Chapitre 25 | La chute.

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Finalement, Matthew avait décidé de faire comme si de rien n'était. La soudaine réalisation de ses sentiments n'allait rien changer, ils continueraient normalement, comme avant. De toute façon, il n'était pas prêt de les avouer, à part s'il avait une très bonne occasion, donc.. Ce problème-là était réglé pour l'instant. Ça ne servait à rien de se demander pendant cent ans ce qu'il devait maintenant faire, car ça ne changeait rien, ils allaient juste tranquillement reprendre là où ils en étaient..

Mais oui, il ne devait pas oublier qu'il y avait un autre léger problème. Stefano avait recommencé à disparaître.. Et il n'avait plus eu de nouvelles de lui pendant deux jours, depuis qu'il l'avait croisé la dernière fois. S'il souhaitait reprendre leur "thérapie" sans se casser la tête.. Eh bien c'était raté, avec le principal concerné qui semblait de nouveau décidé à faire comme s'il n'existait pas. Comment allaient-ils avancer, comme ça ? Et puis, pourquoi il recommençait ? Il n'y avait aucune raison de faire ça pourtant, tout s'était bien passé jusqu'ici..

Matthew ne comprenait pas, et il espérait juste qu'il n'ait pas soudainement décidé de recommencer ses meurtres. Tout ce qu'ils avaient fait jusque-là n'aurait servi à rien, alors.. Qu'est-ce qu'il fichait, sérieusement ? Ils avaient une thérapie à continuer, là, comment pourrait-il recevoir son aide sans ça ? Il avait justement besoin d'aide et de soutien pour ne pas se remettre à tuer, alors s'il restait à nouveau dans son coin, ce serait problématique.

Enfin, ça, c'étaient toutes les pensées de Matthew avant qu'encore une fois, il ne le croise de façon totalement aléatoire dans la rue, et que cette fois il ne décide de pratiquement le kidnapper pour l'emmener chez lui et lui demander des explications. La scène était totalement irréaliste, avant même d'avoir eu le temps de dire quoi que ce soit, Stefano s'était presque fait emmener de force chez lui. Mais bon, ce n'était pas comme s'il était très attendu, ou occupé, de toute façon.

C'était comme ça que pour une énième fois lorsque Matthew avait besoin d'explications, ils se retrouvaient dans son salon. Stefano avait l'impression de s'être fait convoquer.. Alors que deux minutes avant il comptait engager une conversation banale. Mais justement, ils n'avaient plus le temps pour ces banalités.

Comme d'habitude, Matthew était devant la table du salon, bras croisés, fixant Stefano l'air sévère alors que lui se retrouvait pris au piège. Qu'est-ce qu'il avait fait, cette fois ? Il avait beau chercher, pour une fois il ne voyait pas. Il n'avait tué personne, aux dernières nouvelles.

Matthew avait juste décidé de prendre les choses en main, pour une fois, au lieu d'attendre il ne savait combien de temps pour que quelque chose se passe. Il en avait marre de toujours attendre, mais avec cette soudaine envie de faire avancer les choses, Stefano se retrouva largement pris au dépourvu. Qu'est-ce que c'était que cette situation, encore ?

-Qu'est-ce que tu fiches, sérieusement ?

Et son tortionnaire posa soudainement cette question, toujours avec le même air qui semblait exagérément énervé. On aurait dit qu'il en faisait trop pour une situation qui, pour une fois, n'était même pas grave.

Sauf que cette question n'arrangea rien, au contraire, et Stefano se retrouva encore plus confus qu'avant.

-Tu as compris pourquoi je t'ai emmené ici, non ?

Justement, sur le coup, Stefano n'avait rien compris, alors là, toutes les interrogations qu'il se posait n'eurent pas les réponses qu'il espérait, au contraire. Il n'avait pas l'air de comprendre, non.

-Qu'est-ce qui se passe, Matthew ?

Au bout d'un moment, il devait bien poser cette question, et il la posa d'ailleurs avec un air vraiment perdu et troublé sur le visage. Il essayait de comprendre, mais il ne voyait vraiment pas, pour le coup. Il n'avait pas commis d'erreur, non ? À moins qu'il se mettait à oublier qu'il tuait des gens, maintenant.

Mais suite à cette question qui semblait vraiment dénuée de toute compréhension de la part de celui qui l'avait posé, Matthew s'en retrouva encore plus scandalisé. Ironique que ce soit lui qui joue l'étonné, d'ailleurs.

-Ce qui se passe ? Il se passe.. Toi !

Il eut un court moment d'hésitation, puis le "Toi" sortit comme une évidence. Il le visa même avec sa main en disant ça, alors que son air faussement énervé et réprimandeur revenait. Il ne se passait rien de grave, mais à présent ils n'avaient vraiment pas le temps de tourner en rond. C'était pour ça qu'il semblait si impliqué dans quelque chose que Stefano ne comprenait toujours pas pour le moment.

Surtout que cette réponse ne fit qu'accentuer son air déjà ahuri, alors qu'il avait légèrement écarquillé les yeux. Sérieusement.. Est-ce que Matthew allait bien, au moins ? Puisqu'il semblait bien bizarre aujourd'hui.

