Chapitre 10 | Mise au point.

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L'enfant courait à travers les étendues d'herbe. Il courait, courait, sans savoir il allait. Le ciel était bleu, sans aucun nuage à l'horizon, le soleil de sortie, faisant briller tout ce qu'il pouvait toucher. L'enfant se sentait quand même seul, ayant l'impression que tout autour de lui avait disparu, à part l'herbe sur laquelle il courait sans savoir pourquoi. Où étaient les maisons ? Sa maison ? Ses amis ? Et ses parents ?

Au bout d'un moment, il s'arrêta. Il regarda autour de lui, les maisons semblaient lointaines, les arbres aussi. Pourquoi était-il seul au milieu de cette grande étendue d'herbe ?

-Qu'est-ce que tu as, Matthew ?

Il regarda soudainement devant lui, alors qu'une voix, douce et bienveillante, s'éleva. Quelqu'un se tenait là, et il aurait la reconnaître, évidemment, mais elle avait quelque chose de différent. Ce n'était pas entièrement sa mère, il y avait quelque chose d'étrange.

-Tu vas partir ?

Il lui demanda ça, sans avoir l'air trop triste, ou étonné. Il voulait juste savoir. Ses cheveux blonds semblaient longs, plus longs que d'habitude, et cachaient presque entièrement son visage. Elle avait l'air si sombre, d'un coup. Pourquoi était-elle comme ça ?

-Où veux-tu que j'aille ?

Et pourtant, sa voix restait si calme et gentille. Il avait pu la voir sourire, dans un rire qu'elle avait laissé échapper. Elle ne semblait pas inquiète.

-Je sais pas. J'ai peur que tu m'abandonnes.

Il ne voulait pas être seul.

-Et tu as peur que lui aussi, il t'abandonne ?

Il la regarda sans comprendre, fronçant les sourcils. Qui ça, "lui" ? Il aurait bien voulu lui demander.

Mais il se réveilla soudainement.

Comme toujours, il se réveillait en sursaut, juste avant la partie la plus importante du rêve. Ça l'énervait presque. Mais avant tout, il essaya de comprendre ce que ça voulait dire, cette fois. Pourquoi il rêvait souvent d'elle, ces derniers temps ? Pourquoi avaient-ils parlé d'abandon ? Non, en fait, plus il y réfléchissait, plus ça faisait sens.

Il savait pourquoi ils avaient parlé de ça. Elle était partie. Depuis un moment maintenant. Mais à l'époque, en tant qu'enfant, il aurait en effet eu la sensation d'être abandonné. Mais quand c'est vraiment arrivé, il était un peu plus vieux, et il savait qu'elle n'était pas partie parce qu'elle voulait l'abandonner. Elle ne voulait pas partir. Alors pourquoi repensait-il à ça, du coup ?

"Lui aussi", oui, ça faisait sens, finalement. Il savait qui était ce "lui". Ça ne pouvait être personne d'autre. Et en se rendant compte de ça, il poussa presque un soupir d'exaspération. Décidément, il se sentait de plus en plus idiot. Il se trouvait pathétique. Sérieusement, pourquoi devait-il être comme ça ? Il passa ses mains sur son visage, complètement dépité. Il avait peur, oui, peur que Stefano l'abandonne aussi. Que lui aussi finisse par partir, qu'il le laisse seul.

Il ne voulait plus être seul. Il ne voulait plus que les gens s'en aillent, plus croire que c'était lui qui les faisait fuir. Il voulait croire qu'il pouvait être utile pour quelqu'un, enfin, même si cette personne était un tueur en série qui à priori, n'en avait jamais rien eu à faire de lui. Sauf qu'il ne savait plus où il en était. Il ne savait plus s'il comptait vraiment ou non, si Stefano était sincère, s'il ne disait pas ça juste pour qu'il reste encore. Mais pourquoi faire ? Il ne servait à rien, il était plus embêtant qu'autre chose.

Alors pourquoi est-ce qu'il était encore là, bon sang ? Il avait beau lui poser la question cinq fois par minute, tous les jours, il ne comprenait toujours pas. Sûrement parce que Stefano lui-même ne comprenait pas. Mais pour lui, ça ne faisait et ne fera jamais aucun sens. Pourquoi un tueur aurait-il besoin de lui ? C'était n'importe quoi, vraiment. Pourquoi il restait autant attaché à lui ? Et puis, même en restant à ses côtés, qui ne disait pas qu'il se faisait encore manipuler ? Qu'on lui faisait croire qu'il était important pour mieux le trahir par la suite ?

Et si un jour, Stefano le tuait vraiment ? S'il se moquait juste de lui, pour son propre divertissement ? Il devait le trouver bien ridicule, en réalité. D'un côté, Matthew se disait qu'il se faisait vraiment juste manipuler, comme d'habitude. Il ne savait pas quoi croire, il ne savait plus rien. Il ne pouvait pas être important, il ne le serait jamais. Il ne l'avait jamais été pour personne, alors pourquoi est-ce que seul un tueur lui apporterait ça ? Parmi toutes les personnes qui auraient pu le faire, lui était la moins logique.

