1. Un point sur une carte

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Harry

Dans la salle commune, un feu de cheminée crépite dans l'âtre.

La grande fenêtre laisse passer la clarté cotonneuse de cet après midi. Au dehors, les flocons virevoltent lourdement et un épais manteau neigeux se forme déjà dans le parc de l'école.

Néanmoins, je profite de la chaleur de la salle rouge et or.

Je ne suis pas le seul.

Hermione est attablée à côté de moi, entourée de parchemins. Elle potasse le Traité supérieur de traduction des runes, en enroulant inconsciemment une mèche de ses cheveux autour de son doigt.

Dans le sofa face à la cheminée, quelques gryffondors paressent, piquant à tour de rôle des Chocogrenouilles dans une grosse boîte.

Je perçois deux garçons de troisième année s'affronter aux échecs devant la fenêtre embuée.

Quelques élèves sont penchés sur des rouleaux de parchemins.

Nombreux sont ceux qui s'affairent dans les dortoirs. Gants, écharpes et bonnets sont de rigueur pour aller au devant des batailles rangées dans la poudreuse.

Et je me sens las.

Je n'ai aucune envie de prendre part à cet engouement. Les flocons, les batailles de boules de neige me semblent d'une futilité excessive.

L'insouciance de mes camarades me pèse.

Enfoncé dans un grand fauteuil molletonné, assis en tailleur, je laisse mon esprit vagabonder les yeux fixés sur un grand grimoire.

- Harry... lance Hermione en posant sa plume.

- Hmm ? je dis, sans détacher les yeux de mon parchemin

Ce que tu lis doit être passionnant...

- Hmm... je fis à nouveau.

Elle ferme avec précaution son livre. Puis tourne sa chaise vers moi.

- Harry, ça fait près d'une heure que tu n'as pas tourné une page...

Sa perspicacité m'agace.

Elle jette un regard dans la pièce, se penche vers moi et murmure :

- Je t'ai vu l'ouvrir !

Son sens de l'observation m'irrite.

Je lève vers elle des sourcils froncés.

- La Carte des Maraudeurs ! Je t'ai vu la déplier ! Ne me dis pas que tu continues à...

Je ferme mon grimoire en un claquement sourd.

Je ne peux rien lui cacher et je présume qu'elle va me faire la morale.

Hermione pose une main sur mon avant-bras avant que je me lève.

- Attends ! Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais....

Je murmure un « Méfait accompli ».

- Je sais ce que tu vas me dire ! Et tu as raison, ça ne te regarde pas !

Je saisis ma cape et mon écharpe et me dirige vers la sortie.

Hermione contourne le bureau et me rattrape en courant.

Je sens sa prise sur mon bras et je me retourne à contre-cœur.

- Je trouve que ce n'est pas très sain ce que tu manigances... Et pour ton bien, je pense que tu devrais arrêter...

Je redoute ce qu'elle va dire et je ne veux pas l'entendre.

Je me dégage de sa prise et passe le tableau de la Grosse Dame.

Elle est sur mes talons. Dans le couloir, elle pose une main sur mon épaule.

- Arrête de suivre et d'épier Malefoy... Ce n'est pas... bon...

- Hermione ! Ne me dis pas ce qui est bon pour moi ! Je sais ce que je fais ! Alors arrête de te mêler de ma vie !

Elle me laisse partir mais continue :

- Harry, je me fais du souci pour toi... Depuis ton accident...

Je me tourne vers elle.

- Je ne veux pas en parler !

Si seulement, elle savait. Je soupire. Elle ne peut pas comprendre. Ou plutôt si, elle pourrait, mais je n'ai aucune envie de me confier à elle, ni à quiconque d'ailleurs.

Je n'ai pas non plus envie de me froisser avec Hermione.

Je remonte les quatre marches qui me sépare d'elle. Je dépose un baiser sur sa joue pour la rassurer.

- Ne t'inquiète pas pour moi... Je sais ce que je fais...

Son regard me dit qu'elle n'y croit pas.

Et même moi, je ne crois pas à mon propre mensonge.