-Je te signale que tu as recommencé à disparaître, depuis quelques jours ?

Ah, c'était donc ça... Stefano se doutait bien que ce n'était pas quelque chose de grave, mais là, il avait presque douté pendant un instant à cause de l'air si sérieux de Matthew. Il était rassuré, maintenant, et laissa presque un soupir de soulagement s'échapper de ses lèvres.

-Ce n'était que ça ? J'ai bien cru que j'avais fait quelque chose de grave, pendant un court instant.

Sauf que cette réponse remplie d'un manque total de considération et aussi légèrement de provocation sembla encore plus agiter Matthew, qui était maintenant complètement sidéré. Comme d'habitude, Stefano s'en fichait royalement.

En fait, ils revenaient juste au début, quand l'un était trop impliqué et que l'autre n'en avait rien à faire.. Et étrangement, quand il voyait à quel point rien n'était sérieux, comme ça, Matthew regrettait presque cette époque. Avec du recul, il la trouvait bien drôle finalement. Le Stefano beaucoup trop sérieux et abattu par la vie ne lui plaisait pas trop.. Alors l'ancien, ou du moins le vrai, l'insupportable insolent qui s'en fichait de tout, il commençait à l'apprécier de plus en plus.

Surtout qu'il savait que maintenant - et normalement - en plus d'être insupportable, il était aussi devenu tout aussi sérieux. Il ne prenait plus tout constamment à la rigolade, même si ce changement avait eu l'air d'être irréel, au début. Enfin, il l'était toujours autant, vu comment Stefano semblait vraiment tout prendre au sérieux maintenant.

-Tu te fiches de moi ?! Et disparaître sans donner d'explications, ce n'est pas important ça ?

Même s'il paraissait énervé, on sentait qu'au fond il ne l'était pas tant que ça. On aurait plutôt dit qu'il essayait de jouer un rôle pour ne rien laisser paraître.. Mais qu'est-ce qu'il voulait à tout prix cacher ?

-On vient enfin de comprendre ce qui se passe dans ton cerveau de psychopathe, et tu décides de disparaître juste à ce moment-là ?

Il avait posé les mains sur ses hanches, lui donnant un air encore plus moralisateur. Là, on voyait bien qu'il essayait de réprimander quelqu'un, en plus du ton tout aussi sérieux et se voulant menaçant.

-Ce n'est pas parce que l'essentiel est fait qu'on doit arrêter pour autant. Il y a encore du travail à faire, je te rappelle.

S'ils se reposaient maintenant, c'était là que les chances de reprise de la part de Stefano seraient les plus grandes.. Ils ne pouvaient pas encore se reposer, même si Matthew avouait qu'il aurait bien aimé, quelques jours auparavant. Avant qu'une certaine personne ne reprenne ses mauvaises habitudes... Le fait d'à nouveau se retrouver seul lui avait donné plein d'occasions, dont celles de se rendre compte de ses sentiments et de faire une mise au point de la situation, se disant justement qu'elle ne pourrait pas avancer sans un des principaux concernés.

Il pensait qu'il arriverait à fuir ? Avec Matthew à ses trousses, impossible. Il aurait dû le savoir, pourtant.. Ce ne serait pas aussi facile de fuir ses responsabilités, cette fois, surtout que c'était lui qui semblait vouloir les éviter maintenant. Pas de chance pour lui, son ami restait toujours autant impliqué, peut-être même plus qu'avant, alors évidemment qu'il allait le traquer et lui demander qu'il s'explique. Il ne lâcherait jamais l'affaire, peu importe à quel point la situation était désespérée.

D'un côté, c'était peut-être une des choses qu'il avait toujours aimé chez lui... Il n'abandonnait jamais, il était beaucoup trop déterminé, mais ce n'était pas un défaut pour lui. Au contraire, il avait toujours trouvé ça drôle de voir que Matthew ne pensait qu'au travail, dans n'importe quelle situation. Son sérieux presque excessif avait de quoi faire rire, surtout quand il s'était soudainement pris pour un psychologue en essayant de comprendre pourquoi Stefano était comme ça..

Il se rappelait lui aussi du début, quand Matthew avait décidé qu'il devait apprendre plus de choses sur lui pour le comprendre, et que lui ne prenait rien au sérieux. Il avait même parlé de thérapie en blaguant, comme d'habitude, mais finalement tout ça en était bel et bien devenue une. Ça s'était bien retourné contre lui, en somme, mais en voyant à quel point ça pouvait avoir des côtés drôles, parfois, il ne regrettait rien.

Comme aujourd'hui, donc, où il se faisait encore une fois gronder par Matthew parce qu'il manquait de sérieux. Si ce n'était que ça... Il avait l'habitude, à force. Et il devait bien avouer qu'encore et toujours, ça l'amusait.

-Comment tu vas continuer à te retenir de tuer si personne n'est là pour t'aider ?

Il insinuait bien évidemment que la personne qui devait l'aider, c'était lui. Et ils le savaient tous les deux, d'ailleurs, mais visiblement il se devait de le rappeler.

-Le but de cette "thérapie" était justement que je te comprenne, et pour ça tu devais arrêter tes crimes-

-Je pensais que ce serait juste provisoire, rappela nonchalamment Stefano, les yeux tournés ailleurs.