Un tueur en série n'aurait pas dû garder quelqu'un auprès de lui comme ça. Il n'aurait pas dû laisser son témoin en vie, c'était trop dangereux. Et pourtant, lui, il savait qu'il ne craignait rien. Celui qui le savait mieux que personne, c'était Matthew lui-même. Après tout, c'est lui qui ne voulait pas dénoncer son si précieux ami. Il ne pouvait pas. Et de toute façon, s'il avait fait ça, qu'aurait-il fait ensuite ? Sans Stefano, qu'aurait-il fait ? Il se serait retrouvé seul, justement. Encore.

Et même s'il craignait que ça arriverait quand même un jour, il voulait repousser ce moment le plus possible. Il voulait fuir les problèmes, les responsabilités, comme d'habitude. Pour l'instant, faire comme si de rien n'était et ignorer tout ça était plus facile. Ça l'avait toujours été. C'est pour ça que dans cette situation, il préférait attendre. Et ne rien comprendre, du coup. Mais la meilleure chose à faire en attendant était de voir comment tout ça allait évoluer.

Il devait d'abord voir où il allait avec Stefano, où ils finiraient bien par atterrir. Même si ça semblait mal parti, ou du moins chaotique. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer, à ce stade ? Il se répétait en boucle qu'il continuait de parler à un meurtrier, qu'il essayait il ne savait pourquoi de "régler" son problème, de l'aider, alors que lui n'en avait rien à faire. C'était déjà un miracle qu'il ait arrêté son "art", et ça aussi, Matthew craignait qu'il finisse par recommencer tôt ou tard. Rien n'était sûr avec lui.

Il craignait trop de choses, en fait, et il savait qu'elles étaient toutes causées par Stefano. Il savait qu'il n'aurait pas dû rester avec lui, mais dans ce cas là, il se disait qu'il ne serait peut-être plus vivant. Il savait qu'il aurait dû le dénoncer, mais pour l'instant, il avait déjà réussi à lui faire arrêter les meurtres. Il savait surtout qu'il était un tueur, un monstre sanguinaire sur les bords, sans aucune pitié, remords, rien. Et c'était sûrement parce qu'il était aussi un psychopathe. À ce stade, il pensait que le diagnostic était assez clair.

En résumé, absolument rien n'allait, ce qui le désespérait de plus en plus. Il se sentait faible, pathétique, complètement nul, attaché à un tueur en série, quelqu'un de dangereux. Il risquait sa vie à chaque fois qu'il le voyait, en fait. Mais malgré tout, il continuait de lui faire confiance. Et ça semblait réciproque, Stefano le lui avait dit le soir où il était venu à l'improviste chez lui. Il n'aurait pas pu oublier. Et encore une fois, ça semblait juste irréaliste.

Il avait peur de l'abandon, et même si Stefano n'était pas la personne la plus saine pour lui, c'était la seule qui lui restait encore. C'était le seul qui restait encore. Le seul qui donnait l'impression à Matthew qu'il comptait, qu'en fait il n'était pas qu'un objet, que quelqu'un.. tenait à lui. Et ce n'était pas n'importe qui. Il ne pouvait pas le perdre. Alors il devait attendre. Il ne pouvait rien faire, il devait juste voir ce que lui, allait faire en attendant. Sans son art, que faisait-il de toute façon ?

Il était sûr que lui aussi, en pleine nuit, il était aussi réveillé. Aucun des deux ne devait dormir, comme d'habitude. Et en y pensant, il se sentait seul, en fait, encore plus que d'ordinaire. Il aurait presque aimé être avec lui, juste parce qu'il.. avait besoin de lui.

Mais évidemment, il était seul. Et toujours et encore, il pensait à sa vie qui se dégradait de plus en plus, il essayait de faire une espèce de mise au point de tout ce qui n'allait pas, de ses problèmes, de comment les régler. Et il se lamentait aussi, bien sûr. Il continuait à se mépriser, en boucle, ne se trouvant décidément aucune qualité. Il se sentait stupide. Il n'arrivait même pas à dormir. Il ne savait plus ce qu'il devait ressentir.

Alors, il devait attendre. Juste être patient, et surtout attendre le lendemain, voir ce que cette journée allait lui réserver. Voir ce qu'il allait devoir faire avec Stefano.. Il se sentait complètement dépassé, il ne gérait rien du tout. Mais pour le moment, il ne pouvait rien faire. Il devait essayer de se rendormir, alors qu'en plus de ça, il était énervé de se réveiller pratiquement chaque nuit à cause de rêves bizarres. On ne pouvait pas juste le laisser tranquille ?

Cette fois, il soupira vraiment. Fatigué, fatigué de tout ça, de sa vie. Il ne trouvait pas de solutions, surtout pas en pleine nuit.

Demain serait un autre jour.

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