Nevra s'aplatit sur la table, le menton appuyé sur ses mains croisées, afin d'avoir un accès aux yeux d'Ezarel.

- Je t'ai promis de t'aider à les porter jusqu'à ce que tu t'en débarrasses définitivement, non ?

Ezarel acquiesça d'un grommellement en enfournant une cuillerée de potage dans sa bouche. Le liquide chaud et salé qui glissait dans sa gorge lui fit le plus grand bien. Il avait grelotté toute l'après-midi sans trop savoir pourquoi, mais maintenant, il se sentait un peu mieux. Que ça provienne de Nevra ou du potage, là était la grande question.

- En fait... je suis venu te voir pour autre chose, commença Nevra.

Le ton de sa voix avait changé, comme un homme qui s'apprêtait à annoncer une mauvaise nouvelle et qu'il ne savait pas trop comment s'y prendre pour arrondir les angles. Alerté par le timbre de Nevra, Ezarel redressa quelque peu la tête. Il avala difficilement sa bouchée et attendit que Nevra lui en dise plus.

- Miiko vient de m'attribuer une mission qui va durer plusieurs jours, annonça-t-il, sans y aller par quatre chemins.

Nevra n'avait pas besoin d'avoir un sens de l'observation hyper développé pour constater qu'Ezarel était grandement déçu par cette nouvelle. Plus que la déception en elle-même, ce fut l'appréhension qui assaillit l'Elfe. L'appréhension de pas avoir son pilier avec lui.

- Et ma thérapie ? questionna-t-il simplement. Tu pourrais refuser la mission, il y a bien quelqu'un d'autre à mettre dessus.

- C'est moi qui ai demandé à l'avoir, avoua Nevra.

C'était donc cela la fameuse mauvaise nouvelle. Son départ certes, mais surtout le fait qu'il fut volontaire et intentionnel.

- J'ai besoin... de prendre un peu mes distances, poursuivit-il doucement, pour bien décortiquer chaque syllabe. Je pense qu'il serait bon pour toi d'apprendre à être plus tactile avec d'autres personnes.

C'était bien évidemment ce que redoutait Ezarel. Aussi ne tenta-t-il pas de feindre l'enthousiasme. Bien au contraire, il ne put masquer son accablement plus longtemps. Après avoir scruté la prunelle de Nevra, Ezarel souffla en secouant la tête et se replongea dans son potage, préférant sa solitude à un bain dans la foule.

- Je vais te confier quelques tâches simples que tu devras avoir accompli à mon retour... sourit Nevra pour l'encourager.

Mais Ezarel ne fut absolument pas réceptif.

- Tu pars quand ? questionna-t-il, bien plus perturbé par l'absence de Nevra que par les occupations qu'il pourrait lui trouver.

- Demain.

- Si tôt ? s'exclama Ezarel, les yeux écarquillés.

Nevra ressentit bien la crainte dans la voix d'Ezarel. Il le sentait trop attaché à lui et ce n'en était que plus difficile. Il ne pensait pas que l'Elfe pourrait s'attacher à qui que ce soit un jour. Cette thérapie dépassait clairement ses attentes et les bornes qu'il s'était fixées. Il avançait en terrain inconnu et il ne se sentait plus capable de guider correctement l'Absynthe.

- Bon... j'ai pas le choix de toute façon, finit par souffler Ezarel.

- Tu tiendras le coup ?

- Faudra bien, répondit-il amèrement sans relever les yeux.

L'Elfe ne comprenait pas qu'il puisse être autant affecté par le départ soudain de Nevra, ni même pourquoi il en était affecté. Ce n'était l'histoire que de quelques jours, rien de dramatique. Alors pourquoi une boule avait élu domicile dans son estomac ?

Tentant de dépasser cet étrange sentiment d'abandon, Ezarel essaya de tirer les vers du nez de Nevra pendant qu'ils terminaient leur repas. Le Vampire ne put lui parler que brièvement de son Ordre. Ça allait être encore une mission des plus passionnantes visiblement, au vu des détails tenus secrets. Ezarel en était presque vexé que Nevra se refuse à lui en dire plus.

