Chapitre 48

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Bonsoir les amis ! ^-^

Chapitre que j'adore encore. Je suis amoureuse de ce tome 3 je vous assure T-T


Bonne lecture ~ ♥


********************************


"Tout d'abord, j'ai... J'ai une question à te poser."

J'étais attablé avec Jungkook, tous deux face à mes parents. Depuis bien trente secondes, on se regardait dans le blanc des yeux, perdus, sans trop savoir qui devait commencer et surtout commencer par quoi.

Mon père fixait la table, les mains jointes, l'air grave.

Ma mère, elle, c'était moi qu'elle dévisageait.

"Je t'écoute." Soufflai-je.

Elle déglutit. Elle avait un nouveau mouchoir chiffonné dans la main.

"...Ta soeur."

Silence.

"Est-ce que... Est-ce que t-tu sais où est ta soeur ?"

Je me pinçai les lèvres. Jungkook me regardait en coin, mais il restait muet. Je baissai la tête car voir la déception dans les yeux de ma mère à mesure que le silence lui répondait me faisait bien trop mal.

"...On m'a dit qu'elle était décédée. Je s-suis désolé."

Immédiatement, elle plaqua le mouchoir contre son nez et sa bouche, puis ferma les yeux. Je la vis retenir un sanglot. Mon père resta de marbre.

"Comment le sais-tu... ? Murmura-t-elle difficilement après s'être calmée.

-Un soldat infiltré, qui voulait me sauver, me l'a dit.

-Il n'a pas réussi à te sauver ?

-C'est... C'est compliqué.

-J'ai tout mon temps."

Jungkook posa une main discrète sur ma cuisse.

Nous avions décidé de dire la vérité. La raison en était simple : que la guerre explose ou non dans les prochains mois, les humains seraient bientôt mis au courant de ce qui se trouvait en Atlantide. Le monde entier le saura, puisque Jin comptait bientôt attaquer.

Leur mentir ne servait plus à rien. Ils apprendraient la vérité bien assez tôt.

"Ce q-que je vais te dire va te sembler irréaliste, maman. Mais promets-moi de me croire.

-Mon chéri, après treize ans de disparition je ne peux que croire ce que tu t'apprêtes à me dire.

-Ne parlez pas trop vite." Murmura Jungkook.

Je le regardai. Il avait les sourcils froncés. Il devait encore mieux savoir que moi à quel point les humains allaient avoir du mal à accepter la vérité.

Je pris une grande inspiration, tandis que ma mère me scrutait avec une profonde curiosité.

"...Derrière les frontières, il y a des... Il y a des vampires."

Stoïque. Figée. Elle ne bougea pas le pouce.

"Je... Je n'en suis pas surpris parce que je vis avec eux d-depuis mes sept ans. Je sais que pour ton monde, les vampires sont une légende. Mais la légende est née de la vérité, maman. Ils ont... Ils ont toujours cohabité avec nous."

Ses yeux jonglèrent dans les miens.

"T-Taehyung, mon chéri, tu veux dire que ce sont des gens qui font du trafic de... De sang ? C'est dans ce sens-là que tu les appelles des vamp-

-Non, maman. Ce sont des vampires. Ils boivent le sang, ils ont d-des canines, ils sont surpuissants, leurs yeux changent de couleur... Exactement comme les humains le décrivent."

Au mot "humains", elle tiqua.

Ce fut à ce moment précis qu'un sourire incrédule et effrayé prit place sur son visage.

"Mon coeur je sais que tu as vécu des choses terribles mais ne m'épargne pas, d'accord ? Dis-moi la vérité. Je peux entendre la vérité.

-Il dit la vérité."

Non, ce n'était pas Jungkook qui avait prononcé ces mots.

C'était mon père.

J'écarquillai les yeux. Il fixait toujours le bois du meuble, l'expression interdite. Jungkook lui-même le dévisageait avec grande surprise.

"Quoi... ? M-Mais...

-Il dit la vérité, Yeonji." Souffla-t-il.

Je déglutis, dans l'incompréhension la plus totale. Mon père se passa une main sur le visage. Il transpirait, je pouvais le voir à ses tempes. Quand il plongea ses yeux dans les miens, j'y vis de la peur, beaucoup de peur, mais aussi de la complicité.

Il me croyait.

"Taehyung, je ne pense pas que tu te souviennes de ma profession.

-N-Non..."

La terreur grandissait dans mon ventre. J'attrapai la main de Jungkook sur ma cuisse.

"Je suis officier de police. J'ai commencé en bas de l'échelle, quand j'étais tout jeune. Aujourd'hui j'ai un poste qui me permet d'être sur le terrain."

Ma mère pivota vers lui, inquiète. Il serra les dents et baissa de nouveau les yeux.

"Un jour, il y a de cela cinq ou six ans, j'ai dirigé une opération. C'était l'opération la plus étrange de ma carrière."

Nous étions pendus à ses lèvres. Il se remit bien droit sur sa chaise.

"On m'a confié une cinquantaine d'hommes, seulement pour capturer un soit-disant fugitif de l'Atlantide. L'armée ne pouvait pas intervenir en ville, ça aurait été trop suspect, sûrement. J'ai trouvé cela étrange de devoir capturer cet homme plutôt que de l'accueillir, l'aider. Non, le mot qu'on m'a répété était "capturé''. Je devais l'attraper.

-Hanbul... Murmura ma mère.

