Plusieurs jours se sont écoulés. Chenle ne pourrait dire combien de temps ça faisait qu'il était coincé chez lui, et plus particulièrement dans sa chambre. Depuis le jour où il avait été privé de sortie, il n'était pas sorti de cette pièce, sauf pour aller aux toilettes ou se doucher. Il refusait de faire face à ses parents, raison pour laquelle il mangeait également dans sa chambre.

Ce jour-là, quand son père est rentré du travail, il a eu vent de ce qu'il s'était passé. Le géniteur a lui aussi donné son mot concernant ses rencontres avec les cygnes noirs, et Chenle en était désormais bien plus désespéré qu'il ne l'était déjà.

Le temps était long, il n'avait pas pu prévenir Jisung qu'il avait interdiction de sortir de chez lui, tout simplement car sa mère lui avait également confisqué son téléphone, afin qu'il ne puisse pas contacter des cygnes noirs.

Chenle passait donc ses journées à réviser, écouter de la musique, ou bien à se morfondre, et c'est ce qu'il faisait actuellement. Accompagné d'une musique douce provenant de son MP3, il réfléchissait, et se rendit compte à quel point Jisung lui manquait. Ses pensées n'étaient tournées que vers lui, car il était le seul qui arrivait à le rassurer dans ce genre de moment. Il avait notamment peur qu'il ne veuille plus lui parler après quelques jours sans donner aucun signe de vie.

Le cygne blanc essayait malgré tout de rester positif, mais ça devenait de plus en plus difficile pour lui.

Il décida de se lever de son lit, et de retourner se concentrer sur ses études. En faisant ça, il passa devant le miroir de sa chambre, et il comptait s'y arrêter juste un instant pour se dire des mots rassurants et positifs, comme à son d'habitude.

Cependant, lorsqu'il s'arrêta devant son reflet, il cria.

Il regarda son reflet, totalement surpris par ce qu'il voyait. Il se demandait s'il était en train d'halluciner, mais après avoir cligné plusieurs fois des yeux, il se rendit compte que ce n'était pas le cas.

— Mon chéri, ça va ?

Chenle tourna d'un seul coup la tête vers la porte de sa chambre. C'était la voix de sa génitrice. Il commença à paniquer intérieurement.

— O-oui ! Ça va ! Répondit-il malgré tout.

— T'es sûr ? Je t'ai entendu crier, je m'inquiète...

— C'est rien, c'était juste une araignée.

— Oh... Tu veux bien me laisser entrer pour que je la tue ?

— Non !

La femme soupira, mais ne chercha pas à persuader son fils de le laisser entrer. Elle savait que Chenle ne voulait pas la voir suite à leur dispute, chose qui lui fendait le cœur. Mais elle était persuadée qu'un jour, Chenle comprendrait pourquoi elle l'avait puni.

De son côté, le jeune homme posa à nouveau son regard sur le miroir. Il fit une mine confuse en voyant que tout était normal comparé à ce qu'il avait pu voir deux minutes avant. C'était donc réellement une hallucination ? Chenle avait du mal à le croire.

Soudainement, quelqu'un toqua à nouveau à sa porte. Le cygne blanc commençait à ressentir de l'agacement face à sa mère qui semblait vouloir à tout prix rentrer dans sa chambre.

— Maman, je t'ai déjà dit que je ne voulais pas que tu rentres !

— C'est Kun.

Chenle se calma instantanément en reconnaissant en effet la voix de son ami. Il jeta un rapide coup d'œil au miroir, et prît pas jusqu'à la porte d'entrée en voyant que tout était normal. Il l'ouvrit et laissa le plus vieux rentrer en marmonnant quelques excuses par rapport à son agressivité.

— Ce n'est pas grave, rigola Kun. Tu vas bien ? Personne n'a de nouvelles de toi depuis plusieurs jours, je commençais à m'inquiéter...

— Ah oui, je suis privé de sortie et de téléphone. Vraiment désolé.

— Tout s'explique ! Qu'est-ce que tu as bien pu faire pour arriver à cette punition ?

— Euh... C'est un peu compliqué...

— Tu sais que tu peux tout me dire, je ne vais pas te juger.

Le jeune homme savait à quel point son ami pouvait être compréhensif et de bons conseils. Mais sur son rapport avec les cygnes noirs, il doutait qu'il serait comme à son habitude. Cependant, il se rappela du jour où il avait pris sa défense lorsque ses amis l'avaient jugé parce qu'il n'avait pas rejoint l'armée. D'ailleurs, il se souvint également de quelque chose.

— Pourquoi tu n'as pas rejoint l'armée ? Demanda Chenle.

Kun fut quelque peu surpris face à la question de son ami. Cependant, il lâcha un faible sourire.

— Attend deux secondes.

Chenle fronça les sourcils et vit son ami partir en direction du salon. Il décida de le suivre et vit que Kun était en train de parler avec sa génitrice. Après quelques secondes, il aperçu sa mère acquiescer, et le plus vieux fit un signe de tête à Chenle afin qu'il le suive.

