Il y a quelque temps, il me semble que j'étais heureux. Du haut de mes dix-neuf ans, je passais mon temps libre à me promener le long des côtes, à retrouver  mes amis dans des cafés. Je croquais la vie à pleines dents sans me soucier des autres, des problèmes alentours. Je ne pensais qu'à moi, à mes plaisirs, à mes envies, mon confort quotidien. J'avais quelques rêves pour l'avenir qui m'attendait, et je ne me posais pas les questions que tant de gens se posent. Des questions qui semblent pourtant très simples.

C'est maintenant que je me les pose, ici, essayant chaque jour de sauver ma peau. Je vis un enfer. Je n'espère plus rien de l'humanité. Elle nous a tous abandonnés, laissés seuls face à un monde en guerre, sans pitié, sans foi ni lois.

Au début, je me battais. J'étais fier de mon pays. Je savais. Je savais qu'on allait y arriver, qu'on les aurait. Puis cette confiance s'estompa peu à peu. Alors une once d'espoir s'emparait de moi de temps  en temps. J'espérais. J'espérais y arriver, j'espérais qu'on les aurait. Cet espoir disparaît de jour en jour transformant mon courage en peur. Alors mes idées changent elles aussi.

A présent, je me bats pour survivre, ne pensant qu'à moi, je lutte  à tout prix contre la mort. Peu importe quel est le gagnant, je veux vivre.

C'est donc maintenant, dans cette incertitude totale que je me pose certaines questions.

Qui suis-je ?

Il y a deux ans j'aurais répondu en citant mon nom, mon âge, ma profession éventuellement et peut-être mes intérêts.

Ce n'est pas la bonne réponse. Une personne sensée aurait sans doute répondu ceci, mais moi, je ne suis pas sensé, je ne le suis  plus. La guerre  a fait de moi son esclave, et je ne sais plus qui je suis, ce que je suis, avec qui je suis.

Qui suis-je réellement ?

Quel est l'être humain qui sommeille en moi ?

Je n'en ai aucune idée.

A quoi sert mon prénom ?

C'est vrai, j'aurai pu m'appeler Alex, George, Peter, est-ce que ceci aurait changé quelque chose ? Est-ce une simple étiquette que l'on donne à quelqu'un, un caractère attribué ? Est-ce vraiment le reflet de notre âme ? Non. Le destin a voulu que ce soit Tommy, et c'est comme ça.

Est-ce que la façon dont on s'habille, cet uniforme terne et monotone que chaque soldat endosse, détermine qui l'on est ? Non.

Est-ce que nos gestes, oui nos gestes, ceux consistant à appuyer sur la détente de nos armes, ôtant la vie à quelqu'un, montrent qui l'on est vraiment ? Non.

La mort est partout, elle hante mon esprit à chaque fois que mes paupières se ferment, je la vois sur les visages mornes, sur les expressions moroses, sur les corps inanimés étendus sur cette plage, dans l'atmosphère maussade autour de nous. Je l'entends dans le son des avions, dans le bruit des explosions, dans l'alarme des bateaux qui coulent, dans ces cris désespérés et dans le silence, ce silence de mort où l'on peut sentir cette tension qui règne en permanence.

La mort m'a transformé, elle m'a détruit. La mort a fait de moi un animal. Est-ce qu'un peu d'humanité s'accroche encore à ma peau ? Hélas, non.

On m'a dit : " Ce sont nos actes et nos choix qui définissent qui nous sommes ". Mais est-ce cela la vérité ? En ce temps de guerre, il n'y a aucune pitié, des hommes meurent pour "la patrie", mais qu'a-t-elle fait pour nous ? Ces hommes se sacrifient par leur sens de devoir, il y en a d'autres, qui préfèrent mettre fin à leurs jours, car tout ce qu'ils endurent, tout leur mal-être, leur abattement, leurs peurs, les oppressent ; toute la souffrance qu'ils ressentent .Ce flot de chagrin qui les emportent au large de l'autre monde. Ils ne savent que faire, ils n'encaissent  plus tout ça et décident de s'ôter la vie. Car au final, ils ne vivent plus, ils survivent avec un monde affreux, répugnant et révoltant. En fait qu'est-ce qui pourrait être pire que ce qu'ils subissent ? La mort ? Non. -Continuer à survivre chaque jour sous cette horreur. Pas moi, je me fais passer pour qui je ne suis pas, pour sauver ma peau.

Est-ce égoïste d'essayer de survivre ?

Est-ce lâche de déserter par peur de souffrir, de mourir ?

Je vois des bombes exploser sur le sol sans arrêt, arrachant la vie de nombreux soldats. J'ai atrocement peur. Chaque seconde qui s'écoule laisse la tension augmenter un peu plus. Je vois ma vie défiler devant mes yeux à chaque minute. Je ne sais pas si je survivrais ou si je vais sombrer.

Et si je m'en sors, serais-je le même ? Non.

Qui serais-je ?

Un homme meurtri par la guerre, traumatisé par l'horreur humaine, hanté par la mort, habité par le désespoir, le malheur et la tristesse, transformé par la peur.

Vivrais-je réellement ?

Non.

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nda

Salut !

alors voilà le premier, dites moi ce que vous en pensez, des fois je me répète trop je pense mais j'ai tenu à le publier quand même. La musique est super !! et le film Dunkerque est génial !!! je vous le conseil vivement !!