-Je m'étais demandé pourquoi on me donnait cinquante hommes. Cinquante hommes pour un seul. Ça n'avait pas de sens, mais je ne me suis pas posé plus de questions. Le fugitif se cachait apparemment dans une forêt. On l'a trouvé, il s'enfuyait en boitant, il pleurait, il avait l'air coupable et victime à la fois. Je n'ai pas réfléchi. On l'a mis dans le fourgon, mais il n'avait rien de dangereux. Cinquante hommes pour un seul homme, un homme sans défense. Je ne comprenais pas."

Il fixa ses mains liées.

"Je suis allé déposer mon rapport au soir, à mon plus grand chef. Dans son bureau, j'ai surpris un dirigeant de l'armée. Je ne m'y connais pas trop, je suis de la police, pas de l'armée, mais il semblait haut placé. J'ai donné mon rapport et il semblait très intéressé par ce que je disais. Mon chef m'a congédié. Mais... Je suis resté près du bureau."

Il sembla avoir un frisson de souvenir.

"J'ai entendu une conversation." Fit-il sombrement, ses yeux de nouveau dans les miens.

Il secoua la tête.

"Ils parlaient du fait que ce n'était pas "un des leurs". Ils disaient des choses étranges. Ils parlaient de lui en tant qu'humain. Ils employaient le mot "humain" pour le qualifier, et pas le mot "homme". J'étais confus, caché près de la porte que j'avais volontairement laissée entrouverte. Et puis ils l'ont dit."

Je fronçai les sourcils.

"Ils ont dit que c'était tant mieux si ce n'était pas un putain de vampire."

Mon souffle se coupa.

"Ils ont dit le mot. Ils ont dit vampire. J'ai cru à une blague, sauf qu'ils avaient l'air très sérieux, et surtout, ils pensaient être seuls. Alors à qui feraient-ils cette blague ?"

Puis il se tourna vers ma mère.

"C'est quelques jours plus tard que nous avons eu cette grosse dispute. Celle durant laquelle je t'ai dit que je ne voulais plus payer la taxe.

-Quoi... ?

-Je me disais... J'ai pensé... Que c'était terminé. Pour Taehyung autant que pour sa soeur."

Mon coeur tambourinait à m'en faire mal.

"Je me suis dit que si sa soeur était morte, Taehyung aussi. J'ai ruminé de longs jours, j'ai vécu avec cette foutue conversation dans le crâne et je n'avais qu'une certitude : si Taehyung avait été capturé par des vampires, il était probablement mort lui aussi."

Ma mère lui attrapa l'épaule.

"Pourquoi ?! Pourquoi ne pas m'en avoir parlé ?!

-M'aurais-tu cru ? Dis-moi la vérité."

Elle tremblait. Ses yeux se perdirent sur le sol.

"Tu n'aurais jamais cru un mot de ce que je racontais. Et je ne voulais pas que tu souffres davantage. Savoir que tes enfants étaient probablement tous les deux morts était suffisant. Je ne voulais pas t'accabler encore plus, je ne voulais pas que tu t'imagines toutes les atrocités qu'ils puissent vivre aux côtés de monstres sanguinaires."

Jungkook se tendit après la qualification. Je pressai sa main.

"Taehyung, c'est vrai, tout ça... ? Ce sont des vampires ?" Me demanda mon père.

Je hochai lentement la tête, les lèvres pincées et les larmes au bord des yeux.

Il acquiesça, l'air inquiet mais aussi soulagé, comme soulagé de cette probable torture mentale qu'il subissait depuis des années. Savoir si c'était vrai ou non.

"Et vous en êtes un, pas vrai ?" Demanda-t-il cette fois en regardant Jungkook.

Ce dernier serra les dents, puis hocha légèrement la tête.

"Mon dieu, non, non non non..."

Ma mère se redressa et se prit la tête dans les mains. Elle rit quelques secondes, probablement de nervosité.

"J'en ai imaginé, des choses, m-mais rien d'aussi terrible... Oh, mon dieu, Taehyung-

-Je n'ai pas tant souffert. On ne me faisait rien de physique.

-Dis-moi ce qu'on t'a fait ! Pourquoi te gardaient-ils ?! P-Pourquoi ils- Oh, seigneur, ils buvaient ton sang ? T-Taehyung on te prenait ton-"

Elle se coupa en me voyant opiner à mon tour. Ses yeux s'exorbitèrent.

"Oh mon Dieu..." Répéta-t-elle.

Mon père se leva et l'accueillit dans ses bras. Je reniflai face à cette vision bouleversante, tandis que Jungkook glissait une main sur ma nuque pour la masser. Je clos les paupières.

"Taehyung, j'ai besoin de savoir... S'étrangla ma mère.

-Tu veux que je t'explique tout ?

-Tout. Je veux tout savoir de ce qu'on t'a fait."

Je ne compris pas entièrement cette volonté sur l'instant, mais je crois que les volontés d'une mère étaient impénétrables.

Elle voulait y être avec moi, souffrir avec moi, peut-être pour partager ma douleur en deux.

Ce soir-là, je me confiai pour la première fois.

Je leur racontai tout. La vente. Madame. La poche. L'esclavagisme. Le mépris envers les humains. Ma chambre. Les livres.

Mon père se décomposait. Ma mère sanglotait et se retenait difficilement à chaque étape de mon récit.

Et puis je repris toute l'histoire, en incluant Jungkook.

Cette fois, mes parents furent médusés.

