14 ➵ 𝟭𝟭 𝗺𝗶𝗻𝘂𝘁𝗲𝘀 • 𝘆𝘂𝗻𝗴𝗯𝗹𝘂𝗱 𝗳𝘁 𝗵𝗮𝗹𝘀𝗲𝘆

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↺ 𝐴𝑛𝑑 𝑦𝑒𝑎𝘩, 𝐼'𝑣𝑒 𝑠𝑒𝑒𝑛 𝑦𝑜𝑢 𝑖𝑛 𝑚𝑦 𝘩𝑒𝑎𝑑 𝑒𝑣𝑒𝑟𝑦 𝑓𝑢𝑐𝑘𝑖𝑛' 𝑑𝑎𝑦 𝑠𝑖𝑛𝑐𝑒 𝐼 𝑙𝑒𝑓𝑡
𝑌𝑜𝑢 𝑜𝑛 𝑡𝘩𝑒 𝑓𝑙𝑜𝑜𝑟 𝑤𝑖𝑡𝘩 𝑦𝑜𝑢𝑟 𝘩𝑎𝑛𝑑𝑠 '𝑟𝑜𝑢𝑛𝑑 𝑦𝑜𝑢𝑟 𝘩𝑒𝑎𝑑
𝐴𝑛𝑑 𝐼'𝑚 𝑑𝑜𝑤𝑛 𝑎𝑛𝑑 𝑑𝑒𝑝𝑟𝑒𝑠𝑠𝑒𝑑
𝐴𝑙𝑙 𝐼 𝑤𝑎𝑛𝑡 𝑖𝑠 𝑦𝑜𝑢𝑟 𝘩𝑒𝑎𝑑 𝑜𝑛 𝑚𝑦 𝑐𝘩𝑒𝑠𝑡


Après cette nuit, où ils avaient tout doucement dansé, à distance respectable, mais lié malgré tout par un fil invisible, quelque chose changea entre eux. Leur relation, fragile et hésitante, s'affirma un peu plus. Et du côté du brun, il se créa quelque chose de nouveau, une lueur dans ses yeux qui n'était pas là avant.

Ça se voyait dans la façon de Minho de regarder Jisung, ses yeux qui s'attardaient un peu trop sur le visage du blond, qui semblaient analyser le moindre détail, comme pour le retenir et l'emporter avec lui dans un endroit où il ne pourrait plus le revoir. Ça se voyait dans la façon qu'il avait de lui sourire doucement, avec une tendresse à peine dissimulée, comme s'il était la chose précieuse qu'il lui était donné de voir. Ça se voyait dans ses gestes, la façon de son corps d'être conscient du sien, de se déplacer en fonction de lui, comme s'ils dansaient tous les deux une chorégraphie qu'aucun d'entre eux n'auraient appris. Ça se voyait dans sa façon de rire, les petits regards en coin qu'il lançait à Jisung quand il se laissait aller à s'esclaffer, comme s'il n'était pas sûr d'avoir tout à fait le droit d'être heureux en sa présence. Comme si Minho n'avait été que l'ombre de lui-même jusque-là, et qu'il avait subitement retrouvé une raison de vivre.

Jisung était content que le brun semble revenir à lui peu à peu, qu'il se sente plus à l'aise, plus ouvert et plus libre. Il avait beau lui avoir souhaité tout le malheur du monde, c'était une chose que de le maudire quand il était seul dans sa chambre, noyé dans les larmes, le cœur à vif, et une autre de le faire quand ils étaient l'un face à l'autre, et que Minho semblait tout aussi brisé que lui. Il n'était pas un monstre, il n'avait pas l'intention de s'acharner sur quelqu'un déjà à terre. Et il était trop gentil, l'avait toujours été. Tout le ressentiment accumulé depuis ce jour d'été où il avait enfin compris que Minho ne répondrait plus à ses appels, plus à ses messages, et qu'il ne le reverrait plus, fondait comme neige au soleil quand il voyait le brun se réjouir devant des choses aussi banales qu'un bol de nouilles chaudes après une longue marche dans le froid. Il se prenait même à sourire quand il savait qu'il ne le regardait pas, devant son innocence sincère.

