Chapitre 42

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Bonsoir les amis ! ^-^

Voici la suite de Vermilion ! Avant toute chose : sachez que ce Tome 2 se terminera au chapitre 45 (sauf modification de dernière minute), il pourrait même se terminer plus tôt, au 44, à voir comment je développe les dernières idées de ce Tome. Après ce Tome 2, je prendrai une pause de 2-3 mois. Finalement elle sera plus longue que la pause entre le Tome 1 et 2, je suis désolée, mais j'en ai cruellement besoin... Noir sera cependant encore update pendant cette pause !

Seconde chose : j'ai reçu beauuucoup de plaintes concernant les spoils ; beaucoup de personnes, à cause de Twitter, se font spoil sans même avoir eu le temps de lire le chapitre. Je suis ravie que vous en parliez sur Twitter les amis mais n'oubliez pas de mettre des alertes spoils dans vos tweets s'il vous plaît, histoire de ne pas gâcher le plaisir des autres. Imaginez vous aussi vous faire spoil un jour ! :( Merci d'avance ! 

Bonne lecture ~ ♥


********************************


J'émergeai la joue fondue sur une surface molle et agréable. Mon corps vibrait un peu, et quelque chose était posé sur mes cheveux, ça bougeait et ça me caressait.

"Jungkook... ?" Murmurai-je d'une voix endormie, engourdie.

On cessa un instant de me cajoler.

"T'es déjà réveillé ?"

Je levai des bras courbaturés pour me frotter les yeux de mes poings, avant d'ouvrir ces derniers et de comprendre que j'étais dans la voiture du vampire. Je reniflai et inclinai la tête vers lui ; il fixait calmement la route, mais en me sentant l'observer, il me jeta un rapide coup d'œil.

J'étais allongé, la tête sur ses cuisses, pendant qu'il nous ramenait à la maison.

"Tu as perdu énormément de sang. Comment est-ce que tu peux déjà être éveillé ?" Chuchota-t-il, sa main glissant dans mes cheveux.

Je clos les paupières de nouveau en appréciant la tendresse de son geste. Et puis tout me revint. La soirée, la morsure devant tous ces gens, Namjoon, et... Et...

"...Je ne suis pas u-un chat !" M'exclamai-je, les joues rougies.

Jungkook rit immédiatement.

"C'est de ça dont tu te souviens le plus ?"

Oui, j'avais été bien trop dans mon monde pour comprendre ses paroles sur le moment, mais ces dernières me revinrent plus clairement :

"Un vrai petit chaton..." Avait-il murmuré quand je léchais sa main.

"Je-"

Je me cachai la tête dans mes mains, et Jungkook rit de nouveau, avant de me forcer à le regarder. Il dégagea mes doigts, puis saisit mon menton et me fit incliner la tête vers l'arrière, pour que mon regard ne puisse pas manquer son visage détendu.

"J'ai pas dit que t'étais un chat..."

Il s'arrêta un instant, probablement pour laisser une voiture passer, ou un piéton. Ses yeux descendirent sur moi et il se pencha en avant.

"...J'ai dit que t'étais un petit chaton.

-Non c'est pas vrai !"

Il profita de mon exclamation pour glisser son pouce entre mes lèvres. J'écarquillai les yeux et attrapai son poignet de mes deux mains. Il ne l'enfonça pas plus loin qu'un ou deux centimètres ; juste assez pour caresser mes dents et le bout de ma langue. Ses yeux étaient hypnotisés par son propre geste.

"Ne sois pas gêné, Tae. On peut avoir une autre personnalité dans ce genre de moment.

-J'avais une... Une autre personnalité ? Articulai-je, la voix un peu étouffée par son pouce dans ma bouche.

-Si je te demandais de lécher ma main là, maintenant, tu le ferais ?

-Non !

-Voilà." S'amusa-t-il.

Je rougis davantage et voulus ôter son doigt, mais il entrouvrit lui-même les lèvres et entra une phalange entière dans ma bouche.

"Un petit chaton pas content. Sourit-il encore, taquin.

-Non... !"

Je tournai définitivement la tête et enfonçai mon visage contre son ventre. Il ricana et posa une main sur mes cheveux.

Je masquai un léger sourire malgré moi, et poussai davantage ma figure contre son abdomen, toujours allongé sur ses cuisses. L'entendre m'embêter et rire me donnait l'impression de vivre dans un monde où une guerre ne menaçait pas d'éclater.

Je chassai cette pensée de ma tête ; il fallait à tout prix que je garde l'esprit positif, sinon je n'allais jamais pouvoir enregistrer le souvenir que j'étais en train de vivre. Je me détendis, et osai même glisser mes mains sous son haut pour caresser la peau blanche de son ventre. Il ne fit aucun commentaire. Je relevai un peu son pull, puis son t-shirt, et mon nez fondit contre sa peau laiteuse.