Leur expliquer le lien me prit une heure entière. Je crus que c'était trop, de le faire. D'aller jusque-là. Mais une révélation en entraînait une autre. Ils passaient de mon regard à celui de Jungkook, qui ne commentait que très peu, et restait surtout muet.

Jungkook se leva, se concentra, et leur montra ses yeux vermillons. Puis je pris sa main et, nos iris attachés, nous fîmes apparaître l'or.

La dernière heure, le silence régnait, seule ma voix fatiguée le brisait.

Ma mère n'était plus que choc, mais mutisme. Mon père semblait bien plus curieux, et bien plus réceptif. Ils avaient inversé leurs rôles.

J'avais conscience que cela faisait beaucoup pour une soirée, mais je ne voulais les voir souffrir qu'une seule fois. Alors je contai la totalité de ma vie ces treize dernières années.

Mais avoir fini avec mon histoire avec Jungkook fut une bonne idée, car après l'immense choc dans leurs yeux, je crus voir des étincelles de tendresse et, surtout, de soulagement.

A la fin de la soirée, mes deux parents regardaient Jungkook avec une profonde reconnaissance.

"...Je crois que... Je crois que j'ai enfin fini." Soufflai-je.

Mon père fut le premier à se lever. Jungkook et moi étions encore debouts. Il s'approcha de nous.

Mais ce fut mon vampire qui eut le droit à une étreinte.

"Merci." Murmura-t-il.

Jungkook me fixa avec choc. Je me pinçai les lèvres, bien plus qu'ému cette fois. Il eut du mal à rendre l'accolade chaleureuse. Puis mon père me prit enfin dans ses bras.

"Je suis désolé d'avoir voulu abandonner... Pardonne-moi, Taehyung...

-Je comprends, papa."

Ce mot fut bizarre en bouche. Mais il me fit du bien, aussi.

Quand il recula, il essuya enfin une larme.

"Aujourd'hui est le plus beau jour de ma vie." Me confia-t-il.

C'est ce qui me fit pleurer une énième fois.

Ma mère, encore sous le choc, restait bien assise, les yeux perdus. Je la rejoignis à pas de loup, de peur de la brusquer, voire de lui faire peur.

Je tirai doucement la chaise à ses côtés, et quand je m'y installai, mon père emmena Jungkook dans le jardin.

Elle renifla et me lança un sourire forcé.

"Ça va, t'en fais pas, c'est juste- juste surprenant.

-Tu as le droit d'être choquée. Même terrifiée.

-C'est juste... C'est juste que..."

Ses larmes revinrent. Elle plissa les lèvres en les chassant de ses pouces. Ses mains tremblaient.

"J'imagine m-mon petit garçon, terrorisé, à qui o-on a pris le sang... Tu devais te demander où j'étais, pourquoi je ne venais p-pas te chercher..."

J'essuyai mes joues, puis les siennes. Elle se laissa faire mais à la seconde même où je séchai une larme, une autre naissait. Je souris tristement.

Plus je la regardais, et plus je comprenais d'où venaient mes traits.

"Maman, je ne vais pas te mentir, je ne me souviens plus vraiment. Le choc a sûrement altéré ma mémoire... Je- Je vous ai oublié, fut un temps. Je suis désol-

-Non, ça m'arrange. Nous attendre aurait été pire."

Elle prit mes mains dans les siennes.

"Les vampires existent ? Répéta-t-elle encore.

-Oui, ils existent. Mais... Ce sont des humains, comme nous. Pour certains, ils sont gentils."

Je lui avais expliqué durant mon monologue l'histoire des vampires, la traite, le Culte, leurs idéaux. Je ne voulais cependant pas qu'elle pense à ce peuple comme à des démons. Tous ne l'étaient pas.

"Mais s-si une guerre éclate... Que doit-on faire ?

-Jungkook et moi sommes là pour l'empêcher, ou pour la terminer à sa source.

-A c-cause du... Lien ?

-Grâce au Lien, maman."

Elle fit jongler ses yeux dans les miens.

"Et moi ? J'ai un lien avec quelqu'un ? Avec u-un vampire ?

-Oui. On en a tous un. Mais il est très rare de le rencontrer.

-Pourtant tu m'as parlé de ce Jin... Ce Namjoon, ce Yoongi... Ce n'est pas si rare, alors ?

-Non, justement, en fait... Ils se sont réunis pour cette raison, tu comprends ? Ils se sont trouvés et se sont réunis pour former le Culte, pour devenir des dirigeants, parce qu'ils sont plus forts grâce au Lien.

-Je... Je ne peux pas trouver le vampire qui m'est lié ?"

Cette question me posa une colle. Je crois qu'il était normal de s'interroger là-dessus, j'oubliais trop souvent la chance invraisemblable que j'avais d'avoir trouvé Jungkook.

"Difficile à dire... Il te faudrait une chance extraordinaire, je crois.

-Mon chéri, tu sais, si tes dieux existent, si tout cela est vrai... Si le Lien est si rare que tu le dis, si Jungkook est si bon... Peut-être que ce sont vos dieux, non ?

-De quoi... ?" Soufflai-je.

Elle sourit.

"Peut-être que ce sont vos dieux qui ont fait en sorte de vous réunir pour agir ensemble ?"

Le silence qui suivit fut long. J'entrouvris les lèvres, médusé, en la dévisageant sans la voir.

