Dans le monde des Petits

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Petit OS de moins de 1000 mots (enfin moins, je crois que c'est tout pile) pour le concours de callmelya !

Bonne lecture !

▫️▪️▫️

— Bouge tes fesses, Porte-plume ! C'est bientôt l'aurore !

— Laisse mes fesses tranquilles et pose les tiennes, y a rien de plus beau que l'aurore !

Il se tut, il n'y croyait pas, pas du tout, il n'y croirait jamais. Parce qu'enfin, voir la lumière se lever, réveiller les nuages et chasser les étoiles était d'un triste, d'un triste... Mais Porte-plume ne le comprendrait jamais, lui, il était solaire, trop solaire pour être net même.

Et Jean et sa carcasse de quinze centimètres détestait tout ce qui y touchait, au soleil. Pas faute d'avoir essayé, en huit mille ans d'existence on avait le temps, mais ça n'y changeait rien. Jean courait se terrer dès qu'un rayon effleurait son nez.

Dans le temps, on l'avait traité de vampire, mais il se voyait très bien dans les vitres parfaitement nettoyées de la papeterie en face de la place et puis de toutes façons, il était végétarien depuis les années 80.

Et puis bon, si il était un vampire, finalement ? Où était l'intérêt ? Parce qu'un suceur de sang de cent cinquante millimètres, à part les fourmis, ça n'impressionnait personne.

Jean regarda Porte-plume — dont le vrai nom était Armin mais que tout le monde avait abandonné quand les Grands avaient inventé le stylo à encre — c'était un Petit, comme lui, un immortel, aussi, et le meilleur ami de Couillon-en-couche, Eren, bien qu'il ait disparu depuis des siècles.

Sentant son regard dans sa nuque, le blond le dévisagea :

— Tu veux quoi, Jean-sans-plaire ?

Il tiqua, depuis le frère de Richard Cœur de Lion*, et au vue de son incapacité à draguer quiconque, ce surnom lui collait aux basques.

— Te pousser du bord, Porte-plume.

L'autre rit gaiement, l'habitude, sans doute.

— Fais toi plaisir ! Mais on doit rentrer ensemble, c'est Winnie-l'ours-brun qui l'a dit !

— Pff.

Il se renfrogna, c'était la règle, on sortait à deux, on rentrait à deux, ou on ne rentrait pas. Depuis Marco, on l'avait imposé. Jean essuya une larme qu'il aurait voulu imaginaire, parler de lui ne lui faisait que du mal.

Alors, contraint de plaire à l'autre, il s'assit dans l'ombre d'une cheminée de l'ancienne fabrique de tissu, vieille bâtisse en brique surplombant le bourg. Coincé là, fixant la voûte nuageuse rosée, Jean frissonna, un rayon avait dû le toucher.

Longtemps, Porte-plume admira le soleil. Longtemps, il sourit face à la force de celui-ci. Et longtemps, Jean-sans-plaire pleura son angoisse.

Et alors que ce dernier pensait que les dieux des Petits l'avaient abandonnés, une main froide le toucha, effleura sa joue, descendit sur son nez, continua sur ses yeux fermés. Terrorisé, l'immortel les ouvrit, priant pour que ce soit un ami.

Et devant lui, sous une épaisse écharpe rouge de Grand, recoupée pour en faire une cape, se tenait Sélène-aux-yeux-tristes**, Mikasa. Elle le fixait, presqu'inquiète, les yeux pleins d'eau, comme souvent quand Couillon-en-couche se trouvait là, mais cette fois-ci, aucune trace de lui.

Sans un mot, il l'interrogea du regard, silencieusement, comme à son habitude, elle murmura.

— Il est... parti.

Ses yeux s'embuèrent, mais elle tint bon, rien ne coula.

Jean ne fit rien, il ne se leva même pas, il ne comprenait pas. Un Petit ne pouvait mourir qu'à deux conditions : de la main d'un grand, et tué par derrière. Sauf que Mikasa était un ange gardien pour la racaille qu'était Eren. Elle ne l'aurait pas laissé, jamais. C'était pour ça qu'elle les avaient quitté, pour lui. Incertain, il l'interrogea.