Sa main s'était déposée sur ma nuque, et il la pressa avec ce qui me parut être de la possessivité.

Le sentiment de bonheur qui flottait dans la voiture ne m'avait jamais semblé si palpable qu'en cet instant.

Jamais je n'aurais cru aimer ainsi. Si puissamment, si purement, avec rien d'autre qu'une envie profonde de le voir heureux.

Pendant trois-cent années, si je le pouvais.

Nous arrivâmes vite car j'avais dormi la quasi-totalité du trajet, et Jungkook me vit me retenir à la voiture quand mes pieds touchèrent le sol ; j'avais beau être réveillé, j'étais quand même profondément épuisé.

"Tae."

Je lui souris timidement quand il s'approcha de moi, concerné, et qu'il m'attrapa les cuisses. Sans brusquerie, il me hissa contre lui, et j'enroulai mes jambes autour de ses hanches. Je me tins à sa nuque, et mon visage ne tarda pas à se fondre dans son cou. Je commençais à m'habituer à ce qu'il me porte dans ses bras.

D'une main, il déverrouilla la porte de la maison, et la poussa de son pied. Il entra, sans jamais me lâcher, et ferma derrière lui. Le trousseau de clés termina balancé sur une commode, puis il alla me déposer sur le sofa. Je me laissai faire quand il s'accroupit pour me ôter manteau, qu'il avait dû me remettre pendant mon inconscience, puis chaussures, et il en fit de même pour lui avant de revenir vers moi.

"J'aimerais... Dormir. Murmurai-je.

-Je sais."

Il se pencha de nouveau vers moi et réaliser que toute son attention n'était focalisée que sur ma présence me fit sourire de nouveau.

Je tendis mes bras vers lui quand il s'approcha et il me porta une énième fois ce soir. Je laissai égoïstement mon corps reposer de tout mon poids contre le sien, mais il ne sembla pas s'en formaliser. Il éteignit la seule lumière qu'il avait allumée, et bientôt, il nous conduisit tous les deux dans sa chambre. Mon coeur se gonfla davantage.

Je fus déshabillé et laissé en sous-vêtement. Je pourrais me glisser moi-même sous les couvertures mais je feignis la somnolence pour qu'il le fasse lui-même. J'étais presque sûr qu'il savait que je pourrais faire plus d'effort. Mais il ne me demanda jamais d'en faire. Il s'occupait de tout et n'avait de cesse de me toucher dès qu'il le pouvait, dès qu'il était proche de moi.

Il tira les draps, me porta pour me remettre correctement sur la place de droite, et m'abandonna un instant pour ôter ses propres vêtements.

"Jungkook."

Il se figea pour me regarder, debout près du lit, son jean dans les mains.

"Je vais vivre trois-cent ans." Chuchotai-je, les yeux à moitié clos.

Il laissa une expression amusée trahir son propre soulagement.

"Pas une année de moins." Confirma-t-il.

Je souris davantage et mes yeux se clorent. Je m'endormis avant même qu'il ne rejoigne le lit à mes côtés, le manque de sang ayant raison de mon énergie.

**

Où était Jungkook ?

J'étirai mes muscles en me dirigeant vers les escaliers ; il n'était pas resté au lit avec moi ce matin. Et, c'est étrange, mais je n'ai pas l'impression qu'il a dormi toute la nuit à mes côtés.

Mes pieds entrèrent en contact avec le carrelage froid du bas, et je frissonnai, mais j'oubliais bien vite cette sensation désagréable lorsque mes yeux entrèrent en contact avec sa silhouette éclairée par les premiers rayons du soleil.

"Jungkook." Murmurai-je, avec une voix d'enfant qui me fit rougir de ridicule.

Il releva la tête de son téléphone. Il était assis à table, habillé d'un short et d'un t-shirt, déjà lavé, cellulaire en mains, coudes sur le meuble.

"Tae.

-Tu étais où ?"

Je m'installai en face, timidement.

"J'ai fait pas mal de choses.

-Ah... Ah bon ?"

Il acquiesça et son regard se perdit sur la table.

"Des courses. Juste pour trois jours. Il n'y avait plus rien dans les armoires. J'ai appelé ma mère pour lui dire. Et même Hoseok, pour qu'il m'aide.

-Pour faire quoi ?"

Il prit une profonde inspiration.

"Je n'ai compris que ce matin les paroles de Namjoon. Ca m'a réveillé, je n'ai pas réussi à rester au lit.

-Lesquelles ? Soufflai-je, inquiet.

-Quand il nous a parlé de le retrouver à la frontière. Il ne parlait pas d'un rendez-vous."

