Chapitre 4 | Révélations.

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Ça faisait quelques jours qu'ils ne s'étaient pas vus. Après l'annonce du nouveau meurtre, par contre, ils s'étaient bien vus car, avant tout, il ne fallait pas oublier que Stefano avait une nouvelle oeuvre à montrer. Et maintenant, tout ça semblait bien drôle. La situation était très marrante, donnant l'air d'être une mauvaise plaisanterie. Sérieusement, ça ne pouvait plus être une coïncidence. Mais Matthew avait fait comme si tout allait bien, il n'avait rien laissé paraître. Il allait faire semblant, lui aussi.

Et il se disait qu'il n'était pas le seul à bien faire semblant, quand il voyait à quel point Stefano avait l'air d'aller bien, qu'il n'avait rien à cacher, que comme d'habitude, il avait juste créé "normalement" son art. Quand il se rappelait comment devait réellement être fait cet art, Matthew en était soudainement dégoûté. Il ne voyait que des cadavres dans diverses positions plus lugubres les unes que les autres, et il se rendit compte que Stefano devait exprès avoir fait en sorte qu'on ne puisse jamais directement voir leurs visages. Découvrir leur identité aurait sûrement été très fâcheux. Alors il avait décidément pensé à tout.

Puis quelques jours étaient passés, sans grande nouvelle de son.. ami. Ça continuait comme avant, ils se voyaient rarement, et quand c'était le cas, Stefano montrait ses oeuvres, ils en parlaient, puis les conversations déviaient sur plein de sujets différents. Concernant Matthew et son magnifique état de santé, comme d'habitude. Ou juste de tout et de rien. Des conversations assez normales, en somme. La routine.

Mais cette routine, Matthew semblait être sur le point de la briser. Car à présent c'était trop, il en avait marre. Marre de faire comme si de rien n'était, de devoir subir toute cette histoire depuis des mois. Ça devait prendre fin, de n'importe quelle manière possible, mais ça devait juste prendre fin. Alors il n'avait pas vraiment réfléchi, il ne s'était pas posé trop de questions pour une fois, il s'était juste lancé. Il avait une montée soudaine de confiance, de détermination, et de courage. De toute façon, il se consolait par le fait qu'à part son seul ami qui se révélait sûrement être un tueur, et les sentiments étranges qu'il pouvait toujours ressentir pour lui, il n'avait plus rien à perdre.

Ou peut-être sa vie, aussi. Mais ça, pour s'en assurer, il devait donc oser faire ce qu'il avait prévu. Une idée bien dangereuse et inconsciente, mais soit. Il n'avait plus le temps. C'est pour ça que le soir, après sa journée de travail, il s'était directement rendu chez Stefano. À l'improviste, et ne sachant même pas s'il serait bien là, mais bon. Sauf qu'au final il était bien là, étonné de voir Matthew débarquer de nulle part, mais celui-ci avait pretexté qu'il avait quelque chose d'important à lui dire.

Alors ils s'étaient installés, avaient d'abord parlé de choses diverses car c'est bon, la chose importante ne pressait pas vraiment. Et puis il fallait d'abord installer un contexte, une discussion banale avant la chose sérieuse. Histoire de ne pas trop brusquer la personne à qui on allait dire des choses étonnantes, en effet. Il ne voulait pas que Stefano se sente directement agressé, non plus. Puis, pour le moment il n'avait aussi plus trop le courage de poser sa question.

La tasse de café allait peut-être lui en redonner, du courage. Car il ne faisait que la boire depuis un moment. Stefano n'avait rien dit. Peut-être qu'il avait senti que Matthew avait quelque chose à dire, mais qu'il n'y arrivait pas, qu'il semblait inquiet, stressé pour il ne savait quelle raison. Pourtant l'ambiance ne semblait pas gênante, comme si c'était naturel. Alors au bout d'un moment, il se leva pour se diriger vers le plan de travail, sûrement dans le but de se faire un nouveau café, car lui aussi avait besoin de sa dose de caféine pour plein de choses. Rester éveillé, déjà, puis pour se redonner des forces pour.. il ne savait pas quoi.

Mais en tout cas, pour Matthew, c'était l'occasion rêvée pour enfin oser parler, à travers les quelques brefs mots qu'ils s'étaient échangés avant. Stefano lui était de dos, il ne pourrait donc pas voir son visage quand il lui poserait la question fatidique.

-Stefano... J'ai une question à te poser.

Une question bien bizarre, d'ailleurs, mais tout ce qui comptait c'est qu'il avait enfin réussi à parler. Et l'effet sur Stefano était immédiat puisqu'il se tourna légèrement vers lui avec un regard interrogatif, lui disant silencieusement de continuer. Ça l'intéressait.