- Allez, c'est moi, insista-t-il. Tu peux me le dire, non ?

- Parce que c'est toi, plus qu'un autre, je me tairai, l'aguicha Nevra avec un sourire en coin.

- Sérieusement ? Et pourquoi ça ? Ça me concerne ?

- Non, rit Nevra. Mais tu ne ferais que t'inquiéter davantage.


Ezarel fut étonné de la raison qui poussait Nevra à garder le silence. S'inquiéter pour lui  ? Quelle idée saugrenue ! Où était-il allé chercher ça ? Ezarel ne s'inquiétait jamais pour personne, si ce n'était lui-même. Et puis, il se demanda pourquoi il devrait s'en faire pour Nevra s'il connaissait les détails de la mission. Son imagination fertile se mettant en œuvre, il ne put s'empêcher de supposer que le travail donné par Miiko devait être périlleux. Nevra risquait-il d'être blessé ? Ou pire encore ? Des sueurs froides descendirent le long de la nuque d'Ezarel pour suinter contre sa colonne duveteuse... Un frisson le parcouru quand Nevra claqua des doigts devant lui pour attirer son attention.

- Tu crois que ça me rassure de me dire ça ? lâcha-t-il, ses mots dépassant sa pensée.

Il regretta aussitôt cette remarque, qu'il aurait préféré taire. Nevra était touché par l'attention de l'Elfe et attendri par sa réaction, mais il s'efforça de ne rien montrer. Aussi, ayant englouti la dernière bouchée de son dessert, une délicieuse crème aux œufs de Poulidor, le Vampire saisit son plateau et se leva. Il demanda à Ezarel de passer à sa chambre ce soir-là pour qu'il puisse lui donner la liste des objectifs à atteindre pendant son absence.

L'Elfe acquiesça sans trop écouter, les pensées encore perdues dans les risques potentiels encourus par son ami lors de cette mission hypothétiquement dangereuse.

Plusieurs heures plus tard, alors qu'Ezarel était allongé sur le dos dans son lit et qu'il s'amusait à jeter une balle de coton en l'air pour la rattraper de l'autre main afin de s'empêcher de penser à sa journée chaotique, ses songes était inéluctablement tournés vers Nevra. Il avait beau essayer de se concentrer sur autre chose, il y avait toujours un détail qui ramenait tout au Vampire. Un son, une odeur... même quand il s'imaginait concocter des potions, il parvenait à voir la pupille d'argent du brun dans le reflet du liquide. Perturbant à souhait !

Il se souvint tout à coup que Nevra lui avait demandé de passer à sa chambre. A essayer de ne pas penser à lui, il avait oublié qu'il devait y penser, justement. Craignant qu'il soit déjà un peu trop tard, Ezarel se précipita alors en espérant que le Vampire ne dorme pas déjà. Quand il toqua doucement à sa porte, il entendit la voix de l'Ombre à travers le pan de bois lui dire d'entrer. Il avait l'air affairé.

Ezarel tourna donc la poignée et découvrit le capharnaüm qui servait de chambre à Nevra. Toutes ses affaires de mission, ses armes, une tenue de rechange et sa carte était répandues sur le dessus de lit en satin. Dos à la porte, Nevra s'évertuait à ranger méthodiquement chaque objet dans son sac en cuir. Quand il entendit la porte claquer, il se redressa pour faire face à son invité.

- Ah, Ezarel ! Tu es venu me souhaiter bon courage ?

Il avait l'air nerveux. La mission devait déjà le travailler, ce qui ne manqua pas d'augmenter l'angoisse d'Ezarel.

- Non. Tu m'as demandé de passer. Pour la liste, ajouta-t-il, craignant que le Vampire ait déjà oublié.

- La liste ! C'est vrai, ça m'était sorti de la tête.

Puis sans crier gare, il disparut sous une montagne de bazar indéterminé à la recherche du précieux document. Ezarel en profita pour scruter les lieux. Il n'avait eu que de rares occasions d'entrer dans la chambre de Nevra. En général, il fallait être attifé d'une paire de melons pour avoir ce privilège. Cependant, l'Elfe n'osa pas s'aventurer davantage dans l'antre de l'animal et resta bêtement planté près de la porte.