Je fronçai les sourcils. Jungkook posa son téléphone et croisa ses deux mains.

"Je crois qu'il veut qu'on parte."

Je mis du temps à comprendre ce que ça signifiait vraiment.

"Qu'on parte de...

-De l'Atlantide."

Ma bouche s'assécha.

"Mais comment tu l'as deviné... ?

-Il m'a donné ce même rendez-vous, il y a quelques longues années. L'exact même rendez-vous. Il voulait que je comprenne quelque chose, que je me souvienne."

Ses cheveux tombaient sur ses yeux aussi confus que lucides.

"Il m'a dit de le retrouver aux frontières, côté est. C'est la première fois que j'ai visité le monde humain à ses côtés.

-Quoi ? Tu ne l'avais jamais vu avant... ?

-Si, bien sûr que si, mais j'étais jeune."

Je réalisais qu'il ne m'avait jamais parlé de sa vie d'avant. Avant la création de l'Atlantide en 2007. Il avait eu une vie d'enfant derrière les frontières que je ne connaissais pas.

"J'y suis retourné une seule fois, avec lui. Et hier soir, il nous a donné l'exact même rendez-vous que ce jour-là.

-Vous êtes allés faire quoi quand tu l'as accompagné y'a quelques années ?

-Rien. Rien du tout. On a seulement gambadé dans les rues, mangé au restaurant, il m'a parlé de la morsure, évidemment, il a essayé de me convaincre. Il voulait juste agir comme si on était proches au point de sortir des murs ensemble."

Je laissai mes yeux couler sur la table le temps que mes pensées filent la réflexion qui naissait.

"Il est de notre côté." Conclus-je immédiatement.

Sa mâchoire se crispa.

"C'est possible. Ce qui est sûr c'est qu'il cache des choses à son vampire lié. A partir de là, on peut penser n'importe quoi sur ses intentions.

-Et si tout ça était un piège ?"

Jungkook secoua la tête.

"Tae, ils n'ont jamais essayé de me piéger. Me convaincre avec la violence, oui. Me piéger, non. Ils ont toujours voulu que je sois consentant à participer à cette guerre. M'y forcer ne servirait à rien, je pourrais juste ne pas combattre, ou pire, me retourner contre eux. Je suis persuadé que Namjoon ne me piège pas, il n'a rien sur quoi me piéger. Ils ne pourront jamais me forcer à combattre."

Je hochai la tête.

"Alors Namjoon fait peut-être tout ça tout seul, le rendez-vous, la carte d'identité... ?

-Je pense comprendre que oui. Pas forcément par bienveillance envers nous, mais il a d'autres projets que cette guerre, j'en suis presque convaincu à présent."

Je soupirai et fixai mes mains sur mes cuisses. Moi, je pense que Namjoon est bienveillant envers nous. Je pense qu'à partir du moment où il veut éviter la guerre, peu importe son autre dessein, il devient un allié.

Et si Namjoon devenait un allié... Un frisson me parcourut.

La guerre, si elle se déclenche quand même, aurait une possible issue de paix.

"Tae n'oublie pas de ne pas lui faire cent pour cent confiance. On ne sait pas ce qu'il a en tête. Mais on ira à ce rendez-vous."

Je me pinçai les lèvres.

"Oui." Répondis-je clairement.

Satisfait de ma réponse, il changea son expression grave en plus détendue, mais pas moins tourmentée.

"Je voulais te parler d'autre chose." Me fit-il.

Surpris et drôlement ravi d'entendre une possible confession ou de nouvelles informations, je hochai vivement la tête, à en déplacer quelques mèches de mes cheveux sur mon front.

"La morsure."

La seule mention de cette dernière semblait lui avoir coûté.

"Oh...

-Il y a... Différents types de morsures."

Je vis les muscles de ses bras se contracter.

Il y pensait activement depuis hier, et je n'avais rien vu.

"On mord avec neutralité, et alors la personne mordue ne ressent pas grand chose."

Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine.

"On mord pour faire plaisir, ce doit être à la fois dans la motivation de donner du bien-être, et dans la manière dont tu mords la chair. C'est complexe, mais ça s'apprend vite. Il faut que tu aies de bonnes intentions. Plus tu aimeras la personne que tu mords, plus le plaisir sera puissant."

Là, un frisson me terrassa et je me tendis. Ca avait été si puissant qu'il avait dû le voir à l'œil nu. Je m'empourprai, gêné d'avoir montré une réaction si éhontée.

