Épreuve 3, concours de sapetinette .

« Que vous soyez fier comme un coq
Fort comme un bœuf
Têtu comme un âne
Malin comme un singe
Ou simplement un chaud lapin
Vous êtes tous, un jour ou l'autre
Devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche
Vous arrivez à votre premier rendez-vous
Fier comme un paon
Et frais comme un gardon
Et là... Pas un chat ! »

    Les applaudissements fusent, tout comme les rires. Qui de mieux que Sylvain pour amuser l'assemblée ? L'enfant sourit et fait une rapide révérence.

– De Jean d'Ormesson !

    Puis il regagne sa place, fier comme un paon. La maîtresse rit, elle aussi. Elle se penche sur le cahier de poésie et d'un coup de stylo rouge, y trace la note.

    Tous les enfants se penchent en avant, impatients. La maîtresse les chasse d'un geste de la main, à la fois douce et ferme.

– Laissez-donc Sylvain reprendre son cahier !

L'élève s'approche avec sûreté. Mais, de surprise, il manque de lâcher son cahier. A+++++ ! Qui aurait cru que cela existait ?

Il saute en l'air, sous le regard tantôt joyeux, jaloux ou admiratif de ses camarades. Puis, fier comme un académic(h)ien, ou plutôt comme un aristoc(h)at.

   L'élève suivant récite sa poésie, ou plutôt sa chanson. En parlant, il faut de grands gestes, dans tous les sens, comme s'il dirigeait un orchestre.

    Mais Sylvain ne le regarde pas. Rêveur, il s'imagine sûr la scène : premier rôle, la foule, et cette musique annonçant la fin de la pièce de théâtre...