.   Kirishima regarde la cuillère improvisée, puis me fixe à nouveau. Je pousse le bentō de ma main libre pour l'inciter à tester son couvert et manger avant que son estomac ne gronde de frustration. Il me dévisage un court moment, avant de me sauter dessus. Je n'ai pas eu le temps de protester ou quoi ce soit que je me retrouve dans ses bras, collée à son torse et tête dans ses cheveux rouges. Son étreinte entoure mes épaules comme un étau, l'air et les mots m'échappent. J'étouffe. 

.   Non seulement cet enlacement excessif réduit l'apport d'oxygène que mes poumons requièrent, mais je retiens mon souffle, inhabituée à ce genre de gestes affectifs. Les câlins de Momo sont très relaxants, néanmoins les contacts physiques ne me plaisent pas. De ce fait, ma gêne est immense lorsque Kirishima me serre encore plus fort, sans s'arrêter de murmurer des remerciements. Avec le peu de force qu'il me reste, je le repousse de mes bras, tout en reprenant ma respiration. Les joues rouges par l'embarras et l'asphyxie, je détourne les yeux des siens, me brûlant de questions. 

.   Bravo Hanako. Maintenant, il doit penser que tu ne tiens pas à lui. 

.   — Excuse-moi. Je... Les contacts physiques ne sont pas mon fort. 

.   — Mince, pardon... Je ferai attention la prochaine fois, m'assure Kirishima en mettant une distance convenable entre nous. 

.   Sans un mot, nous mangeons dans la boite, lui avec sa "cuillère" fait avec la briquette de lait, et moi avec mes baguettes. C'est une des premières fois que Kirishima est aussi tranquille, lui qui a toujours la pêche et une anecdote à raconter. Or actuellement, seules les mastications de nos bouches se font entendre. Le silence se laisse tomber sur nous, tels les pétales de cerisier tombant sur nos têtes et à nos pieds. Avalant sa bouchée, Kirishima me demande : 

.   — Au fait, comment s'est passé ton stage Hanako ? 

.   — Très bien, mes responsables de stage sont allés au-delà de mes attentes. J'ai beaucoup appris d'eux. Et toi ? 

.   — C'était trop cool ! s'exclame t-il en élevant ses rubis illuminés vers moi. Fourth Kind m'a enseigné plein de trucs ! En plus, j'ai sympathisé avec Tetsutetsu Tetsutetsu. Tu sais, celui qui s'est battu contre moi au Festival de Yuei ? 

.   J'acquiesce tout en approchant un bout d'ananas de ma bouche. Le roux continue son récit. 

.   — Au départ, j'ai voulu lutter contre le crime en milieu urbain, et ça m'a pas déçu ! On a patrouillé dans la ville, arrêté quelques criminels,... Même si une fois, on a dû ramasser des déchets dans la ville toute une journée, c'était super bien ! Je suis trop content de cette semaine ! Dis-moi en plus sur le tien, Hanako ! 

.   Il pivote vers moi, sur le point de ne faire qu'une bouchée de cette pauvre brochette saucisse poulpe-tomate cerise. Sa bouche grande ouverte me dévoile ses dents aiguisées. Je me demande combien de brosses à dent utilise t-il par mois. 

.   — Malgré le fait que j'ai pris mon responsable de stage pour un terroriste le premier jour et que je l'ai plaqué par terre, celui-ci était très aimable et m'a transmis énormément de savoir sur la couture. 

.   — Attends... Quoi ? T'as plaqué ton prof à terre ? Comment ça se fait ? répète Kirishima, abasourdi. 

.   — Exactement. Son briquet au design de revolver m'a induis en erreur, et j'ai jugé la situation trop vite.

.   J'ai vraiment honte de cet événement. Cependant, celui-ci m'a appris une moral mémorable. Un pouffement de rire vient titiller mes oreilles. Je me dirige vers l'origine de cette moquerie, et découvre sans surprise un Kirishima s'étranglant avec la nourriture — qu'il vient d'ingurgiter — et l'amusement. Main plaqué devant sa bouche, il essaie de faire passer sa joie pour un toussotement qui sonne faux. 