Cela faisait maintenant une semaine que Minho était revenu dans sa vie, dans leurs vies, et il lui semblait presque qu'il n'en était jamais parti. Presque étant le mot qui faisait toute la différence. Car malgré leurs interactions qui étaient plus familières que jamais, presque inchangées malgré le laps de temps écoulé, il subsistait entre eux quelque chose d'indéfinissable, une barrière qu'il ne parvenait pas tout à fait à franchir. Minho restait très secret sur ce à quoi avait ressemblé sa vie pendant les cinq dernières années. Et Jisung ne pouvait passer au-delà de ce fossé entre eux, ne pouvait faire comme s'il n'était rien arrivé, malgré son envie d'oublier le passé et de se concentrer sur leur amitié grandissante. Il ne réussissait pas à sourire comme Minho le faisait, parce qu'à chaque fois, il sentait la peur grimper en lui, une petite voix lui susurrer à l'oreille et s'il repartait, et s'il avait déjà quelqu'un, et si venir ici ne représentait rien pour lui, et si, et si, et si. Ses anciens doutes revenaient au galop. Il lui avait déjà fallu toute sa volonté pour se convaincre qu'il ne lui mentait pas quand il lui assurait qu'il l'avait aimé et qu'il regrettait plus que tout de l'avoir laissé comme s'il n'était rien pour lui. Parfois, quand la nuit tombait et qu'il n'arrivait pas à dormir, il se repassait dans sa tête les paroles du brun comme une rengaine rassurante, et il parvenait à s'apaiser, jusqu'à ce que la petite voix revienne.

« J'aurais dû te donner tellement d'amour que plus jamais tu n'aurais douté de ce que je ressentais. ». Il s'accrochait à cette phrase comme un enfant s'accroche à son doudou. Il aurait voulu pouvoir voyager dans le temps, arriver face au Jisung bouleversé qui se détestait de ne pas avoir pu retenir Minho, et il aurait voulu lui dire que ce n'était pas sa faute. Que Minho était parti, mais que ce n'était pas sa faute. Que s'il avait eu le choix, il ne l'aurait pas fait.

Et alors, pourquoi l'avait-il fait ? Jisung s'était promis de lui laisser du temps, de ne pas le brusquer, d'attendre qu'il révèle de lui-même les raisons qui l'avaient poussé à partir. Mais on était déjà dimanche, et Minho ne resterait pas indéfiniment. À la pensée que le brun partait déjà dans une semaine, Jisung sentait son cœur se serrer. Il s'était habitué à sa présence chez lui, à le voir quand il rentrait des cours, à manger avec lui, à parler de sa journée avec lui. Du jour au lendemain, tout cela cesserait à nouveau, et rien ne garantirait qu'ils garderaient contact. Et même s'ils le faisaient, ce ne serait pas pareil. Il s'en était bien rendu compte avec Seungmin, Chan, Changbin et tous ceux qui étaient partis de Tokyo. Ils se parlaient, de temps en temps, des appels tard le soir quand le manque était trop fort, mais ce n'était pas comme avant. Ils avaient vécu trois ans ensemble, littéralement à habiter dans le même bâtiment, à partager leurs repas et à passer leurs week-ends ensemble. Aujourd'hui, c'était à peine s'ils étaient au courant de ce qui se passait dans la vie de chacun, sauf pour les photos qu'ils partageaient sur les réseaux sociaux et les occasionnels tweets qu'ils postaient. Jisung était un éternel optimiste, romantique et plein d'espoir, mais il n'était pas idiot.

Ces deux semaines aux côtes de Minho et Chan étaient une parenthèse, agréable certes, mais destinée à ne pas durer. Et Jisung ne voulait pas le voir partir avant d'avoir eu le fin mot de l'histoire. Il espérait qu'il réussirait à savoir ce qui était arrivé. Si possible avant la fin des deux semaines, parce qu'il voulait l'entendre de vive voix. Et quant à ce qui allait advenir une fois que Minho serait reparti, et bien... Il aviserait sur le moment.

