Bonus| Joyeux Halloween.

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Lorsque Matthew rentra chez lui, le soir, il ressentit immédiatement une sensation étrange. Il ne savait pas pourquoi, mais l'atmosphère semblait lourde, pesante, comme s'il s'était passé quelque chose pendant son absence. Il fronça les sourcils, ne comprenant pas. C'était la première fois qu'il ressentait cette étrange et pour le coup, désagréable sensation. Comme si sa propre maison ne l'accueillait pas..

En arrivant dans le salon, la sensation continua, suivie maintenant d'un léger sentiment de malaise. C'était bizarre, il ne se sentait soudainement pas à l'aise ici, comme si ce n'était plus chez lui. Il avait l'impression que quelqu'un était vraiment venu chez lui pendant qu'il n'était pas là. Un cambrioleur ? Cette pensée le traversa instantanément, mais en regardant mieux autour de lui, rien ne semblait avoir été volé, ou saccagé. Non, sinon il l'aurait déjà remarqué...

À la place, il remarqua que certains objets n'étaient pas à leur place habituelle. Ils semblaient tous avoir été déplacés... Cette fois, il se dit qu'il devait simplement se faire des films, ou bien qu'il avait juste oublié qu'il avait touché à certaines choses. Mais, même en essayant de se souvenir, il ne se rappelait vraiment pas avoir déplacé des objets sans les remettre à leur place.. Et puis, pourquoi aurait-il fait ça ?

Plus il réfléchissait, plus il commençait lentement à paniquer. Il ne comprenait rien, qu'est-ce qui se passait, bon sang ? Pourquoi tout était aussi bizarre depuis qu'il était rentré ? Tout allait bien ce matin, pourtant, alors pourquoi il ressentait soudainement toutes ces horribles sensations ? Est-ce qu'il devenait fou ? C'était peut-être lui le problème. En tout cas, tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'aimait vraiment pas ce qui se passait actuellement, que ce soit juste dans sa tête ou réel.

Mais au lieu de rester planté au milieu de son salon, essayant de comprendre ce qui se passait, il décida tout de même de remettre les objets déplacés à leur place. Il y avait certains livres qui s'étaient retrouvés sur la table du salon, et il se demanda vraiment ce qu'ils pouvaient bien faire là. Il n'aurait jamais mis ces livres ici sans raison.. Ça n'avait pas de sens. Plus il rangeait et plus il se disait que c'était vraiment bizarre, que ce n'était pas normal, et son sentiment de malaise revenait à la charge, encore plus fort qu'avant.

En passant près de la fenêtre, il vit dehors certaines décorations, et des gens, dont des enfants, déguisés.. Puis soudainement il se rappela qu'aujourd'hui, c'était Halloween. Il ne savait même pas comment il avait fait pour oublier, avec toutes les décorations posées partout dans la ville, et les nombreuses personnes qui parlaient de cette fête depuis des jours. Matthew se dit alors qu'il était complètement à la ramasse, ces derniers temps, et passa une main sur son visage tout en se demandant comment il avait réellement pu oublier.

Puis en même temps.. C'était comme si tout fit sens dans sa tête. Halloween, bien sûr, et des objets changeaient tout seul de place chez lui, en plus de cette sensation désagréable. La main qu'il avait passé sur son visage resta longuement accrochée là, alors qu'il tirait maintenant une tête à moitié exaspérée. On aurait dit une mauvaise blague, sérieusement, ça le fatiguait déjà. Mais ça n'expliquait toujours pas.

Comme par hasard, c'était le jour d'Halloween qu'il se passait des événements étranges chez lui.. Il ne savait pas s'il devait en rire ou pleurer. Alors il préféra se dire qu'il était juste fatigué, et que c'était son cerveau qui imaginait tout ça. Il commençait à penser de façon irrationnelle, s'il se mettait à faire des liens entre cette fête censée être effrayante et ce qui se passait chez lui. C'était simplement lui qui avait dû déplacer ces objets, c'est tout.. Il était fatigué, c'est tout.

