Une Fleur Sous La Neige

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Dans les rues froides de la ville reposait une jeune fille. 

Elle était sans le sous et ne possédait ni nom ni famille. Son prénom, quant à lui, semblait inutile puisqu'on la désignait par la charmante appellation de " va-nu-pieds ". Ses vêtements étaient en lambeaux. Aussi, une robe trop petite et trouée de toutes parts couvrait tant bien que mal son corps frêle par ce rude hiver. Ses cheveux courts et blonds qui lui arrivaient au-dessus des épaules semblaient blancs à force d'être recouverts par la neige. Ses yeux bleus étaient glaçants et reflétaient la froideur non pas qu'il faisât dehors mais celle du monde qui passait de manière indifférente devant le triste sort d'une enfant des rues de huit ans seulement.

Pourtant, cette fille ne pleurait pas.

Elle acceptait son sort de manière calme et passive. Elle regardait le temps passer et laissait son âme filer. . . En effet, plus le temps s'écoulait, plus son corps maigrissait. . . Il y avait bien longtemps qu'elle avait arrêté d'espérer ; plusieurs semaines pour être précis. Très rapidement, elle avait perdu ses forces jusqu'à se trouver incapable maintenant de voler un quelconque pain aux passants car oui, il était vrai que le désespoir poussait à tout comme elle avait volé un vieux monsieur. . Cependant, la famine était plus forte, plus persuasive et il n'y avait plus aucun argument qui tenait alors, l'obligeant ainsi à rester inactive. Mais elle n'en était pas plus affectée qu'elle aurait pourtant dû l'être. . Tout simplement parce que la dernière chose, le dernier objet qui la maintenait encore en vie se trouvait à ses côtés. 

Cet objet était son livre.

Alors vous comprenez bien que lorsqu'un autre gamin des rues, particulièrement mesquin, qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer quelques temps plus tôt, apparut face à elle pour lui dérober ce trésor, son cœur rata un bond et une force oubliée surgit de sa fragile enveloppe corporelle.

« Rends-moi ça, ignard ! » Avait-elle tonné, tremblante de colère, les larmes lui montant déjà aux yeux.

Elle avait déjà du mal à garder ces derniers ouverts avant même l'arrivée de ce phénomène, alors le geste brusque qu'elle venait d'effectuer afin de se lever d'un bond et s'exclamer fut un réel supplice. Mais ne parlons pas de la difficulté qu'elle éprouva à tenir sur ses deux jambes.

« Ignard ? répéta le responsable de ses maux, tout souriant. Je te rappelle que tu ne sais même pas écrire ton prénom ! Alors lire ? » Ricanna méchamment le garçon de sûrement plusieurs années son aîné tout en faisant des jongles avec le livre tant aimé de la jeune fille.

Elle le regarda faire tandis que ses larmes se mêlaient à la neige qui tombait sur le sol. 

Il est vrai qu'elle ne savait pas lire ni écrire cependant, sa mère, alors seule à l'élever, lui avait raconté cette histoire maintes et maintes fois - en omettant toutefois certains passages inadaptés à son âge sans qu'elle ne le sut jamais - à tel point qu'elle s'était éprise de ce livre qui retraçait un peu son histoire. Ce livre dont l'une des diverses histoires était au sujet d'une mère seule, abandonnée par son compagnon et s'occupant de sa jeune fille du mieux qu'elle pouvait correspondait bien à son quotidien !

Enfin, ça, c'était avant que la mère de la blonde ne meure de maladie sous ses yeux impuissants.

Depuis ce drame, depuis le mois dernier, la jeune fille n'avait de cesse de s'imaginer une famille qui la recueillerait comme les Thénardier l'avaient fait avec Cosette. La jeune âme ignorait bien spur les déplorables conditions dans lesquelles le personnage avait vécu. S La petite enfant rêvait aussi d'être recueillie par un gentil Jean Valjean qui s'occuperait d'elle comme de sa propre fille. Mais ce dont elle rêvait le plus c'était de rencontrer ce que sa défunte mère appelait un " prince " dénommé Mairus qui l'épouserait.

Cependant, pou le moment, tout ce dont elle bénéficiait c'était la présence d'un sot qui s'ébattait à lui chiper le seul souvenir qu'elle avait pu conserver de sa mère et qu'elle s'était promise de ne jamais vendre. 

Voilà pourquoi elle s'apprêtait à lui hurler toute sa colère.

 Mais c'était sans compter sur le jeune garçon qui, irrité de voir cette nouvelle va-nu-pied - mais aussi la seule à ne pas être effrayé par lui - l'ignorer, leva la main sur elle sans prévenir. Puis il laissa s'abattre sur la pauvre enfant un coup magistral qui la propulsa en arrière.

Ses jambes cédèrent et elle tomba à terre comme ça ne lui était plus arrivé depuis longtemps . . 

Plusieurs minutes s'écoulèrent durant lesquelles sa tête lui tourna avant qu'elle ne reprenne ses esprits doucement mais sûrement et que les insultes en argot que le gamin des rues vociférait à son égard n'atteignirent ses oreilles.

