Chapitre 25

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Bonsoir les amis !!!  ^-^

Je suis super heureuse de vous retrouver après ma pause pour le Tome 2 de cette histoire!!  Pour vous remercier d'avoir été patients, ce premier chapitre du second tome est particulièrement long, je vous laisse le découvrir... ;)

Accrochez-vous bien ! 


Et bonne lecture ! ~ ♥



*******************************


Ce que Namjoon m'avait chuchoté à l'oreille, ce soir-là, dans les tréfonds de la bâtisse où il vivait...

"...-hyung !"

C'était que de façon inévitable...

"...-aehyung !"

Inéluctable...

"...Taehyung !"

Durement, lourdement, douloureusement...

"Taehyung !!"


... J'allais tomber amoureux de Jungkook.


"Rattrape-toi !"

Mes yeux s'ouvrirent grand, la voix qui m'appelait venait d'en-dessous. Mon cœur volait. Je tombai, la chute était si longue et dure que je m'étais évanoui quelques secondes. Au sommet des frontières, je ne vis plus Jungkook qui venait de me pousser ; il y avait une brume, un brouillard blanc, qui réduisait mon champ de vision.

"Taehyung !"

Cette voix me réveilla définitivement. Elle était tellement suppliante qu'elle anima le faible instinct de survie qui me restait, le même qui avait voulu s'éteindre lorsque j'avais réalisé que c'était lui, Jungkook, qui m'avait poussé.

Je ne pouvais pas mourir. Pas maintenant.

Mon corps parla pour moi, comme souvent dans une situation d'urgence et de désespoir. Je pris un élan qui naquit de la peur, et me tournai de sorte à retomber sur mes paumes et mes pieds.

Le choc électrifia mes membres. La douleur s'insinua telle une vieille amie que je n'avais pas vue depuis des jours, mon corps l'encaissa sans broncher.

Je tremblai, mais lorsque je réalisai m'être relevé indemne, la panique s'empara de mon esprit.

"Bordel..." Souffla une voix abasourdie.

Je tournai la tête. Il y avait quelqu'un, debout, les bras le long du corps, les yeux écarquillés.

"Il avait raison. Je pensais qu'il s'emballait mais... Visiblement, tu es vivant." Bafouilla-t-il.

Je clignai des yeux à répétition, perdu, mais le garçon s'approcha de moi. Je reculai d'un pas lorsqu'il posa une main sur mon épaule.

"Tu dois venir avec moi Taehy-"

Tout mon corps hurla soudain de douleur. Je me crispai et tombai à genoux au sol, terrifié par cette sensation. Je crus mourir, mais étrangement, le type en face de moi s'agenouilla à son tour.

Je sentis sa main glisser derrière ma tête, comme s'il savait ce qui m'attendait.

Et, en effet, la tête la première, je me vis partir et m'écrouler lourdement au sol. La dernière image que j'eus fut le ciel bleu, les nuages blancs, et le visage inquiet du garçon entrer dans mon champ de vision.

**

"Je vous dis que c'est mon repas, j'ai eu une permission. Laissez-moi passer !

-Ah ouais ? Et pourquoi tu manges ton repas à l'extérieur de la zone militaire ?" Grogna une voix inconnue.

J'émergeai doucement, d'abord perdu, puis je compris qu'on me portait. Deux mains fermes tenaient mes cuisses, alors même que j'étais collé au dos de quelqu'un.

J'étais si épuisé que ma voix ne sortit pas lorsque j'essayai de dire quelque chose.

"On pourrait peut-être demander à ce joli garçon sur ton dos s'il est vraiment ton repas, hein ? Parce que tu me sembles vachement louche. D'habitude on ne donne pas d'humain entier à des nouveaux comme toi, mais des poches.

-Je suis pas nouveau, je vous dis que ça fait quatre ans que je suis garde des frontières !

-Quatre ans ? Il a commencé à sa naissance chef !" Rit une autre voix.

D'autres voix s'élevèrent et rirent en choeur.

Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais mon instinct me chuchota de ne pas bouger d'un pouce et d'agir comme si j'étais encore inconscient.

"Eh, toi ! Putain mais comment il peut pioncer paisiblement alors qu'il va se faire tuer ?

-Je l'ai assommé parce qu'il s'agitait trop."

Il y eut un silence pesant de quelques longues secondes. Je me demandais ce que je fichais ici, ce qui s'était passé, où j'étais. Mais je crois que moi et ce type qui me portait, nous étions en danger.

Le visage de Jungkook apparut dans mon esprit, et je la chassai bien vite. La colère et la douleur de l'incompréhension étaient dures. J'avais mal partout, physiquement et mentalement.

"Nom et prénom. Si tu nous trahis, je te retrouverai. Cracha la voix de ce qui semblait être le chef.

