Mon sourire est mon arme.

Personne ne peut abattre quelqu'un qui sourit même dans les pires situations.

Je suis convaincue que l'optimisme a toujours le dessus quoi qu'il arrive.

Alors même si j'ai mal au point de vouloir me rouler par terre tellement la douleur est intense...

Même si j'ai le cœur en miette, qu'on piétine à plusieurs reprises mes sentiments...

Je sourirai.

Car la vie est trop courte pour perdre son temps à se lamenter ou à pleurer.

Mais,

Mais...

Si je pouvais faire un souhait,

Un seul...

J'aimerais qu'au moins une fois, mes sentiments atteignent son cœur de glace.

Dans la petite préfecture de Miyagi, alors que l'équipe de volley du lycée de Karasuno revenait de son camp d'entraînement, un vent de fraîcheur et de nouveauté s'élevait.

-Alors c'est ici mon nouveau chez moi? Papa! Y'a un super cadre mais c'est quoi ces méga pentes que je vais devoir me taper pour aller jusqu'au lycée?!

-Arrête de te plaindre Sheïla! Ça te fera un bon entraînement. Une bonne trotte tous les matins!

-Je ne fais plus de sport depuis le collège, papa. Je suis arbitre préfectorale. Combien de fois je vais devoir te le répéter?

-Il n'empêche que tu continues à courir pour garder la forme, et qui sait? Peut-être qu'un jour tu nous feras ton grand retour... Tu étais si passionnée.

-Tu pourrais juste me déposer au lycée quand tu pars au travail, hein papou?

-Toujours aussi forte pour éviter les sujets qui te dérangent.

-C'était le sujet principal de la conversation.

-Quoi qu'il en soit, c'est non. Je pars trop tôt le matin pour te déposer au lycée.

-Argh... Papous~ C'est à cause de ton travail si on se retrouve ici... Tu pourrais faire un effort et trouver une solution au moins...

-On arrête de se plaindre jeune fille. Viens m'aider à décharger les cartons plutôt. Si on arrive à tout déballer d'ici ce soir, je t'emmène manger un katsudon.

-C'est vrai?! Wow je suis motivée! Oh, encore une question avant de te laisser: Maman arrive quand?

-Demain soir. Elle avait encore des choses à régler à son travail avant de venir ici. Allez, au boulot mademoiselle! Tes 90 000 cartons ne vont pas se déballer tout seul.

Et pouf... En un claquement doigt, la vie prenait un nouveau tournant dont absolument personne ne pouvait se douter.

Cette fille-là...

Bien qu'elle soit un tantinet bruyante,

Allait bouleverser le quotidien de toute une équipe.

Et inversement, ils allaient lui changer la vie.

Ainsi débuta la tumultueuse petite vie de Sheïla Ojiro.

Pov Sheïla

Ce matin, ce n'était pas mon réveil qui me tirait du sommeil.

D'ailleurs, je ne pourrais pas vous donner la raison exacte de mon réveil.

C'était un sentiment d'excitation et de peur qui formait une boule de tension au niveau de mon ventre, mais bizarrement ce n'était pas désagréable.

J'entendis la porte de l'entrée se fermer et je savais que c'était mon père qui allait au travail.

Il devait être 5h30.

Je tournais la tête vers mon réveil.

5h31.

Zut! A une minute près !

Je mis des petits coups de pieds dans ma couette. Je détestais perdre à ce genre de petits jeux dont moi seule connaissait l'existence sur le moment. Quoi? Vous n'allez pas me dire que vous ne vous êtes jamais dit: "Si j'arrive au feu avant le bus, je gagne." ou "Si j'arrive à 7h03 au lieu de 7h05, je suis un.e champion.ne?". Si ce n'est pas le cas, vous avez sûrement perdu votre âme d'enfant. Moi ce n'est certainement pas le cas, alors prière de ne pas me juger. Je me levais, prenais une douche avant d'enfiler mon survêtement et de réchauffer le bon petit déjeuner que mon père m'avait préparé. Il avait raison sur un point, même si je m'étais plainte la veille, j'avais besoin de courir. Autrement, je ne saurais ce que j'aurais fait de toutes ses émotions sorties de nulle part. Il fallait que j'évacue.

Je ne suis ni timide ni asociale mais, j'avoue être mortifié à l'idée d'arriver dans un nouvel environnement sans mon cousin Aran (Ojiro). Aussi loin que je me souvienne, il a toujours été avec moi.