— On va aller dehors pour discuter, ta mère est d'accord pour que tu sortes si tu restes avec moi, et je pense que t'as sérieusement besoin d'air.

Le jeune cygne haussa les sourcils, surpris de voir que sa mère acceptait de le laisser sortir. Puis il sourit, tout en se dépêchant de rejoindre Kun. Il enfila ses chaussures avec rapidité, et ils sortirent tous les deux de la maison des Zhong. Le plus vieux marcha devant, tandis que Chenle le suivait de près. Ce dernier ne savait pas où son ami l'emmenait, mais plus ils avançaient, plus ils s'enfonçaient dans la forêt.

Finalement, Kun s'arrêta après une dizaine de minutes de marche. Il proposa à Chenle de s'asseoir sur l'herbe, chose que celui-ci fit. Une fois installés, aucun des deux ne parla pendant quelques minutes, mais le plus jeune se demandait pourquoi Kun les avait autant éloignés du coin des cygnes blancs.

— On est d'accord, il n'y a pas de jugements entre-nous ? Finit par demander le plus vieux dans sa langue natale, donc en chinois.

— Bien évidemment, confirma Chenle, ne comprenant pas pourquoi celui qu'il considérait comme son grand-frère lui posait cette question qui avait une réponse si évidente.

— Ok, dans ce cas je commence. La raison pour laquelle je ne me suis pas engagé dans l'armée car...

Chenle attendait la réponse de Kun, qui avait pris une pause, comme s'il hésitait.

— Car je suis sorti avec l'un d'eux.

Le jeune cygne prit une mine surprise devant la révélation de son ami, il ne put s'empêcher de demander :

— Sorti avec l'un d'eux... Tu veux dire...

— J'ai été en couple avec un cygne noir, et certains d'entre-eux sont aussi des amis proches.

— Mais... Tu n'es plus en couple avec ? Demanda curieusement Chenle, ayant remarqué que son ami parlait au passé lorsqu'il évoquait cette relation.

— Non, plus depuis quelques semaines. Nous savons tous les deux que la situation se complique particulièrement en ce moment, on ne sait pas ce qu'il va arriver suite à la guerre, mais il y a des risques que je ne le revoie plus jamais. Disons qu'on a préféré rompre au cas-où il arrivait quelque chose à l'un de nous, ainsi, le choc serait moins brutal, si tu vois ce que je veux dire...

— Il est au courant pour la guerre ?

— Tous les cygnes noirs sont au courant, ils prévoient de fuir la veille de l'attaque.

Le cœur du plus jeune s'allégea d'un seul coup. Il était rassuré, car si tout se passait bien, aucun cygne noir ne serait blessé, personne ne mourrait, et Jisung vivra en toute tranquillité. Cependant, cela voulait aussi dire qu'il risquait de ne plus le voir, mais Chenle pourrait sacrifier ses rencontres avec Jisung si cela pouvait le laisser en vie.

Mais Chenle se rappelait aussi qu'il n'avait jamais eu la force de lui parler de la guerre que préparait les cygnes blancs. Il espérait juste qu'il le comprendrait.

— Du coup, repris Kun, j'ai décidé de ne pas participer à la guerre car je ne veux pas me battre contre mes amis, contre celui que j'aime, ni même contre personne.

— Je comprends... Murmura Chenle.

— Et toi, qu'est-ce qui a poussé ta mère à te punir de sortie ?

Le plus jeune se sentait un peu plus en confiance suite aux révélations de son ami. C'est pourquoi il lui raconta tout, sa rencontre avec Jisung, comment ils étaient devenus amis, sa rencontre avec les amis du cygne bicolore, sa sortie avec lui, sa dispute avec sa génitrice.

— Je comprends mieux... Dit le plus vieux une fois que Chenle termina de raconter son histoire.

— Oui...

— Je connais aussi Jisung, c'est un bon garçon. Je ne savais pas que vous vous parliez, mais je pense que c'est un secret que vous gardez pour vous, chose que je comprends d'ailleurs.

— Il me manque... Avoua le jeune chinois d'une voix basse.

Le plus vieux fit un petit sourire triste. Il voyait et ressentait bien le désespoir que ressentait celui qu'il considérait comme son petit frère. En signe de réconfort, il passa sa main dans son dos, qu'il caressa doucement.

— Tu veux qu'on aille le voir ?

Chenle releva la tête d'un seul coup, soudainement intéressé par la proposition de son aîné. Mais son regard se tourna vers le sol, se rappelant d'un détail important.

— Mais... Et ma mère...

— Elle m'a demandé de rester avec toi, donc si on va le voir, techniquement on respecte cette part du contrat.

— Dans ce cas... D'accord.

Les deux garçons se levèrent en même temps, et ils commencèrent à prendre la route vers la grotte où se trouvait le groupe d'amis de Jisung. Plus ils avançaient, plus le cœur de Chenle battait vite.

Il avait beau appréhender la réaction du cygne bicolore suite à son absence.
Il avait malgré tout hâte de le revoir.