Les fantômes, ça n'existait pas. Le paranormal non plus, ce n'étaient que des inventions du cerveau, ça aussi. Et tout ça n'avait absolument rien à voir avec le fait qu'on était le trente-et-un octobre. Ça n'avait absolument aucun rapport.. C'est ce que se répéta Matthew, en voulant se convaincre lui-même. Il n'allait pas commencer à croire à tout ça, quand même.. Tout avait une explication logique.

Il s'affala alors dans son canapé avec une tranquillité d'esprit presque déconcertante, étant sûr à cent pour cent qu'il avait raison, que rien de tout ça n'était bizarre, en réalité. Il était juste devenu paranoïaque, pendant un court instant.. Mais maintenant, tout allait mieux. Oui, vraiment, tout allait bien, il n'y avait rien d'anormal.

Sauf qu'il eut à peine le temps de finir le cours de ses pensées qui se voulaient rassurantes, que la télé s'alluma subitement toute seule. Évidemment, ça le fit sursauter, peut-être plus qu'il ne l'aurait voulu, et c'est à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'il était tendu depuis avant. Il n'était pas du tout plus rassuré qu'avant, en fait, et le fait que la télé s'allume toute seule était encore pire. Non, ce qui était pire, c'est qu'en plus elle s'amusait à buguer, passant d'une chaîne à l'autre, ou l'image sur l'écran se déformant complètement.

Là, il n'allait pas mentir, Matthew avait peur. Il resta paralysé, le regard bloqué sur cette fichue télé qui semblait possédée. Il eut l'impression que ça dura des siècles, jusqu'à ce que tout aussi subitement qu'elle s'était allumée, elle s'éteint toute seule, l'écran redevenant noir. Il resta là un bon moment, encore bloqué dans la même position, le regard toujours autant appeuré et scotché sur la télé en face de lui.

Qu'est-ce qui venait de se passer ? Il comprenait encore moins qu'avant, alors que pourtant, il s'était persuadé que tout ça était dans sa tête. Mais là, comment croire qu'il venait d'inventer tout ça, à part s'il était complètement devenu fou ? L'atmosphère semblait encore plus oppressante qu'avant, il se sentait de moins en moins bien ici. Il avait presque envie de fuir, mais pour aller où ?

Puis soudainement, il se reprit. C'était complètement ridicule. Il était sérieusement en train de penser à fuir de son appartement ? Encore une fois, une solution logique et rationnelle lui vint en tête : la télévision avait juste eu un bug. Ça arrivait à n'importe quel appareil électronique. Et encore une fois, ça n'avait rien à voir avec Halloween.. Il ne pouvait pas croire qu'il avait sérieusement eu peur, tous ces événements n'étaient que pur coïncidence. Pour la énième fois, il se répéta que les fantômes, ça n'existait pas.

Mais tout de même.. Il n'était pas rassuré. Que ce soit une coïncidence ou non, tout ce qui venait de se produire restait quand même bizarre, en plus de cette dérangeante sensation qu'il n'arrivait pas à enlever de sa tête. Étant sûrement complètement devenu paranoïaque, malgré ses efforts, il regarda tout autour de lui, comme s'il voulait s'assurer qu'il était bien seul. Super, maintenant il avait l'impression que quelqu'un se trouvait chez lui..

Alors, sûrement pour calmer ses doutes et sa peur complètement ridicule - lui-même se le disait -, il se leva et se mit en quête de trouver n'importe quel autre événement étrange dans sa maison. Il passa dans toutes les pièces, regardant à chaque fois autour de lui, cherchant des indices sur une éventuelle intrusion de la part de quelqu'un. Il savait qu'il avait l'air idiot, mais s'il ne le faisait pas il ne serait pas tranquille.

Au bout d'un moment, il retourna dans son salon, n'ayant évidemment trouvé personne, ou rien d'anormal. La seule chose d'anormale était.. lui, en fait. Tout le monde l'aurait pris pour un fou en le voyant faire. Il était presque déçu de n'avoir rien trouvé d'autre, car le mystère allait encore durer longtemps, à ce stade. Soit il se passait vraiment des choses paranormales, soit il était bien fou...

