Chapitre 4 - Un cœur s'en va

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Le lendemain matin, Mathieu était parti plus tôt que moi en ajoutant le lait sur la liste de course affiché sur le réfrigérateur. Elle commençait à être longue... et je n'étais même pas allée courir ce matin. Je soupirai en me faisant du thé et partis me changer pour une nouvelle journée au boulot. Mais cette fois-ci, la patronne était rentrée de ces vacances à l'étranger.

Je redoutais ce moment depuis longtemps, depuis qu'elle était partie en fait. Comme tout le monde, son âge augmentait avec le temps, mais elle faisait tout pour repousser cette réalité.

Je la voyais déjà à travers la vitre en train de crier sur Clarice. Les cheveux courts et bouclés de celle-ci tombèrent vers l'avant, faisant un rideau blond devant son visage. J'espérai simplement qu'elle ne pleurait pas. Je poussai la porte dont le son de cloche tinta, puis Françoise s'arrêta de parler.

Cependant, dès qu'elle vit que ce n'était que moi, ses yeux bruns me lancèrent un regard meurtrier. Elle se releva de toute sa hauteur et ses bras menus se croisèrent sur sa poitrine quasiment inexistante.

« Ah qui voilà ? Ma chère Nathalie, vous avez bien travaillé ici hier non ? demanda-t-elle de sa voix aiguisée.

– Oui, dis-je en époussetant ma robe, trop heureuse d'avoir eu l'idée de la mettre. J'étais bien là hier. Il y a-t-il un problème ?

– Un problème ? Bien sûr qu'il en a un ! Un énorme même ! Je vous rappelle que vous devez ranger parfaitement les vêtements, et qu'est-ce que je vois ? La plupart sont mal triées ! »

Je laissai la patronne montrait son autorité en me taisant. Elle a toujours été ainsi. Je suppose qu'elle faisait partie de ces personnes qui avaient besoin de dominer les autres. Bien sûr, je répondais dès qu'elle m'envoyait une pique et en général, je gagnais la partie.

Je déposai mes affaires dans l'arrière-boutique qui ressemblait maintenant à un dépotoir, et retournai dans le magasin pour obéir à la vieille Françoise. Clarice commençait déjà à arranger les lignes de vêtements. Elle me fit un sourire rassurant que je lui rendis. Comme hier, les habitués vinrent pour voir les nouveaux produits, et cette fois-ci ce n'était plus moi ou Clarice qui les guidions, mais la patronne. Elle était partout, ou en tous cas, voulait être partout.

Je sentais qu'on serait bien sermonnée – malgré notre absence de fautes – à la fin de la journée. Et ce fut le cas. Je l'écoutai distraitement puis nous pûmes enfin nous en aller tandis que Françoise fermerait la boutique.

« J'en peux plus...

– Moi aussi, elle est vraiment insupportable, répondis-je tandis que nous marchâmes côte à côte sur les trottoirs du XVIe arrondissement.

– Non, Nathalie. Je n'en peux vraiment plus. Je pense que je vais quitter ce travail, avoua Clarice à voix basse.

– Vraiment ? demandai-je en me tournant vers elle après nous être arrêtée devant son arrêt de bus. Tu es certaine de vouloir faire ça ?

– Je suis sûre. J'en ai assez de me faire engueuler dessus, déclara-t-elle d'un air dépité. Elle est revenue de ces vacances stupides et elle s'en prend déjà à nous ! Tu sembles forte pour tenir le coup, mais moi je ne suis pas comme toi. Je suis désolée de te laisser seule avec elle. »

Elle ne me laissa pas le temps de répondre qu'elle monta déjà dans son bus. Je restai un instant à penser à ses mots. Forte moi ? Elle ne m'avait pas vu hier à pleurer toutes les larmes de mon corps pour Daniel. Elle ne me connaissait pas. J'ai dû faire face à tant d'épreuves que je ne les comptais plus. Des épreuves qui m'avaient fragilisée, qui m'avaient anéantie.

« Mathieu, on va au restau ? demandai-je au téléphone.

– D'accord... Tu ne veux pas faire les courses c'est ça ?

– Ce n'est pas pour ça ! dis-je en éclatant de rire. Ça fait un bout de temps qu'on n'avait pas mangé dehors, donc je me disais que ce serait bien ce soir ?

– Ok, j'arrive. »

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