Chapitre 27 : Passé

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PDV Alec :

Je ne souhaitais pas raconter ça. J'étais persuadé que mon don me permettrait de garder l'information cachée, j'avais tort...

Je me relevais du tronc, sonné. L'expérience était perturbante, comme si on tirait les ficelles d'endroits de ton cerveau que tu n'aurais même pas suspecté. Puis tu plongeais dans une espèce de transe, de laquelle tu te réveillais des jours voire des années auparavant, et tu revivais un moment précis. Ce n'était pas comme se rappeler ; c'était comme y retourner.

Finalement sur mes deux pieds, je me dirigeais vers Kevin qui me regardait, une mélange d'émotions indescriptible dans le regard.

Est-il en colère ? L'ai-je blessé ?

J'ouvris la bouche afin de m'expliquer, mais Kevin me prit de court en s'avançant vers moi et en me serrant dans ses bras.

- Tu...?

- Je suis heureux de savoir que tu m'aimes, murmura celui-ci dans mon cou.

Je refermais mes bras autour du buste de Kevin et je fermais les yeux. Il sentait définitivement trop bon. Un mélange de fumée, comme l'odeur qui persiste quand on souffle une bougie, de forêt... Et ce je-ne-sais-quoi masculin, rassurant.

- Hum hum, fit Dana. Tu dois y aller, Kevin.

Je sentis le corps de ce dernier se crisper entre mes bras.

- Qu'est-ce-qui ne va pas ? chuchotais-je.

- Je ne veux pas qu'on voie se qui se passe dans ma tête...! souffla-t-il en resserrant plus fort ses bras autour de moi.

- Ça va aller, le rassurais-je en le détachant doucement de moi.

Kevin hocha la tête, soupira, se redressa et partit s'asseoir sur le tronc renversé d'un pas cadencé, l'angoisse clairement présente sur ses traits.

- Tu es prêt ? demanda Dana.

- Oui, répondit Kevin à voix basse, même si son visage indiquait le contraire.

- Vas-y, Dabisses.

- Compris, s'exécuta la concernée de sa voix sourde.

Les yeux de Kevin virèrent au violet lavande, cette fois ci, et Dabisses cligna des yeux plusieurs fois, crispée.

- Qu'est-ce-qu'il se passe ? s'inquiéta Dana.

- Ce n'est rien, marmonna Dabisses. J'ai beaucoup utilisé mon pouvoir, et le garçon est... Il n'est pas comme les deux autres, c'est comme si le voile sombre qui recouvre en général certains souvenirs recouvrait, hmm, un pan entier de sa vie. Il vit avec quelque chose.

- Quelque chose ?

- Le regret, annonça Olivia, juste avant que Kevin ne commence à parler :

- On doit se cacher. On doit se cacher, où ils nous attraperont. Ils pendront Maman et Papa, et ils me jetteront dans la Fosse. Je le sais tout ça, c'est pour ça que je sais aussi que les soldats qui nous poursuivent sont mauvais, et qu'il faut leur échapper. Mais je suis tellement fatigué...

- Mauvais souvenir, grimaça Dabisses en portant une main à sa tête. Ses paroles risquent d'être un peu dans le désordre, je suis épuisée.

Dana acquiesça, je me raidis. Qu'allaient-ils lui faire ? Kevin cligna des yeux, avant de les rouvrir, un voile violet les couvrant.

- On s'est cachés, il y a ce gentil voisin qui nous apporte de la nourriture de temps en temps. Lui il est pas mauvais, Maman et Papa lui font confiance. "Il faut juste attendre que les troupes changent de secteur", a dit maman.

Kevin écarquilla les yeux, Dabisses quand à elle n'avait pas l'air d'aller bien du tout.

- Non, dit Kevin. Il était mauvais, il était comme les autres. Il a dit aux méchants où on était. Il leur a dit ! Pourquoi ? Je ne sais pas, on doit partir, on doit partir.

Dabisses respira à fond et Kevin serra ses poings sur les pans de sa veste, tandis qu'Olivia déballait rapidement :

- Peur, faim, froid.

- On n'a pas pu partir, ils sont déjà là, reprit Kevin. Papa va se battre, il dit que Maman et moi on doit partir. On ne peut plus partir, ils nous ont coincés ! Ils sont entrain de frapper, partout, il y a du sang partout. Sur Maman, sur le sol. Sur moi. Je sens cette chaleur incroyable qui monte en moi. Elle doit partir, ça brûle ! C'est du feu, il brûle tout, il sort de moi, c'est moi qui fait ça, c'est moi, non, non, non, tout est de ma faute !

- Douleur physique, panique, s'inquièta Olivia.

- Toute cette chaleur me brûle et je ne sens plus rien, je ne sens que la brûlure. J'entrouvre les yeux, le feu grimpe sur Maman, sur les murs, sur Papa, sur tout le monde, sur le voisin qui était resté là à nous regarder, sur les soldats. Et ces hurlements, ces cris, qui se mélangent aux miens, non, non, non, non, je ne veux pas !

Des larmes de douleur coulaient sur les joues de Kevin.

- J'ouvre les yeux. C'était un cauchemar, c'est sûr, mais non, non, la douleur est là. J'ai mal. Il n'y a plus que des silhouettes carbonisées sur le sol. Plus que tout ce sang qui a brûlé comme tout le reste. Je ne peux pas me lever, j'attends, j'attends, je ferme et rouvre les yeux, combien de temps est-ce-que je suis ici ? Je dois partir, non, je ne peux pas laisser Papa et Maman. Mais le feu les a brûlé, le feu à tout consumé.

Kevin se tut, et Dabisses respira un grand coup, l'expérience semblant éprouvante. Olivia balbutia :

- R-regret. Culpabilité, honte, peur, douleur...Et tristesse...

- Vous pouvez arrêter là, admit Dana.

Kevin battit des paupières, des larmes séchées traçant de longs sillons sur ses joues, larmes qu'il essuya d'un geste de la main, avant de se relever, de marcher vers moi et de m'agripper la main.

Et c'est là que je compris.

Le registre, les cauchemars, pourquoi il ne parlait jamais de lui.

Tout s'assemblait tel un triste puzzle.



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