En attendant, ils continuaient de faire des sorties, d'ordinaire accompagnés par Chan, Jeongin et tous les autres. Mais ce rythme d'être dehors tous les soirs commençait à se faire sentir sur leur énergie, ainsi que sur leur porte-monnaie. Après tout, ils étaient tous étudiants, et ne pouvaient pas non plus se permettre de dépenser tous les soirs leur argent dans des jeux d'arcade ou des fast-foods. Le reste de l'année, ils se contentaient de traîner chez Felix ou Jisung, ce qui ramenait les frais à beaucoup moins cher. La présence des deux autres garçons les poussait à sortir plus que d'habitude, et ça avait beau être très agréable, ils tenaient à garder un peu d'économies pour les cadeaux de Noël. C'est pourquoi ce dimanche, alors qu'ils avaient originellement de tous se retrouver au cinéma, seuls Jisung et Minho y allaient, les autres ayant décliné à regret la proposition pour l'intérêt de leur porte-monnaie. Jisung travaillant le week-end, il n'avait pas trop à s'en faire question argent, et Minho ne paraissait pas gêné de dépenser autant.

-Au moins, on aura pas à partager le pop-corn, fit remarquer Jisung alors qu'ils entraient dans la salle.

Minho hocha la tête sans répondre. Jisung était habitué à parler pour dix ; il n'était pas plus que ça dérangé quand on ne réagissait pas à ce qu'il disait. Et puis, Minho n'était pas Felix. Il était plutôt du style à économiser ses mots, contrairement à Felix qui babillait à propos de tout et n'importe quoi, surtout quand il était gêné. C'était attendrissant.

Jisung mentirait s'il disait que le blond ne lui manquait pas un peu. Au cours de la dernière semaine, leurs interactions s'étaient faites plus rares, et ils ne s'étaient pas retrouvé une seule fois en tête-à-tête. Il avait été un peu jaloux de voir Felix et Hyunjin s'unir dans leur coin, mais il ne pouvait pas vraiment les blâmer, leur réaction était tout ce qu'il y a de plus normal. Après tout, il les avait un peu délaissés depuis qu'il hébergeait Minho. Mais l'absence de son meilleur ami commençait à se faire ressentir, et il eut soudainement envie qu'il soit là, avec eux ce soir. Minho était agréable, mais il n'était malgré tout pas aussi proche de lui qu'il ne l'était de Felix, et d'un côté, le brun l'impressionnait un petit peu. Ils ne se reparlaient pas depuis longtemps, et il était loin d'être complètement à l'aise avec lui. Minho restait calme, contrairement à Felix, qui avec sa spontanéité et ses réflexions bruyantes s'accordait mieux avec le caractère de Jisung.

Autrefois, cette différence n'avait pas posé de majeurs problèmes, ils se complétaient, mais additionnée au passé mystérieux de Minho, il avait l'impression qu'il lui manquait quelque chose pour pouvoir retrouver complètement leur amitié. Il avait un peu la sensation de revenir devant la maison de son enfance, pour découvrir que d'autres personnes l'habitaient. Un sentiment pas tout à fait distinct, plutôt quelque chose de flou, mais qu'il était incapable de se sortir de la tête. Et cela l'empêchait de se laisser totalement aller comme il pouvait le faire avec Felix.

Peut-être était-ce aussi à cause de leur différence d'âge ? Même s'ils n'étaient pas si éloignés, c'est comme si Minho semblait plus mature, comme s'il avait vécu pendant ces cinq ans des choses dont Jisung n'avait pas la moindre idée. Et pourtant, ça n'avait pas été une partie de plaisir pour lui. Mais dans les yeux de Minho...Il y avait quelque chose de plus. Une douleur qu'il ne connaissait pas. Il lui manquait encore des clés pour qu'il comprenne tout à fait Lee Minho, pour qu'ils redeviennent aussi proches qu'ils avaient pu l'être.

Il ressassait tout ça alors qu'ils choisissaient leurs sièges, au milieu de la salle. Deux garçons occupaient déjà les sièges les plus au centre dans leur rangée préférée, alors ils se mirent d'accord pour celle du dessous. Il n'y avait pas grand monde, le film était déjà sorti depuis plus de trois semaines. C'était un long-métrage d'animation japonaise, The day the flowers bloomed, et il s'était dit qu'au lieu d'y aller tout seul comme il en avait l'habitude, il pourrait inviter ses amis à venir avec lui. Même si au final, seul Minho se trouvait là. Ils s'assirent dans les fauteuils rouges, et Jisung reporta immédiatement son attention sur le pop-corn.

-Mange pas tout avant le début de la séance, rigola doucement Minho en le voyant engouffrer une pleine poignée dans sa bouche.