Matthew avait à peine eu le temps de finir sa phrase, ou ne l'avait peut-être même pas encore fini, qu'on le coupa directement. Il fixa donc Stefano les yeux plissés, encore plus outré maintenant qu'il osait même faire des remarques plus ou moins discrètes sur ce qu'il disait.

-Tu devais arrêter quoi qu'il arrive, abruti. Tu croyais que j'allais te laisser recommencer de mon plein gré un jour ?

Même si l'atmosphère était assez légère, et que même si elle y ressemblait, cette discussion n'avait rien d'une dispute, ils pensèrent tous les deux à ce qui s'était passé la dernière fois, quand Stefano avait bel et bien craqué. Un léger silence s'installa alors, où le sérieux semblait enfin régner pour tout le monde, mais Matthew le brisa vite. Ils n'avaient plus envie, l'un comme l'autre, de repenser à ça et à tout ce qui avait suivi.

-Dans tous les cas.. Tu as besoin de mon aide pour arrêter, alors pourquoi tu as disparu ?

Il reprit vite son air accusateur, même déçu du comportement de Stefano. Après tout, c'était vrai, pourquoi disparaissait-il à ce stade-là, alors que tout s'était bien passé ?

Surtout que s'il souhaitait avoir une réponse sérieuse de sa part, c'était mal parti.

-Tu ne trouvais pas qu'on en avait assez fait, toi ? J'avais besoin d'une pause pour me reconcentrer.

Il répondit ça comme si c'était une évidence, tout en haussant les épaules.

-Te reconcentrer sur quoi, au juste ?

Matthew haussa un sourcil interrogateur, alors qu'il se demandait ce que Stefano avait bien pu faire, dans son coin. Depuis quand c'était lui qui décidait s'ils devaient faire une pause, déjà ?

-Je ne sais pas.. Sur moi, sûrement.

Et pas que sur lui, mais il n'aurait pas pu ouvertement lui dire la vérité. Ce que Matthew ne savait pas, c'était que ces derniers jours Stefano s'était retrouvé dans le même état que lui. Lui aussi s'était rendu compte de tout ce qui s'était passé, lui aussi s'était questionné sur ce qu'il devait faire, alors il avait choisi de ne plus donner de signes de vie le temps qu'il soit de nouveau "apte" à le voir. Ils étaient exactement dans la même situation et ne savaient tous les deux pas quoi faire, attendant la bonne occasion d'enfin tout révéler.

Alors maintenant... Ils étaient inconsciemment en train de la créer, cette occasion. Ils tournaient tous les deux en rond depuis avant, comme s'ils avaient de vraies choses à se dire mais qu'aucun des deux n'osait les dire. Alors pour l'instant, l'un comme l'autre trouvait des excuses pour ne toujours pas avouer la vérité. Même si le sujet de la disparition de Stefano était quand même un minimum important..

-Mais c'est justement mon rôle, ça, de t'aider à comprendre ce qui se passe dans ta tête !

Matthew s'indignait, sans savoir que ce qui se passait dans sa tête, c'était lui. Il n'avait pas l'air d'avoir compris ce que ressentait réellement Stefano, et c'était peut-être tant mieux, comme ça il pouvait continuer de s'énerver sur le fait qu'ils avaient toujours une thérapie à continuer. Encore et toujours focalisé sur le travail, n'est-ce pas...

-Je ne t'avais rien demandé, je te rappelle..

La remarque de Stefano se voulait à peu près discrète, mais Matthew l'avait bien entendu, et était maintenant plus scandalisé que jamais.

-Ne recommence pas comme avant, hein ! On ne va pas avancer si tu me reproches à nouveau de vouloir t'aider.

Le regard qu'il lui offrait lui disait bien de ne plus recommencer sur ce terrain-là. Car il était très dangereux, surtout si Matthew s'y trouvait.

-Et est-ce qu'on a bien avancé, alors ?

La question de Stefano était à la fois sérieuse et provocatrice. Il voulait vraiment savoir, mais s'il pouvait continuer à lancer de petites piques par ci par là..

-Les analyses sont terminées, docteur ?

Et voilà, il recommençait bel et bien à devenir insupportable. Mais c'était juste parce que ça le faisait rire, et surtout, il n'allait pas manquer l'occasion de lui rappeler qu'à la base, il avait simplement voulu arrêter mais provisoirement.. Surtout que maintenant il n'en avait plus rien à faire, il ne comptait plus recommencer, surtout vu comment ça s'était passé la dernière fois. Il voulait simplement être aux côtés de Matthew, mais difficile de lui faire comprendre ça, surtout quand il refaisait exprès de se moquer de lui, comme cette fois-ci.

De plus que ça n'échappa pas à Matthew qui se retrouvait toujours de plus en plus choqué.

-Elles seraient déjà finies depuis longtemps si tu ne t'amusais pas à tout ralentir à chaque fois, espèce d'imbécile !

Il s'approcha de lui d'un air énervé, pointant vers lui un doigt accusateur. Ce qui amusa encore plus Stefano qui constatait qu'encore une fois, il arrivait à rendre Matthew fou juste en se moquant de lui.