Et comme cette histoire le fatiguait grandement, il décida de lâcher l'affaire, définitivement, se disant que tant pis, il vivrait avec cette impression désagréable qu'il n'était pas seul et que sa maison était peut-être possédée, qui sait. Si un fantôme était vraiment ici, il pourrait peut-être apprendre à vivre avec. Au moins il ne serait plus seul.

Puis, comme à chaque fois qu'il se mettait à penser de façon plus ou moins rationnelle, visiblement, ce fut cette fois au tour des lumières de s'allumer et de s'éteindre toutes seules, clignotant d'une façon assez désagréable et encore une fois, perturbante.

Cette fois, Matthew crut qu'il allait définitivement péter un plomb, se disant que ce n'était pas possible, qu'à ce stade c'était réellement une blague. Après la télé, voilà que les ampoules aussi se mettaient à faire n'importe quoi. Et cette fois, il n'avait même pas peur, il ne pouvait juste plus croire que ce n'était qu'une coïncidence. Sa maison était réellement hantée. Cette pensée le perturba encore plus que les lumières qui s'étaient maintenant arrêtées de clignoter, il ne pouvait pas croire qu'il se résignait sérieusement à ça.

Alors maintenant, que devait-il faire ? Il était à deux doigts d'essayer de communiquer avec un éventuel fantôme, mais il ne savait pas comment faire. Quels étaient les moyens ? Les rituels ? Il n'allait tout de même pas essayer ces trucs, si ? Il ne croyait pas à tout ça, normalement, alors que faire... Que faire..?

Il se répéta cette question en boucle, tournant en rond dans son salon, l'air pensif. Il en était persuadé, tout ce qui venait de se passer n'était pas anodin, il se passait vraiment quelque chose de bizarre dans son appartement. Et visiblement, ça avait un lien avec Halloween. Ça ne pouvait qu'être ça, c'était la seule explication logique. Il ne voulait pas croire qu'il était simplement devenu fou, ou que ce n'étaient que des coïncidences, le fruit du hasard.

Il était donc maintenant en face du plan de travail, les deux mains appuyées dessus, alors qu'il réfléchissait intensément à une solution. Il était tellement concentré qu'il ne faisait plus attention à ce qui se passait autour de lui. C'est donc pour ça qu'il sentit à peine le courant d'air frais, voire même froid, qui passa à travers toute la pièce, et surtout à côté de lui.

-Encore en train de réfléchir ?

Cette voix.

Instantanément, Matthew écarquilla les yeux, arrêta le cours de toutes ses pensées, et tourna sa tête vers la droite avec une rapidité qui lui était encore inconnue jusqu'à maintenant. Quand il vit qui se trouvait là, qui venait de lui parler comme si de rien n'était, il eut l'impression que son coeur s'était arrêté, ou du moins qu'il avait raté un très gros battement. Non.. ce n'était pas possible, il ne pouvait pas y croire.

Il recula de quelques pas, eut même l'impression qu'il allait perdre l'équilibre, tout en gardant ses yeux choqués sur la personne en face de lui, pour ensuite prononcer un prénom qu'il pensait avoir oublié depuis longtemps.

-Stefano ?

Lui-même n'y croyait pas pendant qu'il l'avait dit, la voix presque tremblante, devant pratiquement se tenir au plan de travail pour ne pas tomber. C'était bien lui, il était là, devant lui, lui aussi avec les mains posées sur ce meuble, comme si tout allait bien. Il semblait d'ailleurs le regarder avec une espèce de curiosité dans l'oeil, maintenant.

Alors immédiatement après, Matthew se précipita presque vers lui, tendant la main pour espérer le toucher, voir s'il était vraiment réel. Évidemment, elle passa à travers, et ce n'était que maintenant qu'il se rendit compte que son apparence était presque transparente, avec une légère teinte bleue. Il ressemblait à un vrai fantôme, maintenant, ça avait presque quelque chose de comique.

Ça faisait trop de choses à digérer pour lui en peu de temps, il ne savait même pas par où commencer. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait besoin de s'asseoir. C'est d'ailleurs ce qu'il fit directement après, s'asseyant sur la chaise la plus proche de lui, en face de la table. Son regard était perdu dans le vide, alors que depuis avant Stefano, ou du moins son fantôme, le fixait sans rien dire. Si lui-même ne savait pas comment réagir, ils n'allaient pas aller loin.