"Enfin, on mord pour blesser. Il faut toujours que ton état d'esprit suive, mais en réalité si tu sais le faire une fois, tu sauras le faire encore, n'importe quand, à n'importe qui. Mais c'est comme le plaisir. Tu peux faire très mal à quelqu'un si tu es très en colère contre elle, ou si elle te contrarie profondément. Certains disent même que la morsure de douleur est la pire souffrance que l'on peut ressentir si elle est poussée à son extrême."

Je ne le savais pas. Je ne savais pas que tout cela était contrôlable. Je n'en avais eu aucune idée, jusqu'à maintenant. Je croyais que le plaisir que je ressentais à travers les morsures qu'il me faisait était obligatoire, parce que nous étions liés.

Mais à présent, je me souvins du mariage de Jungkook et Nayung. Elle avait pris du plaisir dans la morsure.

Alors c'était vrai.

Il pouvait la contrôler.

Et, tout ce temps, il m'avait volontairement plongé dans un monde de bien-être intense. Il l'avait fait exprès. Il s'était concentré pour cela.

Mon ventre se tordit.

"Tu- Tu as vécu la dernière." Lâchai-je dans un souffle.

Il garda le silence un instant.

"Oui.

-Qui ?"

Je serrai les poings.

"Yoongi ?"

Il ne répondit pas, encore, alors ça me donna la réponse. Mes ongles manquèrent d'entrer dans ma chair.

"Je le tuerai un jour." Grognai-je.

Je ne savais pas ce qui m'avait poussé à dire une chose pareille. Mais les mots m'avaient échappé. Mes yeux étaient quelque peu embués, car je l'imaginais. J'imaginais exactement comment Yoongi l'avait mordu pour le blesser. Et penser une seule seconde à Jungkook en train de souffrir me mettait hors de moi.

"Non."

Je voulus rétorquer, mais Jungkook se leva soudain. Je l'observai s'en aller vers la cuisine, hébété, mais il revint la seconde suivante.

"Je-"

J'écarquillai les yeux et me coupai dans ma propre phrase.

"J-Jungkook... ?"

Pourquoi est-ce que...

"Repose ça qu'est-ce que t-tu fais... ?"

...Pourquoi est-ce qu'il avait un couteau dans les mains ?

Ses doigts tremblaient.

"L'idée que l'on boive mon sang me terrifie. Pourtant je prends le tien à longueur de temps. Égoïste au possible, pas vrai, Tae ?

-Non ! Non, tu as été traumatisé, c'est normal de- Jungkook !"

Je me redressai et me précipitai vers lui pour attraper son poignet, celui qui terminait sur la main qui possédait l'arme blanche. Il avait tenté de l'approcher de son autre paume, et j'avais immédiatement compris.

"Ne fais pas ça.

-C'est de ça dont Namjoon parlait, Taehyung.

-Je- On a le temps ! On a le temps, ne le fais pas comme ça, précipitamment..." Soufflai-je.

Il était tendu, les yeux écarquillés de stupeur, et je ne voulais pas qu'il se force à faire cela. Il voulait que je boive son sang. Il me suffisait d'une goutte. Et si l'on suivait son plan de se faire une blessure à la main, alors non, je n'aurai effectivement pas besoin de le mordre.

Mais ses yeux noirs traduisaient une peur bien plus intense.

Ca me renvoyait à ma propre phobie lointaine de la morsure.

Ce n'était pas seulement le fait même d'être mordu. Mais aussi le fait de se faire aspirer douloureusement le sang. Jungkook n'aura pas mal si je me contentais de lécher sa main ensanglantée, mais le principe même que son sang termine dans l'estomac d'un autre était, je crois, un des résultats de ce traumatisme. Tout ce qui tournait autour de cette idée lui faisait peur. Alors je ne voulais pas faire ça comme ça, je ne voulais pas qu'il se force pour moi.

"On le fera plus tard, ça ne presse pas, d'accord ? Je- Je peux attendre que tu sois prêt.

-Je ne le serai jamais. Alors faisons-le. Murmura-t-il.

-Non ! Je ne prendrai pas ton sang de cette manière, c'est- c'est hors de question !"

Sans qu'il ne s'y attende, je lui arrachai maladroitement le couteau des mains et le posai derrière moi sur la table. Mais quand je me tournai, Jungkook avait déjà réduit la distance entre nos deux corps, et ses mains prirent si vite mes joues en coupe que j'en haletai de surprise.

"Tu vieillis à chaque seconde qui s'écoule, tu perds du temps de vie.

-Jungkook ce n'est pas- ce n'est pas à ce point-là, je peux encore attendre, même encore des semaines ou des mois s'il le faut-

-La guerre peut éclater à tout moment. On peut t'arracher à moi à tout moment, et même si je donnerais ma vie pour empêcher ça, ils pourraient très bien m'éloigner de toi pour ne pas que tu me mordes.

-Jungkook, ils l'auraient d-déjà fait, ils veulent que je te morde.

