Chapitre 5 - Mourir

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J'ai fait un peu plus connaissance avec les frères squelettes. Sans est, effectivement, un feignant qui adore les blagues plus que la mort, ce qui m'étonne légèrement mais pas plus que ça, et Papyrus aime cuisiner. Il n'est pas le meilleur, mais j'avais bien faim après avoir cru un ami de quelques heures mort. Papyrus est plus intelligent qu'il ne le semble, aussi. Il est juste très naïf. C'est son défaut, sa plaie, son handicap.

"Tu es le seul espoir des monstres," me disaient-ils avant de me convaincre de partir vers l'avant.

Ce lieu, d'après eux, s'appelle Waterfall. Et Waterfall est absolument magnifique.

Chaque pas que je fais résonne dans les cavernes sombres, uniquement éclairées par des fleurs qui chuchotaient des petits mots ici et là. Les gouttes qui tombaient du plafond dans des flaques phosphorescentes écrivent une mélodie douce aléatoire qui malgré ça avait un air de continuité, de sens. C'est un confort d'entendre une chose qui fait du sens dans un endroit pareil. Des petites pierres brillent au plafond, faisant penser à une nuit éclairée par de douces étoiles.

Ce lieu irradie un calme qui fait écho dans mon torse. L'air est frais et humide. L'odeur est boueuse mais agréable. Cet endroit semble si étrangement bon, plein d'imperfections parfaites.

"On va bientôt rencontrer Undyne."

Je fais une halte dans cette caverne. "Qui?"

"Undyne. Elle était à la tête de la garde royale. Elle est très agile et ses flèches sont extrêmement efficaces. Je sais qu'elle va essayer de te tuer, elle aussi."

Et merde. Je vais encore devoir courir pour ma vie?

"Je vais devoir être silencieuse, encore?"

"Non, ça servira a rien. Tu sais bien jouer à la balle Américaine?"

"Ouais, plus ou moins, pourquoi?"

"C'est la même chose avec elle, mais si tu te fais toucher, t'es morte."

Sympa. Maintenant je vais plus jouer à la balle Américaine de la même manière. Est-ce que j'y jouais de base? Je sais pas trop.

"Elle est où?"

"Si tu veux l'éviter, c'est pas gagné. Elle est partout et il n'y a qu'un chemin pour sortir de Waterfall."

"Donc là, elle peut très bien être en train de nous guetter?"

"Peut-être. Elle est quand même plus présente après le gros tas de déchets."

"Quelqu'un laisserait des déchets ici?"

"Ce sont les humains. Ils jettent leurs déchets dans la rivière qui alimente ce lieu en eau, et tout tombe par les chutes. Là bas, par contre, il n'y a pas l'eau phosphorescente ni les fleurs d'écho, c'est un peu plus éclairé par la lumière naturelle."

C'est dommage. Mon espèce a une manie de détruire tout ce qui est beau, hein? Et on s'étonne que ma génération ait un taux de dépression et de burn-out plus haut que jamais: il n'y a plus de beauté, alors à quoi bon rester?

"Les humains sont des connards."

"Ne dis pas ça. C'est vrai qu'ensemble ils ont fait des choses bien détestables, mais ça ne veut pas dire que tous les humains sont mauvais."

"C'est dur à croire quand on voit notre histoire et le monde d'aujourd'hui. La pollution, les guerres, les taux de suicide, de meurtre, de viol, d'agression, l'harcèlement..."

"L-... Les guerres?"

"Oui, les guerres."

"Vous en avez vécu plusieurs?"

"Oui. La guerre de cent ans au moyen-âge, la révolution française à la renaissance, la Première Guerre mondiale entre 1914 et 1918, la Seconde entre 1939 et 1945, la Syrie aujourd'hui."

"Quelle horreur. Tu ne les a pas vécues toi, si?"

"Bien sûr que non. Je n'étais vivante lors d'aucune d'entre elles, sauf celle de la Syrie, et ça ne concerne personne sauf la Syrie, apparemment, parce que c'est une guerre civile, je crois."

"Une guerre civile?"

"Oui, quand un pays est en guerre avec lui-même. On a été en guerre civile deux ou trois fois en France."

Flowey prend du temps pour réfléchir. "Les monstres n'ont vécu qu'une guerre: celle avec les humains."

Et je dirais bien que les guerres que les humains ont vécu nous apprendraient quelque chose, mais preuve du contraire: on en fait toujours.

Je marche lentement et calmement dans Waterfall. Du moins, aussi calmement que je le peux quand je sais que j'ai des chances de mourir. Je pense à l'humanité, aux conneries faites par les homo sapiens. À vrai dire, l'humanité a encore de la chance de ne pas avoir été victime d'une catastrophe mondiale. C'est sans doute même pas pour dans longtemps.

J'entends quelqu'un marcher derrière moi. Je me retourne, et je ne vois personne. Mais je n'arrive pas à me débarrasser de la sensation d'être suivie.

"Flowey, tu me dis si on est suivis, hein?"

"On l'est toujours, ici."

Sympa.

"Et... Avant, t'as dit que tu n'avais... Plus d'âme?"

"Ah, oui. Je suis mort il y a longtemps, et à cause d'une expérience d'Alphys, je suis revenu dans cette fleur, et sans âme."

"C'est Frisk qui t'as tué?"

"Ah- Non! Ce sont les humains, d'accord, mais pas Frisk. Je suis mort bien avant qu'il ne soit arrivé dans l'Underground."

Je hoche la tête et continue simplement de m'avancer. Les pas derrière moi sont plus définis. Je me retourne, mais toujours rien. Je vais devenir folle! "Flowey, j'entends des pas. J'en ai marre."

"Moi aussi, Mélodie."