"Bon, et si on mangeait tous ensemble pour fêter le retour de Taehyung, hein Yeonji ? On va pas passer la soirée à pleurer !" Intervint mon père.

Je sursautai et levai la tête vers les deux revenants du jardin.

Et je fus d'autant plus étonné de voir mon père tapoter amicalement l'épaule d'un Jungkook au sourire timide et drôlement reconnaissant.

**

"Tu crois qu'elle a raison ?" Chuchotai-je.

Jungkook, face à moi sur le matelas blanc, plaça une main sous sa joue.

"J'en sais rien. Je ne me suis jamais demandé si ça avait un sens. Le Lien a un sens, certes, mais je me suis toujours dit que le fait que l'on se trouve était une coïncidence.

-Mais pourtant on s'est trouvés à l'exact moment où il le fallait." Répondis-je dans un souffle.

Je continuai de caresser son torse nu, distrait mais concentré.

"C'est-à-dire ? Pour la guerre ?

-Oui.

-Pourquoi ne pas avoir fait se trouver des gens de l'extérieur ? Ça aurait été plus pratique. Ou alors deux adultes déjà conscients ? Pourquoi deux enfants ?

-Parce que c'était toi qu'ils voulaient."

Jungkook fronça les sourcils.

"Les dieux. Ils voulaient quelqu'un d'assez bon pour arrêter cette guerre. Ils voulaient des liés qui n'utiliseraient par leur lien à mauvais escient.

-Ils ne t'auraient jamais fait souffrir comme ils l'ont fait.

-Ce n'est pas eux qui m'ont fait souffrir, c'est ta mère, c'est les autres. Ils n'ont rien à voir avec le choix des humains, après tout, ils ont leur libre-arbitre-

-Non, ça, c'est chez les chrétiens, surtout. Mes dieux ne sont pas aussi cruels. Ils savent injecter le bon.

-Tu n'aimes pas le Dieu chrétien ?

-Je le trouve injuste. Pourquoi continuer de créer des Hommes qui se feront du mal ?

-Justement, j'avais lu que c'était parce que les humains devaient bien se servir de leur libre-arbitre.

-C'est horriblement cruel. Des humains souffriront éternellement de ceux qui utilisent mal leur libre-arbitre. Leur Dieu devrait le savoir. Et donc quoi ? Il se dit que c'est pas sa faute qu'un enfant meurt, que c'est à cause du libre-arbitre des autres humains qu'il a lui-même créé ?

-Et tes dieux à toi, alors ? Pourquoi n'arrêtent-ils pas cette guerre ?"

Silence.

"Ils le font en t'ayant amené à moi.

-Trop facile comme réponse. Qu'ils injectent du bon en Jin et ce sera fini. Souris-je, car je l'avais coincé.

-...Saleté d'humain." Grogna-t-il en me chevauchant.

Je ris en silence tandis qu'il mordillait ma gorge.

"Tae..."

Je frémis.

"P-Pas ici, Kook..."

Le surnom que j'employai me surprit. Je me pinçai les lèvres, sans voir sa réaction. Il garda le silence quelques secondes.

"Je veux seulement boire, rien de plus.

-Non, je... Je me disais..."

Il se redressa pour me regarder dans la pénombre de la pièce.

"Quoi ? Sourit-il, comme s'il se doutait de la suite.

-On pourrait... Hum..."

Je rougis. Il s'approcha davantage.

"Quoi... ?" Répéta-t-il plus bas, tout contre mes lèvres.

Mes joues rosirent davantage.

"Avant de partir en voyage... On pourrait... On pourrait passer une dernière nuit dans l'hôtel..."

Il sourit malicieusement.

"Tu as raison, surtout que je ne sais pas quand sera notre prochaine nuit d'intimité quand on partira. Mais je pensais que l'exhibitionnisme ne te déplaisait p-

-Jungkook !"

Il m'embrassa.

"Tu vas réveiller tes parents. S'amusa-t-il.

-La faute à qui ?

-Tes fantasmes.

-Mes... ! Pardon ?!"

Il ricana.

"Tu crois que je ne sais pas pourquoi tu veux que je te baise ?"

Un long frisson me parcourut après ses mots vulgaires. Il glissa ses lèvres près de mon oreille.

"Tu crois que je ne peux pas sentir que ce que je t'ai dit, à propos d'être brusque, te travaille ?

-C'est f-faux ! Et puis je pensais que tu n'étais pas prêt !"

Il revint face à moi, l'air plus sérieux.

"Ce n'est pas que je ne le suis pas. Mais que j'ai peur de te blesser."

Je glissai une main sur sa joue.

"Si tu me fais mal, je ne t'en tiendrais pas rigueur. Je veux qu'on essaie. Mon... Mon instinct me donne envie d'essayer."

Une étincelle passa dans ses yeux.

"...Bien."

Oh, mon Dieu, mon estomac venait de se retourner sur lui-même.

"Tu as jusqu'à demain soir pour y réfléchir, de toute manière. Si au dernier moment tu ne veux plus, on ne le fera pas, en tout cas pas avec moi dans cet état."

Je fis fonctionner le peu d'abdominaux que je possédais pour me surélever un court instant et embrasser sa joue. Quand je retombai sur le matelas, il me suivit, et ce soir, pour la première fois, le creux de mon cou fut l'endroit où il passa la nuit.

**

Passer du temps avec mes parents fut étrange.

Jungkook et moi sommes descendus vers dix heures du matin. Ma mère était apprêtée, déjà en pleine forme, et un énorme petit-déjeuner nous attendait à table.