-Jung Hoseok, chef." Répondit instantanément le garçon qui me portait.

Nouveau silence. Puis des pas.

"Qu'est-ce que tu vas foutre chez les humains Jung Hoseok ? C'est dangereux. Tu comptes bouffer un de leurs semblables devant leurs yeux ? T'es au courant du pacte, au moins ?" Fit-il, la voix plus calme mais plus sérieuse.

Hoseok ne répondit pas. Je crois qu'il n'avait plus d'argument. Oh, bon sang, comment pouvait-il justifier qu'il voulait se nourrir de mon sang chez les humains ?

Ma respiration commençait à s'emballer. Je sentis les mains de Hoseok presser mes cuisses, comme s'il m'intimait de me calmer.

"Laissez-moi passer." Fit-il, le ton dangereux.

Erreur.

Mais de nouveaux pas se firent entendre ; quelqu'un courait vers nous.

"Chef ! Ordre urgent de monsieur Namjoon !" Cria une nouvelle personne.

Je sentis Hoseok se tendre.

C'était la fin.

"Il dit qu'un humain tente de s'échapper de l'Atlantide, il faut que l'on soit très vigilant. Il a insisté pour dire qu'on aurait tous une sévère sanction s'il réussissait à s'enfuir, il doit être important."

Il y eut un moment de blanc, car chacun d'entre nous comprenait la situation.

Et, soudain, Hoseok me lâcha.

"COURS !" Me hurla-t-il.

Je tombai sur les fesses, paniqué, et ouvris les yeux. Je découvris au moins dix militaires face à nous, dont le chef, bien plus imposant. Ils avaient tous les yeux jaunes et les traits durs. Je reculai sur le sol, fesses contre terre, face au regard satisfait du chef.

"Mais c'est qu'il s'est offert à nous, le petit oiseau..." Sourit-il.

Il s'approcha de moi et je reculai encore. Des petits sons étouffés s'échappaient de ma gorge.

"Taehyung !"

Hoseok arriva en courant et, sous mes yeux hébétés, donna un violent coup de pied dans l'estomac du chef. Celui-ci tomba lourdement au sol, puis Hoseok m'attrapa la main et me releva d'un coup sec.

"Cours ! Pour ta liberté, pour ta vie, bon sang cours !!"

Mes jambes obéirent à son ordre avant que je ne le comprenne ; je me mis à courir comme jamais je ne l'avais fait, ou plutôt comme jamais je n'avais pu le faire avant. Les pulsations de mon coeur étaient effrénées, et pourtant j'avais l'impression de voler.

Mes pieds s'enfonçaient dans l'herbe pendant ma course, le vent caressait mon visage, balançait mes cheveux dans tous les sens, et comme si j'avais toujours rêvé de faire ça, je me mis à courir plus vite encore, bien plus vite que je n'avais pensé pouvoir le faire un jour.

Je tournai la tête en arrière et découvris celui qui semblait m'aider ; Hoseok, à quelques mètres, qui suivait plus ou moins mon rythme. Derrière lui, les soldats couraient aussi, les yeux plus sombres que jamais. Ils étaient d'un jaune foncé, presque orange, ça me faisait penser aux images de serpent que j'avais vu dans un de mes livres.

Un de mes livres que... Que Namjoon m'avait envoyé.

Sans le réaliser, je ralentis, soudain apeuré, confus et méfiant. J'arrivai à hauteur de Hoseok.

"Mais putain cours ! Cria-t-il encore.

-Pou... Pourquoi ?!" Lui demandai-je, essoufflé.

Il grimaçait tandis qu'il accélérait. Derrière, j'entendais les cris des soldats à nos trousses.

"Je te l'ai d-dit ! Ta vie, ta liberté !

-Mais ma v-vie c'est là-bas... !"

Il écarquilla les yeux en me fixant un instant.

"Dehors il n'y a rien pour moi !

-Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis, il y a une vraie vie pour toi à l'extérieur !" S'exclama-t-il.

Il alla plus vite et je le rattrapai. Mes poumons se tordaient de douleur ; je commençai à sérieusement m'essouffler, mais je pouvais voir, au loin, d'autres frontières. Plus petites, mais imposantes quand même.

"Qui es-tu ?!" Fis-je alors.

Il regarda derrière lui, paniqué, car on se faisait rattraper.

"... Je suis un ami de Jungkook !"

Mon coeur sembla s'arrêter et, sous le choc, je ne réalisais pas que je ralentissais. Hoseok ouvrit grand les yeux et me hurla dessus encore, mais mes oreilles étaient bouchées.

"J-Jungkook..." Murmurai-je.

