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En réalité, sa crise venait de tout un tas de petites choses qui s'étaient accumulées avant d'exploser.

Comme Ginny, par exemple.
Il ne pouvait le nier, Ginny était très belle et très gentille, incroyable. Mais Harry se demandait s'il ne l'aimait pas plutôt comme une sœur. Enfin, il se l'était demandé, parce qu'il en était sûr à présent. Ginny était une merveilleuse personne qu'il admirait pour sa force, son courage, sa détermination et sa droiture. Mais elle était juste son amie, sa sœur - la manie que Ron avait de vouloir les garder ensemble l'énervait de plus en plus.

Il ne savait pas s'il l'avait sincèrement aimé - amoureusement, parce qu'évidemment qu'il aimait, mais comme une sœur -, ou s'il s'était forcé, mais toujours est-il que Ginny était une personne géniale qu'il n'aimait pas - plus - ainsi, et que lui, Harry, était un lui qui ne se sentait parfois pas légitime en tant que lui, surtout quand une relation s'immisçait dans tout cela.

Et puis en plus, comme si tout cela ne suffisait pas, Harry était angoissé par LE sujet de prédilection des gens de son âge : le sexe (à croire que tout tournait autour de ça, ce qui commençait à l'énerver, mais il ne pouvait nier être intéressé par ça, prétendre l'inverse aurait été se mentir à lui-même).

Il n'était pas comme les autres, jamais personne ne voudrait de lui de cette manière là, le regard des gens changerait automatiquement, et il ne voulait pas endurer cela.

Surtout lorsqu'on savait que, depuis quelques temps, il était très intéressé par les garçons - cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu ce genre de "période" -, et qu'il savait qu'il ne pourrait jamais avoir de relation physique gay à proprement parler.
Enfin, ça ne voulait absolument rien dire, il n'y avait pas de "vraie relation gay", mais tout était si confus, et pourtant clair pour lui, et il s'en voulait de faire tant de différence entre le genre et le physique des gens, parce que c'était mal.
En fait, Harry était tout simplement perdu, et épuisé. Il voulait vivre. Sauf qu'il se posait trop de questions pour en avoir le temps.

Une autre chose à laquelle il devait sa crise était les hormones.

Son traitement avait pris fin, ce qui l'avait d'abord soulagé. Puis il avait pris peur. Et si ça ne marchait pas ? Et si en arrêtant, sa puberté "normale" reprenait ?

Paniqué, et ne voulant pas embêter l'infirmière, Harry avait mis son binder en prévision. Sa réaction était absolument irrationnelle et il le savait : sa poitrine n'allait pas se développer à la minute où il arrêterait de prendre des hormones.

Mais il avait tout de même peur.

Et puis enfin, ce fut donc la vision de son corps nu qui déclenché sa crise. Il ne voulait plus de son corps. Précisément de son entrejambe. Il se sentait mal en se voyant, si mal. Il lui manquait quelque chose. C'était impossible qu'il n'ait pas de pénis et qu'il se sente bien sans, c'était une évidence.

Cette réalisation l'avait fait hoqueter et se précipiter dans les toilettes les plus loin possible des ses camardes, où il avait commencé à déchirer sa chemise, tant il se sentait à l'étroit dans ses habits et dans sa peau, et parce qu'il n'arrivait plus à respirer.

Et puis Drago était arrivé.

·

- Voilà. Tu sais tout, je crois. Tu es le seul à savoir. Ne le dis à personne, s'il te plaît. Je ne sais même pas pourquoi je t'ai raconté certaines parties, mais j'étais lancé. Je ne t'ai pas perdu ?

- Non, ça va..., répondit Drago, hébété.

- J'ai répondu à toutes tes questions ?

- Je crois que oui... Mais j'en ai des nouvelles.

Potter eut un rire.

- L'inverse m'aurait étonné ! Vas-y, pose-moi tes questions.

- Est-ce que...est-ce que c'est Dumbledore qui a effacé la mémoire de tout le monde ? Ou du moins modifié les souvenirs ?