Elle m'avait serré dans ses bras comme pour s'assurer que ce n'était pas un rêve. Puis Jungkook avait eu droit à une étreinte également, et j'adorais cette expression gênée sur son visage, ça le rendait drôlement enfantin.

On s'était installés tous ensemble, mon vampire et moi vêtus des pyjamas de mon père, à manger des pâtisseries, à boire des bols de chocolat, de lait, et même des choses que ma mère avait cuisiné d'elle-même.

Aujourd'hui était un nouveau jour et j'avais du mal à réaliser que j'étais... Chez mes parents.

J'avais pensé à dire "chez moi".

Mais quand ma mère porta son attention sur Jungkook, je jetai un regard sur le salon.

Ce n'était pas chez moi. Ça ne l'était plus.

Elle m'avait surpris, moi et mes yeux soudain mélancoliques, peinés, mais elle avait fait comme si elle n'avait rien vu. Je crois qu'elle se doutait de mon départ mais qu'elle évitait volontairement le sujet.

La journée que je passai fut l'une des plus douces de l'ensemble de mes jours sur Terre.

Après m'être douché, ma mère m'a dit que mon père rentrerait vers quatorze heures, qu'il avait informé son travail de son départ anticipé, sans évidemment en donner la raison. En rentrant, il a semblé aussi embarrassé que je l'étais, parce qu'il était étrange d'aimer un parfait inconnu.

Ils avaient aimé le Taehyung de sept ans.

Et même s'ils aimaient le Taehyung de vingt ans, ils ne le connaissaient pas.

Je les avais aimé tous deux quand j'étais un enfant.

Et même si je les aimais en les redécouvrant, je ne les connaissais pas.

C'était une sorte de douceur pudique. Un amour contenu.

Quand mon père s'installa sur le sofa, tout le monde le rejoignit, et il leva les yeux au ciel quand ma mère sortit d'un vieux meuble quelques albums photos.

"Il ne retiendra pas tous les prénoms, tu sais...

-Peu importe. Il faut au moins que tu les connaisses, pas vrai ?" Me sourit ma mère.

C'est à ce moment-là que j'ai compris qu'elle savait.

Elle savait que j'allais repartir. Peut-être que mon père aussi. Mais personne ne le mentionna. Les heures passèrent, les photos défilèrent, je ne retins que quelques noms, découvrant des tantes, des cousins, des cousines, des grands-parents décédés, un seul encore en vie.

Et ma sœur.

Plus âgée que moi sur les photos. Elle me ressemblait. Elle portait un grand sourire, un petit front et un nez retroussé. Ses cheveux étaient coupés en un carré net. Elle avait souvent une robe jaune que ma mère me précisa être sa préférée. Je la vis grandir à travers ses photos, jusqu'à la dernière.

Kim Haeri. Ma grande sœur.

Jungkook l'avait dévisagée pour s'assurer ne pas la connaître. Lorsqu'il avait secoué la tête, ma mère avait fondu en larmes, à nouveau. Mon père avait posé une main sur la photo.

Selon les dires, elle était morte sous les ruines lors de la première attaque de l'armée coréenne, tandis que j'avais été capturé. Sa mort a été répertoriée, il n'y avait aucun doute.

Ma mère avait voulu appeler ma famille pour qu'ils viennent, pour qu'ils me voient... Mais je jetai un oeil à l'horloge. Dix-huit heures trente quatre. Un coup d'œil échangé avec Jungkook, et je sus que si je restais une minute de plus, partir me serait plus déchirant encore.

"Non... Murmura ma mère en me voyant lentement me lever.

-Maman."

Mon père se redressa à son tour, l'expression paniquée. Jungkook se glissa derrière moi et sa main sur ma taille me donna du courage.

"Je t'ai tout raconté. Tu sais à quel point il est indispensable que je tente tout ce que je peux tenter.

-M-Mais..."

Je m'approchai d'elle. Elle clôt les paupières lorsque je pris ses mains.

"Je reviendrai.

-Quand ?"

Je regardai rapidement Jungkook. Il assistait à la scène, avec ce même mutisme respectueux que depuis que nous étions arrivés.

"Je ne sais pas. Mais je reviendrai.

-Yeonji, notre fils a des supers pouvoirs, ça ira pour lui." Sourit tristement mon père.

J'émis un léger rire avant d'essuyer mes yeux.

"Plus sérieusement, Taehyung."

Je regardai l'homme de qui je tirai beaucoup de mes traits aussi. Il posa une main sur mon épaule, l'autre entoura celles de ma mère.

"Tu es notre fils, tu dois nous revenir. Mais tu es aussi, de ce que je comprends, le seul espoir pour sauver ce monde. Alors si nous avons créé un héros, qu'il sauve la Terre."

Inutile d'essuyer mes joues cette fois tant elles furent inondées.

"Papa... Merci.

-Il a raison." Tenta ma mère.

Son éternel mouchoir épongea le coin de ses yeux.

"J'ai toujours du mal avec cette histoire de vampires, mais... Mais je te fais confiance. La première chose q-que j'ai pensé, quand je t'ai vu sur le pas de la porte, était que tu semblais en mission."

Je souris timidement.

"Alors vas-y. Mais si tu ne nous reviens pas, je t'en voudrais, Taehyung.

-Je comprends. Je reviendrai.

-Et toi aussi, reviens-nous." Fit mon père vers Jungkook.