— Comment ?

— C'est... C'était devenu un Grand. Alors il l'a fait tout seul, le saut de l'ange.

— Oh.

Il n'y croyait pas. Enfin si. Mikasa ne mentait plus depuis ses neuf cent ans. Mais tout de même. Eren l'aurait abandonnée ? Nul doute que pour un saut de l'ange, ç'en était un, même s'il méritait bien plus sa place en enfer.

— Tu l'as dit à Po... Armin ?

— Oui. A l'instant.

— Et alors ?

— Il pleure, je crois. Je l'ai laissé, je n'arrivais plus à lui parler comme avant.

— Comme avant ?

— Je l'ai trahi. En partant.

Jean se tut, elle avait raison. Elle avait trahi beaucoup de monde, de Gouffre-sans-fond à Winnie-l'ours-brun en passant par lui-même. Ils n'avaient rien vu venir, rien compris et rien accepté, c'était encore ancré dans leurs mémoires, dans leurs veines, ça avait retourné les cœurs, ils les avaient haï, puis tués en rêves. Le pardon était venu quand ils avaient commencé à les oublier ; délicieuse période qu'était la Grande Guerre des Grands pour outrepasser ses tourments.

— Et tu comptes faire quoi, alors, Mikasa ?

Elle détourna le regard, elle ne savait pas. Elle pouvait bien essayer de revenir comme une fleur, mais ils étaient partis à deux et elle revenait seule, le problème persistait. Devant son désarroi, Jean lui posa une main glaciale sur l'épaule.

— Écrit. Tout ce qui s'est passé, du début à la fin. Je le donnerai à Wi... À Erwin et Livaï.

Elle serra ses doigts froids autour de ceux du "jeune" homme, et le remercia d'un regard. Il continua en désignant une boutique de l'autre côté de la place, boutique qui semblait bien trop loin pour leurs petits pieds.

— Y a une papeterie là-bas, un jour et demi de marche en passant par les toits, neuf heures si tu traverses tout. Tu peux voler du papier et un crayon très facilement, le mieux c'est de prendre un carnet où t'arracheras les pages.

Touchée, elle dit :

— Et pour te retrouver ?

— Ici, de la tombée de la nuit jusqu'à l'aube.

— Merci.

Elle lui serra la main, très fort, trop fort pour une petite personne de quinze centimètres. Et par cet infime geste elle exprima toute sa reconnaissance, tout le reste de sentiments qui n'avaient pas étés détruits par le temps.

Mais, soudain, inquiète, elle demanda :

— Et si je ne peux pas revenir ? Si ils refusent ?

— Je serai toujours là, de la tombée de la nuit jusqu'à l'aube. Tu seras pas toute seule.

Elle rosi. Finalement, « Jean-sans-plaire » devrait peut-être être modifié.

▫️▪️▫️

Voilà !
N'hésitez pas à donner votre avis !

* Richard Cœur de Lion —> son frère était surnommé Jean sans terre, d'où le « Jean-sans-plaire »
**Sélène-aux-yeux-tristes —> Sélène est le nom de la divinité représentant la lune chez les grecs, Mikasa est ici associée à la lune (a cause de ses yeux, principalement)

Je n'ai jamais adoré les histoires d'amour sans aventures autour, mais avec moins de 1000 mots, je ne pouvais pas faire grand chose d'autre, dites moi si c'est à peu près réussi !

(D'ailleurs le surnom donné à Livaï en secret est « Schtroumpf costaud », mais il refuse qu'on lui en donne un dans la vie courante)

<3

Edit du 2 juillet 2021 :
J'ai gagné la première place au concours auquel cet os participait !

Et j'ai donc corrigé les quelques coquilles qui restaient (ou du moins celle que j'ai pu voir, n'hésitez pas si vous en voyez d'autres) et les quelques virgules qui me paraissaient en trop.

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