-Il suffirait juste que tu me parles sérieusement, pour une fois, au lieu de toujours faire tes coups foireux ou d'agir comme le vrai enfant que tu es !

Il était maintenant complètement arrivé en face de lui, appuyant son doigt contre lui pour qu'il comprenne mieux, alors que lui avait instinctivement reculé vers le mur derrière lui, essayant d'éviter les terribles foudres de Matthew.

Il se retrouvait à présent entièrement plaqué contre le mur, en fait.. Alors qu'en face il avait droit à un regard plus que sérieux de la part de celui qui allait devenir son ennemi s'il continuait comme ça. Et il devait avouer qu'il était presque étonné.. Matthew ne plaisantait absolument pas, en vérité. Il avait sérieusement envie qu'ils continuent cette thérapie sans obstacles sur leur route, alors à force, il était sûrement à bout.

-Si, en fait je sais, j'ai les résultats des analyses.. Et ils disent tous que tu n'es qu'un abruti fini !

Matthew était maintenant innarêtable, il était parti dans ses délires sans plus se soucier du pauvre Stefano qui se retrouvait toujours bloqué contre le mur. Il était tellement fatigué, à présent.. Il avait tellement envie que cette histoire se finisse, que le simple fait qu'elle soit ralentie de deux jours était littéralement la goutte de trop. Il avait trop de choses à gérer... Il saturait.

Et même si au début, la conversation était assez légère mais sérieuse, à présent elle était totalement sérieuse, Matthew ne plaisantant absolument plus dans ses propos. Il s'éloigna donc quand même de Stefano, ayant besoin de place pour dire tout ce qu'il avait à dire.

-Tu pensais que je ne te connaissais pas, que je ne pouvais rien faire pour t'arrêter, mais tu te trompes complètement !

Sans le vouloir, il faisait directement référence à leur dispute après que Stefano ait malencontreusement recommencé à tuer, il y a quelques semaines.. Il se souvenait très clairement de ce jour, et de ce qu'il lui avait dit. Alors maintenant il comptait bien lui prouver le contraire.

-Je te connais, Stefano, je sais qui tu es réellement. Parce que je suis le seul à savoir que c'est toi le tueur en série qui a su terroriser cette ville, que tu es en fait un psychopathe, mais parce que je suis aussi le seul qui sait à quel point tu es insupportable !

Il comptait bien lui dire tout ce qu'il pensait maintenant, il n'en avait plus rien à faire.

-Je sais que tu prétends beaucoup de choses, dont celle d'être plus fort que n'importe qui, je connais plein de choses sur ta vie maintenant, juste parce que c'est toi qui me les as racontées ! Et je sais donc que je suis le seul à pouvoir te canaliser, au moins un minimum, parce que je suis le seul en qui tu as accordé ta confiance !

Il ne savait même plus ce qu'il racontait, il avait juste besoin de vider son sac, même si ça n'avait pas beaucoup de sens.

-Alors arrête d'agir comme si toute cette situation ne te concernait toujours pas ! D'ailleurs, le fait que tu aies à nouveau disparu prouve bien que tu n'es qu'un idiot incapable de faire des efforts plus de deux secondes !

Il était censé en avoir fait, pourtant, il était censé avoir évolué, et il avait bien réussi ces derniers temps, alors pourquoi recommençait-il comme avant ? Pourquoi redevenait-il aussi agaçant et peu sérieux ? Qu'est-ce qui s'était passé pour qu'il reprenne cette attitude-là ?

-Tu m'exaspères.. Je ne sais plus quoi faire à force.

Pendant son discours, Stefano eut presque envie de lui dire de se calmer, car il semblait vraiment au bord de la crise de nerfs, ou parce qu'il la faisait vraiment.. Mais maintenant qu'il s'était calmé par lui-même, il se retrouva un peu plus soulagé. Il n'avait pas eu peur pour lui-même, mais surtout pour Matthew qui semblait vraiment à bout pour si peu.

Un très long silence prit alors place, comme bien souvent. Aucun des deux ne savait quoi dire, après ça. Ce n'était pas autant censé partir en vrille, pourtant, quand Matthew l'avait convoqué de force chez lui pour qu'il s'explique sur la raison de son absence. Il devait simplement avoir cette réponse, et il se retrouvait maintenant devant lui après lui avoir expliqué ce qu'il pensait de lui. Et encore, il n'avait pas tout dit...

Stefano en particulier ne savait pas comment réagir. Il avait simplement voulu plaisanter, comme d'habitude, mais justement.. Ça n'avait sûrement plus été une habitude quand il avait décidé de devenir plus sérieux et donc de sérieusement comprendre ce qui se passait dans sa tête avec l'aide de Matthew. À force d'avoir des conversations profondes et existentielles sur sa vie, ils avaient sûrement tous les deux oublié que le Stefano d'avant blaguait constamment.

C'est pour ça qu'il se dit que justement, cette habitude devait reprendre place, il voulait qu'à nouveau, ils plaisantent tous les deux sur n'importe quel sujet, surtout celui de cette thérapie qui n'était pas censée aller aussi loin, à la base. Tout était devenu bien trop officiel, il voulait que l'atmosphère se détende à nouveau, juste comme avant.