On est très proches vu que nos parents ont toujours habité dans la même ville et de ce fait nous étions souvent l'un chez l'autre. Au-delà de ça, mon cousin est un peu mon idole. Il est grand, fort, très fort même, drôle mais autoritaire quand il le faut et surtout: il excelle en volley. J'ai rarement vu quelqu'un s'investir autant dans le volley que lui si ce n'est les frères Miya. J'étais arbitre à leur côté et honnêtement j'aurais aimé encore l'être pour les voir aller en finale du tournoi de printemps et remporter la victoire. Enfin bon, peut-être que ma nouvelle équipe dépassera la phase éliminatoire?

L'espoir fait vivre.

Je finis mon petit déjeuner avant de mettre mon nouvel uniforme dans mon sac de cours et de mettre mes baskets à l'entrée.

Une fois dehors, on pouvait entendre le chant des cigales,ce qui était ma foi, fort agréable.

Je m'étirais 5 bonnes minutes avant de viser mon casque bleu à mes oreilles et de commencer à courir. La pente était assez raide donc ce n'était pas une partie de plaisir, mais une fois au sommet, la vue était à couper le souffle.

Elle en valait largement la peine.

J'arrivais devant le lycée en une vingtaine de minutes. Un monsieur aux cheveux bruns ébouriffés ouvrait le portail. J'attendis discrètement qu'il rentre avant de rentrer dans l'établissement à mon tour. J'avais le temps de visiter un peu et de me changer avant d'aller en salle des professeurs signalé mon arrivée. Je me changeais dans les premières toilettes que je trouvais en prenant soin de m'essuyer le corps avec des serviettes humides pour ne pas laisser la sueur s'imprégner dans mon uniforme. Je mis mon survêtement dans un petit sac en tissu avant de le fourrer lui-même dans mon sac de cours. Je fais le tour du lycée. L'entraînement matinal des judokas me tapa dans l'œil. Au début, je les observais seulement depuis la fenêtre du dojo, puis leur professeur me proposa de m'asseoir sur le banc pour les observer.

L'entraînement avait l'air rude mais à la fin, ils avaient tous l'énergie pour discuter entre eux à la fin de celui-ci. Je m'éclipsais après avoir salué le professeur et me rendit à la salle des profs que j'avais repérée un peu plus tôt.  Mon nouveau professeur principal était également notre prof de maths. Il semblait avoir la quarantaine et je remarquais que ses rides du sourire étaient vachement marquées.

Quelqu'un de souriant en prof principal, merci qui que tu sois là haut, parce que le reste des professeurs ne semblaient pas commodes.

-Et bien et bien quel joie d'accueillir une nouvelle élève en classe avancé. Avec ton niveau, crois moi, tu n'auras aucun mal avec les cours de cette classe. Si tu as le moindre problème, tu peux toujours venir m'en parler! Fanorona mon professeur principal en ouvrant la porte de la classe ne me laissant pas le temps de lui répondre.

Je jetais un rapide coup d'œil dans la classe et quelqu'un attira immédiatement mon attention. 

Un grand blond.

Très grand.

Avoisinant les 1m90 à vue de nez.

Avec sa grande taille, il était soit basketteur soit joueur de volley.

Il ferait un très bon contreur mais au vu de sa joie de vivre apparente sur son visage, il ne fait peut-être pas de sport?

-Tu peux te présenter. Dit le prof en se tournant vers moi le sourire aux lèvres.

-Je m'appelle Ojiro Sheïla! Je viens de la préfecture de Hyogo et mon lycée était celui de Inarizaki. Je suis assez bavarde et sociable donc n'hésitez vraiment pas à venir me poser des questions! Merci de m'accueillir dans votre classe!

-Elle te vient d'où ta cicatrice au sourcil gauche? Demanda un élève presque immédiatement après que j'ai fini ma petite présentation.

Toujours touché là où ça fait mal.

Les gens de ma génération sont effrayants...

-Haha! C'est assez gênant comme histoire... Il y a quelques mois je jouais avec mes cousins assez jeunes. J'ai glissé sur l'une de leur voiture pour m'éclater sur le coin de leur bureau. Ça m'a ouvert l'arcade sourcilière d'où la petite cicatrice que vous voyez là... Mais tout de même j'étais à ça d'avoir la cicatrice de Zoro!

Des éclats de rire se firent entendre.

Le mensonge était passé crème.

-Tu disais chercher le club de volley tout à l'heure non? Et bien, le grand blond assis à côté de ta nouvelle place, s'appelle Tsukishima Kei et en fait partie. Tu pourras lui poser tes questions après le cours.

Pfiou mes analyses s'améliorent de jour en jour!

Je regagnais ma place en prenant bien soin de le saluer en passant.

Il y répondit en hochant légèrement la tête.