.   Ah non, il s'étouffe vraiment avec les grains de riz coincés dans sa gorge. J'aimerais dire que c'était le karma qui a frappé sur ce coup, mais ce serait se moquer de mon ami. Quoique, il s'est bien foutu de ma gueule, autant en profiter et faire autant. 

.   Main entre ses omoplates, je l'aide à se ressaisir tout en lui tendant sa bouteille d'eau. Il me remercie et s'excuse de m'avoir interrompu dans mon récit. 

.   — Continue, fais comme si rien ne s'était passé Hanako. 

.   — Ce moment est déjà gravé dans ma mémoire, je plaisante. Trêve de plaisanteries, je reprends.

.   À chaque réponses données, il enchaîne avec de nouvelles questions. Kirishima s'intéresse sincèrement à ma semaine passée. Sa curiosité me pousse à détailler mes explications, si bien que ma gorge réclame de l'eau chaque minutes. Ses pupilles me sondent mon visage, sûrement rouge de gêne car je me sens chauffer jusqu'au cou. Pourquoi porter un sweat à capuche et la veste du lycée par dessus, dehors et en plein mois de mai ? Quelle idée aussi... Les seuls fois où son regard ne me transperce pas sont ceux où il pioche dans le bentō pour s'emparer d'une crevette ou d'un peu de riz ; ou alors quand il cligne des yeux. 

.    — En fait, déclare Kirishima, Itomata et Tetsumi me font un peu penser à nous. 

.    — Comment ça ? je m'étonne. 

.    — Regarde : Itomata est posé et calme alors que Tetsumi est une tornade ! Pourtant, ils s'entendent bien ensemble. 

.    — D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment on a sympathisé tous les deux. Ce n'est pas une mauvaise chose, rassure-toi, je m'empêche de rajouter. C'est juste que... Nous sommes très différents. 

.    — Les opposés s'attirent, comme le dicton ! 

.   Kirishima m'offre un sourire éclatant, avec ses dents aiguisés qui reflète la lumière du soleil filtrée grâce aux feuilles de l'arbre dessus de nos têtes. Comme par instinct, je lui souris en retour. Pas ce genre de sourire photographique, sans émotions à émaner. Mes lèvres s'étirent d'elles-mêmes, sans que j'ai à les contrôler. Et je les laisse faire, car le faire me plaît. Je voudrais lui montrer ma gratitude envers lui, à travers ce geste. Le remercier silencieusement pour sa compagnie, pour sa loyauté, pour sa bonne humeur contagieuse. 

.   Je le remercie d'être là, tout simplement. 

.   Je le remercie d'être lui, et de me laisser être ce que je suis. Je le remercie pour tout. Je le remercie de vouloir faire partie de ma vie. 

.   Sourire à quelqu'un est chose rare chez moi, et la plupart d'entre eux sont seulement présentés à Momo. À partir d'aujourd'hui, ma jumelle serait obligée de partager ce privilège avec Kirishima. De ce fait, pour commémorer cette décision, je donne le meilleur de moi-même pour lui rendre ce qu'il m'offre tous les jours. 

.   Un sourire sincère. 

***

.   Eijirō faillit laisser le bout de saucisse s'échapper de sa bouche quand il l'ouvre, sous le choc. Il n'en croit pas ses yeux. Pourtant, ce spectacle idyllique se déroule à sa vue. Hanako étire ses lèvres en un sourire aussi délicat qu'un pétale de fleur. Ses prunelles brillent d'une lueur envoûtante, rivalisant avec celle du soleil. Cette clarté nouvelle offre un côté unique, presque magique à cette scène. L'astre du jour baigne les feuilles de ses rayons, teintant le visage de Hanako d'ombres et de lumières. Cependant, cela ne perturbe pas la beauté de sa fleur qui semble s'épanouir. Il ne veut poser ses yeux nul part ailleurs que sur elle. 