-Alors... Pourquoi est-ce que tu es autant impliqué dans cette histoire ? Si je suis autant insupportable, pourquoi est-ce que tu es toujours resté ?

Mais comme il était un abruti fini, évidemment, la seule chose qui lui passa par la tête furent ses questions qu'il n'avait pas posées depuis bien longtemps. Après tout, il avait toujours voulu savoir, alors peut-être qu'avec un peu d'espoir, cette fois..

Sauf que du côté de Matthew, son visage s'était soudainement décomposé à la vitesse de la lumière. S'il était énervé avant, maintenant il avait l'air vide de toute expression. Il n'avait même pas fait attention au fait que pour la énième fois, on lui pose ces questions sans essayer d'arranger la situation. Car cette fois, il avait une réponse. Il la connaissait enfin, il pouvait la dire.. C'était enfin l'occasion.

Mais il n'en était pas sûr. Il avait peur. Est-ce qu'il devait vraiment avouer ça alors que Stefano semblait ne rien prendre au sérieux, juste comme avant ? Il allait se moquer de lui, c'était sûr...

-Parce que...

Sans le vouloir, il se mit à parler tout seul. Le silence inquiétant qui avait suivi ces questions fut à nouveau brisé, mais en voyant son air soudainement si perdu et appréhendeur, on se demandait si c'était une bonne chose ou non. Il avait lui-même l'air d'avoir peur de la réponse. Mais il devait la dire, maintenant qu'il était lancé, il devait finir. C'était enfin l'occasion.

-C'est parce que...

Stefano avait remarqué son air si appeuré, d'un coup, et était sur le point de lui demander si tout allait bien, car il allait vraiment finir par s'inquiéter à force. Mais il n'eut pas besoin de faire quoi que ce soit, car en un instant, Matthew le fixa droit dans les yeux, d'une façon à la fois déterminée mais aussi peu sûr de lui. Tant pis, il devait le dire à présent.

-Parce que je ne veux pas être loin de toi.

Il déballa cette phrase rapidement, espérant que Stefano ne comprendrait peut-être pas ce qu'il avait dit. Mais au contraire, il sembla très bien avoir compris, étant à la fois étonné de cette réponse aussi soudaine, mais aussi étonné de.. cette réponse tout court.

Cette fois, c'était à son tour d'avoir l'air complètement choqué, à la fois par cette réponse en particulier, mais aussi parce qu'il ne s'attendait pas à en avoir une, pour une fois. Enfin, Matthew lui avait répondu. Il lui avait enfin avoué pourquoi depuis le début, il ne l'avait jamais dénoncé.

Mais il n'avait pas prévu ça. Il se retrouva planté là, fixant Stefano avec un air presque honteux sur le visage, dans un nouveau silence pesant. Pourquoi avait-il dit ça ? Il ne pensait pas qu'il finirait vraiment par lui avouer ce qu'il ressentait, depuis tout ce temps, il s'était d'ailleurs dit que ça ne servait plus à rien d'y penser. Et maintenant.. Il n'avait pas pu résister quand pour la énième fois, il lui avait posé cette question.

Même si pour le moment, il n'avait pas tout dit, et sans réfléchir, il décida donc de continuer, se disant qu'à présent, autant tout avouer. Il devait tout dire.

-Je... Je me suis rendu compte de tout ça à peine récemment. Je crois que je le savais déjà depuis longtemps, en fait.. Mais j'ai toujours voulu éviter la réalité. Déjà avant, avant que je ne découvre la vérité sur toi, j'avais toutes ces pensées... Je me posais déjà toutes ces questions.

Il avait les yeux baissés vers le sol, n'osant sûrement pas affronter le regard de Stefano, en face. Même si lui n'avait pas de réaction.

-Je tenais à toi plus que je ne voulais le croire.. Je.. Je ne ressentais pas tout ce que j'aurais dû ressentir pour un simple ami.

Il avait l'impression que ses joues allaient prendre feu, et espérait que ça ne se voyait pas. Mais il devait continuer.

-Mais j'ai préféré mettre tout ça de côté quand j'ai commencé à douter de toi.

Il releva légèrement la tête vers lui, sans pour autant oser le regarder.

-Je ne voulais pas assumer ce que je ressentais.. Alors je me suis concentré sur quelque chose de plus important histoire d'oublier ça. Je pensais que ça finirait par partir, mais même quand j'ai fini par découvrir que c'était vraiment toi, ce tueur, absolument rien n'a changé.

D'un coup, il avait entièrement redressé la tête vers lui, ayant toujours cet air honteux et complètement effrayé par ce qu'il était en train de dire.

-Je ne pouvais pas te dénoncer, principalement parce que je n'en avais pas l'envie. Même en sachant qui tu étais réellement, je ne pouvais pas me séparer de toi. Je préférais même que tu me tues ce jour-là au lieu de devoir être loin de toi. Si...

Ses yeux dévièrent à nouveau vers le sol, pendant qu'il réfléchissait à ce qu'il devait dire. Il cherchait ses mots, il hésitait dans chacune de ses paroles. Il ne savait pas ce qui serait le mieux.

-Si je suis toujours resté, c'est parce que je suis faible, et que j'ai toujours tenu à toi plus que ce que j'aurais voulu.

