Lorsque le sommet de la montée pointa le bout de son nez et que nous prîmes consciences des (trop) nombreux mètres qui nous séparaient du sol, les conversations légères s'éteignirent, laissant place aux commentaires nerveux.

- Je ne voulais même pas monter, moi, à la base..., grommela Elynn, visiblement peu tranquille.

Elle avait rangé ses lunettes dans son sac, précaution judicieuse. Certains dans le groupe semblaient un peu pâlots, comme Ezechiel, Kamill ou Astrid. Même Reina avait perdu son enthousiasme et affichait un sourire crispé, agrippée au bras d'Astrid.

OK, on venait d'arriver en haut. Je serrai instinctivement la barrière de sécurité qui m'encerclait. En jetant un œil à ma droite, je croisai le regard tout aussi paniqué de Linda. Nous échangeâmes un rictus qui se voulait encourageant.

Il y eut un flottement, le temps sembla s'arrêter, mon coeur s'accéléra...

Le train bascula vers l'avant.

La totalité du groupe poussa un hurlement de frayeur, puis de surprise et de soulagement quand les wagons remontèrent brièvement, stoppant la chute qui semblait irrémédiable vers le sol. Les rails en zig-zag provoquèrent des cris à chaque virage brusque, et je me souvins, à ce moment-là, que j'avais le vertige lorsque j'étais dans un moyen de transport pas très loin du vide. 

Linda poussa un cri de joie et leva ses deux bras en l'air, ravie. Je l'imitai, ainsi que ceux qui n'étaient pas trop pétrifiés par la peur.

Parce qu'au fond, malgré tout, c'était grisant.