- Tiens, la voici ! s'exclama Nevra, qui surgit de derrière une commode, faisant voler quelques feuilles libres dans son élan.

Ezarel se saisit du morceau de parchemin griffonné et le plia avant d'être tenté de l'éplucher maintenant. Il préférait s'y atteler après le départ du Vampire. Il se connaissait, il savait très bien qu'il tenterait de négocier une chose ou deux, s'il en avait l'occasion.

- Et bien... merci, bougonna Ezarel. Bon courage pour demain.

Puis il se détourna vers la porte pour laisser Nevra à ses préparatifs, mais le Vampire l'interpela.

- Attends, Ez'.

- Hum ? se retourna celui-ci.

- Je... je voudrais te dire la raison pour laquelle j'ai demandé cette mission.

- C'est pas pour t'éloigner un peu ? questionna Ezarel en fronçant les sourcils.

- Si. Mais j'ai besoin que tu saches pourquoi je veux prendre mes distances. J'avais pas prévu de t'en parler, mais... je sais pas, ça bloque, c'est comme si j'arrivais pas à le digérer.

Un nœud se noua dans l'estomac de l'Elfe. Quelque chose lui disait qu'il n'était pas étranger à cette décision. Avait-il fait quelque chose de mal ? Avait-il fait une erreur quelque part ? Aurait-il blessé Nevra involontairement ? Était-ce à cause de cette après-midi ?

En fait, pourquoi Ezarel avait-il soudainement peur d'être la cause d'un départ alors qu'il s'en serait réjoui, il y avait de cela à peine un mois ?

- Je t'écoute, osa à peine murmurer l'Elfe.

- Voila, je me suis rendu compte que tu étais trop dépendant de ma présence pour vaincre ta phobie.

Ezarel se sentit nu, tout d'un coup, comme si les pensées de Nevra reflétaient les siennes. Sa réaction ne se fit pas attendre. Elle fut immédiate et impulsive.

- C'est complètement faux ! Je ne suis dépendant de rien ni personne. Sauf peut-être du miel, ajouta-t-il, à la réflexion, pour atténuer son emportement.

- Comment explique-tu que tu ne supportes que mon contact à moi et pas celui des autres ? interrogea Nevra, clairement désolé.

- Et bien, ils... je... bafouilla l'Elfe sans trouver de raison plausible.

Parce qu'ils avaient été trop brutes envers lui ? Parce que lui n'avait pas envie de jouer à leurs jeux stupides ? Non, Nevra se ne serait pas satisfait de telles excuses.

- Tu es trop dépendant de moi et ça me...


Le Vampire s'interrompit, peinant visiblement à trouver ses mots. Ezarel n'insista pas et préféra laisser son ami aller à son rythme. Il savait que bousculer quelqu'un qui avait besoin de temps n'était pas toujours bénéfique.

- Ça me perturbe, finit-il par lâcher en détournant le regard. Parce que ta dépendance ne fait que mettre la mienne en évidence. Je m'en suis rendu compte cette après-midi à la plage.

- Ta dépendance, à toi ? De quoi tu parles ? s'enquit Ezarel, de plus en plus mal à l'aise. De quoi t'es-tu rendu compte ?

Nevra s'approcha alors et glissa une main fébrile vers celle de l'Elfe pour emmêler leurs doigts. Ezarel eut très envie de se défaire mais n'en fit rien. Il était trop obnubilé par l'œil de Nevra qui fuyait constamment son regard. Ça ne lui ressemblait pas. Nevra ne perdait jamais ses moyens. Il était toujours le dominateur dans une conversation et ne fuyait jamais son interlocuteur, à l'exception peut-être de Miiko. Mais elle, c'était un cas particulier.

- Te toucher m'est devenu nécessaire. J'ai besoin d'avoir ce contact avec toi, j'en ai envie. Terriblement envie, avoua Nevra, la voix éteinte.

- Quoi ?!