Alors au bout d'un moment, Matthew releva lentement la tête vers lui, un visage n'arborant visiblement aucune expression particulière.

-C'est toi qui t'amuse à me faire peur depuis avant ?

Pour seule réponse, un sourire satisfait se dessina sur le visage de Stefano. Il semblait avoir vu juste, mais il ne savait pas s'il devait maintenant être rassuré ou être énervé. Pour l'instant, il était surtout complètement perdu. Il n'arrivait toujours pas à croire que c'était bien lui, ça n'avait pas de sens.

-Ça a marché, alors ? Je t'ai bien diverti, non ?

Et c'est qu'il était fier, en plus. Il n'avait rien d'autre à faire que de se moquer de Matthew, visiblement. Comme d'habitude. Mais.. Ça faisait longtemps qu'il n'y avait plus d'habitude, pourtant.

-Ça t'amuses vraiment, dit soudainement Matthew, comme s'il venait de s'en rendre compte.

Puis, sûrement pris d'un élan d'indignation, il se leva brusquement de sa chaise. Il n'était plus choqué à présent, il l'était plus par le fait que même mort, Stefano continuait d'être un imbécile.

-Tu décides de venir le soir d'Halloween chez moi, faire n'importe quoi, et me faire croire que je suis devenu fou alors qu'en fait c'était toi qui étais derrière tout ça !

En criant cette phrase, il le pointa du doigt, comme à chaque fois qu'il s'énervait sur lui.

-Et le pire c'est qu'ensuite, tu apparais comme si de rien n'était et tu te moques encore de moi alors que je ne comprends strictement rien à ce qui m'arrive depuis que j'ai mis les pieds dans cette maison !

À la fin, il crut qu'il allait devenir fou pour de bon, pendant qu'il essayait de récapituler le cours des événements qui s'étaient produits en moins d'une heure. Il ne pouvait pas croire que Stefano était là, en fantôme, et que c'était lui qui s'était amusé à le rendre fou, justement. Il ne pouvait même pas digérer une chose après l'autre.

-Et qu'est-ce que tu fais là, déjà ?! Comment t'as réussi à venir ici ?

Oui, clairement, il pétait un plomb pour la cinquième fois minimum de la soirée.

-Eh bien.. Comme tu l'as dit, on est le soir d'Halloween.

Un autre sourire se forma, cette fois peut-être un peu moins confiant, sous peine d'encore s'attirer les foudres de Matthew.

-C'est le seul jour de l'année où je peux librement te rendre visite, alors j'en ai profité.

Et maintenant il haussa les épaules, comme d'habitude, ça aussi. C'est alors que Matthew se rendit compte que même après tout ce temps - et en réalité ça ne faisait qu'un an -, rien n'avait changé. C'était comme si Stefano était bien vivant, devant lui, et non pas mort. Alors, maintenant qu'il réalisait ça, il réalisait aussi par la même occasion à quel point ça faisait mal.

-Et tu t'es dit que ça me ferait plaisir ?

Il avait presque marmonné cette question, un air étonnamment sombre sur le visage. Une fois la surprise et l'incompréhension passées, il fallait bien que la colère revienne, suivie de la tristesse. Parce que ça, il en avait beaucoup.. Ou du moins, il s'était rappelé qu'il en avait beaucoup eu.

-Tu viens sérieusement me rendre visite, comme si tout était normal, en pensant peut-être que je serais content ?

Il le fixa maintenant droit dans les yeux, ne sachant même pas quelle émotion prendre le dessus sur lui.

-Tu crois que moi, ça m'amuse de te revoir, juste comme avant, et comme si rien ne s'était passé ?

Au passage, il remarqua aussi qu'il portait encore son éternel costume violet. Visiblement, une fois mort, on ne pouvait plus rien changer sur soi. À part son apparence fantômatique, Stefano restait le même, dans tous les sens du terme. Et c'est cette pensée qui fit soudainement monter les larmes aux yeux de Matthew.

Il était mort. Il était censé être mort, pas revenir en fantôme à la moindre occasion. Il était censé l'oublier.. Alors pourquoi revenait-il ?