Ce dernier hocha la tête en regardant le sol, les mains jointes devant lui, toujours aussi embarrassé.

Après tout, la tendresse paternelle n'était pas quelque chose qui lui était familier. Cette constatation fit s'emballer mon coeur.

Ma mère soupira, puis nous regarda une dernière fois, à tour de rôle.

"Tous les deux, je veux vous revoir sur le pas de cette fichue maison."

Une dernière étreinte chacun, des signes au bout de la rue, et je détournai enfin le regard lorsque je vis ma mère fondre en larmes dans les bras de mon père, au loin, devant la porte de ce qui fut un jour mon foyer.

**

Mes pieds frappaient le béton avec une régularité monotone. Les bruits de la ville ne les couvraient pas dans la mesure où je ne voyais qu'eux, donc je n'écoutais qu'eux. C'était une manière de me concentrer, je crois, pour faire abstraction.

Abstraction de la douleur.

J'avais beau dire que je ne connaissais pas ces gens, il ne m'avait fallu qu'une soirée et qu'une journée pour les aimer inconditionnellement.

Je ne croyais pas en la force du sang, ce n'était pas cela. Jungkook n'aimait probablement pas ses parents comme moi, et pourtant il les avait toujours côtoyés. Non, ce n'était pas une question de lien.

C'était seulement leurs actes. Les souvenirs de mon enfance, et le pur amour que leurs yeux m'ont renvoyé en l'espace de quelques heures. Je n'avais jamais vu personne me regarder ainsi.

Bien sûr, à part lui. Pas de la même façon. Pas avec le même sentiment. Jungkook ne m'envoyait pas des yeux d'amour. Mais l'amour résidait dans ses yeux inquiets, concentrés pour me comprendre, dans ses yeux parfois gourmands, parfois apaisés, parfois apaisants.

Je ne doutais pas de l'intensité de ce qu'il ressentait. Il le montrait juste avec bien plus de déclinaisons que mes parents. Bien plus de catégories. Il pourrait les réunir en une, comme le font ma mère et mon père quand leurs regards n'expriment qu'une infinie tendresse.

Mais Jungkook était fait de complications.

C'est ce qui, je crois, le rendait si beau.

"Tu regrettes ?"

Sa voix s'infiltra en moi comme une mélodie enchanteresse. Je m'en sentis immédiatement détendu.

Je levai des iris envoûtés sur lui, par lui. Il haussa un sourcil de surprise mais ne fit aucun commentaire. L'instant suivant, nos mains se joignirent, et il pressa mes doigts presque aussi fort que moi.

"Non. Pas le moins du monde."

On ne parla plus, en route vers l'hôtel qui ne se trouvait plus bien loin.

Mais deux passants attirèrent mon attention. Deux jeunes filles d'une quinzaine d'années, habillées avec bien plus de couleurs que les autres, des couronnes et du maquillage, en train de courir en riant. Peu de temps après, un groupe d'étudiants les talonnèrent, tout aussi festifs. Intrigué, je les suivis du regard, et bientôt, une mère et sa fille passèrent devant nous, la petite étant vêtue d'une robe jonchée de plumes.

"Qu'est-ce qui se passe ?

-Sûrement une fête. Ou un carnaval.

-Un carnaval... ? C'est quoi ?

-A la base ça a une connotation religieuse, mais c'est surtout devenu un divertissement pour tous. On s'habille de couleur, on met des masques, on danse, il y a des défilés, des chars, des-

-On peut aller voir ?!"

Je le fixai, les yeux brillants d'espoir. Il s'arrêta pour me dévisager.

"Si tu veux." Répondit-il presque immédiatement.

Je souris et le tirai à ma suite en suivant les gens colorés. La petite fille entendit des pas non loin d'elle puisqu'elle se tourna vers moi. Elle me fit un grand sourire sans cesser de trottiner, et je le lui rendis. Ravie, elle se mit à crier et à courir plus vite pour rattraper les pas de sa mère, brandissant une sorte de baguette magique en plastique.

Au détour d'une rue étroite, après quelques pas précipités, je m'arrêtai net, les yeux écarquillés.

En plein coeur de ce qui devait être le centre-ville, les rues étaient noires de monde. On riait, on mangeait, on s'amusait, on dansait, de la musique était jouée par des jeunes, des vieux, tous avec un instrument différent, sans accord entre eux, et pourtant c'était drôlement agréable.

Jungkook me fit le lâcher pour attraper mon poignet. Je le laissai faire, comprenant sans peine qu'il s'inquiétait quand le monde nous entourait. Ses doigts serrèrent leur prise mais je ne m'en formalisai pas. Je marchai, et il restait à ma suite, sans rompre le contact.

"C'est beau... !" M'exclamai-je.

Ca me rappelait la fête, en Ancienne Busan, mais ici c'était... Bien plus grandiose, avec bien plus de monde et d'espace. Des inconnus me souriaient quand ils me croisaient, chose qui ne m'était jamais arrivée avant. Dans une ambiance visiblement commune, ce fut comme si nous nous connaissions tous.

Je vis même une personne qui ne semblait pas avoir de domicile au vu de ses vêtements et de sa maigreur se faire entraîner par des probables étudiants qui lui payèrent à manger.

Mais... Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas chaque jour ?

"Je ne comprends pas."

Jungkook suivit mon regard.

"La solidarité. Répondit-il.

-Pourquoi elle n'existe pas à chaque seconde ?