Un soldat me rattrapa, et tenta de me toucher ; je ne sus ce que je fis exactement, mais ce dernier, en quelques secondes, se retrouva à bien quinze mètres de nous.

Les autres soldats s'arrêtèrent net. Ils m'observaient.

"Chef... C'est...

-Bordel de merde." Souffla leur chef.

Il me détailla.

"T'es quoi, au j-juste ?" Bégaya-t-il.

Cette question, je crois que c'était la première fois qu'on me la posait. Mais la réponse était absolument évidente pour moi.

"... Un humain. Je suis un- un humain."

Je le vis déglutir, puis reculer d'un pas. Je regardai les visages terrifiés des soldats, qui n'osaient plus s'approcher.

L'un d'eux tenta une approche, mais je courus vers lui, poussé par je-ne-sais quel courage. Je me figeai lorsqu'il se mit à hurler et que tous finirent par courir, mais...

... Dans le sens inverse.

Hoseok eut un énorme sourire pendant un court instant, puis il le perdit.

"Taehyung. Je viens de réaliser que tu- tu as montré tes pouvoirs devant eux.

-Et alors ?

-Namjoon va le savoir. Regarde-moi !" S'exclama-t-il.

Je tournai la tête vers lui ; ses épaules se détendirent.

"Tes yeux ont leur couleur normale. Ils ont juste vu ta force, mais pas tes yeux. C'est mieux que rien." Pensa-t-il à voix haute.

Il se passa une main dans les cheveux, épuisé, et se laissa tomber assis au sol. Je le rejoignis, intrigué.

"Qui es-tu exactement ?" Chuchotai-je.

Il me regarda, l'air plus concentré.

"... Je m'appelle Hoseok, comme tu l'as compris. J'ai trente-et-un ans, comme Jungkook, et je suis un vampire. Je suis un de ses amis d'enfance, mais on ne se voyait plus beaucoup parce que je m'étais engagé dans l'armée."

Il soupira, puis observa le ciel, l'air pensif.

"On discutera plus en détail plus tard, mais retiens que je suis là pour t'aider.

-M'aider ? Mais à quoi ?"

Il ouvrit grand les bras, comme pour pointer tout ce qu'il y avait autour de nous.

"A franchir les frontières, quoi d'autre ?" Sourit-il.

Son sourire fatigué me fit sourire à mon tour, timidement. Il le perdit cependant assez vite, puis regarda par-dessus son épaule, vers les plus petites frontières au loin.

"La double-frontière est devant nous. On y va.

-Double... Double-frontière ?

-Ce sont des frontières habituellement confidentielles, seule l'armée connaît leur existence. Les humains eux-mêmes, qui se trouvent derrière ces petites frontières, ne savent pas qu'il en existe de plus grosses encore au loin. Je pense qu'ils s'en doutent, mais sans savoir si c'est vrai ou si ce n'est qu'une légende."

J'entrouvris les lèvres, surpris. De là où nous étions, on voyait les grandes frontières qui nous séparaient de l'Atlantide en tout petit.

Hoseok avait dû beaucoup marcher quand je m'étais évanoui.

"Comment tu as fait pour arriver jusqu'ici ?

-Les soldats que l'on vient de rencontrer sont les premiers que je ne connais pas. Habituellement, je garde les frontières entre le début et le milieu de la zone verte. La zone verte c'est ce qui se trouve entre les frontières et la double-frontière ; là où l'on est actuellement assis, en gros."

Il pointa vers l'Ancienne Busan.

"Tu t'es évanoui juste devant les grandes frontières, mais je n'avais pas eu de réel problème pendant ton inconscience parce que ça fait quatre ans que je suis ici ; je connais presque tout le monde dans la zone devant les frontières et dans la zone centrale. Ces soldats nous empêchaient de passer pour deux raisons ; ils ne me connaissent pas, je ne viens jamais dans la fin de la zone verte. L'autre raison c'est que plus on se rapproche du monde humain, plus les soldats vampires vont tenter de nous dissuader de passer.

-Même les vampires ?

-Surtout les vampires. C'est pas forcément pour nous contrôler, mais surtout pour nous protéger. Tu dois savoir ce que les humains nous ont fait.

-Mais c'était au XXème siècle..."

Il se leva, frotta son pantalon, puis me lança un coup d'oeil sombre.

"Ouais, bah tu serais surpris de savoir à quel point les gens adorent répéter l'Histoire."

Puis il se fit craquer la nuque.

"On n'est jamais à l'abris de la vengeance. Ou plutôt de la connerie de votre espèce."

Je ne sus quoi répondre, car sa voix était différente, bien plus secrète et blessée.

Hoseok se remit en route, sans courir cette fois, et me fit un signe de tête.

"Allez, viens. On a encore un peu de chemin."