-Plus maintenant. S'ils comprennent qu'on est contre eux, définitivement, ils tenteront de nuire à toute possibilité que l'on devienne plus forts pour les combattre."

Il n'avait pas tort. Cependant...

"...Je reste certain qu'ils ne pensent pas à cela en ce moment, ils seraient déjà là, à nous séparer."

Le mot séparer le fit clore les paupières.

Mon Dieu, Jungkook.

"Je suis là." Tentai-je, peiné de le voir si terrifié.

Je scellai nos fronts. Il expira un long filet d'air contenu, une angoisse qu'il osait maintenant me montrer.

"Je ne veux pas te prendre ton sang, même d'une coupure, si tu es si mal à l'aise.

-Putain, Tae, on n'en est plus là.

-Non. Tu m'as respecté. Je te respecte.

-Je ne t'ai jamais respecté."

J'entrouvris les lèvres, confus. Il rouvrit des yeux intenses sur mon visage.

"Je t'ai mordu alors que tu ne le voulais pas.

-Pour me protéger ! Ca ne... Ca ne compte pas !

-Tu me regardais comme le monstre que ma mère t'a appris à détester.

-Jungkook... Tu mélanges tout, je... Je me sentais déjà bien à tes côtés."

Il secoua la tête.

"Ne mens pas.

-Je ne mens pas."

Je fondis dans ses bras, qu'il enroula dans mon dos. Je serrai sa nuque, le visage blotti contre sa gorge.

"Je ne te ferai jamais mal comme Yoongi. Je... Je t'aime tellement, Jungkook, et mes intentions à ton égard n'ont aucune malveillance, tu le sais, pas vrai... ?" Murmurai-je.

Il me pressa davantage.

Sa main appuya sur ma tête, et je réalisais avec choc qu'il approchait ma bouche de sa gorge.

"Je te fais confiance. Fais-le."

Mais il tremblait. Il tremblait de tout son long, et me serrait fort comme s'il s'attendait à la pire douleur au monde.

Je fixai un instant sa gorge pâle, et mon ventre se tordit d'une drôle d'impatience, que je réprimai immédiatement en le repoussant. Il me regarda me détacher de lui, les sourcils froncés par mon refus.

"Je ne le ferai pas ! Pas comme ça !"

Je tendis un bras vers lui et lui montrai la paume de ma main pour ne pas qu'il s'approche de nouveau.

"Ne me force pas à le faire !" Insistai-je en le voyant près à s'avancer.

Il cessa tout mouvement.

Il observa mes yeux embués, ma respiration courte et la peine dans mon regard, alors il ferma les yeux, avant de les rouvrir.

"Ok."

Il me fit dos.

"Jungkook...

-Tu devrais commencer à choisir ce que tu vas prendre. On ne sait pas quand on reviendra en Atlantide.

-Quoi ? Déjà ? Mais c'est dans trois jours...

-Tu ne pourras prendre qu'un sac à dos, on pourra pas s'encombrer, alors il va falloir que tu fasses un choix entre toutes tes affaires, tous tes livres."

Ah, en effet, vu comme ça, ça pouvait me prendre des heures.

"Et j'ai prévu des choses pour demain et après-demain. Alors fais ce que je te dis."

Le ton plus dur qu'il utilisa ne me blessa pas. Je savais qu'il était chamboulé par son propre comportement, et qu'il se sentait probablement faible de m'avoir exposé ses peurs. J'obéis en silence, attristé de devoir arrêter net la conversation, de devoir le laisser seul avec ses démons, car c'était ce qu'il me demandait implicitement.

Quand je me retrouvai dans ma chambre, j'eus envie de la clore. Comme avant.

C'est ce que je fis, avant de l'observer dans son ensemble, et de souffler. Je suppose qu'il me dira plus tard ce qu'on allait faire en dehors des frontières. Ou alors il n'en avait lui-même pas la moindre idée. Pour le moment, je ne voulais plus l'embêter avec mes questions.

Je grimaçai en sentant mes dents pointues disparaître, et les touchai du bout des doigts jusqu'à ne sentir que le plat de mes dents humaines.

Je laissai retomber mon bras le long de mon corps, et attrapai un sac vide et aplati, en bas de ma commode, sous des piles de vêtements bien pliés. Je le secouai un peu et l'ouvris. Il était plutôt grand, mais je n'allais pas pouvoir prendre plus de deux livres si je voulais qu'il reste assez de place pour les vêtements et si je ne voulais surtout pas porter du lourd.

Je n'avais pas autant de livres ici que chez madame.

Alors le choix était vite fait.