Il avait l'air attendri par le comportement du blond. Jisung s'en voulut aussitôt de penser qu'il lui manquait quelque chose pour être complètement ami avec lui. Il était évident que Minho faisait de son mieux pour se faire pardonner, et ce n'était pas sa faute s'il inspirait à Jisung un sentiment dérangeant, qu'il ne parvenait pas à mettre en mots. Peut-être lui aussi était-il un peu perturbé de devoir s'ajuster à un Jisung qu'il avait l'habitude de connaître et en face duquel il se retrouvait perdu. Ce n'était facile pour aucun d'entre eux. Il fallait juste laisser le temps faire son œuvre, jusqu'à ce qu'il guérisse les déchirures entre eux.

-On a acheté le plus gros pot, c'est pour que je puisse en avoir avant que le film commence ! affirma Jisung en piochant quelques pop-corns, qu'il s'empressa d'avaler goulûment.

Il adorait manger, c'était une activité dont il ne se lassait jamais. L'une des choses les plus dures à vivre pendant la période où il était mal avait été de devoir manger des aliments qui n'avaient plus aucune saveur pour lui, juste pour se maintenir en vie. Il ne prenait plus aucun plaisir à manger, alors que c'était une de ses choses favorites au monde avant. Quand la nourriture avait fini par reprendre du goût, il en avait pleuré de soulagement.

-Alors laisse-en moi un peu, protesta Minho, qui plongea subitement la main dans le pot, en même temps que Jisung.

Surpris par le contact soudain entre leurs deux peaux, ils retirèrent immédiatement leurs mains comme s'ils s'étaient brûlés. Quelques secondes de silence suivirent, avant que Minho ne rit d'un air gêné, et que Jisung ne l'imita, se demandant pourquoi il avait réagi de manière aussi brusque. Après tout, il ne s'était rien passé de grave, pas vrai ? Il agissait encore comme s'il était un adolescent effarouché. Il avait vingt-trois ans, bon sang, pas quinze !

-Je vais avoir encore faim, soupira Jisung pour briser le silence inconfortable. J'aurais dû prendre un autre sandwich avant de venir.

-Je t'avais dit qu'un ne te suffirait pas.

-Après les croissants de ce matin, je pensais que ça serait déjà pas mal...

-Je te connais, Jisung. Tu es un estomac sur pattes.

Il ouvrit la bouche pour nier, puis la referma. Minho avait raison. Il semblait qu'il n'ait oublié aucun détail sur sa manière d'être. Hier, il s'était même rappelé qu'il mangeait ses cheesecakes couche par couche au lieu de prendre des bouchées à la verticale comme tout le monde. C'était... agréable, de voir qu'il le connaissait encore par cœur. Comme si une fois de plus, ces cinq ans n'avaient rien été de plus qu'une longue pause, et qu'ils reprenaient là où ils en étaient. Sentiments amoureux mis à part, évidemment.

-Je vais m'acheter un truc, finit par céder Jisung en se levant.

À peine s'était-il mis debout que les lumières s'éteignirent, et qu'une pub pour un restaurant s'afficha à l'écran. Il gémit, mais se rassit, sous le rire clair et communicatif de Minho. Il riait tellement peu souvent qu'à chaque fois, Jisung se retrouvait surpris de l'entendre.

-Je te payerais un bol de nouilles tout à l'heure, promis-il devant l'air boudeur du blond.

-Hmmm.

Il dû faire de son mieux pour garder cette promesse à l'esprit pour survivre aux différentes annonces qui suivirent, qui vantaient les mérites de plusieurs restaurants des environs, au moyen de photos alléchantes. Son ventre grogna de plus belle à la vue d'un bibimbap sur l'immense écran, ce qui déclencha une fois de plus le rire de Minho.

Puis les publicités cessèrent et le film commença. C'était la dernière sortie du réalisateur Makoto Shinkai, déjà primé pour ses films à succès comme Your Name ou Weathering with you. L'histoire était plutôt simple : celle d'un jeune garçon, Kazuto, qui possédait le pouvoir de savoir à quel âge les gens allaient mourir, par le biais de numéros flottant au-dessus de leur tête. En dehors de ça, il vivait normalement, jusqu'à ce qu'il rencontre la jeune Shiumi et qu'il en tombe amoureux. Excepté que l'âge indiqué au-dessus d'elle était 16, et qu'elle allait fêter ses dix-sept ans à la fin du printemps.

