Chapitre 16 - Agustin

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Alba pose sa main sur la mienne et je ne sais pas si c'est son contact ou la bourrasque de vent, mais un frisson me parcourt l'échine. Elle presse ma main, se tourne vers moi et retire l'écouteur de son oreille.

— Est-ce que c'est trop indiscret si je te demande ce qui ne va pas ?

Je me détourne d'elle, fuyant son regard de peur qu'elle ne décèle toute la tristesse qui m'habite. Mon regard au loin, je contemple la vue de toutes ces lumières dans la nuit noire de Paris.

— J'ai cette impression qu'il me manquera toujours. Rien ni personne ne réussi à combler ce vide, chuchoté-je.

La voix d'Alba brise le silence qui s'est installé depuis quelques minutes.

— De qui tu parles ?

La musique résonne encore dans mes oreilles et je la laisse me bercer une poignée de secondes avant de lui répondre :

— De mon père.

Les mots ont eu du mal à sortir et j'ai cette boule dans la gorge qui ne fait que grossir. Mes yeux me piquent et je respire calmement afin de reprendre mes esprits. Je ne dois pas craquer, surtout pas. Mais l'émotion me gagne. Être ici, avec elle, lui parler de la personne qui a le plus compté dans ma vie... C'est trop. Alors sans rien ajouter de plus, je me dirige vers les escaliers pour redescendre. Alba me suit, l'alcool semble avoir redescendu, elle paraît moins fébrile sur ses jambes.

— Je suis désolée, dit-elle en posant une main dans mon dos.

Je ne suis pas certaine qu'elle se souviendra en détails de notre conversation, alors je préfère ne pas la poursuivre. Nous marchons dans un silence de mort et seuls les bruits environnants font sursauter Alba. Je n'arrive pas à dire quoi que ce soit de peur de craquer et de pleurer au beau milieu de la rue. Les gens pensent qu'on peut être fort en toutes circonstances, mais la vérité c'est que la tristesse peut revenir par vague, sans prévenir et te frapper même quand tu as pas envie de craquer.

— Agu... Si t'as besoin de parler, je suis là, d'accord ?

Elle n'a vraiment pas l'air de se souvenir de ce qui s'est passé dans notre immeuble et ça me sidère encore plus. J'aurais pensé qu'en lui avouant que mon père est mort, elle ferait le lien avec ce qui est arrivé. Mais on dirait vraiment qu'elle a tout oublié, qu'il ne lui reste que des bribes de souvenirs.

Je n'ai pas envie d'en parler ce soir, malgré tout elle vient de se prendre une cuite, et même si le froid a l'air de l'avoir fait redescendre, je préfère que cette soirée ne termine pas d'une triste manière.

— Allez viens, on rentre ! éludé-je.

D'un coup, Alba n'est plus à mes côtés alors je me retourne et la trouve plantée là, derrière, à ne plus bouger.

— Alba ? Ça va ? m'assuré-je. Viens, on rentre maintenant.

Elle continue à me regarder, son teint devient livide et elle met une main devant se bouche. Je comprends alors à son regard que quelque chose ne va pas. J'ai presque envie de rire en la voyant ainsi, mais je comprends rapidement qu'elle a envie de vomir alors je m'abstiens.

— Viens par là, dis-je en la dirigeant près de petits buissons sur le bord du trottoir. Respire, OK ? Ça va aller.

Elle secoue la tête négativement et je vois dans ses yeux qu'elle ne se sent pas bien du tout. Puis d'un coup, prise d'un spasme, Alba se baisse et relâche tout ce qu'elle contenait.

L'odeur me parvient et me donne moi-même envie de vomir, mais je retiens ma respiration pour l'aider. Je pose une main dans son dos et tente de la rassurer.

On aurait dû rentrer directement au lieu d'aller sur le rooftop, me dis-je en pensant qu'elle aurait été bien au chaud au lieu de vomir ses tripes en plein milieu de Paris.