- À vrai dire, je ne pense pas qu'il ait eu le pouvoir de faire ça, même en étant Dumbledore. Non, je pense que la magie...comment dire. Notre magie est unique, et si besoin, elle nous reconnait. C'est elle qui est détectée lorsqu'on a notre premier acte de magie involontaire étant enfant, ce qui nous permet d'entrer sur la liste des sorcier·ère·s et d'être inscrit·e·s à Poudlard. Cette magie, c'est la tienne, c'est la source de ton pouvoir, et tu vis avec elle. Tu es bien plus proche d'elle que n'importe quelle personne. Ainsi, comment expliquer...elle sait qui tu es, toi, au plus profond de ton être. Je pense que ce changement d'identité, en tout cas de genre, que ce soit officiellement ou dans l'esprit des gens, il s'est fait par magie, ça s'est changé automatiquement, parce que ma magie a dit à celle du monde magique et de tous les gens le composant, implicitement, que je suis un garçon. C'est comme si...il y avait une communication entre magies.
Je pense également que c'est elle qui a sut qui devait savoir et qui n'avait aucun intérêt à connaître toute l'histoire. C'est elle qui a fait le travail, et qui a laissé la connaissance de mon histoire, notamment à Dumbledore et Pomfresh, parce qu'elle savait que ça me serait...nécessaire.
Et pour ce qui est des Moldu·e·s...j'imagine que c'est plus facile pour la magie de changer leur convictions... En tout cas, tous·tes celleux qui me connaissaient ont...oublié. Pareil dans les livres sorciers, je suis un garçon, le fils de James et Lily Potter.

- Waw... C'est...incroyable. Mais même les gens de ta famille ? Tiens, Black, c'était pas ton parrain ? Et Lupin ? C'était un ami de tes parents, non ?

- Je... Effectivement. Il se trouve que j'ai rencontré Sirius en premier. Enfin, je ne savais pas que c'était lui parce qu'il était sous sa forme d'Animagus, et il m'avait fait peur, mais toujours est-il qu'il m'a reconnu. Fille, garçon ou autre, je ressemble tellement à mes parents - enfin, surtout à mon père - qu'il est apparemment impossible de ne pas me reconnaître. Bien entendu, Sirius m'a dit à demi-mot qu'il avait été intrigué, mais il était surtout occupé à vouloir venger mes parents pour se poser plus de questions. Je pense que l'information magique concernant ma...situation a été atténué pour lui à cause de sa présence à Azkaban, affaibli et entouré de Détraqueurs.

- Ah... Mais il t'a bien posé des questions après, non ? Et Lupin ?

- Lupin... Il m'a reconnu dans le train, grâce à mes yeux. Il ne m'a jamais rien dit, rien demandé, il ne m'a pas "trahi", parce qu'il faisait partie des gens qui étaient au courant de l'histoire. Et puis il avait bien entendu comment Ron, Hermione et tous·tes les autres me parlaient.

- Mais comment tu sais qu'ils le savaient s'ils ne t'ont pas posé de questions au début ?

- Des lapsus. Au tout début, les mots me concernant partaient dans des accords féminins. Ils ne m'ont jamais mégenré, ils se sont toujours repris, mais je sentais une infime hésitation, du moins au début. Mais au final, ça n'a rien changé pour eux. Sirius était, je cite, "le plus heureux des parrains".

- Je vois... C'est une histoire de follous, tu t'en rends compte ?

- Oui, plutôt, oui.

- Donc... Tes ami·e·s ne savent rien ?

- Non.

- Personne n'as de doutes ?

- Pas que je sache.

- Et donc tu aimes les garçons.

Harry éclata de rire.

- Apparemment ! Entres autres.

- D'accord. Et tu veux...je ne sais pas comment dire...

Changer de sexe ?

La formulation lui paraissait étrange. Heureusement, le Gryffondor comprit où il venait en venir.

- Modifier mon entrejambe ? Avoir un pénis ? Faire une phalloplastie ?

- Euh...ouais.

- Oui. J'aimerais.

- Donc tu vas le faire ?

- Je ne peux pas.

- Pourquoi ? C'est trop cher ?

- Malefoy, j'ai beaucoup trop d'argent pour une seule personne. Non, le problème, c'est qu'il faudrait que j'aille faire ça chez les Moldu·e·s.

- Ben pourquoi ? C'est pas bien les sorcier·ère·s ?

- Si, mais il ne me semble pas que les sorcier·ère·s fassent des pénoplasties. Ou phalloplasties, c'est la même chose.

- Je crois que tu te trompes.

- Ah oui ?

- Oui, il me semble... J'ai lu ça dans un livre... Ah mince ! Attend, je vais trouver... Médicomagie, 5ème année, je crois... Ça va me revenir... Je sais ! Les avancées en Médicomagie !

Potter le regarda avec des yeux ronds et Drago eut un léger sourire.

- Je voulais savoir ce à quoi pouvait mener des études de Médicomagie, pour éviter de m'engager dans cette voie si elle m'avait déplu. Bref. Par contre, le livre est chez moi et-

- Non, il est sur la table.

- La- Ah oui. J'oublie toujours que nous sommes dans cette salle. Bref.

Drago prit le livre et l'ouvrit à la page convoitée.

- Là ! Tadaaaam !

Le Gryffondor lui arracha presque le livre des mains, mais le blond ne s'en offusqua pas.