Je n'eus pas le temps de lui demander quoi que ce soit pendant les interclasses et la pause déjeuner. Les élèves de la classe venaient discuter avec moi et lui restait collé à son siège et discutait avec un autre élève avec des petites tâches de rousseurs sur les joues. Celui-ci m'avait salué en se présentant avant de rejoindre Tsukishima. Il s'appelait Yamaguchi Tadashi  et était très grand lui aussi. Son attitude envers Tsukishima ressemblait, pardonnée moi du terme, à un chien content de voir son maître. Il le surnommait "Tsukki" et le disait à chaque fois qu'il finissait une phrase. C'était à la fois drôle et mignon.

Lorsque la fin des cours arriva, je me tournais immédiatement vers Tsukishima:

-Kei Tsukishima c'est bien ça?

-Hm? Dit-il en se retournant et baissant son regard sur moi. Oui c'est bien moi.

-Tu es bien membre du club de volley, pas vrai?

-Oui, avec l'autre gigolo qui m'attend là-bas. Répondit celui-ci en pointant son acolyte qui l'attendait son sac à la main.

-Et bien, il se trouve que je cherche le gymnase où vous vous entraînez vous et votre équipe. J'aimerais parler avec votre prof référent et apparemment, je devrais le trouver là bas.

-Oh. Tu dois parler à M.Takeda... Tu n'as qu'à nous suivre jusqu'au gymnase.

-Merci beaucoup!

Je rangeai rapidement mes affaires avant de les suivre jusqu'au gymnase. Au fur et à mesure qu'on avançait, on pouvait entendre le bruit des ballons qui rebondissait sur le parquet du gymnase. Aahhh! Même si ce n'était que pour 48H ces sons si familiers m'avaient manqué!

-Nous, on va se changer au vestiaire mais tu peux rentrer. Affirma Yamaguchi avant de suivre Tsukishima aux vestiaires.

Je passais la porte en métal pour y découvrir les autres joueurs qui s'échauffaient déjà sur le terrain.

-Bonjour à tous! M'exclamais-je en me courbant par politesse. Je cherche un certain Monsieur Takeda.

Il y avait 2 hommes plus âgés que les autres dans la salle. Les deux avaient l'air d'avoir une vingtaine d'années. Le premier, qui était le plus loin de moi, avait les cheveux bruns ébouriffés et je me souvenais très vite que c'était lui que j'avais vu ouvrir le portail du lycée très tôt dans la matinée. Le second avait des cheveux mi-longs décoloré blond  retenue par un serre-tête, portant un vieux jogging vert. Loin de moi l'idée de faire des aprioris mais il n'avait absolument rien d'un prof. Dans le doute et surtout par respect, j'ai quand même demandé:

-Est-ce vous?

-Moi? Non. Répondit-il en rigolant. Je suis leur coach!

Encore une analyse parfaite! Je m'épate parfois.

-Désolée héhé! Donc ça doit être vous! Bonjour M.Takeda.

-Bonjour! Répondit-il d'une voix enjouée.

Ouuuh j'aime sa voix! Une voix reposante mais assez vive pour vous captiver.

-Je m'appelle Ojiro Sheïla et j'aimerais savoir si vous preniez en charge les jeunes arbitres de volley-ball?

-J'aurais aimé mais ils vont sûrement te transférer dans l'équipe féminine... Dit-il déçu.

-Le directeur m'a dit ce matin que vous faisiez plus de matchs dans l'équipe masculine que féminine et donc il m'a dit de postuler ici.

Son sourire revint en une fraction de seconde suite à ma dernière phrase. Je remarquais également que les joueurs commençaient à présent au filet.

-Dans ce cas, je te souhaite la bienvenue! Tu as déjà arbitré des matchs officiels?

Alors que je m'apprêtais à répondre, je vis un joueur roux d'à peine 1m60 s'élancer pour sauter et smasher. La hauteur du saut était en un mot: HALLUCINANTE.

Et encore je n'ai même pas parlé de la vitesse et de la précision de la passe de son coéquipier passeur qui me disait vaguement quelque chose. Je me repris rapidement pour répondre à Monsieur Takeda:

-J'ai déjà quelques années d'expériences derrière moi!

-Je vois! Donc tu es déjà sûrement inscrite dans le registre de la fédération?

-Oui c'est ça. En tant qu'arbitre junior.

-Parfait! J'ai hâte de pouvoir travailler avec toi alors! J'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur le volley. Les garçons! Rassemblement! J'ai une nouvelle pour vous!

Les garçons se mirent en ligne face à nous avant que le coach nous rejoigne également face à eux.

-Nous avons une nouvelle recrue parmi nous. Commença M.Takeda. Elle assistera Shimizu et Yachi en tant que manager suppléante mais elle est avant tout arbitre pour la fédération. Elle continuera son apprentissage et s'exercera ici.