Le livre sur le lien, et mon livre de romance préféré. Mais en les observant, je me demandais si c'était utile. Je les connaissais par coeur. Et, de plus, à l'extérieur, j'allais pouvoir connaître de nouveaux ouvrages, pas vrai ?

Je lâchai les bouquins sur mon lit et m'y installai soudain à genoux, les yeux figés sur ma fenêtre.

On allait partir.

Je ne réalisais qu'à peine.

Je ne comprenais toujours pas pourquoi.

Trouver des gens ? S'enfuir ? Nous entraîner dans le secret ? Chercher de l'aide ?

Namjoon, qu'avez-vous en tête ?

Je rangeai mes livres où je les avais trouvés, et décidai seulement des vêtements que j'allais prendre. Je gardai une tenue pour partir, et en pris deux dans mon sac, ainsi que des sous-vêtements. Je fouillai dans mes affaires une dernière fois pour être sûr de ne rien prendre d'autre -je ne possédais pas grand-chose, après tout- et ouvris même le petit tiroir de ma table de chevet.

Je me figeai.

Oh.

J'attrapai l'objet du bout de mes doigts, le manipulant doucement dans mes mains.

Le collier.

J'eus un drôle de sourire en le regardant. Des années lumières s'étaient écoulées depuis. Je le laissai retomber dans son tiroir, là où était sa place.

Je n'étais pas fautif de ce qui leur était arrivé. Mes ancêtres le sont. Et eux ne sont peut-être pas fautifs non plus d'être en colère contre moi malgré tout. Il était impossible que chaque camp soit manichéen.

Je ne savais pas ce qui se passerait à l'issue de la guerre, si guerre il y avait. Je ne savais pas si j'allais devoir me battre, ou si avec Jungkook nous réussirons à dissuader Yoongi et tous ses sbires de ruiner le pays.

Mais une chose était sûre.

Nous devions trouver une solution pour qu'humains et vampires vivent un jour dans le respect et l'acceptation de l'autre.

Et la solution, pour moi, c'était les enfants. Il fallait un jour que je parle de ma théorie à Jungkook. Je ne voulais pas prétendre pouvoir changer le monde, mais contribuer à ce que les choses s'améliorent, au moins. Apporter ma petite goutte à l'océan de la possible paix.

Je fermai mon sac sans mal, car il n'y avait définitivement rien à prendre de plus que ce que j'avais déjà pris.

En me laissant ensuite tomber sur mes couvertures, car je n'avais aucune envie de me doucher pour l'instant, je repensais aux tombes des dieux. Je repensais au vent. Au lien.

Il était probable que je crois en eux. Ils étaient peut-être vraiment là, avec moi, à essayer de m'aider. Ou alors Jungkook et moi interprétions tout à notre avantage, sans savoir que ce n'était rien d'autre que notre volonté qui nous faisait avancer.

Mais ce souffle sur cette bougie, celle posée sur la tombe que l'on avait dû ouvrir...

Je me tournai sur le côté, et mes pupilles ne lâchèrent plus la fenêtre mi-close de ma chambre. Le soleil était doux, le ciel rosé.

Et moi, moi, j'avais peur de devoir tuer un jour.

**

J'avais passé la journée dans ma chambre, et même après avoir fait ma toilette, j'y étais retourné. Un peu de solitude m'avait étrangement apaisé. J'avais repensé à hier soir, à notre union, comme une pause de bien-être dans nos vies tourmentées, puis je m'étais assoupi deux heures. Mais même à mon réveil, je n'étais pas descendu.

Je voulais voir Jungkook, mais je voulais aussi le laisser penser comme je pensais. Nous étions sans cesse ensemble, il avait aussi droit à un peu de répit de ma personne.

"Tae !"

Sa voix portante était ce qui m'avait fait descendre, grimaçant à un mal de tête léger dû à ma non-activité de la journée.

Une fois en bas, il m'avait fallu dix bonnes secondes pour réaliser.

"Salut Tae.

-Oh- oh mon Dieu, Jimin !"

Il sourit et je le pris dans mes bras comme à chaque fois.

Je m'en voulais de ne pas penser à lui rendre visite plus souvent, mais à vrai dire Jungkook et moi passions notre temps à faire ceci, cela, et l'atmosphère lourde qui régnait sans cesse à cause de ce que l'on savait sur l'avenir m'empêchait de penser à la gaité de mon ami, et ainsi, à lui rendre visite. Surtout qu'il était loin de moi, depuis que j'habitais chez Jungkook.

"On ne se voit presque plus ! Bouda-t-il.

-Pardon... Je... C'est compliqué.

-J'imagine." Murmura-t-il, les sourcils froncés d'inquiétude.

Je saluai rapidement son maître, qui me regarda à peine, concentré sur ce qu'il disait à Jungkook. Ils étaient plus loin, je n'entendais pas trop.

