Enfin, je vais te raconter l'été de ma seconde. Le pire de ma vie, peut-être. Peut-être... Qu'est-ce que je raconte? Il n'y aura jamais pire. Crois-moi où non, mais sache que c'est pas dans mes habitudes de mentir. Bref, au pire je m'en fous. T'es juste ma psy mais en version gratuite. Si on compte pas le café que je t'ai payé. Donc. Que j'en revienne à mon racontage de vie. Toby et moi, on connaissait déjà le programme de notre été; rester dans notre petite ville paumée. Le seul avantage, c'est qu'on allait pouvoir sortir, et aller dormir dans la forêt qui nous traumatisait quand on était gamins. Ouais, tu l'auras remarqué, on était un peu masochistes sur les bords. J'ai changé, n'est-ce pas? ... Sinon, tu veux vraiment écouter mon histoire? Bon... Alors la première semaine, on n'a rien foutu. À moins que traîner dans les rues soit une grande occupation selon toi, m'enfin.

La deuxième semaine, ma mère est partie en vacances avec son mec, et m'a laissé tout seul parce que mon père n'a pas voulu s'occuper de moi, et que ça la faisait chier d'avoir son fils avec elle. Et j'ai foutu la merde à la maison, c'était cool. Comme tu l'as deviné, j'imagine, Toby m'a aidé à faire ça. J'avais ramené ma copine, aussi.

... Me regarde pas comme ça, c'est pas un miracle qu'une fille soit sortie avec moi quand même... Bref, écoute juste, putain.

Tu vois, c'était le genre de fille toute mignonne quand tu la vois, et bien bizarre quand tu la connais. Pas aussi bizarre que toi, en tous cas...

AÏE! Mais me frappe pas! Aucun humour...

Laisse moi parler un peu. T'es venue pour ça, non?

Elle s'appelait Amelia. Petite, rousse, grands yeux verts, semblable à une jolie poupée. Me fous pas une autre claque, je la considérais pas comme telle.

Fascinée par le paranormal, mais affreusement peureuse. C'était plutôt drôle maintenant que j'y repense...

Y avait aussi la copine de Toby. L'inverse d'Amelia. Tout dans le physique, rien dans la tête. Je la détestais, mais... Bon. Je préférais ne rien dire. Et la semaine s'est plutôt bien passée. Juste la blondasse décolorée qui s'en prenait à Amelia. Me souviens même plus du nom de cette conne. Mais elle avait un de ces décolletés... J'te raconte pas. Au moins, je savais ce que Toby lui trouvait.

Un soir, Amelia était venue dans mes bras en larmes.

- Finn, je la hais! Fais la partir, s'il te plaît!

Et moi, comme un con, je lui ai dit que ça allait s'arranger, que si mon meilleur ami était avec elle, c'est qu'elle n'était pas si mauvaise. Je ne croyais même pas ce que je disais. Je ne sais pas pourquoi j'ai menti. Toby était plus important qu'Amelia à mes yeux, il faut croire.

Quoi "t'es sûr que t'étais pas un peu gay pour lui sur les bords?"?! Je croyais t'avoir expliqué clairement que c'était juste une amitié fusionnelle. Arrête.

Donc j'ai laissé faire la fille. Amelia m'en a voulu. Beaucoup. Elle m'a quitté. Au début ça m'a énervé, mais je comprenais malgré tout.
Du coup j'ai demandé à la copine de Toby de partir. Je l'avais fait trop tard, mais je l'avais fait.

Et à ce moment là, le comportement de mon ami a commencé à changer. Je ne m'en suis pas rendu compte au début, mais il se montrait légèrement plus distant. Mais tellement légèrement que c'était compliqué de comprendre que ça arrivait.

Vu qu'il n'y avait plus que nous deux, on décida d'aller dormir dans la forêt. Au début, tout se passait bien. On avait souvent peur ensemble, mais après on se mettait à rire, comme quand on était petits. Finalement, on était mieux rien que nous deux.

Et puis un matin, Toby me proposa la chose la plus conne que j'aie jamais entendue.

- Et si on sacrifiait quelqu'un pour s'amuser?

J'avais pris peur, et il se contenta de m'adresser son sourire angélique, et ajouta "ou quelque chose. Plutôt quelque chose, hein?"
Bien que peu rassuré, j'avais hoché la tête.

C'est à ce moment là que j'avais compris qu'il était entrain de changer.
Et pas en bien. Je ne sais même pas encore aujourd'hui ce qui l'a poussé à devenir une autre personne.

J'appréhendais minuit. Il avait insisté pour que le sacrifice soit fait lorsque les cloches retentiraient. Oui, je sais, c'est cliché. Mais bon, c'est pas de ma faute.

Il avait ramené l'animal de chez ses voisins. De gentils vieux, qui étaient un peu comme les grands parents de tous les jeunes du village.
Il avait pris leur chat. Un énorme mâle, qui nous griffait quand on s'approchait.

Dès lors qu'il le sortit du sac, il l'attrapa par la peau du cou et l'assomma avec une pierre. Je pensais qu'il l'avait tué, mais après avoir écouté sa respiration, Toby leva le pouce en l'air pour m'indiquer que tout allait bien.

Cette vision de mon meilleur ami et de ce chat presque mort à ses pieds... Si j'étais doué en dessin, je pourrais te refaire les moindres détails.

Et c'est à cette vision que je suis parti vomir dans un buisson proche. Je ne savais pas ce qu'il m'arrivait, il n'y avait rien de gore pourtant.

Puis minuit sonna, et Toby me tendit un couteau suisse, et me demanda de tuer ce putain d'animal. J'ai hurlé et jeté le couteau. J'avais traité mon ami de fou, et je m'étais mis à pleurer. Je ne pouvais pas comprendre le besoin qu'il avait de tuer un être innocent.

Et pourtant il récupéra le couteau qui avait atterrit près du chat.

- Je ne pensais pas que tu étais si coincé, Finn. C'est dommage.

Et il abattit l'arme dans le pelage tigré qui était étendu devant lui. Je vis du sang couler de la plaie. Et ce fut la dernière chose que mes yeux virent avant que je ne m'évanouisse.

(A/N: Et voici le chapitre promis depuis 5 mois :) Oui, c'est de la merde, je sais, mais bon, quand j'ai fait quelque chose il vaut mieux pas s'attendre à un truc bien. Et puis j'écris ça pour le fun donc parfois, seulement. En plus j'ai complètement changé le plan de l'histoire donc EHM. À dans 1 an pour la suite xD)