.   La faible brise balaie les mèches rebelles de Hanako, ainsi que sa notion du temps. Il ne sait pas depuis combien de minutes il fixe son amie, mais ce qu'il ne nie pas est évidemment la façon dont il la dévisage. Mais comment y résister ? 

.   Le sourire de sa fleur est devenue sa drogue personnelle. Il désire la voir heureuse le restant de ses jours. Mais le plus important — cela peut paraître égoïste, néanmoins — c'est qu'Eijirō souhaite devenir la raison de cette euphorie. 

.   Sa main s'approche doucement de Hanako pour coincer la mèche sauvage derrière son oreille. De cette manière, son minois se trouve à découvert et cela permet au roux de l'admirer pleinement. 

.   Un sentiment encore jamais ressenti naît au fond de lui, envahissant son corps de frissons incontrôlables, mais toutefois agréables. Cette sensation s'accorde avec les papillons qui dansent dans son ventre. Une bouffée de chaleur réchauffe son être tout entier, de sa tête jusqu'à ses pieds. Les mots s'échappent de sa bouche avant qu'il n'ait pu les retenir.

.   — Tu es tellement belle quand tu souris, ma petite fleur... Il faudrait que tu le fasses plus souvent...

.   L'adolescente tressaute légèrement, détourne le regard un instant. Pourquoi une réaction pareille ? Eijirō se rend compte de ses dernières paroles puis la gêne domine ses pensées. Que dire ? Que faire ? 

.   — Excuse-moi, mais... Peux-tu répéter ? Enfin... M'as-tu appelé ta "Petite Fleur" ? 

.   Vide. 

.   Ce mot résume tout à fait son état d'esprit lorsque la question atteint son cerveau. Le silence enlève les mots de sa bouche. Il s'assène une gifle mentale pour tenter de réveiller ses neurones ainsi que son esprit. Pour être viril, il faut assumer ! Alors, réunissant le peu de courage qu'il lui reste, le lycéen bredouille : 

.   — Euh... Oui ? 

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Ohayō !
Voici le chapitre 13, j'espère qu'il vous plaît 😄
Désolée pour le délai d'attente, je m'excuse 🙏
Bon, j'ai rien à dire de spécial, donc je me casse !
Dans le chapitre suivant, Denki et Mina seront légèrement dans la merde 😂
Sur ce, à la prochaine 👋👋👋
Psykokwak04 

Re-edit : 

Hey ! Comme promis, voici le chapitre 13 réécrit. Je sais qu'il se fait tard et la fatigue se manifeste peut-être dans les fautes commises dans ce texte, alors n'hésitez pas à me faire part de fautes, ce sera avec beaucoup de gratitude et de plaisir que j'accueillerai vos commentaires ! 

- Comme ma rentrée est le lundi prochain, je ne sais pas si je serai aussi productive qu'actuellement. Alors, profitez en ! XDDD Ce chapitre est aussi cliché que niais, et j'espère que ce chapitre n'était pas chiant à lire. 

- De plus, je ne sais pas le chapitre sortira dans les jours qui viennent, ou dans les prochaines vacances T^T (je sais que c'est long, alors j'espère que je pourrai gratter un peu de temps entre les Week-end et les heures de libre). 

- D'ailleurs, si vous avez le temps pour, pouvez-vous me donner votre opinion sur la différence entre le nouveau et l'ancien chapitre ? Ce qui vous avez (pas) plu, ce qui vous a (pas) dérangé... (je sais que ça fait très gratteuse, mais j'ai besoin d'avis parce que je suis pas rassurée XDD)

Sur ce, merci d'avoir lu jusqu'au bout, et je souhaite une bonne soirée/journée (ne vous couchez pas trop tard, je suis un mauvais exemple)🙏 A la prochaine ! 

Yamako-chan ~