Quand mon regard dévia sur la table, je découvris un dîner dressé, copieux, et mes yeux reconnaissants rencontrèrent ceux de Jungkook, qui m'observait comme s'il me voyait pour la première fois. Après tout, il était rare que l'on ne se côtoie pas de la journée.

Voilà pourquoi il était allé faire des courses ce matin, tôt.

Je tentai un timide sourire, qu'il ne me rendit pas, mais qu'il apprécia, de ce que me dirent ses épaules qui se détendaient.

Jungkook nous invita à table. Il me laissa près de mon ami, et s'installa aux côtés du maître de Jimin. ll entama la conversation, et j'eus la drôle d'impression que c'était pour qu'il n'entende plus ce qu'on se disait avec mon ami d'enfance.

"On ne se voit plus, Jimin, je suis tellement désolé.

-C'est pas grave. Tu habites si loin maintenant, et puis je sais que tu es occupé. Avoir un lien, ça doit pas être de tout repos. Chuchota-t-il très bas.

-C'est... C'est spécial." Avouai-je.

Mais merveilleux.

Si nous n'étions pas à l'aube d'une guerre, ça le serait.

Soudain, je regardai Jimin, et réalisais qu'il n'était au courant de rien. Qu'il me souriait toujours avec cet air d'idiot heureux, sans savoir ce qui se tramait, ce qui l'attendait peut-être.

Je me demandais si Jimin allait mourir.

Est-ce que j'allais pouvoir le retrouver pour le sauver, si je revenais un jour ?

N'étais-je pas en train de l'abandonner, après tout ?

Il mangeait de bon coeur, me souriant entre deux bouchées quand il remarqua que je le regardais, comme s'il ne voyait pas ma mine déconfite.

"Bah ça va pas, Tae ?"

Sa question attira l'attention des deux plus vieux. Je baissai la tête et secouai rapidement les mains.

"Si si, tout va bien, ne t'inquiète pas." M'empressai-je de dire, gêné d'avoir l'attention de tous.

Le repas fut plus difficile que jamais. Jimin était à côté de moi, mais pourtant si loin. J'aurais voulu lui parler, tout lui dire, mais même en l'emmenant dans ma chambre, je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas le mettre dans la confidence ; ça le mettrait en danger.

Mais il y a au moins une chose que je pouvais lui dire.

Nous parlâmes de peu de choses. D'habitude, il était du genre à meubler, à radoter pour qu'il n'y ait aucun silence. Mais ce soir, il se contentait de sourire, comme s'il voulait s'assurer que je le vois heureux.

Ca m'inquiéta. Beaucoup.

Je l'abandonnais. Depuis des mois, je l'abandonnais.

Je me souvins chez madame, quand je fuguais pour aller le voir, quand il le faisait aussi. Les punitions que l'on se prenait plus jeunes, mais il arrivait que ça nous amuse, car on savait que l'on allait recommencer. Les rires, les pleurs, les rêves de sortir des frontières, de s'échapper. On s'inventait des histoires où l'on développait des supers pouvoirs qui nous permettaient de réussir à nous enfuir.

Moi, j'avais rendu cette histoire réelle.

Pas lui.

Rien n'avait changé de sa situation.

Et rien ne changerait jamais.

Le voir ce soir fut pire encore que de ne pas l'avoir vu tout ce temps.

Jungkook remarqua mon trouble, puisqu'il me lança plusieurs coups d'oeil au cours de la soirée.

Le plus vieux assis à table reprenait encore Jimin sur des détails ; ôte tes coudes, mange plus doucement, sois plus poli, arrête de sourire comme un idiot. Je me contentais de serrer les poings. Réagir pouvait créer davantage de problèmes à Jimin, qui obéissait à chaque fois avec une gêne difficilement dissimulée de se faire reprendre devant Jungkook et moi.

A une énième remarque, je posai brusquement ma serviette sur la table, ce qui fit taire son maître. Un silence inquiétant prit place, que Jungkook brisa en parlant de la relation de son père avec le Culte. Sujet qui intéressait beaucoup l'homme. Je le remerciai intérieurement, tandis que Jimin me lançait un sourire qui se voulait rassurant.

Ce fut le repas le plus frustrant de mon existence.

Quand je repris Jimin dans mes bras, ce dernier me serra plus fort que d'habitude.

"Tae. Je t'aime." Murmura-t-il.

Je me figeai.

"En amitié, hein." S'amusa-t-il.

J'enfouis mon visage contre son cou pour masquer mes larmes. Jungkook avait tiré le maître de mon ami près de l'entrée pour nous laisser le temps de nous dire au revoir.

"Jimin, faut que j'te dise un truc."