Ezarel récupéra ses doigts et recula d'un pas, méfiant. Mais de quoi pouvait bien lui parler Nevra ? Il divaguait complètement ! Avait-il bu ? Avait-il consommer quelque chose lui faisant perdre la tête ? Était-ce là une épreuve inventée dans le cadre de sa thérapie ? Ezarel était perdu.

Les épaules du Vampire étaient basses, comme s'il était prêt à recevoir des coups. Il était en pleine confession. Le brun releva son œil valide vers Ezarel et le plongea dans ses prunelles turquoise.

- Je suis... tombé amoureux de toi, Ez'.

Il lui laissa quelques secondes pour assimiler l'information, tout en retenant sa respiration. Puis il souffla, comme libéré d'un poids affreusement lourd.

- Voila, c'est dit, sourit-il pour lui-même. J'ai appris à te connaître tel que tu es vraiment et je suis complètement fou de la personne que j'ai découvert. C'est pour ça que j'ai besoin de prendre l'air. Loin de toi, se sentit-il obligé de préciser. J'ai besoin de me laisser respirer pour que mes sentiments n'impactent pas ta thérapie. Pour que mon comportement ne dépasse pas certaines limites.

Il avait encore envie de lui dire toutes ces choses qu'il avait sur le cœur. Notamment le fait qu'il partait pour réfréner ses envies de contact avec lui, parce qu'il savait que l'Elfe ne les accepterait pas. Il voulait lui promettre de se tenir à bonne distance de lui mais savait qu'il ne serait pas capable de respecter ce serment. Il voulait le toucher, là, maintenant, mais était conscient qu'il ne le devait pas, sinon son départ serait vain. Pourtant il en mourrait d'envie. Il ne devait pas goûter à ce fruit défendu, parce qu'il savait très bien que toutes les distances du monde ne pourraient pas éteindre ce sentiment qu'il nourrissait à présent, s'il avait le malheur de céder à cette tentation. Il savait qu'un retour en arrière ne serait plus possible pour lui. Aussi, il lutta si fort contre son corps que des picotements envahirent ses membres.

- Mais... tu peux pas, déclara enfin Ezarel, complètement abasourdi.

- Quoi donc ? demanda Nevra, ne voulant pas avoir d'à priori.

- M'aimer.

- Et pourquoi ça ?

- Tu aimes les femmes ! tenta de le raisonner Ezarel.

- Et ça m'interdit d'aimer aussi les hommes ? De t'aimer, toi ?

Ezarel ne sut pas quoi répondre. Après tout, il n'y avait pas de règle particulière qui dictait à un genre d'en aimer un autre. Une fois qu'on occultait tout ces histoires de reproduction, bien entendu. Les sentiments d'affection dépassaient souvent les notions conventionnelles comme l'espèce, le genre ou même la couleur. L'Elfe ne s'était tout simplement jamais posé la question. Il était parti pour ne jamais plus ressentir d'affection ou d'amour pour qui que ce soit au point où il avait tout simplement effacé ces sentiments de son champ des possibles.

De plus, l'orientation sexuelle de Nevra avait toujours été une évidence pour lui, au vu de son comportement. Jamais il ne l'aurait soupçonné d'être attiré par autre chose que les donzelles bien roulées et aguicheuses de la Garde.

"Autre chose", c'était donc de ça qu'il se qualifiait, alors ? Depuis quand Ezarel avait-il perdu de sa superbe, de sa supériorité ? Et lui ? Comment pouvait-il expliquer que cette révélation ne l'affectait pas tant que ça ? Oh, il était étonné, surpris, chamboulé même, mais il n'avait pas cette épouvantable envie de fuir. Il aurait dû être terrorisé. Il l'était d'ailleurs, terrorisé. Mais pas pour les raisons les plus évidentes. Il craignait ce que tout cela signifiait. C'était un fait, Nevra l'aimait. Il ne savait pas comment il y était parvenu, mais il l'aimait.