Mais la suite... La suite, comment pouvait-il la faire sortir de sa bouche ? Il ne pouvait pas croire qu'il allait s'apprêter à dire..

-Est-ce que.. c'est toi..?

Stefano était de nouveau dos à lui, mais il pouvait voir d'ici qu'il avait arrêté tout mouvement.

-Le tueur en série de Krimson City..?

Sa question était hésitante, un peu honteuse, témoignant de sa crainte de la future réaction du concerné. Lui, d'ailleurs, il n'en avait pas, et heureusement que Matthew ne pouvait pas voir son visage, de toute façon il n'en avait aucune envie. Et ce visage, d'ailleurs, il semblait justement vide, lui aussi. Aucune réaction n'était visible, tout avait l'air de se passer dans sa tête. Car là, il y avait beaucoup de choses dedans. Trop de pensées contraires, de légères émotions qui semblaient s'agiter, paniquer.

Alors un silence s'installa. Un long silence, pesant, effrayant, qui n'annonçait rien de bon. Le calme avant la tempête. Silence durant lequel Matthew avait baissé la tête, comme depuis un petit moment déjà. À vrai dire, il avait un peu honte de demander ça. Pour qui il passait, sérieusement ? Mais il se dit bien vite qu'au final, il ne devait pas être si fou que ça, puisque de l'autre côté, il y avait un sérieux manque de réaction depuis un moment déjà. Et il prenait ça pour une confirmation silencieuse, ce qui ne le rassura pas du tout.

Puis, les mains posées sur le plan de travail, Stefano se redressa du mieux qu'il le put tout en prenant une longue inspiration. La conversation allait être embêtante, et longue, se dit-il. Il espérait avoir assez de chance pour que rien ne parte en vrille. Et ça pouvait partir en vrille, de plein de manières différentes. Alors il allait rester calme, le plus détendu possible, quand il n'essayerait même pas de mentir.

-Comment tu as fait ?

La soudaine question sortit Matthew de ses pensées, et le fit relever la tête vers lui. Il sembla au passage apercevoir un couteau, soudainement posé devant Stefano, et il ne voulut même pas savoir d'où il sortait. Tout ce qu'il sut c'est que son rythme cardiaque sembla soudainement s'accélérer. Dans quelle situation est-ce qu'il venait de se fourrer, sérieusement ?

Et qu'est-ce qu'il pouvait bien répondre, maintenant ?

-De quoi..

-Tu as deviné tout seul ? demanda soudainement Stefano en se retournant, coupant presque Matthew qui de toute façon, n'allait pas réussir à finir sa phrase.

Mais là, il le regardait maintenant avec incompréhension. Alors c'était vrai..? C'était vraiment lui ?

-Qu'est-ce que tu es en train de me dire, là ? Tu veux dire que c'est vraiment toi ? Que tu ne trouves pas ma question bizarre ?

Soudainement, c'est comme s'il se réveilla. Il se rendait compte de ce que Stefano avait dit. Vraiment ? Est-ce que c'était bel et bien lui, le tueur, et qu'en plus il ne le cachait pas du tout ? Qu'est-ce qui était en train de se passer ? La situation venait de prendre une tournure encore plus étrange, à la limite du surnaturel.

-Tu es choqué par ta propre question ? répondit calmement Stefano, l'air même étonné.

Ça n'avait vraiment plus aucun sens, il ne savait pas comment réagir.

-À vrai dire, ça ne m'étonne même pas. Je suis plus stupéfait par l'idée que tu ne t'en sois pas rendu compte plus tôt.

Quoi ? Il était vraiment sérieux ?

-Ne fais pas cette tête, tu devais déjà en être persuadé, non ?

Et il le savait en plus. Peut-être que lui aussi s'était douté que Matthew le suspectait. Alors il avait fait exprès, il avait joué avec ça. Il s'était même attendu à ce qu'un jour, la vérité éclate. C'était obligé, sûr depuis le début. Et maintenant il faisait exprès de plaisanter avec l'incompréhension de celui qui l'avait démasqué.

-Mais... Comment j'étais censé savoir ça, moi ?

Il l'avait deviné, c'était quand même un bon début. Par contre, il aurait tout de même préféré que ce soit faux. Au fond, il aurait été tellement soulagé de savoir que ce n'était pas lui. Là, le scénario catastrophe était en train de se produire, et ça ne semblait pas déranger Stefano.

-Comment je pouvais en être entièrement sûr sans me dire que j'étais complètement fou ?