Il laissa échapper un "mmh ?" si doux que j'en laissai une larme couler.

"Je t'aime aussi, pour commencer." Reniflai-je.

Il ricana doucement.

"Et je m'en vais."

Je le sentis se tendre. On se détacha lentement, et pour la première fois ce soir, je vis son visage s'éteindre.

"Où ?

-Je ne peux pas te dire où, ni quand, mais... Mais c'est peut-être définitif. Ou en tout cas ce sera assez long.

-Donc, on ne se reverra plus ?"

Je l'imaginais mourir sous l'effondrement des murs et je fixai un instant le plafond pour retenir mes larmes.

"Je s-sais pas."

Mon seul ami, que j'abandonnais, que j'avais déjà abandonné.

"...D'accord."

Quand je baissai le regard sur lui, je découvris un sourire éclatant.

"Amuse-toi bien là où tu vas !"

Je secouai la tête.

"Arrête de faire ça, s'il te plaît. Murmurai-je.

-Faire quoi ?" Feignit-il.

Je lui attrapai les épaules.

"De faire semblant d'être bête !"

Je retins ma respiration après mon exclamation, mais heureusement, j'entendis toujours les deux autres hommes discuter plus loin, signe que mon cri ne les avait pas atteints.

Jimin, lui, souriait toujours.

"Et alors quoi ? Je dois pleurer aussi ?"

J'écarquillai les yeux.

"Je dois m'apitoyer sur mon sort ? Je dois pleurer tous les jours en pensant que tu as réussi à te libérer, et pas moi ?"

Mon cœur cessa de battre.

"Je ne t'en veux pas pour ça, je précise. Mais si je pleure, Tae, je n'arrêterai plus de pleurer par la suite."

Il haussa les épaules.

"Mais t'inquiète pas, maintenant que tu m'as dit que tu partais, je vais tester mon idée pour me libérer.

-Quoi ?! Qu'est-ce que-

-T'inquiète, ce n'est rien de grave. Si j'y arrive, tu le sauras."

Il me sourit davantage.

"Fais-moi confiance."

Je ne savais pas ce qu'il avait en tête, mais son regard bourré d'innocence me fit comprendre qu'il voulait juste me rassurer, ou me faire rire, alors je secouai la tête en essuyant mes larmes.

"Je t'abandonne, pas vrai ?

-Non, tu te sauves. J'aurais fait pareil dans ton cas.

-Et si je t'emmenais ?

-Mon maître me surveille sans cesse. Il saura en quelques minutes si je disparais, et ton plan de partir avec Jungkook tomberait à l'eau bien trop vite."

Cette phrase signifiait qu'il avait compris que nous ne partirons pas ; nous nous enfuirons. Et sa lucidité, encore, me fit mal à l'idée qu'il la renie sans cesse.

"Alors peut-être à bientôt. Même dans un autre monde. Sourit-il.

-Jimin..."

Je collai mon front contre son épaule. Il embrassa mes cheveux et caressa ma nuque.

Quand il s'en alla, et que la porte fut close, j'explosai en sanglots. Jungkook s'approcha doucement de moi.

"Je ne pensais pas que cette soirée serait une si mauvaise idée." Souffla-t-il.

Je me précipitai dans ses bras et il me laissa déverser ma tristesse et ma rage contre sa chemise. Il embrassa le haut de ma tête à plusieurs reprises, jusqu'à ce que je me calme, et qu'il puisse m'emmener sur le sofa pour que je me repose. J'avais encore des secousses. Il n'alluma pas la télévision.

"J-Je l'abandonne.

-Tu n'es pas responsable de ce qui arrive aux humains enfermés entre ces murs."

Je reniflai et me blottis davantage contre lui. J'étais allongé dans une position similaire à celle d'hier dans la voiture.

"Mais je vais les s-sauver.

-J'en suis sûr, Tae."

Il s'approcha de mon oreille.

"Les dieux t'ont choisi..."

J'eus un nouveau sanglot, qu'il calma d'une caresse contre mon dos.






"...Ils t'ont choisi pour sauver mon espèce et la tienne de l'ignorance et de la haine."











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Ce chapitre est assez transitionnel, il en fallait bien un après toutes les choses qui se sont passées ces derniers temps dans l'histoire ! :c

J'espère sincèrement qu'il vous a plu quand même, la petite visite de Jimin semble rapide mais c'est voulu. J'avais besoin de ce chapitre pour dissiper quelques informations par-ci par-là ^^ La grosse révélation approche cependant ;)


Je n'ai pas grand chose à ajouter, je suis épuisée par l'écriture en ce moment, la réécriture de Suprématie est un travail gigantesque, surtout moralement. Je vous dis à dimanche prochain pour la suite, prenez grand soin de vous les amis ♥

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