Il se demandait vraiment ce qu'il fichait, à lui avouer tout ça, alors qu'il était sûr que ce n'était même pas réciproque. Comment ça aurait pu l'être ?

-Mais.. Je sais que ce n'est pas ce que je devrais faire.

Le regard maintenant vide, il observait le sol en face de lui sans plus penser à ce qu'il y avait autour de lui.

-Je sais qu'au contraire, j'aurais dû te dénoncer dès le début au lieu d'essayer de te changer.. Je n'aurais pas dû te laisser en liberté juste parce que mes émotions m'ont empêché de réfléchir correctement.. Je savais que je ne pouvais pas ressentir ça pour un tueur en série, j'aurais dû arrêter à cet instant-là...

Il partait maintenant complètement dans ses pensées, parlant presque pour lui-même sans plus faire attention à Stefano et à ce qu'il pouvait bien se dire. Lui, d'ailleurs, avait attentivement écouté tout ce qu'il avait dit jusqu'à maintenant. Il écoutait ces révélations sans savoir comment réagir. Il ne se serait jamais douté que Matthew puisse ressentir tout ça. Il n'aurait jamais deviné que ça durait depuis plus longtemps que ça.

Mais à présent, il était tellement occupé par le fait de lui dire tout ce qu'il ressentait et pensait qu'il ne faisait plus attention à ce qui se passait autour de lui. Il ne fit donc pas attention à Stefano qui s'était soudainement mis à avancer vers lui, bougeant enfin de sa position initiale depuis qu'il était venu ici.

-Matthew...

Il devait agir, au lieu de le laisser partir tout seul dans des monologues culpabilisant sur ce qu'il aurait dû faire. Sauf qu'il ne semblait même pas l'entendre ni le voir.

-...Je sais que je ne peux pas ressentir ça pour toi et que je devrais arrêter immédiatement de-

-Matthew.

Alors qu'il était complètement parti dans son délire, Stefano avait approché d'un pas vif vers lui et avait soudainement posé sa main gauche sur sa joue, essayant de lui faire reprendre ses esprits et de le calmer. Et ça avait manifestement marché, puisqu'il s'arrêta d'un coup en le regardant d'un air surpris. Il avait brusquement relevé son regard vers lui, tombant sur les yeux froids et perçants de Stefano.

Celui-ci avait d'ailleurs légèrement haussé la voix pour qu'il l'entende, et le fixait maintenant dans les yeux d'une façon beaucoup trop sérieuse.

-Tu réfléchis beaucoup trop.

Le ton qu'il prenait l'était tout autant, et comptait bien lui faire comprendre quelque chose.

-Je sais que tu as peur, et que tu es fatigué par toute cette situation. Tu essaies toujours de tout faire le plus parfaitement possible sans jamais t'accorder de pause. Mais.. Tu devrais essayer, juste une fois.

Son emprise sur sa joue ne faiblissait pas, tout comme son regard déterminé.

-Tu dois arrêter de te poser autant de questions, tu dois arrêter de tout vouloir gérer en pensant que c'est à toi de le faire. Tu dois.. Arrêter de penser, et essayer de ne plus te retenir face à ce que tu veux vraiment.

Matthew n'était pas sûr de comprendre, mais il écoutait chacun de ses mots avec attention, essayant de se dire qu'il avait raison, et qu'il devait écouter ses conseils. Mais, comme Stefano lui avait justement dit, il avait peur...

-Tu dois cesser d'être aussi dur avec toi-même, et pour une fois, t'autoriser à te laisser aller à ce que tu ressens.

Ses mots eurent comme l'effet d'une claque sur Matthew. Il le regardait avec un air de plus en plus perdu et ébahi face à ses paroles. Elles avaient un vrai sens, et il commençait doucement à se dire que Stefano avait vraiment raison. Mais.. Pourquoi lui disait-il tout ça ?

Ce qu'il voulait vraiment..? Mais qu'est-ce qu'il voulait vraiment ? Qu'est-ce qu'il avait toujours voulu ? Au plus profond de lui, il se disait que ce qu'il avait toujours voulu, c'était que toute cette histoire n'ait jamais existé, et qu'il aurait juste pu vivre normalement avec Stefano. Le fait qu'il apprenne que c'était un psychopathe tueur en série avait tout chamboulé pour lui.. Alors normal qu'il se dise qu'il ne pouvait pas l'aimer, que non, il ne pouvait pas se laisser aller.

Mais il se sentait si bien avec Stefano.. Il pouvait être si attentionné, avec lui, qu'il ne voulait pas gâcher tout ça. Il ne voulait pas tout arrêter. Il voulait être avec lui. Il voulait essayer. Tant pis s'il aurait l'air ridicule, si au final il s'était juste fait des films. Il devait arrêter de penser. Il devait lui faire confiance.

-Stefano, je...

Il ne savait pas quoi dire. Ni quoi faire. Il ne savait rien, dans sa tête, c'était un brouhaha incontrôlable. Il voulait se laisser aller, oui, mais il avait peur. Il n'avait pas peur du fait que Stefano était un tueur, et qu'il ne devait pas ressentir ça pour lui, mais il avait peur de ne plus réfléchir, de succomber. Il avait peur de la chute. Il avait peur de se blesser. Il avait peur d'être le seul à tomber. S'il ne résistait vraiment plus à ce qu'il avait toujours voulu faire, il ne savait pas s'il s'en sortirait indemne.