-Parce que demain matin, tous devront aller travailler.

-Seulement pour ça ?

-Non, c'est une chose qui crée ses conséquences directes. Ils iront travailler, donc ils seront tristes, de mauvaise humeur, monotones, les problèmes reviendront dans leurs esprits."

Je l'écoutai tout en laissant mon regard se déplacer sur chaque humain. Personne n'avait de visage qui ne souriait pas.

Mes yeux brillèrent, puis se floutèrent.

"Y a-t-il une solution... ? Soufflai-je.

-...Pas vraiment."

Je me pinçai les lèvres.

"Il faut que les gens travaillent pour que le monde fonctionne.

-N'y a-t-il pas un autre moyen de les faire travailler ?! N'y a-t-il pas un quelconque moyen de changer cet horrible système ?!

-Ils seront les premiers à s'en plaindre.

-Hein... ?"

Jungkook enfonça sa main libre dans sa poche.

"S'ils travaillaient moins, ou moins bien, ou moins intensément, ils attendront plus longtemps au restaurant quand ils commanderont. Ils n'auraient pas leurs commandes internet assez vite à leurs goûts. Ils ne pourraient pas se déplacer à leur guise en bus, en métro, en voiture. Le monde entier ralentirait, et tous les gens que tu vois là seraient les premiers à en faire des scandales infinis."

Mon regard se figea sur un homme âgé qui, assis sur un banc, fixait la foule avec un sourire bienveillant, une canne posée à ses côtés.

"Ils s'habitueraient. Fis-je alors.

-Tae, ils sont habitués à ce qu'ils ont. La seule manière de rendre heureux un humain est de lui donner plus. Si tu leur enlèves quelque chose ils vont le prendre comme une privation de leur liberté.

-Mais ils pourraient davantage faire la fête ! Etre heureux ! Aider les autres !

-Aider les autres ? Moins de travail signifierait moins de salaire, moins d'argent, les sans-abris en pâtiraient les premiers."

Je soufflai de frustration.

"Tu vois le négatif partout.

-Je ne vois que les conséquences réalistes, Tae."

Il m'attrapa le menton entre deux doigts pour m'incliner la tête vers la sienne. Mon amertume s'apaisa quand nos iris s'accrochèrent.

"Et toi tu es bien trop gentil.

-Non."

Je le fixai avec sérieux.

"J'ai été habitué à vivre comme je vis. Ne pas commander sur internet, je m'en fiche. Ne pas avoir ma commande en cinq minutes au restaurant, je m'en fiche. Ne pas prendre le bus, le métro ou une voiture, je m'en fiche."

Il pencha la tête sur le côté, surpris.

"Parce que je n'ai pas été appris comme ça. La solution, c'est les enfants."

Il haussa un sourcil cette fois.

"Tu veux les endoctriner ?" Murmura-t-il, abasourdi.

Je me pinçai les lèvres.

"Je n'aime pas ce mot, mais... Oui. Si on dit à un enfant qu'un vampire est un humain que l'on doit respecter, il enregistra cette idée et elle ne le quittera plus. Si on a du mal à dire à un humain qu'un vampire est un être respectable c'est parce qu'il a appris dans les livres ou les films que c'est dangereux. Si on lui dit dès le plus jeune âge que ça ne l'est pas, pourquoi le penserait-il un jour ?"

Jungkook resta silencieux un moment, puis, ses yeux jonglant dans les miens, il attrapa mes joues entre ses doigts et s'approcha de mon visage. Je glapis, la rougeur de mes pommettes devait se voir à plusieurs mètres.

"Depuis quand est-ce que tu as réponse à tout ?"

J'entrouvris les lèvres, les yeux figés sur les siennes.

"Je s-sais pas.

-Et depuis quand est-ce que tu me contredis autant ?" Murmura-t-il contre moi.

Je clos les paupières, le coeur emballé.

"Embrasse-moi...

-La politesse."

Son grognement me fit me tendre. Je rouvris les paupières et tombai dans son regard sombre.

Puis j'eus un petit sourire.

"...Non."

Il haussa les sourcils.

J'avais l'impression que seuls lui et moi étions sur Terre.

"Non ?

-N-Non.

-Ah ouais ?" Chuchota-t-il.

Lentement, j'attrapai ses mains et les fis descendre de mon visage pour qu'il me lâche. Il n'insista pas, mais ne recula pas.

Moi, cependant, je me mis à m'éloigner.

"Tae."

Je mordis mon propre sourire.

"Tu sais que tu ne peux pas m'échapper ? Même au bout du monde ?" Articula-t-il, le timbre dégringolant dans les graves les plus bas.

Je reculai encore.

"...Prouve-le." Lâchai-je.

Une étincelle de défi traversa son regard.

L'instant d'après, je me tournai, et me mis à courir dans la foule, un sourire bête aux lèvres.

"Pardon !" Fis-je en bousculant quelqu'un qui se mit à rire en manquant la chute.

Mon sourire s'agrandit, mes pieds foulaient le sol, le vent frappait mon visage et mes cheveux, tandis qu'en moi naissait la plus folle excitation de mon existence. Je me tournai rapidement ; il ne me suivait pas.

En tout cas pas de manière visible.

Je pouvais le sentir. Tout mon être pulsait vers lui, mais je ne le sentais pas s'éloigner. Il était là, tout près, il ne me lâchait pas d'une semelle et pourtant, j'avais beau me tourner et me retourner, je ne l'apercevais plus.