-Comment ça pourrait m'amuser, alors que tu sais que ta mort a été l'une des pires choses de ma vie..

À la fin, sa voix se calma de plus en plus, disparaissant presque, alors que les mots devenaient surtout de plus en plus dur à prononcer. Les larmes s'étaient déjà trop infiltrées dans ses yeux, et maintenant aussi dans sa gorge.

De son côté, Stefano ne savait pas comment réagir. Il ne s'était pas attendu à ça. Il ne s'était pas attendu à ce que Matthew soit aussi secoué, voire triste de le revoir. Il s'était attendu à un peu plus de joie.. Mais il avait sûrement oublié qu'évidemment, ce n'était pas aussi facile de revoir un être cher, dont la disparition a été un événement horrible.

-Je.. ne pensais pas que ça ferait cet effet-là.

Ayant croisé les bras, Matthew releva son regard vers lui, toujours autant rempli de tristesse et de colère.

-Donc tu croyais bien que je serais content.

Celui de Stefano, par contre, dévia de côté, peut-être un peu honteux de s'être trompé à ce point.

-Je dois avouer que je pensais que ce serait une bonne surprise.

Matthew voulut presque en rire.

-C'est sûr que c'est une bonne surprise, mais pas dans le bon sens.

Sa colère n'était pas encore redescendue, mais elle était surtout accompagnée de beaucoup d'incompréhension. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il avait à tout prix voulut se montrer aujourd'hui.

-Je veux dire.. Tu voulais que je t'oublie, Stefano. Tu voulais que je t'efface de ma vie pour commencer à en vivre une meilleure. Et c'est ce que j'ai fait.

Son ton était un peu plus calme, et doux qu'avant, malgré ses mots se montrant assez tranchants. Il voulait être clair avec lui.

-J'ai refait ma vie, et tu n'es donc plus dedans. Ça a été dur, mais... J'ai réussi, tu vois. Je ne pensais plus autant à toi qu'avant.

Un maigre sourire se dessina sur son visage, un sourire triste alors que l'on pouvait voir ses yeux briller dans la faible luminosité. Il était surtout triste.. Triste en se rappelant tout ça. Il avait réussi à oublier tout ça et à passer au dessus, et à présent voilà que Stefano revenait en fantôme pour gâcher tous les efforts qu'il avait fournis.

-Alors tu ne peux pas revenir comme ça, en espérant que je sois heureux. Parce que, et c'est toi qui le voulais, je l'étais bien plus quand je ne pensais plus à toi. J'ai réussi à t'oublier, alors s'il te plaît, ne viens pas tout gâcher.

L'air qu'il arborait maintenant sur son visage montrait qu'il n'était pas en colère, juste.. déçu. Presque suppliant, toujours un peu triste, aussi. Il était blessé, et il le montrait clairement. Il savait que ses mots étaient durs, et qu'à ce stade, c'était même Stefano qui risquait d'être blessé, mais il avait besoin de lui dire. De toute façon, ce n'était pas lui qui risquait d'être outré... C'était lui le responsable.

C'est pour ça qu'encore une fois, il n'avait aucune réaction. Peut-être que cette fois, il avait quand même l'air un peu choqué, surtout devant ce que Matthew venait de lui dire. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait raison. Et d'un côté, il était même presque fier de lui. Oui, il avait réussi à l'oublier, c'était tout ce qu'il lui avait souhaité.

-Au moins tu as suivi mes conseils, répondit simplement Stefano après un moment, croisant les bras, un léger sourire sur le visage.

En voyant ça, et ce sourire presque triste, Matthew ressentit soudainement une vague de culpabilité l'envahir. Il l'avait sûrement blessé, en effet, ou du moins un peu. Dans tous les cas, Stefano n'avait pas l'air indifférent à ce qu'on venait de lui dire.

-Enfin... Tu sais que ça n'a pas été facile.

Il tenta donc de se rattraper, voulant avant tout lui expliquer que pour lui, la situation avait toujours été dure.

-Ta mort à été si brutale, du jour au lendemain.