Mais il n'était pas seul, et Stefano comptait bien lui rappeler.

-Je t'avais dit que je préférais entraîner les gens avec moi dans ma chute.

Même si c'était à sa façon à lui.. Mais il voulait faire comprendre à Matthew qu'il n'avait pas à avoir peur, il voulait le rassurer, il voulait vraiment qu'il arrête de se poser autant de questions au quotidien, et que pour une fois, il agisse juste sans réfléchir, qu'il agisse enfin en fonction de ses envies, sans se donner de limites.

À la fin de sa phrase, il lui sourit timidement, comme s'il voulait lui montrer qu'il n'était pas seul. Ils étaient deux à ne rien comprendre et à ressentir toutes ces sensations incompréhensibles, deux à avoir toutes ces pensées depuis des jours. Ils étaient dans la même situation depuis très longtemps, alors maintenant, ils avaient enfin une chance de la terminer et d'arrêter de tout compliquer. Ils seraient deux à tomber, il n'y avait pas de quoi avoir peur.

Stefano avait voulu enlever sa main de son visage, mais il se rendit compte qu'il n'y arrivait pas. Il était totalement incapable de le lâcher, et c'est alors que leurs regards se croisèrent. Comme la dernière fois, ils ressentirent cette sensation étrange, celle qui leur avait tout fait comprendre, celle qui les empêchaient complètement de regarder ailleurs. Le regard qu'ils échangeaient était si intense, il disait à la fois tellement de choses et peu de choses. Cette même lueur au fond de leurs yeux revenait aussi, suivi d'une envie irrépressible de... Matthew ne savait pas.

Tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait actuellement le coeur qui battait à cent à l'heure, si bien qu'il pensait qu'il allait finir par s'échapper de sa cage thoracique. Il fixait Stefano droit dans les yeux sans rien dire, et ce n'était que maintenant qu'il s'aperçut que son oeil était si clair, en réalité. D'un bleu glacial qui semblait tout de même se réchauffer quand il posait les yeux sur lui. Il avait l'impression d'observer chaque détail de son visage alors que lui aussi le sondait en essayant de savoir à quoi il pensait.

Mais justement.. Matthew ne pensait plus à rien. Il eut l'impression que ce moment dura une éternité, mais pendant ce temps, tout était enfin calme dans sa tête. Il n'entendait plus que les battements de son coeur qui s'affolaient de plus en plus lorsque Stefano se mit à pencher son visage vers lui après un très long silence. Il savait ce qu'il allait faire, il le savait. Il ne comprenait rien, ne savait pas ce que lui devait faire, mais pendant un instant, il arrêta juste de réfléchir.

Il arrêta de penser, il arrêta de se poser des questions, il arrêta de se dire qu'il ne devait pas faire ça. Il savait qu'il ne devait pas et pourtant... Il en avait envie, il en avait tellement envie, et à cet instant, il ne pouvait que suivre les conseils de Stefano et aussi arrêter de se priver des choses dont il avait envie, justement. C'est pour ça qu'à son tour, il se libéra enfin de toutes ses peurs, et comme on lui avait dit, se laissa enfin aller et avança lui aussi doucement son visage, ne pensant à plus rien d'autre que la personne en face de lui. Sans réfléchir, ils avancèrent tous les deux de plus en plus leurs visages, puis fermèrent les yeux en même temps quand leurs lèvres se rencontrèrent enfin.

Le baiser était timide, hésitant, comme s'ils avaient tous les deux peur de faire le moindre mouvement brusque. Ou comme s'ils se découvraient l'un l'autre. Matthew avait l'impression que son coeur était sur le point d'exploser alors qu'il sentait les lèvres étonnamment douces de Stefano sur les siennes. Il n'aurait jamais pensé que ça puisse arriver un jour.. Il était complètement chamboulé.

Mais bien vite, ils se séparèrent doucement. Ça n'avait pas duré très longtemps et pourtant, l'un comme l'autre avait l'impression qu'ils venaient de vivre la chose la plus incroyable de leur vie. Ils se regardèrent longuement, comme s'ils essayaient de savoir ce que pensait l'autre. Ils se sondaient mutuellement sans rien dire, essayant de chercher ils ne savaient quoi.

Sauf qu'ils n'avaient pas à chercher très longtemps.. Car après un long moment de silence, ils se sautèrent littéralement dessus, sans prévenir. Ils avaient envie de plus, ils ne pouvaient pas s'arrêter là. Ils devaient à nouveau ressentir cette sensation incroyable... Matthew avait agrippé la nuque de Stefano pour le rapprocher de lui, tandis que lui avait entièrement attrapé sa tête entre ses mains. Ils ne savaient pas pourquoi ils faisaient ça, ils ne comprenaient pas.. Ils se laissaient juste aller à leurs envies, sans plus rien contrôler.