"Hé! Euh- Undyne! Montres-toi! Je viens en alliée."

Une voix n'illustrant que la corruption et la manie sort de je ne sais pas trop où. "Et si c'est pas elle, viendrais-tu toujours en alliée?"

Flowey tremble. Je le regarde et il me rend le coup d'œil avec un air horrifié. Ses yeux s'enfonçaient de terreur dans son visage. Sa mâchoire crispée.

Je me rends compte, grâce à sa réaction, de qui ça pourrait être: Frisk.

Je regarde autour de moi frénétiquement, je cherche un humain avec un t-shirt bleu aux rayures roses, un jean, des chaussures marron, quelque chose du genre. Mais je ne vois personne, alors laisse tomber l'humain.

"Montres-toi! J'ai pas peur de ma propre race." craches-je. Flowey tremble toujours. "J'ai échappé à la mort une fois, je le referais!" Mes mots tremblent légèrement. Légèrement est une sous-estimation, à vrai dire, mais je ne sais pas comment visualiser ça autrement.

"Oh, mais je ne veux pas ta mort, pas maintenant." Frisk sort de l'ombre avec une cape à capuche grise avec un trou gigantesque laissant voir son pull intacte et du sang qui n'est pas le sien. Sa main crispée sous le voile autour d'un couteau souillé. "Ta mort ne me serait pas utile."

"Ta vie n'est utile à personne ici."

Le sourire acéré du meurtrier s'efface. "Oh, je sais. Mais en étant morts, ils ne peuvent pas se plaindre de ça, j'imagine?"

"T'es le vrai monstre ici."

Il observe le Flowey terrorisé dans ma poche. "T'as même récupéré Flowey. Ou devrais-je dire, Asriel?" Frisk rit. "Toujours un trouillard."

"Il est peut-être trouillard mais même sous la panique il sait quoi faire."

"Sauf là." Frisk rit plus fort encore, et je veux lui faire goûter mon poing. Je ne l'ai même pas vu faire, je n'ai même pas subi ses horreurs. Mais ses horreurs ont affecté et tué tous les monstres.

Il a l'air bien fier de ses horreurs.

Mais pourquoi n'ais-je pas peur? Je devrais avoir quelques frissons, non? Je suis en train d'entretenir une conversation avec quelqu'un qui a commis un génocide.

"Tu vois, Mélodie, les monstres ne peuvent rien pour toi. Si tu ne récupères pas d'âme de monstre, tu ne pourra pas sortir d'ici. Et pour faire ça, et bien..." Le regard qu'il jette sur son arme blanche explique tout.

Il attend quelques secondes de plus, et lâche un autre petit rire. "Tu vois, des fois, il faut s'en résoudre à des méthodes plus... Extrêmes."

Merde. A-t-il raison?

"Toi, tu peux sortir d'ici une fois pour toutes. Il faut juste que tu trouves un monstre vivant, et..." Il tend sa main vers moi, me proposant son couteau déjà usé. "Que tu récupères la culmination de son être."

Est-ce que c'est ce qu'il faut faire?

Ma main s'apprête à prendre le couteau, lentement.

Est-ce que je dois vraiment tuer un monstre?

Mes doigts sont à quelques centimètres du manche.

Est-ce que je dois commettre un crime pour sortir de ce trou?

Une liane pousse soudainement la main de Frisk, qui lâche son couteau par surprise. "Éloigne toi de Mélodie!" hurle-t-il avant de sortir tout l'air des poumons du meurtrier en tapant dans son ventre.

Frisk récupère son couteau prestement et retourne là d'ou il est sorti en courant.

"J'aurai jamais cru qu'il fuirait, et j'aurai jamais cru que ce serait moi qui le ferait fuir."

Je reste figée. J'allais dire oui. J'allais accepter de sacrifier une âme innocente pour mes propres biens égoïstement.

"Mélodie?"

Je me mets à rire. Je colle mes mains à mes tempes, mes yeux s'humidifient. "Oh putain. Désolée, Flowey. Merde. J'aurai pu..."

"Mais tu ne l'as pas fait! Et regarde- J'ai battu Frisk!"

On rit encore tous les deux.

Flowey s'arrête soudainement. "Mélodie."

"Ouais..?"

"Undy- ATTENTION!"

Je sens quelque chose me traverser le corps, entrant par le dos et sortant par le ventre. Je baisse le regard, et je vois une lance phosphorescente bleue recouverte de mon sang jaillir de mes intérieurs.

Ma vision se brouille.

"MÉLODIE! MÉLODIE RESTE AVEC MOI, JE T'EN SUPPLIE!"

Je regarde à ma gauche, et je vois une très grande personne vêtue d'armure s'approcher. C'est elle, Undyne?

Je me sens bouger sur la lance, mes organes glisser le long de l'arme, le sang sortir d'une manière où d'une autre.

"MÉLODIE! JE VAIS TE SOIGNER, JE TE LE JURE!"

Ma vision s'assombrit. Mes forces partent, et je sens mon corps abandonner la lutte quand Undyne, recouverte de son armure rouillée de partout, est à quelques mètres de moi.

C'est la fin.

***

Je me réveille lentement. J'ai mal. J'ai envie de crier, et je sens à peine en regagnant un peu de ma sensibilité que des larmes dévalent les pentes de les joues. C'est la première fois que j'ai plus mal que la fois où j'ai dû aller aux urgences. Ça pique, ça gratte, la douleur me déchire.

J'arrive plus à résister l'envie, et je crie. Une plainte forte sort de moi, un râlement digne de faire compétition avec ceux dans du heavy metal, et j'ai trop mal à ma plaie pour avoir mal aux cordes vocales.

"On dirait que t'es réveillée, punk."

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