Je me levai difficilement, j'avais du mal à reprendre ma respiration ; il fallait dire que je n'avais jamais eu beaucoup d'occasions de courir ainsi dans ma vie. Je rejoignis Hoseok, et me mis à marcher à ses côtés, les pensées pleines.

Je le détaillai discrètement pendant notre marche ; Hoseok avait un pantalon du même motif que celui des autres soldats. Il portait un t-shirt blanc, contrairement aux autres qui avaient une veste qui ressemblait au pantalon. De grosses chaussures noires et un collier avec un pendentif assez large au bout, couleur or. Je crois qu'il y avait ses initiales dessus. Ses mains étaient recouvertes de gants verts ; je crois que c'était comme du cuir. Seuls ses doigts étaient visibles.

"Dis, est-ce que..."

Il me regarda, un sourcil haussé. Je déglutis, peu sûr de ma question, car c'était dur pour moi de l'expliciter.

"Est-ce que J-Jungkook a voulu me tuer... ?"

Il garda le silence un instant, puis parla :

"On m'a dit que t'étais particulièrement cultivé et intelligent mais les Dieux t'ont pas conçu perspicace."

Ma tête pivota vivement vers lui.

"J'ai été là pour t'aider à amortir ta chute, je t'aide à traverser les frontières pour t'emmener dans le monde humain, je te dis que je suis un ami de Jungkook et tu fais pas le lien ?"

Mes poings se serrèrent lorsque, grâce à toutes ces informations réunies en une phrase, je compris où il voulait en venir.

Mon coeur s'emballa sans trop que je n'en sache la raison ; ça faisait pourtant bien dix minutes que nous avions arrêté de courir.

"Il... Il voulait que je m'échappe... ? Mais où ? Pourquoi ? Il a b-besoin de mon sang... Chuchotai-je.

-Ah, ça, c'est la raison moins cool."

Hoseok m'adressa un sourire triste.

"Je t'en parlerai une fois dans le monde humain. Pas maintenant.

-Pourquoi ?

-Jungkook a insisté pour que je te le dise après avoir passé la double-frontière."

Immédiatement, je me tus ; comme si c'était symbolique pour moi de respecter la volonté de Jungkook.

Je me demandais ce qu'il attendait de moi. Pourquoi m'avoir poussé ? Pourquoi ne pas m'avoir prévenu, pourquoi avoir fait en sorte que l'on se sépare encore ? Mais surtout...

Que faisait-il, à présent ?


PDV EXTERIEUR

A l'intérieur des frontières.


L'homme à la capuche noire traversait le couloir fait de pierre. Il faisait sombre ; seules quelques torches accrochées tous les cinq mètres éclairaient son chemin.

Il remit sa cape bien en place lorsqu'il aperçut les lourdes double-portes en bois, au fond du couloir. Une clé se trouvait autour de son cou ; il ouvrit les portes à l'aide de cette dernière.

Un souffle tremblant s'insinua dans ses tympans. Ce n'était pas le sien.

Il verrouilla derrière lui, puis attrapa une chaise. Il la glissa sur le sol également en pierre, ce sol irrégulier et humide sur lequel les pieds nus d'un jeune homme reposaient à peine à cause de ses bras attachés haut par deux grosses chaînes incassables.

L'homme à la cape soupira, puis se prit la tête dans les mains devant ce spectacle. Il serra les dents. Il avait du mal à regarder face à lui, et pourtant il n'allait pas avoir le choix.

Des réponses lui étaient essentielles, à présent.

"Tu me déçois et me blesses énormément..." Souffla-t-il.

La respiration tremblante appartenait au jeune homme attaché dans cette pièce lugubre et à peine éclairée, elle aussi. Ses oreilles étaient légèrement bouchées ; il était six pieds sous terre. Son front et ses cheveux luisaient de sueur, ses yeux noirs étaient mi-clos.

Il portait pour seul et unique vêtement un pantalon. Le reste de sa peau était exposée aux yeux de l'homme à la cape.

"... Jungkook."

Le vampire releva péniblement la tête.

C'était Namjoon qui était assis sur cette chaise.

"Ne me force pas à te regarder ainsi plus qu'il ne le faudrait. Dis-moi simplement où tu l'as envoyé."

Voilà presque quatre heures que Taehyung avait disparu, et déjà, Jungkook avait été enfermé au fond d'une église, dans cette pièce à la taille moyenne mais à l'air si chaud qu'il en avait du mal à respirer. Il n'y avait aucune aération, aucun moyen d'inspirer un bol d'air frais, et les grosses torches n'arrangeaient rien. Il faisait chaud. Très chaud.

Namjoon n'était pas du genre à perdre du temps. Et, dans cette situation en particulier, il n'y avait aucune seconde à perdre.

"Tu le sens s'éloigner, n'est-ce pas ?"