Il s'éloigna maintenant vers la fenêtre, l'air ailleurs, donnant l'impression qu'il se souvenait peu à peu de tout ce qui s'était passé ce jour-là.

-Et.. C'était moi, le responsable.

Il regarda sa main droite d'un air coupable, comme pour se prouver que c'était bien lui le responsable.

-C'est moi qui t'ait demandé de faire ça, Matthew.

Sans le voir, il savait que Stefano s'était rapproché.

-Je sais. Mais c'est encore pire.

C'était lui qui l'avait tué.. Mais c'était dans son propre bien, ainsi que dans celui de tout le monde, y compris Stefano. Mais pour celui-ci, c'était d'abord l'intérêt de Matthew qui comptait avant tout le monde.

-Pourquoi tu es venu..?

Il posa soudainement cette question, devant déjà savoir la réponse, mais il avait besoin de savoir pourquoi.

Et Stefano sembla d'ailleurs y réfléchir avec attention, puisqu'il mit un certain temps avant de répondre.

-Je m'ennuyais. Tu sais, il ne se passe plus grand chose quand on est mort.

Sa réponse était évidemment remplie d'humour, comme à chaque fois, mais pour le coup ça fit réellement rire Matthew, au moins un peu. C'est d'ailleurs pour ça qu'il se retourna, faisant face à Stefano, malgré les quelques larmes solitaires qui coulaient de ses yeux. Il n'avait pas pu les retenir, évidemment. Ça faisait encore trop mal.

-C'est sûr qu'ici c'est plus divertissant.

Puis il repensa à tout ce qu'il avait fait juste avant de débarquer.

-Tu dois vraiment t'ennuyer, alors, si faire clignoter des lumières est ce qui t'amuse le plus aujourd'hui.

Cette fois, ce fut au tour de Stefano de rire.

-Ce qui était divertissant, ce n'étaient pas vraiment les actes, mais plutôt toi.

-Ah oui, c'est sûr que c'était ça, le plus drôle, répondit Matthew sur un ton sarcastique.

Un bref silence s'installa alors, durant lequel il eut le temps de sécher ses larmes, avant de croiser le regard de Stefano. Rien que dans ce regard, il avait l'impression de pouvoir déceler plein de choses.

-Matthew.. Tu sais que je suis content pour toi.

C'était presque une évidence, vu la façon dont il l'avait dit. Mais ça sembla tout de même étonner le concerné.

-Évidemment que je suis heureux si tu as pu passer à autre chose et m'oublier, au moins un peu.

Son sourire en coin faisait évidemment référence à la situation actuelle, mais cette fois, Matthew eut presque envie d'en rire.

-Et.. Si je suis venu, c'était pour m'assurer que tu ailles bien.

Cette fois, ça l'étonna pour de bon.

-Mais en effet, tu n'as visiblement plus besoin de moi pour aller mieux, et je suis content que ça ait marché.

D'un côté, il n'était pas mort en vain. Suite à ça, Matthew avait réellement réussi à se reconstruire, et enfin tourner la page. Il était vraiment fier de lui.. Mais il ne savait pas s'il aurait le courage de lui dire un jour.

À la place, il leva lentement sa main gauche vers lui, pour la poser sur son épaule. Ce geste procura une sensation étrange à Matthew, au niveau de son épaule. C'était comme si un simple courant d'air exerçait cette pression, il lui donnait à la fois chaud, mais aussi froid..

-Tu as vu que tu étais fort, Matt', tu y es arrivé.

Si ça continuait, il allait se remettre à pleurer. Il avait tellement envie de le prendre dans ses bras, mais il ne pouvait pas. Il craignait que ça ne fasse pas grand chose, et qu'il lui passe juste à travers, comme avant. Visiblement, les contacts ne marchaient que dans un sens pour les fantômes.

-Tu me manques, abruti.

À la place, ce furent les seuls mots qu'il réussit à lui dire, sentant à nouveau les larmes monter dans ses yeux. Et pour les deux, un énième sourire triste se forma, mais pour différentes raisons.

-Malheureusement, je ne vais pas pouvoir rester très longtemps. Mais sache que ça a été un réel plaisir de te revoir.

Les retrouvailles faisaient déjà place aux adieux, alors que maintenant, aucun des deux ne voulait se quitter.