Un autre coup s'abattit de nouveau sur son faible corps. 

Cette fois-ci, un cri lui échappa et la peur qui était née dans son esprit ne fit que croître lorsqu'elle aperçut la lueur meurtrière qui emplissait maintenant les yeux bruns du garçon.

" Alors ça y est ? C'est la fin ? " Pensa la jeune fille, ne pleurant même plus, déroutée et démunie face à cette situation. " Le pire, c'est qu'il ne m'aura pas rendu mon livre. . . " Se désola la va-nu-pieds en fermant les yeux, résignée dès l'instant qu'elle avait vu le gamin prêt à l'achever.

Mais la brimade ne vint pas.

Quelques secondes, quelques minutes s'écoulèrent avant qu'elle n'aie le courage de rouvrir ses yeux.

Ses lèvres se séparèrent car un homme grand, le visage camouflé par un haut-de-forme noir doté d'un fin ruban de soie pourpre se tenait là, face à elle, empoignant fermement le gamin des rues, l'empêchant ainsi de la frapper de nouveau.

« Vas-tu lui donner son livre ? » Le réprimanda-t-il d'une voix irrévocable.

Ce furent ses premiers mots.

« Lâche-moi ! » Hurla aussitôt le va-nu-pieds en s'agitant. « Au secours ! Il m'ag... »

Le gamin arrêta sa mascarade à la vue du regard sévère du riche monsieur qui le foudroya dès l'instant où il avait ouvert sa bouche.

Le livre de la " va-nu-pieds „ lui échappa aussitôt des mains et il prit la poudre d'escampette non pas sans avoir vainement essayé à plusieurs reprises avant. . .

Le monsieur ramassa son livre ce qui le rapprocha inévitablement de l'enfant. et celle-ci se recula d'un bond, apeurée. Cependant, le jeune homme se contenta de lire à haute voix le titre de l'ouvrage : " Les Misérables de Victor Hugo.. "

Il plongea ses yeux étonnamment verts dans ceux de la petite avant de murmurer :

" Quel splendide choix. . . Je suis surpris que tu connaisses ce chef-d'oeuvre. . . " 

Mais la blonde resta interdite, encore bouleversée et secouée par son agression. . . 

Il reprit alors :

« Tu connais le passage dans lequel Gavroche prend sous son aile deux nouveaux petits qui sont en fait ses frères ? »

La petite, à l'entente d'un extrait de son livre favori, parut rassurée même si elle perdit ses mot et bégaya un petit " oui ".

« C'est bien. . . » Continua le jeune homme en époussetant presque affectueusement ses cheveux blancs-blonds de sa main gauche ; la petite se laissa faire sans broncher une seule seconde. « Et  le passage où le trio dort dans un éléphant t'évoque-t-il un souvenir ? » l'interrogea doucement l'homme au chapeau.

Cette fois-ci, elle hocha de la tête en signe d'assentiment, les yeux rivés sur ce bel homme qui fut le seul à s'attarder sur elle.

« Je suppose que tu dois bien connaître le passage où Cosette et  Marius se marient ? » La questionna-t-il en lui souriant gentiment.

Là, ce fut une effusion de joie qui fit irruption sur le visage pâle de la blondinette. Aussi, ce dernier s'illumina et un sourire flamboyant se dessina sur ses lèvres aussi bleues que ses prunelles.

Pour une fois, elle répondit sur le bout des lèvres, d'une vive voix malgré son affaiblissement :

« Oui ! C'est son prince charmant ! »

Alors, des larmes montèrent à leurs yeux, à tous les deux.

C'étaient des larmes de joie pour la va-nu-pieds et des larmes d'émotion pour l'homme au haut-de-forme. Celui-ci hocha d'ailleurs de la tête en signe d'assentiment avant de retirer son haut-de-forme avec cérémonie, découvrant de jolis cheveux noirs de jais et demander :

« Comment t'appelles-tu, ma petite ?
- Coline Isabule. . . » Murmura la jeune fille et ce ne fut qu'à cet instant qu'elle remarqua à quel point le temps était passé depuis la dernière fois qu'on l'avait appelée ainsi.

Il essuya les larmes de Coline mais ignora les siennes.

« Et. . . vous. . ? » Susurra-t-elle timidement et craintivement, de peur de " tout gâcher " en raison de paroles indiscrètes ou maladroites.

Le jeune homme, qui le remarqua, lui sourit tendrement avant d'arranger derrière son oreille quelques mèches de ses cheveux blonds.

« Arthus Philigore » Déclare-t-il dans un soupir.

Les yeux de la jeune fille s'agrandirent de stupeur à l'entente de ce nom aussi particulier que le sien. 

Puis, ils se levèrent tous les deux et Arthus prit la main de Coline, son livre dans son autre main. Ils se dirigèrent dans la demeure du garçon.

" Alors, c'est mon prince ? " Pensa la jeune fille.

" Et dire qu'il ne s'appelle pourtant pas Marius ! " Ajoute-t-elle en l'observant avec émerveillement.

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