Les yeux de Namjoon n'avaient que rarement été aussi sombres. Jungkook, pourtant, ne se défila pas. Derrière ses mèches noires humides, il fixait son supérieur, sans jamais détourner le regard.

"Jungkook."

Namjoon se leva de la chaise et s'approcha d'un pas.

"Je veux te faire sortir d'ici, crois-moi.

-Je sais." Souffla le noiraud, la voix affaiblie par le manque d'air.

L'homme à la cape lui-même commençait à avoir du mal à respirer.

"Alors dis-moi où il est. Tu peux encore reculer, je te pardonnerai ton erreur. On peut tous prendre peur face aux responsabilités que tu as.

-Je l'ai fait partir... Pour ne pas... Avoir ces responsabilités..." Murmura-t-il difficilement.

Namjoon s'approcha encore. Il décolla les cheveux complètement trempés du front de son cadet pour les jeter en arrière et lui dégager la vue.

"Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu avais si peur d'assumer ton rôle ? Chuchota Namjoon, réellement peiné.

-Tu ne m'aurais jamais laissé vivre une v-vie normale."

Le jeune homme debout baissa la tête ; Jungkook avait raison et ils le savaient tous les deux.

"Où l'as-tu envoyé, hein ? Chez ses parents ? Tu crois vraiment que ce sera aussi simple pour lui ?

-Ce s-sera déjà mieux qu'ici."

Namjoon prit une grande inspiration.

"J'aurais dû davantage te parler."

Sa main glissa sur la joue du noiraud, ce dernier ne se débattit pas.

"J'aurais dû faire les choses autrement. C'est ma faute. J'espère que tu me pardonneras.

-Je ne t'en v-veux pas."

Namjoon hocha la tête.

"J'ai pas envie de faire ça Jungkook." Supplia-t-il, les poings serrés.

Un homme tapis dans l'ombre, dans un coin de la pièce, se leva et s'approcha, un instrument inquiétant à la main qui ressemblait à un fouet.

"Fais-le, car je ne parlerai jamais." Répondit Jungkook avec la voix étouffée, mais assurée.

Namjoon recula d'un pas, puis d'un autre.

"Je reviendrai une fois par jour jusqu'à ce que tu parles." Murmura-t-il, torturé lui-même par la vue de l'instrument que tenait l'autre homme en cape.

Jungkook eut, à ce moment précis, un drôle de rictus. Namjoon fut même surpris, la main sur la clé, prêt à ouvrir la porte.

"Je n'ai plus rien à perdre." Sourit-il, le timbre sombre.

Le plus vieux écarquilla les yeux, puis serra les dents, avant de faire brusquement volte-face et de s'en aller.

Jungkook planta ses yeux noirs dans ceux de son bourreau. Ce dernier avait un masque très simple qui ne laissait entrevoir que ses pupilles.

Namjoon marchait en sens inverse dans ce sombre et long couloir. Il serrait la clé dans sa main droite, cette dernière manquait de se briser entre ses doigts.

Quand il entendit le premier coup, ses épaules se tendirent, et il ne fut pas surpris de n'entendre aucun cri de douleur.

Ce qui l'inquiétait, c'était que Jungkook allait mettre un temps horriblement long à parler.

Il se demanda soudain : et s'il ne parlait vraiment jamais ?

Mais il secoua la tête, et remonta enfin à la surface. Yoongi était là, l'air grave.

Namjoon s'approcha de lui, et soupira.

"Il faut mettre au point une autre manière de retrouver Taehyung. Jungkook... Il est susceptible de ne jamais parler. Je ne sais pas.

-Essayons de le faire parler de cette manière pour l'instant. Si ça ne fonctionne pas, on va faire autrement.

-Tu as déjà une idée ?" S'étonna Namjoon.

Yoongi fixa soudainement les frontières.

"Une idée plus risquée, mais oui, je crois avoir une autre solution."


PDV Taehyung

A l'extérieur des frontières


Hoseok posa un doigt sur sa bouche pour que je comprenne de me taire.

Nous étions en haut de la double frontière. Et, tout en bas, il y avait des militaires, encore.

"Ce sont des humains. Comme toi." Chuchota-t-il.

Je le regardai.

"Pour passer, cette fois, il va falloir être rusé. Tiens."

Hoseok se releva, et soudain, ôta son pantalon. J'écarquillai les yeux quand je découvris qu'en-dessous de celui qu'il portait, il en avait un deuxième.

Il me le tendit.

"Mais...

-J'étais censé te le donner depuis le début, mais tu t'es évanoui et je n'avais pas le temps de te déshabiller et de te rhabiller. Enfile-le."

Surpris, j'obéis et me débarrassai de mon pantalon noir. Hoseok détourna le regard, tandis que j'enfilai le lourd bas militaire.