Il n'y avait aucun moyen de se persuader à cent pour cent. Alors il n'était resté que celui-là, le pire.

-Tu crois peut-être que ça me soulage maintenant ? Que ça me rend heureux de savoir que tu..

Puis il s'arrêta, car la suite était bloquée. Il ne pouvait pas la dire. Ça semblait encore trop irréel pour lui. Ce n'était pas possible. Mais il se rendit compte d'une autre chose. Ça semblait irréel, oui, mais aussi autre chose..

-J'ai l'impression que ça paraît normal pour toi. Tu te rends compte de la situation ?

Stefano le regarda un moment, réfléchissant à sa réponse.

-Et toi ? Tu arrives à t'en rendre compte ?

Il n'avait pas tort. Il ne comprenait toujours autant rien, et le fait que Stefano trouve justement ça très normal, lui, aggravait encore plus le tout. Il agissait vraiment comme s'il n'y avait rien de mal, que c'était un sujet de discussion comme un autre. Non, vraiment, tout allait bien pour lui. Même si au fond, il n'allait pas le cacher, il appréhendait un peu la suite. Comment Matthew allait réagir ensuite ?

-Je suis venu ici dans l'espoir que ce soit faux, que depuis tout ce temps j'imaginais juste tout. Mais non, visiblement, c'est bien toi.. Et tu ne le caches même pas.

C'était bien ça le pire, honnêtement. Qu'il ait avoué si vite les faits. Personne ne faisait ça, en temps normal.

-Je savais que ça ne servirait à rien de mentir, alors j'ai préféré dire la vérité. Réjouis-en toi, au moins tu sais tout maintenant.

Non. Non, il ne savait pas tout, non. Mais là, il semblait trop choqué pour pouvoir parler. Le pire, c'est que Stefano avait haussé les épaules, comme s'il n'y avait pas de quoi en faire tout un drame. Il avait fait l'effort de dire la vérité, c'était déjà bien, non ?

Sauf que ça ne suffisait pas, il y avait encore trop de choses que Matthew devait savoir. Là, pour l'instant, ça n'avait aucun sens, c'est comme si les mots qu'il avait dit ne voulaient rien dire. Pour l'instant, il n'avait même pas encore clamé haut et fort, mot pour mot, que oui, c'était bien lui le tueur.

-Alors.. c'est vraiment toi. Depuis le début c'était toi.

Quand il l'avait rencontré, c'était déjà lui. Il avait fini par se lier d'amitié avec un tueur. Il se sentait si idiot, comment avait-il fait pour ne rien voir plus tôt ? Il s'était fait manipuler si simplement, et pour le moment c'est lui qu'il détestait le plus pour ça. Il s'était fait avoir si facilement...

-Tu me mentais depuis le début, tout le temps.

C'est comme s'il semblait réaliser petit à petit. Et ça pouvait se sentir dans sa voix, sur son visage à la fois étonné et désespéré. Comment c'était possible ?

-En effet, c'est bien moi ce tueur dont on parle depuis des années.

Et il annonça ça avec une espèce de mini sourire, en plus, comme s'il était fier. Décidément, tout était parfaitement normal pour lui, plus aucun doute. Et c'est ça qui sidérait Matthew. Comment pouvait-il être aussi calme, parler de ça comme s'il s'agissait d'un sujet aussi banal que peu intéressant, de visiblement n'en avoir rien à faire de l'état dans lequel était maintenant son pauvre ami ?

D'ailleurs, et cette amitié, alors ? Il y avait trop de questions qui devaient encore être posées.

-Je comprends plus rien... Ça ne peut pas être réel.

Matthew posa ses mains sur son visage, ayant l'impression qu'il allait devenir complètement fou. Chaque jour qu'il passait semblait le rapprocher de la folie, en ce moment. Et tout ça à cause de Stefano.

-Pourquoi ? Pourquoi toi ?

Cette question avait plein de double sens. Comment ça pouvait être lui, pourquoi est-ce que c'était lui, pourquoi il faisait ça.. et surtout pourquoi est-ce que Matthew avait dû rencontrer le seul tueur en série de la région.

Il avait "enquêté", avait eu des doutes depuis un moment, mais même à ce moment-là, il s'était demandé pourquoi ça serait lui. Qu'est-ce qui le pousserait à faire ça ? Alors vraiment, tout ce qu'il voulait savoir depuis le début, c'était pourquoi.

Mais pour le moment, la seule réponse qu'il reçut en retour était un regard assez perdu de la part de Stefano. Comme si lui-même se demandait, et que sans s'en rendre compte, il le regardait en réfléchissant à ce qu'il allait dire.