.oOoOo.

Je glisse rageusement la Carte dans ma poche et descends rapidement les escaliers vers le parc.

La fascination qu'exerce sur moi le point de Malefoy sur la Carte de Maraudeurs dépasse toute logique rationnelle.

Je l'observe, je l'avoue. Depuis plusieurs semaines. Son point sur le parchemin, ses moindres déplacements, ses va-et-vient dans le château. Hermione a-t-elle raison ? Est-ce réellement malsain ?

Pourquoi ce petit con m'intéresse autant ?

Je me rends compte aujourd'hui que je n'ai aucune réponse convaincante. Je me persuade que tout est une question d'intuition et d'instinct.

Mon manque de confiance en lui m'oblige à le surveiller et à prendre garde au plan foireux qu'il peut préparer.

Je sais pertinemment que Voldemort a placé de grands espoirs en lui. Est-ce mon devoir d'en savoir plus et d'éventuellement de l'arrêter ?

Une partie de mon esprit - à la recherche d'une rationalité - s'en est convaincue et se justifie ainsi de cette vigilance malsaine.

Une autre partie de moi, plus perfide et certainement plus lucide, me chuchote sournoisement que mon comportement a commencé à changer depuis notre remontée de la grotte.

Depuis que j'ai découvert un nouveau visage au serpentard.

Je sais désormais que Malefoy agit à contre cœur, que son masque de froideur n'est qu'un moyen de dissimuler ses craintes. Suis-je le seul à m'en être rendu compte ?

Malefoy ne veut en aucun cas devenir Mangemort.

Il suit simplement un chemin tracé pour lui, par d'autres. Sa Destinée. Ainsi qu'il me le confiait dans la grotte.

Et je ne suis qu'un imbécile parce que je me surprends à le plaindre et à compatir de sa situation.

Je me souviens de la main que je lui ai tendu dans la grotte. A l'aide que je lui ai proposé. Et que celui-ci a refusé. Et j'ai mal.

Je sais que j'aurais du oublier cet épisode de la grotte. Au moins pour ma santé mentale. Mais je n'ai pas pu. Garder secrets ses moments privilégiés comme si tout n'avait été qu'un rêve.

L'oublier.

Tout oublier.

Effacer ce moment de ma mémoire.

Oublier ses mains.

Sa peau pâle.

Son regard bleu.

Ses lèvres.

Il ne s'est rien passé... On continue comme avant... avait-il dit.

Rien. Rien ne s'était passé.

Enfouir. Enterrer. Oublier. C'est ce qu'il m'avait ordonné : tout oublier.

Tout n'avait été qu'un rêve, alors ? Ces instants volés m'apparaissent aujourd'hui comme les bribes d'un vieux souvenir rêvé. Un rêve éveillé que j'ai voulu me rappeler longtemps avant de me convaincre que tout n'était qu'un songe.

Une image tenace reste pourtant ancrée dans mon esprit : la détresse que j'ai perçu dans les yeux du serpentard.

L'indicible peur que j'y ai vu m'avait donné un frisson. Envisager Malefoy pétri d'angoisses m'avait déstabilisé. Et sans doute cette image le rendait sans cesse plus proche de ce que je ressentais également.

Je me déteste d'autant plus que Malefoy ne m'accorde aucune espèce d'attention.

Et pourquoi l'aurait-il fait ?

Tout est redevenu comme avant. Malefoy semble même me haïr un peu plus - si cela est humainement possible. Il s'efforce chaque jour davantage à m'humilier et à me cracher son mépris à la figure.

Mais cette haine qu'il déverse ne me touche plus comme autrefois. Elle m'apparait à présent comme un bouclier que le serpentard tient droit devant lui.

Souvent j'ai cru apercevoir à nouveau dans son regard cette peur qu'il tente de surmonter.

Et chaque fois, mon cœur se comprime.

Pourquoi je me sens si inquiet pour lui ?

Pourquoi je n'arrive pas à détacher mes yeux de son point sur la Carte ?

.oOoOo.


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