Le baiser était plus intense qu'avant, plus passionné. Cette fois, ils n'avaient plus aucune limite, ils ne se retenaient plus. Leurs lèvres se quittaient pour ensuite mieux se retrouver, ils ne pensaient même plus à reprendre leurs respirations, ils avaient juste besoin de sentir qu'ils étaient l'un contre l'autre. Les mains de Stefano descendirent jusqu'aux épaules de Matthew, pour mieux les passer derrière elles et ainsi encore plus le coller contre lui.

C'était comme si le temps s'était arrêté, plus rien n'existait, plus rien n'avait de sens, il n'y avait qu'eux deux, seuls dans ce moment qui semblait infini. Même si au bout d'un moment, il prit fin, lentement, sûrement à contrecoeur. Tout doucement, leurs bouches se décollèrent enfin définitivement, alors que leurs yeux restaient fermés, comme pour essayer d'immortaliser ce moment. Mais eux aussi finirent pas s'ouvrir, laissant donc voir un Stefano qui semblait tout aussi troublé qu'un Matthew qui ne réalisait pas ce qu'ils venaient de faire.

Ils ne se séparèrent pas pour autant, restant collés l'un contre l'autre alors qu'ils essayaient à la fois de reprendre leurs esprits et leurs souffles respectifs. Matthew mit d'ailleurs un moment à réagir, étant toujours autant perturbé, ne sachant pas quoi faire. Même s'il fut le premier à parler.

-Qu'est-ce.. qui vient de se passer ?

Il posa cette question d'un ton presque inaudible, l'ayant fini avec une voix qui voulait à la fois dire qu'il ne comprenait rien, ou qu'au contraire, il savait mais il voulait s'en assurer.

Stefano mit du temps à répondre, d'ailleurs. Lui aussi avait l'air d'être complètement choqué, étonnement. Lui qui était d'habitude toujours si assuré..

-Je crois.. Que tu as fini par tomber avec moi.

Tout ce dont il avait toujours eu peur, d'ailleurs. Et maintenant, il s'était laissé faire de son plein gré, n'étant plus effrayé à l'idée de sombrer avec lui plutôt que de l'aider à remonter. Il s'était enfin laissé aller à ses sentiments, il n'avait plus essayé de lutter, mais maintenant, il se retrouvait encore plus sous le choc qu'avant. Instantanément, l'euphorie de la situation retomba et l'intérieur de sa tête redevint un capharnaüm sans nom. Qu'est-ce qui venait de se passer, sérieusement ?

Après avoir repris son souffle, Matthew s'éloigna donc soudainement de Stefano. Qu'est-ce qu'ils venaient de faire ? Il avait rêvé ? Ou bien était-il devenu fou ? En tout cas, ce comportement sembla étonner celui qu'il avait repoussé, mais il pouvait comprendre. Lui non plus n'était pas au mieux de sa forme, il allait l'avouer. Il avait attendu ce moment depuis si longtemps, mais maintenant qu'il avait vraiment eu lieu, il ne savait pas comment réagir.

Et en voyant à quel point Matthew semblait abasourdi en le regardant, il se dit qu'il devait peut-être partir, maintenant. Ils avaient tous les deux besoin de temps seuls...

-Je.. Je pense que je vais te laisser.

Il n'était clairement plus si sûr de lui, lui non plus. Et c'était bien drôle de le voir comme ça, en réalité. Le grand Stefano chamboulé par un simple baiser.. C'était ironique. Enfin, ce n'était peut-être pas le baiser le problème, mais la personne avec qui il l'avait échangé. Et Matthew, pour le coup, n'était pas n'importe qui.

Pour une fois, il sembla même d'accord avec Stefano sur ce point. Il avait besoin de réfléchir.. Ce n'était pas possible.

-Oui.. Je pense qu'on en a tous les deux besoin.

Leur façon d'agir, et de réagir était presque drôle. On aurait dit deux adolescents qui venaient d'échanger leur premier baiser. Cela dit, ils n'en étaient pas loin... Dans tous les cas, Stefano n'en demanda pas plus et se dirigea immédiatement vers la sortie, sous le regard toujours autant choqué de Matthew. Il le regarda partir de chez lui, alors que dans sa tête, c'était déjà de nouveau un vacarme pas possible.

Qu'est-ce qui venait de se passer, bon sang ? Il se répétait en boucle la question sans comprendre. Comment est-ce que c'était parti aussi loin ? À la base, il avait emmené Stefano chez lui pour le réprimander, comme d'habitude.. Il avait voulu laisser ses sentiments de côté, avancer juste comme avant, continuer cette foutue thérapie complètement stupide qu'il s'était imposé mais... Pas ça. Il n'avait pas du tout prévu ça. Et il comprenait encore moins qu'avant.

Comment en étaient-ils arrivés là ? Matthew se retrouva complètement perdu en plein milieu de son salon, se repassant en boucle et en boucle les images de ce qui venait de se passer. Il ne réalisait toujours pas. C'était insensé.. Mais pourtant réel. Et il mentirait en disant qu'il n'avait pas apprécié. C'était si... Intense, qui aurait cru qu'il en arriverait un jour là avec celui qu'il avait toujours considéré comme son ami ?

Pour l'instant, il ne pouvait que recommencer à laisser ses pensées l'assaillirent comme il savait si bien le faire, tout en ayant envie de hurler intérieurement en repensant à la scène, seul dans son salon.

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