Jisung s'était juré qu'il ne pleurerait pas, mais alors que les crédits défilèrent sur l'écran, la musique de fin envahissant la pièce, il sentit quelques larmes couler sur ses joues. Comme il s'y était attendu en voyant le résumé, le film était un petit bijou, émouvant et renversant. Et il était beaucoup trop faible quand on le prenait par les sentiments comme ça.

Il se tourna vers Minho, persuadé de le voir aussi blasé qu'à l'ordinaire, et fut étonné de le voir s'essuyer les yeux, avant de jeter un regard de défi à Jisung :

-Quoi ? C'était triste, ok ?

Jisung sentit un sourire s'étirer sur ses lèvres, et pris d'une subite impulsion, il serra le brun dans ses bras. Il le sentit se raidir, puis se détendre contre lui. Il ne savait pas pourquoi, mais le film, avec son message de dis aux gens que tu les aimes avant qu'il ne soit trop tard, lui avait fait un petit coup au cœur, comme une prise de conscience. C'était clairement stupide, mais il était encore l'esprit plongé dans le film, ses émotions à découvert, et actuellement il n'avait pas le temps de faire le tri, il voulait juste faire ce qui lui paraissait le plus naturel. Et, à l'instant même, c'était d'avoir Minho dans ses bras.

Jisung avait toujours été parmi les plus tactiles du groupe. S'il était facilement anxieux en public, et détestait qu'on le touche quand il ne connaissait pas assez la personne, il adorait être proche de ses amis, et cela incluait tenir les mains, faire des câlins, et simplement s'allonger sur tous ceux qui passaient à sa portée. Minho l'était moins, mais s'il n'allait pas spontanément vers les gens, il ne refusait jamais un contact.

Ils se séparèrent presqu'aussitôt, mais les deux ayant cette fois un petit sourire sur les lèvres. Jisung ne pensait pas se tromper en affirmant que Minho aimait bien leur proximité. Il avait toujours su plus ou moins deviner comment l'autre se sentait, et son sourire n'était pas faux, il était vraiment heureux à l'instant même. Si on exceptait la petite lueur manquante dans ses yeux.

Ensuite, ils ramassèrent leurs affaires et sortirent de la salle, commentant activement la moindre scène du film. Ils avaient adoré tous les deux, et ils se retrouvaient comme au bon vieux temps, à échanger leurs impressions. Jisung était tellement pris par le film qu'il en avait même oublié sa faim. Mais son estomac ne tarda pas à lui rappeler sa présence, alors qu'ils passaient devant une échoppe de dorayaki, des pâtisseries japonaises à base de haricots rouges. Minho n'hésita pas une seule seconde et se tourna immédiatement vers le stand, deux doigts levés pour indiquer sa commande, malgré les protestations de Jisung qui disait qu'il pouvait tenir jusqu'à chez lui. Il se tut bien vite quand quelques secondes plus tard, un beignet bien chaud fut placé dans ses mains.

-T'étais pas obligé, grommela-il en mordant à pleine dents dans le dessert.

Minho lui sourit, et continua d'avancer.

-Non, mais je savais que ça te ferait plaisir.

Ils continuèrent à marcher, savourant la chaleur des dorayaki, bienvenue alors qu'autour d'eux l'air était glacial. La nuit était déjà tombée, et les rues de Tokyo s'illuminaient par les enseignes des néons. Ils arrivaient dans les quartiers plus éloignés du centre, là où habitait Jisung, quand un miaulement déchirant coupa leur conversation à propos de si oui ou non ils aimeraient avoir un pouvoir comme celui de Kazuto. Ils s'immobilisèrent immédiatement, leurs yeux recherchant la source du bruit. Le miaulement repris, plus faible cette fois, et définitivement très proche d'eux. 

Minho s'accroupit pour jeter un œil à l'intérieur d'un buisson qui bordait la rue où ils se trouvaient. C'était un quartier plus résidentiel, et ils étaient épargnés par le bruit des voitures. La troisième fois que le miaulement retentit, ils localisèrent le chat. Minho l'extirpa délicatement du buisson de ronces où il s'était réfugié, et Jisung s'assit sur le béton à côté de lui.

-Un chat errant, réalisa-il en voyant la fourrure sale du félin. Oh non, il est blessé !