Au bout de plusieurs longues minutes, Alba se redresse et cherche un mouchoir dans la poche de sa veste. Je m'approche d'elle, prêt à la prendre dans mes bras. L'espace d'une seconde, je ne sais pas ce qui m'a pris, alors je recule instinctivement et reprends mes esprits.

Mais qu'est-ce que tu fous ?

— Euh... commencé-je. On va rentrer, OK ?

— Ouais, souffle-t-elle. Il vaut mieux je crois. J'ai l'impression qu'un train m'a roulé dessus.

Sa voix est plus rauque que d'habitude. Je me surprends à trouver son accent sexy.

Mec, elle vient de vomir et tu la trouves sexy ?

Quelque chose débloque vraiment chez moi. Je ne sais pas ce qui m'arrive mais un millier de sentiments contradictoires me traversent.

Alba m'emboîte le pas et nous marchons silencieusement jusqu'au prochain métro.

Alors que nous descendons les escaliers, elle ralentit et déclare :

— OK, j'ai vraiment trop bu... Désolée.

— T'as surtout rien mangé ! Si tu veux boire autant, tu peux, mais faut manger en même temps, lui conseillé-je. Mais allez, c'est trop tard, c'est fait. On va rentrer, tu vas prendre une bonne douche, boire un litre d'eau et dormir jusqu'à dix heures demain matin, et ça ira, OK ?

Elle sourit et ajoute :

— J'aimerais sauter ton planning jusqu'à l'étape dormir, c'est possible ?

Je m'esclaffe devant sa flemme apparente et l'escorte jusque dans le métro où nous nous installons. La rame est plutôt déserte et c'est une bonne chose.

— Plus sérieusement, Agustin, est-ce que je peux te demander quelque chose ? Mais t'as le droit de pas répondre.

Elle pique ma curiosité et je vois qu'elle a sûrement retrouvé ses esprits pour me parler aussi clairement.

— Vas-y.

— Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu sois banni des soirées ? Je sais, je suis pas là depuis longtemps, mais Charline m'a un peu racontée...

Je soupire, pas parce que je n'ai pas envie de lui raconter. Mais plutôt parce que je ne suis pas certain qu'elle comprendrait pourquoi j'ai agi ainsi. Et ce n'est pas une histoire que j'ai envie de raconter ce soir, j'en ai déjà bien trop dit.

— Je te raconterai...

Alba lève la tête vers moi, soudain très intéressée par ma réponse, mais j'ajoute :

— Vraiment, je t'assure que te raconterai, mais pas ce soir. Tout ce que je peux te dire c'est de ne pas écouter les ragots... Tu sais aussi bien que moi que les gens aiment en rajouter des tonnes quand il s'agit de raconter une histoire qu'ils ont soit entendu par quelqu'un d'autre soit vu de loin...

Ma réponse semble la faire réfléchir.

— Je vois...

— Tu sais, les gens aiment bien en rajouter alors qu'ils se savent rien.

— Je sais. Et je vois bien qu'il y a quelque chose. Je ne sais pas encore quoi, mais Agu, si t'as besoin de parler, je suis sérieuse quand je te dis que je suis là.

— Tu m'as encore appelé Agu, remarqué-je.

— Pardon, j'ai pas fait exprès, c'est sorti naturellement comme...

— Il y a dix ans, finis-je à sa place.

Elle acquiesce d'un hochement de tête et son regard se teinte d'un voile. Soudain, elle semble absente et j'aimerais lui demander à quoi elle pense, mais quelque chose m'en empêche. Comme si je n'avais moi-même pas envie de me rappeler, pas envie de revivre cette époque. Alors que je donnerais tout pour revenir avant que tout n'éclate. Je me souviens très bien que le petit Agustin que j'étais avait un crush sur elle. Et aussi jeune que nous étions, je l'ai toujours trouvé tellement belle.

Je crois qu'il est temps qu'on rentre et que je m'éloigne d'elle, bordel.

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