-Pourquoi j'ai décidé de tuer des gens ?

S'il devait commencer par là, ce serait déjà pas mal. Mais il se dit que ce serait vraiment long à expliquer. Et en plus, si à un moment il serait obligé de tuer Matthew pour diverses raisons.. Il serait assez frustré d'avoir dû expliquer ça pour rien. Il voulait que ça serve à quelque chose, que la personne s'en souvienne, qu'elle comprenne, qu'elle sache les raisons de l'artiste Stefano Valentini, car il voulait qu'on se souvienne de lui. À quoi ça servait de tout dévoiler à quelqu'un qui ne le méritait peut-être pas ?

Il devait d'abord voir si Matthew le méritait lui, s'il était bien la bonne personne, s'il n'était pas juste comme les autres. Si seul lui pouvait réellement le comprendre. Dans le cas contraire, ça risquait d'être très explicite, et il serait donc obligé de le tuer, aussi malheureux cela soit-il. Parce qu'il aurait été déçu de voir que finalement, il était toujours seul.

Alors pour l'instant, il ne répondit pas. Il gardait toujours son air songeur, qui essayait de réfléchir au pourquoi du comment, pendant que, au bout d'un moment, Matthew se laissa de nouveau plonger dans le désespoir. Il était vraiment abattu, complètement au fond du gouffre de voir que Stefano n'allait visiblement pas lui répondre. Il n'aurait donc jamais ses réponses ? Il ne comprendrait jamais ? Il ne saurait jamais pourquoi il avait passé des mois à se poser des questions en boucle, pour voir qu'il avait raison, mais qu'au final tout ça n'aura servi à rien ? Il était donc si nul, si insignifiant aux yeux des autres ?

Et surtout à ceux de celui qui était censé être son seul ami, envers qui il avait semblait-il une affection particulièrement exagérée qui lui avait fait se poser d'autres questions, et qu'il continuait d'ailleurs à toujours autant apprécier. Il avait l'impression que ce qu'il ressentait à son égard n'avait pas changé. Il n'était même pas dégoûté, appeuré, il voulait juste comprendre. Juste lui faire savoir qu'il s'en fichait, que ça ne changeait rien pour lui, et que jusqu'au bout il aurait juste voulu l'aider.

Il s'étonna lui-même de ça, se disant qu'il devait bien avoir atteint le fond du trou pour penser ça. Il était juste dépité maintenant. Triste, encore plus déprimé, se disant qu'à partir de là, ça ne servait même plus à rien de lutter. Si Stefano était un tueur alors, il pouvait le tuer maintenant. Ça l'arrangerait bien. Là, il se sentait juste stupide, idiot, et si même celui qui avait si bien su être son ami ne voulait pas tout lui expliquer, il n'avait plus rien à espérer. Il était complètement insignifiant.

Alors suite à tout ça, il soupira tristement, de fatigue, en baissant à nouveau le regard vers le sol. Il n'avait plus qu'à attendre. Attendre de mourir, par la main de Stefano, en plus. Décidément, quelle drôle de situation. Sa vie n'avait plus aucun sens alors, pour éviter de penser, et de souffrir davantage, c'était maintenant un bon moyen d'en finir le plus rapidement possible.

-...Pourquoi tu ne t'enfuis pas ?

Après un énième très long silence, c'est Stefano qui en sortit à nouveau le premier. Il ne s'en était même pas vraiment rendu compte, mais pendant qu'il observait la future réaction de Matthew, il avait posé sa main sur son couteau, prêt à réagir au moindre mouvement. Mais là, il n'y en avait toujours aucun, et c'est avec incompréhension qu'il avait posé cette question, tout en relâchant son emprise sur l'arme.

Là, pour le coup, c'est lui qui semblait être le plus surpris. Au final, ils étaient tous les deux étonnés, ce qui disait qu'ils semblaient toujours être sur la même longueur d'onde.

-À quoi ça sert..? Tu m'aurais rattrapé, autant le faire là maintenant.

Matthew avait légèrement relevé la tête vers lui, toujours avec cet air autant vide et triste, la voix remplie de déception. Et cette réponse, cette réponse-là, c'est elle qui soudainement, sembla réveiller quelque chose au fond du regard de Stefano. Peut-être pas que dans le regard, car il venait de réaliser quelque chose. Quelque chose qui le rendait tellement heureux, à présent.

-Tu ne vas vraiment rien faire ? Tu n'avais même pas l'intention de me dénoncer ?

Honnêtement, non. Cette idée ne lui avait même pas traversé l'esprit. Alors cette question, doublée de cette constatation le fit légèrement sourire, comme s'il s'étonnait lui-même d'à quel point il était à côté de la plaque à cause de ce qu'il ressentait.