En effet, il avait dû essayer de sortir des ronces, et les épines l'avaient griffé à plusieurs reprises.

-Cht, chut, ça va bien se passer, murmura Minho en reposant le chat à terre, sans pour autant cesser d'apposer une main protectrice sur son dos. On va te soigner, ne t'en fais pas, petit.

Jisung quitta un instant le chat des yeux pour s'attarder sur son ami. Il était complètement absorbé par l'animal, l'inquiétude se lisant dans ses yeux. Il avait toujours été très attaché aux chats, et avait toujours rêvé d'en avoir. Avait-il réalisé ce rêve, quand il avait disparu ? Il était sûr qu'il aurait été un très bon maître pour eux, toujours à faire attention qu'ils aient tout ce qu'il faut. Jisung était allergique aux poils de chats et de chiens, il ne pourrait malheureusement jamais en avoir lui-même.

-Qu'est-ce qu'on fait ? s'inquiéta Minho, lançant un regard désespéré à Jisung.

-Comment ça, qu'est-ce qu'on fait ? On l'a sorti du buisson, c'est suffisant, non ? Il se soignera tout seul, il a à peine quelques égratignures.

-Mais non, le pauvre bébé ! On peut pas le laisser tout seul !

Jisung haussa les sourcils, regardant Minho qui faisait une moue implorante. Il savait très bien qu'il ne pouvait pas y résister.

-Il a pu trainer n'importe où, s'exclama-il. Ça se trouve, il est porteur de maladies !

-Monstre ! l'accusa Minho, mais il souriait, et Jisung sentit ses lèvres s'étirer également en un sourire amusé.

-T'es un vrai gosse, c'est pas possible ! Je suis allergique, Minho, je peux pas avoir de chats chez moi. C'est débrouillard, un truc comme ça, il va s'en sortir.

-Mais-euh ! Il va avoir froid tout seul dehors !

Ils argumentèrent encore quelques minutes, chacun essayant de convaincre l'autre du bien-fondé de sa décision, quand la sonnerie d'un téléphone les interrompit. Ils se regardèrent, confus, mais Jisung secoua la tête. Son téléphone était éteint depuis qu'ils étaient allés au cinéma, il ne l'avait pas rallumé après la séance. Minho parut alors perturbé. Il lâcha le chat, qui s'écarta un peu pour retourner à l'abri du buisson sans pour autant être coincé dans les ronces, et sortit son téléphone de sa poche. Jisung le vit changer d'expression radicalement. Il se rembrunit immédiatement, un contraste avec la joie qui illuminait son visage quelques instants plus tôt. Jisung ne savait pas quel était le nom qui s'affichait sur son écran, mais il était déjà sûr de ne pas aimer cette personne si elle pouvait avoir un tel effet négatif sur Minho.

-Oui, Seojun ? déclara-il d'une voix froide en posant son téléphone contre son oreille.

Jisung attendait, intrigué. Il n'avait jamais entendu ce prénom dans la bouche de Minho auparavant. Qui était-elle ?

Le brun restait le visage fermé, et sa main se crispa sur le portable. Jisung n'entendait rien, mais il devinait bien que la conversation n'était pas des plus réjouissantes pour lui. Il frissonna, ramenant son manteau plus serré autour de lui. Il avait l'impression que la température venait de descendre de plusieurs degrés. Il observait Minho, qui lui gardait les yeux fixés sur un point au-delà de Jisung, la mâchoire serrée. Il émit quelques « mmh » froids, puis finit par décoller le téléphone de son oreille et appuyer violemment sur la touche « raccrocher », avant de se prendre la tête entre les mains. Jisung resta quelques instants interdits, n'étant pas sûr de comment agir. Il éleva une main hésitante, et s'apprêtait à la poser sur l'épaule de son ami quand ce dernier se releva d'un bon, faisant sursauter le blond. Il n'y avait plus la moindre trace d'amusement sur son visage, et le vide que Jisung avait remarqué dans ses yeux semblait avoir gagné tout son corps. Il resta impassible, puis finit par baisser les yeux sur le jeune homme toujours à terre et murmura, essayant de cacher sa voix tremblante :

-Je suis vraiment désolé, Ji. Il faut que je rentre chez moi. Ma fiancée m'attend. 

Jisung sentit quelque chose en lui se briser doucement.

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