entre les deux corps il est dit 
je me souviens du bruit de la ville sur ma peau je me souviens de ton rire qui se heurte aux immeubles fissurés et aux pavés ces mêmes pavés qui ont tant tordu mes chevilles je me souviens du murmure de tes yeux quand tu me regardes et tes nuages sur tes cils quand viennent les au revoir je me souviens du mouvement gracile et apaisant de ton corps lorsque je t'ai dit je crois que je suis amoureux de toi et ce mouvement est ton plus beau sourire tu sais je me souviens de toi 
et seul un silence aussi fragile que du verre osa répondre
un amas de silence une immensité de silence 
un silence insaisissable à la manière d'une vague qui ne s'arrête jamais de se mouvoir 
une vague qui ne sait taire son bruissement mais qui inévitablement se fracasse contre les autres —
ce qui est éreintant c'est cette folie qu'entretient le doute 
car entre les corps qui se rapprochent personne ne saurait dire s'il y a encore assez d'amour