Ce qui lui faisait peur, c'était cette étrange chaleur qui venait de naître dans un creux de son être. Et lui ? Ezarel ne s'était jamais vraiment posé la question. Il n'aimait personne, il l'avait décrété ainsi il y avait déjà bien longtemps pour les raisons que nous connaissons. Il avait fermé son cœur à toute possibilité, quelles qu'elles fussent, à tel point que les notions d'affection et pire encore, d'amour, lui étaient inconnues à présent. Alors pourquoi l'aveu de Nevra, cette dépendance qu'il accusait, faisait écho à ses propres émotions, aussi indescriptibles fussent-elles ? Pourquoi, quelque part en lui, une lumière s'alluma sous les décombres de son être ?

Cédant à ses désirs et profitant du choc d'Ezarel, Nevra fit un pas en avant, réduisant ce dernier mètre qui les séparait à quelques centimètres à peine. Il savait qu'il ne le devait pas. Il devait résister. Mais la peau de l'Elfe était un appel au crime. Son regard perdu était pour lui une main tendue. Sa bouche ouverte par la surprise était un cadeau. Un délicieux cadeau qu'il ne pouvait pas ignorer.

Le Vampire se pencha en avant, l'œil mi-clos, et approcha son visage de celui de l'Elfe. Il put sentir le souffle d'Ezarel tressaillir sur sa peau. Ses propres palpitations tapaient dans ses extrémités, si bien qu'il ne sentait même plus le bout de ses doigts.

Nevra ne fit qu'effleurer les lèvres fines et délicatement entrouvertes de surprise de son alchimiste. Celui-ci frémit lors du léger contact et ses pupilles tressaillirent, comme s'il réalisait seulement maintenant le geste de Nevra. Ses yeux couleur d'outremer dans la pénombre de la petite chambre vacillèrent avant de s'ancrer dans le regard anthracite de Nevra. Le Vampire interrogea Ezarel du regard. Ce dernier était tellement tétanisé qu'il n'eut pas la force de faire le moindre mouvement.

Nevra glissa alors une main sur la nuque d'Ezarel pour lui empêcher tout mouvement de recul et vint déposer ses lèvres sur celles, tremblantes, de l'Elfe. Le Brun en savoura chaque rondeur, chaque courbure. Il se délecta de leur goût d'innocence et des fourmillements qui envahissaient sa bouche tout entière avant de partir à l'assaut de son visage, puis de son torse. Nevra en voulait plus. Il le voulait, lui. Même s'il savait qu'il en prenait déjà trop.

Ezarel eut une farouche envie de s'éloigner et de rompre ce contact. Pourtant, il n'en fit rien. Il en vint même à se laisser faire, comme si cette chaleur sur ces lèvres était sa seule source d'oxygène. La fièvre de Nevra le contamina tout entier et les volutes de chaleur lui montèrent au visage, embuant ses yeux écarquillés. Ses lèvres étaient douces, étrangement souples et affectueuses, comme si d'un simple baiser, il l'enlaçait tout entier. Les battements de son cœur accélérèrent et firent trembler ses mains, inertes de chaque coté de son corps. Ezarel était perdu. Il était totalement perdu.

Quand Nevra s'éloigna de lui, l'Elfe reprit peu à peu le contrôle de son corps et de ses palpitations. Il leva une main vers sa bouche comme pour goûter encore au délice sucré du baiser. Mais la nausée le submergea soudain, quand sa raison lui hurla de se sauver. Il s'essuya brutalement la bouche d'un revers de main. Sans chercher plus loin, il tourna les talons et ouvrit la porte à la volée.

Refusant de le laisser partir ainsi avant sa mission, Nevra le retint par le bras.

- Tu ne peux pas juste t'en aller, comme ça. Dis quelque chose, le supplia-t-il.


Ezarel s'arrêta sans se retourner, il ne voulait plus voir le visage de Nevra. Pas après ce qu'il venait de lui faire. Pas après les émotions qu'il venait de susciter en lui. Il articula tout de même, au bord du vomissement :

- Ce... non... je ne peux pas, Nevra !

Puis il tira violemment sur son bras et le temps que Nevra réagisse, l'Elfe avait disparu dans le couloir.


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