l'amour se fait quand il est trop tard pour garder les yeux ouverts 
l'amour a le goût d'un souvenir et il se dépose sur les corps comme un vestige 
l'amour ce sont les mots prononcés après la libération des corps qui n'en pouvaient plus de ce désir pleuré sur eux 
j'aurai aimé que tu restes avec moi l'autre soir tu n'aurais pas dû partir ce soir-là on aurait pu se déposer des rires sur le ventre ou s'adonner à la tranquillité des corps on aurait dû faire ça ou regarder la télé le corps nu sous le drap ou laisser planer de la musique ou aller chez m. pour danser jusqu'à l'aube ou on aurait pu l'attendre accoudés sur le rebord de la fenêtre on aurait même pu refaire l'amour ou sortir boire un verre j'aurai dû t’étreindre plus fort pour tuer ton envie de partir de fuir j'aurai dû savoir mieux dire je t'aime en articulant plus en lui donnant plus de sourire tu serais restée j'aurai dû t'embrasser plus intensément pour que tes lèvres et ta langue se refusent à la parole et à l'expression de cette volonté de ta dernière volonté — 
alors la voix succombe à elle-même,
au prise avec des sanglots aussi vifs qu'une brûlure
cette voix qui n’est que ce qu'elle conserve des êtres