-Non. À aucun moment. J'attends juste, maintenant. Fais ce que tu as à faire.

Alors Stefano s'approcha lentement de lui, sans son couteau à la main, d'un pas presque hésitant, comme s'il s'approchait d'un animal sauvage envers qui il ne fallait pas faire de mouvement brusque. Honnêtement, là, c'était lui qui semblait intimidé, ou au moins choqué de l'état d'esprit de Matthew.

-Qu'est-ce que je dois faire, Matthew ?

Il le savait très bien. Mais il devait savoir, il fallait qu'on lui confirme bel et bien.

Et Matthew, lui, leva les yeux vers lui, les sourcils froncés, comme si ça paraissait évident.

-Me tuer, peut-être ? Te débarrasser de l'élément perturbateur que je suis devenu ?

Comment lui dire que ce n'était pas du tout le cas, que lui non plus, à aucun moment il n'avait eu l'idée de le tuer. Enfin, avant si, quand il venait de se poser toutes ces questions sur sa future réaction. Mais maintenant qu'il la connaissait, elle semblait bien, très bien complètement insensée, impensable. Il avait eu sa confirmation. Matthew semblait être la bonne personne.

-Oh, non, tu te trompes complètement...

Il était finalement arrivé jusqu'à lui, puis il s'accroupit pour être à sa hauteur, puisqu'il était toujours assis sur ce canapé, depuis avant. Ça paraissait évident pour Stefano, entièrement sûr pour lui maintenant. C'était une certitude tellement flagrante, une pensée tellement réelle et logique pour lui. Quelque chose qu'il allait dire et qui était totalement et entièrement sincère.

Mais d'abord, il leva doucement les mains vers Matthew, pour prendre son visage entre celles-ci d'une manière innatendue et étonnement douce. Il ne devait pas le faire douter.

-Matt', je n'ai jamais eu l'intention de te tuer.

Le ton qu'il avait pris lui disait que bien sûr que non, il n'avait absolument jamais eu cette intention-là. Et ça avait l'air tellement prévisible, pourtant. Surtout dans cette situation-là, maintenant qu'il avait appris qu'il ne comptait même pas le dénoncer. Comment aurait-il pu le tuer ? C'était impensable.

Et Matthew, lui, il n'avait même pas réagi. Il n'avait rien dit, rien fait quand Stefano s'était emparé de son visage avec ses mains, et il n'avait rien fait non plus après qu'il lui ait dit ces mots si choquants, eux aussi. Peut-être que son regard, en effet, avait un peu changé d'expression pour montrer qu'il ne s'y attendait pas. Alors, Stefano ne comptait pas le tuer, et lui, il ne comptait pas le dénoncer ? C'était tellement improbable, ça faisait tellement d'informations à la fois que maintenant, il devait juste essayer de reprendre ses esprits et de comprendre ce qui se passait.

-Il va quand même falloir que je réfléchisse à tout ça..

Peut-être que ça l'avait quand même un peu rassuré de voir que Stefano ne comptait pas le tuer, car le fait que ce soit lui qui le tue l'aurait encore plus attristé que la mort en elle-même. Alors il n'était pas si inutile que ça.. Il aurait dû s'en réjouir. Mais la situation ne le permettait pas. Il venait quand même d'apprendre qu'il s'était fait berner pendant cinq ans, que quelqu'un en qui il avait eu confiance lui mentait ouvertement, lui cachait qu'il tuait des gens. Tout ça dans le but de son art, d'ailleurs.

Il ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Alors maintenant qu'il savait qu'au moins, il n'allait pas mourir, il devait trouver un moyen de régler le problème. Et pour ça, il n'aurait ni le besoin ni l'envie de voir Stefano, pour l'instant.

D'ailleurs, lui, il enleva doucement ses mains du visage de Matthew, le regardant un moment l'air presque triste, comme s'il s'en serait voulu. Ou qu'il était déçu de voir que pour lui, ce n'était pas aussi facile à gérer. Évidemment, à quoi s'attendait-il ? Comment aurait-il pu être joyeux ou trouver ça aussi normal que lui ? La situation était différente pour les deux côtés. Alors tout ce qu'il pouvait faire pour l'instant, c'était lui laisser du temps.

Parce qu'il en fallait du temps, pour se rendre compte que son ami était bel et bien en tueur en série depuis le début. Il fallait réaliser tout ce que ça impliquait, et surtout, il faudrait attendre pour connaître toutes les raisons qui expliquent ça. Car des raisons, il y en avaient beaucoup.

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