-Je me présente donc une nouvelle fois: Je m'appelle Sheïla Ojiro. Merci de m'accueillir dans l'équipe. Je ferai de mon mieux!

-C'est un plaisir de t'avoir avec nous. Je suis Daichi Sawamura, le capitaine. Tu peux m'appeler par mon prénom comme les autres. Me dit un grand brun en me tendant la main.

-Le plaisir est partagé! J'ai si hâte de pouvoir apprendre à tous vous connaître! D'ailleurs, en regardant mieux toute l'équipe, il y en a 2 que je connais déjà: le passeur Tobio Kageyama et le libéro Yû Nishinoya. Ces deux-là faisaient des prouesses au collège; j'ai eu l'occasion de les voir en action plus d'une fois! Dis-je en finissant par reconnaître le passeur de tout à l'heure.

-Je vois que tu es déjà familière avec certains d'entre nous. Si ça ne te dérange pas, on fera les présentations à la fin de la séance. En attendant, tu peux faire connaissance avec tes nouveaux collègues managers. Dit Daichi en me les montrant.

-Bien. Dis-je en me tournant vers elles. Bonjour à vous les filles! J'espère qu'on va toutes bien s'entendre et devenir super copines.

A bien les regarder toutes les deux, on aurait dit que tout les opposait. L'une était grande, élancée, peu bavarde mais avec un regard bienveillant et protecteur comme une grande sœur sur laquelle on peut compter; l'autre était plus petite, mignonne, très enjouée mais un peu maladroite. Elles m'ont tout de suite super bien intégrée à leur tandem, j'avais l'impression d'être là depuis une semaine déjà. Yachi était encore débutante et de ce fait, certaines règles lui échappaient. Alors que nous gérions le tableau des scores, elle me présentait chaque joueur et j'éclaircissais les points qui lui posaient problème tout en observant les membres de ma nouvelle équipe.

Ils étaient chacun à leur manière impressionnants.

Plusieurs me sautaient aux yeux.

La première et la plus évidente: le duo Kageyama-Hinata.

Il me rappelait très fortement celui de jumeaux Miya de mon ancienne équipe en un peu moins bagarreur. Le saut d'Hinata me coupait le souffle à chaque fois sans parler de la précision des passes de son coéquipier. Même si j'avais déjà vu son génie à l'œuvre, je trouvais que son jeu avait vachement muri.

La seconde: Sugawara Koshi le vice-capitaine.

C'est un passeur lui aussi. Et honnêtement, je préfère voir ses passes que celles de Kageyama. On sent que chaque passe correspond à chaque joueur même si sa lecture du jeu n'est pas aussi bonne. Le confort avant tout: le voir jouer est un plaisir à voir.

La troisième: Leur cohésion.

A les voir s'entraîner, je n'aurais jamais deviné que ces gars-là ont cette équipe depuis quelques mois. Ce n'est pas facile d'inclure de nouveaux d'éléments dans une équipe, qu'ils soient bons ou non.  De ce que j'ai compris dans les 1ères années, 3 sont titulaires ce qui est énorme. Inclure des éléments aussi différents et réussir à les faire aussi bien coordonner ensemble, c'est très très fort. Le coach et le capitaine doivent y être pour quelque chose. Daichi a l'air d'être un excellent capitaine, bon en tout surtout en réception et pilier de l'équipe. Le coach Ukai était aussi, sinon bien plus, observateur que moi. Ces directives sont précises et ses remarques plus que pertinentes. Vous pourrez me dire que c'est le job de tout bon coach mais ce n'est pas une tâche aussi aisé qu'il n'y paraît. Ukai était juste vraiment bon, surtout si on tient compte du fait qu'il soit assez jeune pour ça.

Dernière chose: Tsukishima Kei.

Il m'a définitivement tapé dans l'œil. En plus, d'être assez beau garçon, sa vision et son analyse du jeu est ahurissante. Sa grande taille est un avantage qu'il met beaucoup à profit. Ce serait sûrement un joueur d'exception si il avait un peu plus de techniques. Parfois, sa mauvaise foi et sa mesquinerie se ressentaient dans sa manière de jouer. Je trouvais ça adorable. Plus je l'observais, plus je le trouvais intéressant.

La fin de l'entraînement arriva plus vite que je ne le pensais. Je n'avais pas eu le temps d'analyser tout le monde mais je le ferais certainement tout au long de la semaine.

-AH VOILA! Je sais pourquoi ton nom de famille me disait quelque chose Ojiro! S'écria le coach en marchant vers moi. Aran Ojiro! Un des meilleurs joueurs juniors du pays ! Il est de ta famille pas vrai?

-Oui, c'est mon cousin! J'étais dans son équipe avant d'être transféré ici. Lui répondis-je enjouée.