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L'air est trop froid dehors.

La couette me tient chaud et pour rien au monde je ne déciderai de sortir, mais Maman est d'un autre avis.

Mon doux cocon de nuit s'enlève, la lumière tape sur mes paupières et sa voix parvient à mes oreilles.

Pas le choix. Je me lève avec difficulté.

Quand j'arrive dans la cuisine, Noa est déjà à table, croquant dans une pomme juteuse. Elle m'embrasse sur la joue et je m'installe en face d'elle.

- Ma chérie, tu ferais bien de te dépêcher, me dit Maman en posant une main sur mon épaule. Tu vas être en retard.

Je hoche la tête.

- Je n'y vais pas aujourd'hui, lance Noa.

Maman ne répond pas. Les phobies scolaires de ma soeur ne sont un secret pour personne dans cette famille.

- Dans ce cas, je vous retrouve ce soir, dis-je à ma famille en sortant de la maison.

Le jardin est rempli de neige, et il en tombe encore sur la route. Je frissonne.

Autant ici, seule, que lorsque j'arrive au lycée, je ne me sens pas à ma place. J'aurais mieux fait de rester avec Noa.

Les cours m'ennuient, j'ai l'impression que tout passe lentement. Même le sommeil ne m'apparaît pas comme une véritable échappatoire. J'étouffe.

J'ai envie de retrouver Noa. Je déteste ne pas avoir sa présence autour de moi quand elle n'est pas au lycée. J'ai besoin de son soutien...

Lorsque je rentre à la maison, il fait déjà nuit. Papa et Maman ne sont pas encore rentrés du travail, la maison est toujours silencieuse.

Épuisée, j'abandonne mes affaires dans l'entrée et je monte dans ma chambre. Noa est allongée sur mon lit, un livre entre les mains. Je m'écroule à côté d'elle, le nez dans ses cheveux.

- Je t'ai autant manqué ?

Je hoche la tête et la serre contre moi. 

- Qu'est ce que tu as fait de beau à la maison aujourd'hui ?

- Pas grand chose. Tu sais, c'est un peu comme si la lumière s'éteignait quand tu pars.

- Tu aurais dû venir en cours avec moi alors. Tu ne devrais pas avoir autant d'absences.

Au même moment, j'entends les clés de Maman dans la serrure de la porte d'entrée. Je soupire. Noa se tourne vers moi avec un faible sourire et me répond :

- Tu sais bien que je ne peux pas. Et puis, il faut que je mette de la distance avec toi...

- pourquoi mettre de la distance ? On est sœurs.

- Justement, on est sœurs. On ne pourra pas rester ensemble pour toujours. Il va falloir qu'on se sépare à un moment ou à un autre.

- Mais pourquoi tout de suite ? Rien ne presse. On est encore jeunes.

Noa me sourit à nouveau, puis elle se lève.

- Je suis fatiguée, je pense que je vais aller dormir tout de suite.

Elle sort de ma chambre et regagne la sienne. Il est encore tôt. Est ce que je l'ai blessée ?

Je la suis dans le couloir et observe la porte de sa chambre. Je ne suis pas entrée là depuis des mois.

La pièce sent le renfermé. Je grommelle contre Noa et décide d'aller ouvrir la vitre pour faire entrer de l'air frais à l'intérieur, mais il fait glacial. J'abandonne mon idée et referme la fenêtre.

Noa se déshabille, et sans un regard pour moi, elle se glisse sous les draps. Je m'avance dans la pièce, observant le décor comme si il venait de m'apparaître. Les photos de famille sur son bureau commencent à être recouvertes de poussière. Une chose est sûre, Noa n'a jamais eu une passion pour le ménage.

Je souffle sur les cadres et des centaines de particules grises s'envolent. Derrière, le visage juvénile de Noa me sourit.

- Alice ? M'appelle Maman dans le couloir.

Je me dirige vers elle mais elle apparaît dans l'encadrement de la porte. Son regard se pose sur Noa recouverte par les couvertures, balaie la pièce, puis elle se tourne enfin vers moi :

- Tu viens manger avec moi ? Ton père va rentrer tard ce soir.

Je jette un dernier coup d'œil à Noa, roulée en boule dans son lit, et sors de la pièce en fermant la porte.

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