"J'ai pas d'autres chaussures, mais ça devrait passer.

-Mais on v-va faire quoi ?" Murmurai-je.

Il me fit reculer du bord, puis s'approcha de moi.

"Ecoute-moi bien. On va se faire passer pour des militaires humains.

-Quoi ?!

-Chut !"

Je me tus, angoissé.

"Fais-moi confiance. On va s'infiltrer discrètement parmi les troupes en faisant croire qu'on était allés donner des médicaments.

-Des... Des médicaments ?"

Il sortit une feuille de sa poche, pliée en quatre. Il la déplia, et me la fit lire ; c'était une sorte d'autorisation.

"Il y a une alliance- enfin non, disons plutôt une bonne entente entre les humains et les vampires concernant certaines choses, notamment les médicaments. C'est compliqué d'expliquer ça sans entrer dans les détails, mais pour faire vite, sache que les humains et les vampires des frontières et de la double frontière ont signé un pacte de non-agression.

-Un... Un pacte de non-agression ?

-Ouais. En gros on se fout pas sur la gueule pour rien, si tu veux."

Je fronçai les sourcils.

"Les humains nous ont fait signer ce pacte pour garder la ville secrète. Ils veulent contrôler le savoir à l'extérieur.

-Mais les vampires n'y gagnent rien, si... ?

-Eh mais c'est que t'es pas si bête, finalement."

Il me fit un sourire mais le perdit lorsqu'il vit ma concentration et mon envie de comprendre.

"Nous, on gagne les médicaments, des matériaux comme du tissu, du fer, du plastique... On ne construit pas grand chose dans l'Ancienne Busan. On a besoin de ces choses sans sortir de la ville ; il y a donc une sorte de trafic. Pour te donner un exemple ; les médicaments proviennent du monde humain, puis sont donnés à l'armée humaine que tu as juste sous les yeux. Cette armée humaine entre dans la zone verte et rejoint des vampires pour donner les médicaments, puis ces médicaments arrivent à l'intérieur des frontières. Tu comprends ?

-O-Oui, je crois...

-J'ai réussi à faire un faux document à partir d'un exemple que j'ai trouvé dans la zone verte, quand je travaillais, il y a quelques semaines.

-Donc on leur fait croire que... Qu'on est allés donner des médicaments dans la zone verte ?

-T'as tout compris."

Je déglutis. Je pouvais sentir la panique affluer dans mes veines.

"Taehyung. Surtout, agis comme un militaire, ok ? Force toi à être calme, tiens-toi bien et regarde toujours la personne à qui tu parles dans les yeux.

-Tu es sûr qu'ils ne vont pas savoir que tu es un vampire... ?

-T'inquiète pas pour ça, les humains découvrent qu'on est des vampires avec des expériences malsaines. A l'oeil, ils n'y voient que du feu."

Je hochai la tête. Hoseok replaça correctement mes cheveux en désordre, ajusta mon haut en le rentrant dans le pantalon militaire, puis me fit un sourire rassurant.

Il balança mon ancien pantalon dans le vide, du côté de la zone verte, puis me fixa.

"On y va. N'oublie pas ; pas de bêtise, et ne panique surtout pas.

-D'accord." Chuchotai-je.

L'un après l'autre, on descendit l'échelle. La hauteur était quand même conséquente donc comme pour la montée, je m'efforçai de ne pas regarder vers le bas. Il fallut deux minutes entières pour tout descendre. Les soldats étaient à quelques mètres et ne nous avaient pas encore vus.

"... Allez." Me fit Hoseok.

Il avança, la marche confiante. Je tentai de l'imiter mais je crois que mon coeur allait exploser.

On entra dans la masse de soldats et, déjà, je sentais tous les regards sur nous. Bien vite, un petit groupe nous arrêta.

"Eh, vous !"

Je me tendis. Hoseok me lança un coup d'oeil préventif.

"Ouais ?" Fit-il avec nonchalance, ce qui me surprit.

Il s'approcha, les mains dans les poches. Encore une fois, je fis comme lui, pour paraître plus détendu. J'espérais que ça fonctionne un minimum.

"Vous faisiez quoi derrière ?" Balança un type.

Le silence se fit petit à petit, on attirait tous les regards. Je me sentais horriblement oppressé mais je gardai une expression neutre ; c'était la dernière étape avant la fin. Avant que je ne sois... Dans le monde des humains.

"Bah on livrait les médocs. Fit Hoseok.

-Y'avait une livraison de médicaments aujourd'hui ?" Demanda un autre type, surpris.

Mon coeur s'emballa. Ils étaient méfiants. Mon allié sortit immédiatement sa feuille, la déplia, et la leur donna. Le type face à nous nous jeta un oeil dubitatif avant de lire le papier avec attention.