Un instant, près de la sortie de la fête, là où les lampadaires se faisaient plus rares et le monde absent, j'hésitai.

Mais, au loin, je reconnus une rue que l'on avait prise pour aller à l'hôtel, et m'élançai sans plus attendre. Je courus en riant comme un imbécile, allant parfois jusqu'à jeter un oeil sur les toits des commerces et des quelques bâtiments pour le chercher.

Introuvable.

Je ne croisai plus que quelques personnes qui me regardaient comme si j'étais dingue, à courir ainsi dans la nuit noire, mais, après tout, peut-être que je l'étais.

J'entrain dans l'hôtel en trombe et cessai de courir comme si je m'étais pris un mur. L'hôtesse d'accueil me dévisagea, confuse, et je me courbai devant elle, l'air d'un parfait idiot. Je gravis les marches quatre à quatre et saisis la clé de la chambre dans ma poche.

Le couloir se présenta à moi et je me précipitai tout au fond, là où nous logions temporairement, mais une fois la clé près de la serrure, le "ping" de l'ascenseur me glaça le sang.

Je restai médusé face à la porte.

Puis, des pas.

Lents, réguliers, vers moi.

Je pris une inspiration de panique mêlée à l'excitation intarissable, tandis que ma main tremblait tellement que j'avais du mal à enfoncer la clé dans la serrure.

"Le pire dans tout ça..."

Sa voix me fit presque gémir. Mes genoux tremblèrent. Il n'était plus loin. La clé ne voulait pas entrer.

"...C'est que j'ai tant d'idées que je ne sais pas par laquelle commencer.

-Oh, mon Dieu." Murmurai-je pour moi-même après ses mots.

Ma bouche entrouverte laissait échapper un souffle saccadé. Ses pas claquaient le sol avec force mais sans rapidité.

J'osai jeter un coup d'oeil par-dessus mon épaule.

Oh, bon sang.

Jungkook avait les deux mains dans ses cheveux, les tirant en arrière, la tête inclinée vers le haut, mais ses yeux droits sur moi.

Mon estomac se compressa sur lui-même quand je vis, pour ne rien arranger, ses yeux vermillons, puis dorés...

...Puis blancs.

Chaque couleur succédait à une autre. Rouge, or, immaculé. Sans cesse. Plus il s'approchait et plus je distinguais des veines sur ses joues, ses tempes, sa gorge, apparaître et disparaître, signe qu'il luttait, mais qu'il était sur le point de tout lâcher.

"Ah, putain..." Soupira-t-il avant de serrer les dents, comme s'il prenait déjà un certain plaisir à la situation, à son changement physique.

Il ôta son pull, ne laissant qu'un t-shirt à manches courtes le recouvrir, et je déglutis lorsque ses muscles habituellement prononcés me parurent bien plus volumineux encore.

J'émis un son de pure panique en le voyant soudain accélérer le pas et, miracle, la porte s'ouvrit. Je déboulai à l'intérieur et manquai de tomber lourdement au sol. Je me précipitai sur la porte pour tenter de la fermer en riant de nouveau de nervosité et d'amusement, mais il plaqua sa main sur le bois et je tombai sur les fesses en reculant vivement. Mon rire mourut, mon sourire mit plus de temps à disparaître.

J'étais absolument extatique.

Jungkook n'était éclairé que par la lumière du couloir de l'hôtel, dans son dos, donc son visage m'était absolument invisible à cause du contre-jour.

Puis la porte se fit claquer. Le silence envahit la pièce et tous mes sens s'éveillèrent.

Je me redressai avec une lenteur inhumaine, comme si j'essayais d'échapper à une bête aveugle, mais pas sourde.

Je réussis à me remettre debout, bien droit, et voulus reculer puisqu'il était censé être devant moi.

Mais mon dos heurta un corps et je criai, brisant le silence délicieusement pesant. Je voulus m'échapper en m'élançant vers l'avant mais deux mains monstrueusement puissantes me saisirent les épaules pour me ramener en arrière. Une nouvelle exclamation m'échappa, puis le silence revint, et je n'osai plus bouger le pouce.

Je sentais tout.

Son torse ferme et dénudé contre mes vêtements, ses mains dures sur mes frêles épaules, et, soudain, son souffle chaud contre mon oreille gauche. Je tremblai, incapable de maîtriser mon état.

"Si je te fais mal et que je n'arrive pas à m'arrêter, tue-moi."

J'écarquillai les yeux dans le noir en entendant cette voix... Dédoublée. Deux voix en une.

Oh, mon Dieu.

"C'est trop tard, Tae... C'est... Trop..."

Silence.

Je me figeai.

"...J-Jungkook ?"

Sa respiration se calma.

"Jungkook, tu- tu es là ?"

Je sentais son torse se relever et s'abaisser contre mon dos avec une régularité effrayante.

"J-Jungk-"

Ma voix fut coupée dans un étranglement étouffé.







...Car une main sur ma gorge venait de supprimer ma dernière possibilité d'inspirer.












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...Je vous avais dit que ce tome 3 ça allait être quelque chose- T-T

Je vous conseille, pour la suite, de préparer quelques verres d'eau ksksks

Je ne dirai rien de plus, je m'en vais de ce pas écrire la suite, il va falloir tenir 7 jours, n'y pensez pas et ça passera vite ! ^-^


Prenez grand soin de vous et à dimanche prochain ;) ♥

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