-J'aurais préféré ne jamais te revoir, répliqua Matthew dans un autre ton ironique, alors que son sourire trahissait tout.

Mais ça ne déstabilisa pas pour autant Stefano, qui finit d'ailleurs par enlever sa main de son épaule. La sensation disparut immédiatement de celle-ci, et maintenant qu'elle n'était plus là, Matthew se mettait à espérer qu'elle revienne.

-Je sais, c'est pour ça que je suis venu.

Et évidemment, on ne changeait pas Stefano. Mort ou vivant, il restait le même. Toujours aussi insupportable, mais ça aussi, ça avait manqué à Matthew, qui se retrouva tout de même à soupirer d'exaspération. Les habitudes non plus, on ne les changeait pas.

-Et c'est aussi pour ça que tu vas repartir.

Il avait beau dire ça en rigolant, Matthew était complètement dévasté, au fond. Maintenant qu'il était là, il ne voulait plus le perdre une deuxième fois. Mais il était obligé de le revoir partir, cette fois dans des conditions un peu plus paisibles, et cette pensée le réconforta, au moins un peu. Les futurs mots de Stefano aussi, d'ailleurs, même s'il ne le savait pas encore.

-Dans tous les cas.. Sache que je suis encore là, et que je veille sur toi, Matthew.

Le regard sérieux qu'il lui offrit suffit à le convaincre, et surtout à refaire couler des larmes le long de ses joues. Ses mots avaient en effet rempli son coeur de joie, et surtout effacé toutes les peurs qu'il pouvait encore avoir concernant son futur. Stefano était là, et il le serait toujours. Il l'avait toujours su, mais maintenant que c'était confirmé, il était encore plus déterminé à continuer ainsi.

-Et toi sache que je ne pourrais jamais entièrement t'oublier. Si ça peut te rassurer je pense encore quelques rares fois à toi.

Jusqu'à la fin, ses paroles étaient remplies d'humour et de sarcasme, un moyen comme un autre de se réconforter, et d'affronter la réalité plus facilement. Bien sûr que non il n'avait jamais entièrement oublié Stefano, il pensait juste de moins en moins à lui.

Et ça ne faillit pas à esquisser un dernier sourire à Stefano, cette fois un entièrement sincère. Il était réellement content pour lui, et content de voir qu'il pouvait vraiment partir en paix. C'est pour ça qu'à nouveau, il leva sa main vers lui, pour la poser délicatement sur sa joue. La sensation étrange, mais agréable, refit surface, cette fois encore plus forte qu'avant.

-Joyeux Halloween, Matthew.

Il eut à peine le temps de sourire une dernière fois, lui aussi, et de vouloir poser sa main sur la sienne, que Stefano s'évapora en quelques secondes devant lui, laissant un léger courant d'air frais l'envelopper, le laissant seul au milieu de son salon.

Sa main retomba lentement, en même temps que les larmes qui continuaient à couler le long de ses joues, impossibles à arrêter. Mais malgré tout, il ne cessait pas de sourire, tristement, en pensant à tout ce qu'il venait de traverser, et qu'il allait continuer de traverser. Non, il n'était plus entièrement seul, il n'était plus aussi préoccupé par Stefano qu'avant, il avait réussi à surpasser tout ça et à vivre une vie plus heureuse.

Matthew était plus heureux qu'avant, il avait réussi à l'être grâce à d'autres personnes, et surtout sans celui qu'il pensait lui être indispensable. Alors maintenant, après cette visite surprise de Stefano, il était plus déterminé que jamais à continuer ainsi, surtout en sachant que quelque part, il était toujours là pour lui, discrètement.

Au fond, peut-être qu'il le remerciait d'être passé lui rendre visite, et le remerciait tout court pour tout ce qu'il lui avait apporté pendant des années, en ne gardant bien sûr que les côtés positifs. Il était tout de même content que Stefano soit venu, content d'avoir pu le voir et d'avoir pu lui parler une dernière fois.

Et au final, la chose la plus importante qu'il avait pu apprendre en cette soirée d'Halloween, c'était que les fantômes, ça existait bel et bien.

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