Il le chiffonna ensuite dans sa main.

"Vous êtes de quel régiment ?"

Je sentis soudain la fébrilité de Hoseok.

"... 54e ré-régiment."

Il avait bégayé.

Je ne sais pas ce qui me prit lorsque je m'approchai. Le soldat posa les yeux sur moi.

"On... On est nouveaux, monsieur." Soufflai-je.

Je sentais que Hoseok voulait me hurler de me taire, de le laisser faire, mais c'était comme si j'avais senti que ça n'allait pas fonctionner si je ne faisais pas quelque chose.

"Nouveaux ?

-Oui... Désolé, on a v-vu la livraison devant la double frontière pour la zone verte, et on a voulu se rendre utile..." Fis-je, peu sûr de moi.

J'avais utilisé tous les termes possibles pour montrer que je savais où nous étions et comment fonctionnait cet endroit.

Le soldat me détailla.

Mais ses yeux tombèrent sur mes chaussures.

Oh, non, pitié, pas ça.

Il fallait que je rajoute quelque chose, et vite.

"Et d'ailleurs on ne m'a toujours pas donné mes chaussures, les vampires ont cru que j'étais un infiltré ou un truc c-comme ça !"

Un silence. Hoseok était, je crois, encore plus tendu que moi.

Et puis, contre toute attente, le militaire face à moi sembla se détendre.

"Ouais c'est normal on attend la livraison des nouvelles chaussures pour tout le monde, ça fait bien trois ans qu'on a celles-là. On n'en a presque plus. Va dans la tente au fond là-bas, ils en ont peut-être encore une paire."

Ce fut comme si je retrouvais mon souffle. Tout le monde retourna à ses occupations, et Hoseok s'empressa d'avancer, tout en restant naturel. Je le suivis de près, mais sursautai lorsqu'une main ferme se posa sur mon épaule.

"Eh, les nouveaux, n'essayez plus d'aller seuls du côté de la zone verte. Je sais que quand on arrive ici on veut montrer qu'on en a une grosse, mais les vampires ça rigole pas. On est qu'des casse-croûtes pour eux. Pigé ?"

J'échangeai un regard avec mon allié qui, immédiatement, hocha la tête.

"Pigé, on est désolés." Fit-il.

Le soldat acquiesça, puis s'en alla.

"Putain de merde Taehyung t'es le type le plus suicidaire que je connaisse. Ramène-toi, faut faire vite." Fit-il entre ses dents.

Il attrapa mon poignet et je sentis à quel point il transpirait des paumes ; j'étais quand même heureux d'avoir réussi. Hoseok slaloma entre les soldats. C'était beaucoup moins grand que la zone verte.

"Purée, on y est. Là-bas, les grilles. Après ces grilles, c'est le monde humain. Regarde, tu vois pas les immeubles, les lumières ? Même les gens, on peut en voir d'ici." Me chuchota-t-il, le sourire aux lèvres.

Les yeux pétillants de curiosité, je me grandis en pointant les orteils. Je n'arrivais pas à croire que j'allais dans le monde humain, je... Je ne savais même pas ce que Jungkook voulait que j'y fasse, mais j'avais hâte.

J'avais lu tellement de choses dans les livres, je voulais savoir si tout était vrai, je voulais tout voir, tout apprendre, tout découvrir en vrai, et non plus que sur des images imprimées.

Hoseok s'approcha du garde devant la grille.

"Qu'est-ce que vous faites ?

-Autorisation de sortie pour mon ami, c'est la première fois donc je l'accompagne."

Il sortit un autre papier de sa poche. Je tentai de rester neutre, mais à vrai dire, j'étais profondément reconnaissant envers tous les risques qu'il avait pris pour m'aider.

"Tu vas devoir signer de nouveau les papiers de clauses de confidentialité."

Hoseok me fit un clin d'oeil et je le suivis. Le soldat nous amena à une table non loin de la grille, puis me donna un stylo.

"Ton nom, prénom, régiment et signature."

Je repensais à ce qu'avait dit Hoseok tout-à-l'heure ; j'écrivis alors que j'étais dans le 54e régiment, même si je n'avais aucune idée de ce que ça signifiait.

"Bien. N'oublie pas de revenir à l'heure, tu as vingt-quatre heures. Au-delà de ces vingt-quatre heures, on te considérera comme déserteur, et tu seras puni en conséquence si on te retrouve. Pareil pour la confidentialité, si on apprend que tu as dit ne serait-ce qu'un mot sur ce qui se passe ici, je te préviens que la punition est très souvent une mort douloureuse." Récita-t-il comme une leçon.

Il nous regarda encore un instant. J'acquiesçai, impressionné, alors même que je me demandais comment tout cela pouvait être réel.

