Le vide. Ce vide constant qui composait mon être. A la fois effrayant et en même temps, tellement pathétique. Les couleurs deviennent fades, virant en nuances de gris sans émotion, les sons ne sont plus que de vagues échos étouffés. J'étais comme ces jardins en plein milieu de l'hiver : sans vie.

Puis un jour, une couleur m'est revenue. Le bleu délicat de cette fleur que tu tenais innocemment dans ta main. A partir de ce moment, le reste est apparue. D'abord ce joli rouge ornant tes joues, puis ce rose tentateur constituant tes lèvres.

Je t'avais aperçu la première fois dans ce parc verdoyant. Je te voyais rire aux bêtises de tes amis, tes joues rebondies dévoilant une rangée de dents éblouissantes. Ta petite taille m'amusait.

Près de toi, il y avait un bac à sable. Et au milieu, un château s'y dressait. Je t'y avais alors imaginé, enfermé dans ta tour sablonneuse tel une princesse en détresse. Je t'aurais sauvé du dragon solitaire gardant ta beauté à l'abri et nous aurions filé le parfait amour.

Mais je sais. Je sais que cette chimère ne deviendra jamais réelle. Alors, je me contente de t'observer de loin, ne pouvant empêcher un sourire tendre étirer mes lèvres.

Cette fascination grandit de jour en jour et m'obsède sans répit. Mettre un masque de façade n'y change rien.

Quelle est ton nom jolie créature ?

Tu es même venu me donner une de ces fleurs bleues qui colorent désormais mon jardin secret. Tu m'as déclaré qu'il ne fallait pas rester seul et profiter de la vie. Tu es parti juste après, laissant derrière toi deux syllabes aériennes. Jimin.

Non, je ne devais pas céder. J'ai peur.

Alors, je suis parti de ce banc, sans un regard pour ta silhouette chétive. Mon cœur me fait mal et me hurle de retourner à tes côtés.

Le vent souffle. Une larme coule. Le château de sable s'est effondré et moi avec.

Je suis horrible.

Tu m'appelles, me signalant que j'ai oublié cette fleur de malheur. Tu cours me la donner et remarques mes larmes. Tu ne peux pas comprendre Jimin. Après tout, tu n'es encore qu'un enfant.

Mais je te veux toujours.