- Alors ?

- Je- Tu- Malefoy, tu es mon sauveur. Merci, merci...

Drago se sentit rougir de fierté.

- C'est rien, Potter.

- Si, si ! C'est... C'est tout, justement ! Je ne pouvais pas aller dans le monde moldu parce que je n'existe pas vraiment là-bas, et puis iels ne sont pas très ouvert·e·s niveau LGBT et transidentité, mais là... Ça change tout... Merci, Drago, merci...

Ledit Drago ne savait plus où donner de la tête face à tant de remerciements et d'émotions, ce qui se traduisit par un haussement d'épaule, un rougissement et une tentative de disparition dans son fauteuil.

- Par Merlin !, s'exclama l'autre garçon qui venait d'ouvrir un livre qui avait à peine eu le temps d'apparaître. Il y a tout... Comment ça fonctionne, qu'est-ce qu'on peut faire, comment ça se passe... Et avec la magie, c'est bien mois risqué que chez les Moldu·e·s, et plus efficace, bien mieux... Merci, merci beaucoup !

Drago faillit lui dire qu'il n'avait strictement rien fait et qu'il aurait partagé ses connaissances avec n'importe qui, mais cette dernière affirmation aurait été un mensonge, et de toute façon, aucun mot ne put sortir de sa bouche quand il vit le visage de Potter qui était fendu par le plus magnifique des sourires qu'il ait jamais vu, ce qui lui ôta l'envie de rétorquer quoi que ce soi.

·

Lorsque le Gryffondor sortit de la Salle sur Demande peu après Malefoy, il faillit se cogner contre Luna au détour du couloir.

- Oh, salut Luna.

- Bonjour Harry. Comment vas-tu ?

- Bien, et toi ?

- Très bien ! Les Nargoles t'ont un peu laissé tranquille, ce soir. Drago Malefoy y est pour quelque chose ?

Le Gryffondor la regarda, à moitié surpris.

- Oui, principalement.

- C'est bien. Je pense que tu peux lui faire confiance.

- À propos de quoi ?

- De toi, et de pourquoi tu ne vas pas bien.

Harry recula.

- De quoi veux-tu parler ?, demanda-t-il sur la défensive.

- N'aie pas peur. Tu vois, je sais bien des choses. Depuis longtemps.

- Tu sais que... Qu'est-ce que tu sais ?

- Harry., dit la Serdaigle en posant une main sur son bras. Ton secret est bien gardé avec moi.

- Je-je-

- Ça ne change absolument rien pour moi. Et je ne le dirais à personne.

- Comment as-tu deviné ?, souffla Harry.

- Personne ne fait attention à moi. Sauf vous, parce que je suis votre amie. Mais au début, je n'étais qu'une Serdaigle à l'air un peu fou, et je le suis toujours d'ailleurs.

- On a besoin de gens à l'air un peu fous dans le monde, Luna.

La jeune fille eut un rire clair.

- Pour en revenir à ta question, je l'ai vu, c'est tout. Ce sont plein de petites choses. Ta posture, tes réactions... Elles trahissent une certaine anxiété, et j'ai trouvé ce que c'était à force de te côtoyer.

- Oh. D'accord. Où allais-tu avant qu'on se rentre dedans ?

- À la Grande Salle.

- Moi aussi. Allons-y ensemble.

Iels continuèrent leur chemin, et Luna brisa soudain le silence.

- Tu sais, moi aussi je suis queer.

Harry tourna brusquement la tête et la blonde lui sourit.

- Je suis agenre. Entre autres choses.

Le Survivant la regarda, atterré.

- Est-ce que tu es en train de me dire que je te mégenre depuis qu'on s'est rencontré·e·s ?

Luna rigola et lui offrit un doux sourire.

- Oui et non. Mais tu ne pouvais pas savoir, je ne l'ai dit à personne.

- Par Merlin, je m'en veux terriblement. Quels sont tes pronoms, alors ?

- Tous les pronoms me vont autant qu'ils peuvent me déplaire. Mais j'avoue que j'ai une petite préférence pour ael. Et pour les accords, je les préfère au neutre, à l'inclusif ou en "ae".

- D'accord. Mais...je peux les dire même avec les autres autour ?

- Ça ne me dérange pas. Je me sens OK de leur expliquer. Je pense même que je préfère.

- D'accord. Très bien.

- Ce fut un plaisir de discuter avec toi, Harry., lui dit-ael alors qu'iels arrivaient devant la Grande Salle.

- Oui, de même pour moi. À plus tard, Luna !

- À plus tard !

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1880 mots

Publié le Dimanche 12 Juin 2022 (Journée de la fierté intersexe)

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