Le soldat ouvrit la grille. Je posai un pied à l'extérieur, puis un autre.

Hoseok m'attrapa de nouveau le poignet, tandis que j'admirais au loin les grandes constructions, beaucoup plus nombreuses que dans l'Ancienne Busan. Il sortit avec moi.

"Eh ! Qu'est-ce que tu fais ? Seul ton ami a une autorisation, reviens à l'intérieur tout de suite !

-Oui, pardon, je lui dis juste au revoir !"

Le soldat leva les yeux au ciel et attendit non loin de nous, les mains sur son arme.

Je regardai Hoseok. J'avais le corps tremblant. Oui, tout de moi tremblait.

"C'est quoi, la suite ?" Soufflai-je tout bas.

Le sourire triste qu'il m'envoya me fit froncer les sourcils.

"...Taehyung, il n'y a pas de suite."

Je me figeai.

"Quoi... ?

-Jungkook m'a dit de te dire..."

Il posa ses mains sur mes épaules. Ses traits bienveillants m'inquiétèrent.

"... Que tu devais vivre ta vie, à présent."

Le choc me fit reculer d'un pas.

Je compris immédiatement pourquoi Jungkook n'avait pas voulu que je le sache avant. Il voulait que je n'aie plus d'occasion de revenir. Que ce soit trop tard pour faire marche arrière. Si Hoseok me l'avait dit plus tôt, j'aurais pu reculer, et rejoindre le noiraud.

Je le haïs instantanément.

"Tu m'as... Tu m'as menti... Murmurai-je, effaré.

-Je ne t'ai jamais menti.

-Tu m'as dit que j'avais une mission dehors !

-Quand est-ce que j'ai dit ça Taehyung ? Tu t'es fait cette idée tout seul. Tu n'as plus de mission, plus de barrière, tu es un homme libre à présent ! Le monde est prêt à t'accueillir."

Je reculai d'un autre pas, et une larme naquit au coin de mon oeil pour mourir sur le sol en béton.

"Non... Pas s-sans lui...

-Il veut combattre définitivement le lien, mais pas parce qu'il n'en veut pas..."

Hoseok m'adressa un énième sourire qui me donnait envie de hurler.

"...Parce qu'il ne veut pas que tu aies un rôle dans cette guerre. Tu n'as rien à voir là-dedans, et il a raison.

-N-Non... Je veux... J-Je..."

Mes larmes coulèrent définitivement.

Jungkook m'a poussé du haut des frontières pour me sauver.

"Hoseok je n-ne peux pas..." Pleurai-je.

Ce n'était pas être libre qui me rendait si triste. C'était que franchir cette grille avait la même finalité que de ne jamais revoir Jungkook.

"Je ne peux p-pas vivre sans lui... Osai-je laisser échapper, les mains maintenant accrochées au haut de ce que je pouvais considérer comme mon ami.

-Il est convaincu que tu le peux. Il ne me l'a pas dit mais je l'ai senti ; il a confiance en toi, et il sait que tu sauras apprendre à vivre sans lui.

-Le... Le lien... On peut en m-mourir...

-On n'a jamais vraiment observé de mort causée par un éloignement entre deux personnes liées... Ce sont des hypothèses, des spéculations."

Je reniflai et secouai la tête.

"Je... Je..."

Hoseok recula d'un pas. J'écarquillai les yeux.

"Non p-pitié ! Je n'ai nulle part où aller !"

Un dernier sourire de sa part me fit réaliser à quel point tout ceci était réel. A quel point c'était douloureux que Jungkook ait pu penser à se sacrifier pour moi.

"Mais si, Taehyung..." Fit-il.

Mes jambes ne bougeaient plus, je n'arrivais ni à courir après Hoseok, ni à m'engouffrer dans ce monde que je ne connaissais pas.

Il me sourit une dernière fois, comme heureux de m'avoir aidé.




"...Rentre chez toi. Ca fait treize longues années que deux personnes t'attendent."










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Hehehe, alors alors ? Vous vous doutiez un peu de la raison pour laquelle Jungkook avait poussé Taehyung des frontières ? ;)

A votre avis, que va-t-il se passer maintenant que Taehyung est seul et libre dans le monde humain ? ^-^


Un grand merci pour tout l'amour que vous apportez à cette histoire, et toute la hype que vous m'envoyez ! Nous avons dépassé les 250K et c'est absolument fou! Merci du fond du coeur les amis !!! ♥♥♥


Je vous dis à  dimanche prochain 20h pour la suite, en attendant bon pour courage pour cette semaine (je vais en avoir besoin aussi T-T), prenez grand soin de vous, et allez dormir tôt ce soir !! A très vite !! ♥♥

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